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[RP ouvert] Un mariage et deux enterrements

Terwagne_mericourt
(Introduction : cf deux premiers posts de Retour à "La Vie"... Retour au "Vent")


Ca pour une surprise, c'en fut une bien loupée! Elle qui avait fait exprès de prendre la route pour le Berry sans répondre à l'invitation aux noces afin de faire à son amie la surprise de sa venue, elle pesta bien en recevant de bon matin la lettre de la douanière.

Norf de norf de groumpfh de groumpfh!
Comment ais-je pu oublier qu'Ysabeau était douanière, et que donc forcément elle le saurait dès que j'aurais mis un pied à Sancerre?

Bon bein voila, c'est raté!


Malgré son âme en peine - pour de bien autres raisons que la surprise ratée - elle se surprit à sourire de sa bêtise, juste avant de... Juste avant de lire la suite de la lettre, celle où mis à part les formalités d'usage Ysabeau lui faisait part de son bonheur de la savoir venue exprès pour ses noces, mais aussi lui apprenait que l'enterrement de Maybee avait eu lieu l'avant veille.

Maybee ?
Morte ?!
Non, ce n'était pas possible !!!!

Elle lut et relut à plusieurs reprises le début la phrase avant de poursuivre, et d'avoir un second choc, sans doute plus ébranlant encore que le premier.


Citation:
Maybee, a été enterrée avant-hier.
Elle a rejoint Bragon au Paradis Solaire.


Bragon...
Bragon était... mort?
Mais quand?
Et pourquoi personne ne lui avait-il fait savoir?!

Le drame avait-il eu lieu durant toutes ces semaines où elle avait vécu recluse, n'ouvrant aucun courrier? Ou encore durant celles où elle avait été coupée de tout, au coeur d'un couvent?

Les questions se bousculaient en elle, mais aucune ne trouverait réponse de cette façon, elle le savait... Elle se laissa choir sur le sol, les joues baignées de larmes... Bragon... Le "Poête à ses heures, râleur à toute heure"... Celui qui...


Voila à quoi cela mène, Terwagne Méricourt, de se couper de tout et de tous!
On perd de vue les êtres chers et lorsque l'on revient à "la Vie", eux n'y sont plus!


Comme souvent lorsqu'elle était en colère contre elle-même, elle se surprit à parler à voix haute, comme si cela allait la calmer, ou encore l'apaiser. Mais c'était un espoir bien vain, elle le savait.

Elle laissa alors les rivières de ses yeux se tarir, avant de prendre la plume pour répondre à la missive d'Ysabeau, d'une façon qu'elle aurait voulu bien plus chaleureuse, mais dont elle fut bien incapable.


Citation:
Ma très chère Ysabeau,

Je me faisais une joie de te faire la surprise de ma venue en Berry exprès pour tes noces, et dans ma hâte j'avais oublié que tu étais douanière, et que tu serais donc fort logiquement très rapidement informée de ma présence dans ce Duché où tu as trouvé l'amour, dirait-on.

Je suis heureuse pour toi, tellement heureuse de savoir que tu as trouvé le bonheur!

Je dois par contre t'avouer que ta lettre m'a chagrinée en m'apprenant le décès de Maybee, mais également celui de Bragon... J'ignorais que le Très-Haut l'avait rappelé à lui, et cela m'a fait un choc de l'apprendre après coup en lisant tes mots.

Mais l'heure n'est pas aux larmes, excuse-moi, il est à la joie... Je vais tout faire pour retrouver la mienne avant demain et tes épousailles, compte sur moi!


A demain.


Ton amie Terry.


PS : Pour ce qui est de la douane :
- Je voyageais seule, depuis le Lyonnais-Dauphiné.
- Ma dernière étape avant Sancerre était Cosnes.
- La nuit dernière j'ai croisé uniquement deux personnes (Manuelle et Tirya).
- La raison principale de mon séjour en Berry est la suivante : être témoin du bonheur d'une vieille amie et assister à son mariage.
- Ma destination suivante : pour l'instant je n'en sais encore rien, il se peut que je décide de rester un bon moment en Berry.


Une fois la missive scellée et les larmes bien effacées, elle sortit pour trouver un messager et se balader quelque peu dans la ville, cette ville qui avait été témoin de tant de pages de sa vie.

Peut-être y croiserait-elle quelque visage du passé...

_________________
Ysabeau
Sancerre, bureau de la douane

Comme chaque matin, Ysabeau épluchait la liste des voyageurs arrivés dans la nuit, liste remise par les gardes de faction aux portes de la ville.
Ce matin-là... un grand sourire éclaira son visage. C'est que des amis étaient arrivés, des amis berrichons, et aussi... une très vieille amie, une ancienne sancerroise, qu'elle n'avait point revue depuis des lustres. Terry ! Terry, qui s'était exilée dans le Lyonnais-Dauphiné, dont elle n'avait plus de nouvelles, mais qu'elle avait tenu à inviter à ses noces...
Terry, la passionnée, le vent fou, celle qui, un jour, avait choisi de poser son baluchon à Sancerre, qui en avait été maire...
Elle lui écrivit aussitôt, tout à la joie de l'avoir vue arriver. Fit partir son pigeon le plus rapide.
Elle n'eut pas à attendre longtemps la réponse. Le pigeon revint bien vite, chargé d'un nouveau message qu'elle détacha de sa patte, reconnaissant l'écriture fine et claire de son amie.
Elle lut la lettre.
Bragon, Maybee... elle n'avait rien su de leur disparition...
Vite, un nouveau parchemin, les mots se pressaient sur le vélin...


Citation:
Ma chère Terry,

Merci de ta réponse si rapide, je n'en n'attendais pas moins de toi. Pour t'informer au sujet de nos pauvres amis, voici quelques mois Maybee est revenue, seule et très affaiblie, à Sancerre, dans son village natal, en même temps qu'Amelia, je ne sais si tu te souviens d'elle. May nous a annoncé, à Saya, Ary et moi, que Bragon était mort de consomption au cours d'un de leurs voyages, et qu'elle n'était revenue chez nous que pour mourir dans ce qui était resté son "chez nous". J'ai été abasourdie de cette nouvelle, tu penses bien... Nous avons pleuré ensemble, à l'auberge de Sancerre.
Et puis, May est un peu, très peu, venue en taverne, puis est restée cloîtrée chez elle, et a fait de nombreux séjours chez les nonnes, j'espérais sans trop y croire qu'elles pourraient la soigner, la guérir.
Hélas... je crois que ma soeurette n'avait plus envie de vivre.
Je l'ai invitée à mes noces, elle m'a répondu d'une écriture tremblée "sois heureuse... Aristote m'appelle"... puis, paisiblement, elle s'est éteinte.
Voilà, tu sais ce que je sais ma chère Terry.
Je suis heureuse de me marier avec un homme exquis, et j'ai peine pour ma soeurette. Tu vois, deux sentiments en moi.
J'espère te voir très vite, je t'embrasse
Ysabeau


Elle cacheta la lettre et renvoya le pigeon vers l'auberge où résidait son amie.

_________________
Terwagne_mericourt
Alors qu'une cascade de sentiments en pagaille se disputaient son coeur, elle déambula longuement dans la ville, s'arrêtant devant tant de façades synonymes de souvenirs qu'il lui eut été impossible de les compter.

Comment décrire cette sensation étrange de tout reconnaitre et de voir à la fois tant de changements ? Il n'y a pas de mots pour expliquer ce qu'elle ressentit en parcourant les ruelles tant de fois traversées par le passé... Pas de mot non plus pour dire à quel point regrets et nostalgie prirent place dans ses pensées, en même temps que joie par instants, joie de reconnaitre un arbre ou un banc, toujours à la même place, comme si le temps n'avait pas eu de prise sur eux...

La nuit était presque tombée lorsqu'enfin elle rentra à l'auberge où elle avait élu domicile pour quelques jours - ou quelques semaines, l'avenir le dirait. Elle monta directement à sa chambre, sans prendre de repas, son appétit ayant disparu depuis tellement de semaines à présent qu'elle ne ressentait même plus la faim.

La lettre d'Ysabeau l'y attendait, et elle la lut avant de tomber de fatigue sur sa couche. Une fatigue physique, mais aussi et surtout morale, qui la conduisit sans trop de mal pour une fois vers le pays qu'on nomme parfois celui des songes mais où plus aucun rêve ne peignait le plafond de son inconscience depuis des lunes.

Lorsque le soleil se leva le lendemain, elle était déjà bien éveillée, et le contenu de ses malles se vautrait sans pudeur sur le plancher de la chambre, dans un mélange de couleurs et de tissus indescriptible. Terwagne était debout au milieu de ce fatras, nue comme un ver, regardant les seins qu'elle n'avait plus - la maigreur ayant eut raison d'eux - et qui ne rempliraient aucun des corsages emportés.

Plus de seins... Plus de fesses... Plus de formes tout simplement! Et aucune tenue digne d'un mariage et qui auraient pu cacher ces absences...

Elle avait beau ne jamais avoir accordé beaucoup d'attention à ses tenues, préférant la simplicité et le côté pratique à la mode et à la futilité qui force certaines femmes à se parer comme des oiselles en pleine parade amoureuse - quand ce n'était pas reproductrice - il n'en restait pas moins que ce jour-là elle n'avait pas envie de ressembler à un épouvantail, voulant absolument faire honneur aux noces de son amie.

Il lui fallait trouver au plus vite une tenue digne de ce nom! Sans attendre une minute de plus, elle sauta dans ses braies et ses bottes, enfila une large chemise blanche, et se mit en quête d'une robe... ou au moins d'une tisserande capable de transformer la moins large de ses robes, celle qu'elle emporta sous son bras en quittant l'auberge.

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