--Baudouin.
[Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'uvre de ses mains, le firmament l'annonce ; le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance. - Psaumes 19 : 2 et 3]
La nuit avance et les ténèbres se déploient alentours. Cerdanne semble dormir, il aime entendre son souffle régulier. Combien de fois l'a-t-il entendu? Combien de fois, se rassurait-il en tendant la main et en caressant celle de sa bien-aimée ou en lui touchant tendrement la joue alors qu'elle dormait. Cette nuit encore, il pourrait le faire.
Un petit bruit à la fenêtre le tira de sa réflexion, il ouvrit l'huis et attira à lui le petit pigeon véloce. Il ne le reconnaissait que trop bien. Amy lui donnait beaucoup d'inquiétude. Elle était enceinte et il ne savait réellement pas ce qu'il devait faire. La rejoindre pour s'occuper d'elle et de leur enfant? Continuer sa route en gardant un oeil sur eux? Ou disparaître définitivement de sa vie espérant qu'elle retrouverait l'amour.
Il prit le vélin roulé à la patte de l'oiseau et, adossé au mur, à la lueur de la lune, il lut. La missive était brève mais elle le fit pâlir. Genève? Etait-elle folle? La folie de Cerdanne qui avait été à deux doigts de lui coûter la vie et qui leur avait pris leur enfant avait-elle contaminé Amy? Genève, c'était la guerre contre l'hérétique, c'était l'Eglise, la Reyne contre les Lions et ses rejetons. Baudouin serra les poings. Si Amy s'embarquait dans cette galère, elle n'en reviendrait pas indemne.
Epuisé, las de ses réflexions, il se glissa près de Cerdanne et la serre contre lui, soupirant, déposant un baiser sur sa tempe. Il cherchait la tendresse, il cherchait la douceur de son amie, loin de lui toute autre idée. Elle était là, et il profitait de l'instant précieux.
Il ne voulait pas que l'histoire se répète, d'ailleurs, il était impossible qu'elle se répète.
Cerdanne? Tu dors? Il faut que je te parle... Il faut que je te parle... d'Amy.
Sa bouche glisse le long de sa joue et il fourre son visage dans son cou, profitant de la douceur de la brune, il se fait ourson. Elle est chaude et il aime la respirer, si elle le repousse, tant pis, au moins gardera-t-il en lui l'odeur de sa peau.