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[RP] Il y a tant de .. qu’il est temps .. Oui mais de quoi ?

Birdinflames
À peine le temps de dire quelques mots que tout s'enchaine... Sélé et Cana semblent tout deux sortir du foin, au vu des fétus de paille qui s'accrochent à leurs vêtements. Un haussement de sourcil interrogateur, qui s'efface vite. Il aura bien le temps pour des explications plus tard...

Pourtant, tous deux s'éloignent, d'un air entendu, et sortent de la grange... Margot reste là, l'air sévère... La jeune Jehanne emmena Lysandro, elle aussi.
Birdy, lui, gardait son épouse, tel un trésor, dans le creux de ses bras.
La vieille quant à elle ne semblait pas décidée à bouger. Il attendit qu'ils se soient éloignés pour plonger son regard dans celui d'Eony...

La longue chevauchée et sa nuit manquée commençaient à peser lourd sur ses épaules. La fatigue embrouillait son esprit, aussi mit-il du temps avant d'enfin déclarer la première syllabe... La suite suivit, flot de paroles...

Amor... Eony...
Que fuis-tu ? Je peux comprendre que tu sois partie pour un autre homme... J'ai bien failli le tuer, mais j'ai découvert qu'on s'était attaqué à lui avant, et que tu étais partie... Alors, je t'ai suivie... J'ai lu ta dernière lettre à Séléna, et encore avec plus d'attention celle que tu m'as envoyée... J'y ai compris que tu souhaites la fin... La mort... à cause de la souffrance que tu infliges aux autres... La souffrance que tu m'infliges à moi...
Mais as-tu songé un seul instant à ce que je pourrais ressentir si tu disparaissais complètement ? Si tu mourrais ?!
Pourquoi ne me laisses-tu pas seulement redevenir baume ? Soigner tes blessures, soigner ton âme... Simplement t'aimer... ?


Il jeta un oeil à Margot, et se pencha vers son épouse. Depuis trop longtemps, il en rêvait... Et c'est avec une pointe d'appréhension qu'il posa ses lèvres sur les siennes...
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Birdy du Domaine du Loup Noir, Frère de (feu) Fobia
Eony
La porte grince.
Elle se relève, demi tour immédiat.
Et soudain la grange tranquille quelques minutes avant, prend des airs de place un jour de marché.
Une, puis deux … personnes font irruption. Des silhouettes sur lesquelles il est bien difficile de mettre un visage ou un nom. Le peu de lumière et la poussière de foin soulevée par tout ce beau monde enveloppent tout d’un nuage quasi laiteux. Des corps qui chutent. Un bruit de gifle violente. Une voix … une voix qu’elle reconnaitrait ente mille. Sélé !
Une voix qui menace. Sélé ! Un pas en avant … là sous l'amie, une chemise et des braies qu’elle reconnait. Cana !

Elle s’apprête à ouvrir la bouche, pour avertir la jeune femme. Peine perdue, une troisième personne entre.
La poussière se soulève de plus belle entourant la silhouette.
Son regard qui s’était posé sur Sélé, la main tendue pour l’ arrêter, ses yeux qui se posent maintenant sur le nouveau venu, Margot qui derrière se lève … tout s’enchaine. Tout va très vite.
Et un cri … elle sait maintenant qui est le dernier entré.
Son nom retentit dans la grange, heurte les murs de bois et lui revient aux oreilles et en plein cœur
.
Un cri et une voix familière qui l'interpelle vivement : « Eony ….. pas rester dans cet état... Je ne te laisserai pas … tu m'entends ?! »

« Tu m’entends ? ! » Bon sang mais qu’est-ce qu’ ils ont donc tous à vouloir lui faire entendre ? Entendre quoi d’abord ? !
Raide entre les bras de son époux qui l‘enserre, elle ferme les yeux. Elle a l’impression de jouer.
Oui de jouer ! Une de ces scénettes dont les saltimbanques amusent les gens sur les places des villages. Ces petits spectacles où chacun y va de son mot.
Oui mais .. Non ! La comédie n’en est pas une. Le spectacle n’est pas bon ! Tout juste un quelconque vaudeville.
Elle ne saluera pas comme le font les amuseurs publiques.

Ne reste dans la grange que Margot. N’en tenant pas compte Birdy, tente de la raisonner. Elle met fin au baiser qu’il lui offre.


Songer à la souffrance … je ne fais que ça. Redevenir baume et soigner … est-ce encore possible ? lui confie t-elle d’une voix lasse et lointaine M’ aimer simplement …. Est-ce une chose simple que de m’ aimer ? ose t-elle avec un imperceptible sourire. En ai-je encore envie ? Puede que sea demasadio tarde ...(peut être qu'il est trop tard) souffle t-elle tout en se dégageant lentement mais fermement des bras aimants.

La porte ouverte lui tend les bras. La lumière du dehors lui montre le chemin. Il lui faut réfléchir aux paroles de son époux. Elle quitte la grange par la porte de coté, celle par où sont partis Lysandro et Jehanne.
Celle qui la soustraira à la vue et aux questions de Sélé qui ne manqueront pas de venir, elle le sait.

Retrouver l’ air frais lui fait du bien.
Du regard elle cherche son fils et Jehanne. Ils sont au loin. Trop loin de la grange et bien trop près de la rivière. L’Adour aux remous tumultueux qui laissent entendre ses vrombissements jusque loin.
Inquiète elle presse le pas pour les rejoindre.
Plus elle s’approche, plus les silhouettes grandissent. Plus son fils est près d’elle … plus elle ressent un sentiment étrange. Une de ces sensations qu’on ne peut expliquer, mais qui offre une certitude. Une impression de paix. Paix …
Arrivée à la hauteur des enfants, elle s’agenouille et tend les bras à son fils. Le garçonnet ne se fait pas prier et s’en vient câliner sa mère
.

Ma dame … il a faim et ne m’ écoute pas ! Pas moyen de le faire revenir à la grange. Il veut aller voir l’ eau rouspète Jehanne

Si … si Mamá … ir al agua … tocar el agua ( oui .. oui maman .. Aller à l’ eau .. toucher l’ eau)

Un sourire, une caresse … No Lysandro aqui es demasadio peligroso (non Lysandro, ici c’est trop dangereux). Tu vas t’en retourner à la grange avec Jehanne, Margot te donnera à manger.

Elle éloigne un peu l’enfant d’elle et le regarde avec tendresse. Elle fouille dans sa poche, puis ouvre la petite main du bambin, dépose dans la paume un petit quelque chose et referme dessus les doigts de son fils.
No la pierdas (ne la perds pas) lui murmure t-elle.
Puis à nouveau elle fouille dans sa poche et en tire un parchemin roulé et noué par un crevet de satin. Elle tend le petit rouleau à Jehanne
.
Tu donneras ça je te prie à mon époux. Il est arrivé, il est là bas.

Bien ma dame ! Mais … y a encore à faire à manger , à ranger les affaires, à faire boire les chevaux … tout ça avant de partir ! Vous venez pas ? On va jamais partir si vous venez pas .. J’ peux pas faire toute seule. Tant de chose encore à faire .. Tant … répond la jeune servante en prenant le parchemin.

Oui Jehanne … tant … et … il est temps … oui mais de quoi ? murmure t-elle

Attirant à nouveau son fils dans ses bras, elle glisse son visage dans son cou et inspire profondément. L’enfant a encore des restes d’ odeur suave. De cette odeur spécifique de sucre et de lait , de miel et de fleur qu’ont les bébés au creux du cou.
Elle s’en imprègne. Puis tendrement dépose un baiser sur la joue du petit. Un baiser long et lourd.
Elle le repousse doucement …
Ve tu Padre te espera. Sé un buen chico. Ve papá esta allí. (va ton Père t’attend. Sois un bon garçon. Va papa est là bas.)
Elle se relève, et regarde Jehanne s’éloigner Lysandro à la main. Être seule et réfléchir, voilà ce qu'elle veut.

Le vent depuis un moment souffle à nouveau. Les rafales de plus en plus fortes emmêlent ses cheveux. Les grondements des flots tous proches lui font tourner la tête.
En fermant les yeux, ont peut presque imaginer les flots de l’ Océan quand il se déchainent et se fâchent.
Elle ferme les yeux et imagine.
Soudain quelque chose cogne contre ses jambes. Surprise elle ouvre les yeux. Juste à temps pour voir s’envoler dans une rafale plus forte que les autres, un minuscule cheval de paille et de joncs tressés. Jouet préféré de Lysandro qu’elle avait confectionné de ses mains.
L’enfant l’ avait oublié.
Elle sait le chagrin qu’aura le petit à ne plus trouver son jouet. Sans hésiter, sans réfléchir elle se lance à la poursuite du joujou léger que le vent chahute et entraine vers la rivière.
Une brève accalmie, le petit cheval retombe dans l’eau tumultueuse. Peu profonde encore à cet endroit, le jouet oscille et se balance au gré des remous plus faibles en bord de berge
.
Quelques pas et je l’ attrape murmure t-elle en quittant prestement ses chausses et en avançant dans l’ eau avec précaution.
Le vent, comme s’il avait décidé de s’amuser du jouet, envoie de nouvelles rafales. Le petit cheval de paille court à nouveau sur les eaux.
Elle hésite. Sous ses pieds les graviers de la berge se dérobent un peu.
Elle regarde le jouet qui s’éloigne.
Elle regarde son jupon qui jusqu’ à la taille s’est imbibé.
Elle regarde le jouet.
Elle regarde … l’ horizon.

Le froid de l’ eau qui d’abord l’ avait saisie, la plonge maintenant dans une demi conscience où les flots de l’ Adour se mêlent aux vagues de l’ Atlantique. Cet Océan vers lequel elle voulait aller, retourner et se perdre. Adour, Océan. Atlantique, rivière. Écume des flots, écume des vagues.
Rongée à nouveau par les tourments chimériques du jeûne et de la fatigue, elle regarde à nouveau le jouet qui s’en va flottant.
Il lui faut le récupérer. Elle avance à nouveau. L’eau jusqu’à sa taille monte. Soudain, le sol sous ses pieds se dérobent totalement. Un trou.
Ignorant le froid et l’eau qui la submergent elle se met à nager. Le jouet n’est pas loin.
Ses vêtements pèsent. Les remous se creusent. Elle lutte et nage.
Remous violents.
Froid engourdissant.
Brasses d’une folie délétère,
Ou raison qui ramène à la terre ?
Esprit qui s’éclipse et voltige.
L‘instant est au vertige.
Infimes secondes entre ciel et terre
Entre résignation et colère.

Tendre à la mort ?
Oublier les trésors,
d’une vie à assumer ?
Choisir les siens et rester ?
Couler et partir ?
Partir .. Non pas partir … fuir !
Vers le jouet inaccessible et la fin,
ou vers la berge et le reste du destin ?

Sursaut de conscience.
Loca (folle) hurle t-elle luttant à nouveau contre le courant qui l’entraine.
De ses dernières forces, celles que donne la peur, celles que l’on puise dans l’amour et l’ amitié, elle tente de regagner la rive.
Derniers efforts, énergie désespérée …...

Cesse la lutte .... s’achève le combat ?

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Birdinflames
Elle ne lui répond que quelques mots, et déjà se dégage, s'écarte de son étreinte, le laisse une fois de plus les bras balants. Les mots, pire que des lames, viennent se planter dans son corps.. Dans son coeur. Dans son esprit. Elle s'éloigne et lui perd pied... Il nage. Submergé par les flots, il met un temps à réagir. Déjà, elle s'est enfuie.

Avec elle, il sent ses forces disparaitre... Finalement, il trouve le courage.. Il se déplace. Il la suit à l'extérieur. Là, la brusque lumière l'aveugle un instant. Celui d'après, il aperçoit Eony, s'éloignant vers la berge, et Lysandro, accompagné d'une jeune fille, revenir vers eux. Le petit lui tend les bras. Birdy le soulève contre lui. Lysandro a quelque chose entre ses doigts. Une pierre. Une pierre qu'il reconnaitrait entre milles...

Jehanne tient en ses doigts une lettre... Ses yeux se posent sur son épouse... Elle s'approche dangereusement du bord... Jehanne lui tend la lettre... Il ne prend pas le temps de la lire. Il dépose son fils au sol...

Jehanne, surveille le petit.. je dois... Va chercher Sélé !

Déjà, il s'éloignait... Eony s'était approchée encore plus du bord... il ne restait que quelques pas. Il aurait pu croire qu'elle s'y jetait totalement. Il n'y avait plus de temps à perdre...

Il se jeta en avant, accélérant le pas, courant même. Il la voit déjà à l'eau... S'arrêter un instant, hésiter... Déjà, il dévalait la pente, décrochant sa cape à la va vite. Il n'avait pas le temps de se délester du reste de ses vêtements... La situation était à l'urgence. Elle semble glisser, et s'enfoncer... Il se jette dans l'eau froide. Froide et revigorante... Est-ce l'effet de l'eau glacée sur son visage ou la peur de voir celle qu'il aime sur le point de mourir ?

Eo... glubs !

Une vague plus haute que les autres vient bloquer sa voix avant même qu'il n'ait le temps de proférer une parole. Il la voit qui se débat dans l'eau, il s'y jette totalement... Il lui faut réagir, et tant pis si...

Il la voit qui se bat pour tenter de rejoindre la rive... vers lui... Le voit-elle seulement ?

Eony, je suis là!

Peu lui importe... il nage vers elle, la contourne, ralentissant... Ne pas la pousser vers le large... Il se stabilise... tente de prendre pied, se laisse couler... touche le fond, et dans sa poussée, revient vers elle, vers la berge... il les pousse tous les deux. Vers la rive, vers leur destin...
L'impression qu'elle ne pèse rien... il nage... il pousse des pieds... s'aide des bras, les ramène un peu... reprend pied. Se fixe, ne bouge plus... Le courant tente de les emmener à nouveau vers lui... Il reste stoïque...
Puis, un pas après l'autre, il les ramène, elle dans ses bras, vers la vie...

Puisant dans ses dernières forces, il la soulève, et l'emmène vers la grange... remonte la pente... Sa cape... Il lui faut la réchauffer...

Plus tard... Il lui annoncera qu'il lui faut s'éloigner... Il ne peut plus... Plus tard... pour l'instant, il doit s'occuper de ce qui importe le plus...

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Birdy du Domaine du Loup Noir, Frère de (feu) Fobia
--.jehanne.




" Jehanne va là bas ! Jehanne va voir Margot ! Jehanne va voir Sélé ! Fais ci, fais ça " … Pffff … obéir c’est son travail mais bon … faudrait peut être qu’ils sachent ce qu’ils veulent ! J’en ai un peu ras les sabots moi … allez viens Lysandro, on va voir m’dame Séléna.
L’est de méchante humeur la petite servante, elle a faim elle aussi et elle voudrait bien qu’on reparte. Ce voyage il en fini pas.
Tout en tirant le garçonnet qui fait de la résistance, elle jette un regard vers l’époux de sa dame. L’homme est bien parti vite. Trop vite.
Elle ne distingue déjà plus que sa silhouette qui … qui … va pas se baigner quand même ?
Pffff sont tous fous j’te le dis moi grogne t-elle en haussant les épaules. Elle contourne la grange. Elle a beau être de mauvaise humeur, ce qu’elle a aperçut l’intrigue un peu et comme elle est loin d’être sotte, elle se dit qu’il faut peut être en avertir quelqu’un.

Lysandro … avance que je te dis ! M’dame Séléna …. M’DAME SÉLÉNAAAAAAAAAAAA
C’est en courant qu’elle arrive au milieu du petit groupe
.
Euh M’dame Séléna … m’ssire Cana … y a le mari de ma dame qu’est parti, m’ a dit de vous laisser Lysandro .. Euh non de venir vous chercher .. Il a faim .. le petit … et le sieur il est parti se baigner …… j’sais pas si c’est normal … Lysandrooooooo arrête .. T’ vas déchirer ma manche à tirer comme ça !
Eony
Quitter le charivari des flots. Laisser le froid des eaux boueuses. Se défaire de la pesanteur de l’eau dans les vêtements et … s’envoler.
Ya está despego ( ça y est je m’envole) songe t-elle résignée.
Mais .. Mais … ce vent froid sur son visage, ses bras autour d’elle, ces halètements d’effort, ce souffle sur ses joues …. La conscience lui revint et elle ouvre les yeux
.
Pa .. Pajaro … elle s’abandonne à nouveau. Elle ne craint plus rien .. Il est là.
La porte de la grange grince. Elle grelotte. Il la pose sur la paille et rapidement la dévêt. La friction de foin qu’il lui prodigue fait à nouveau circuler le sang. La sève rouge qui petit à petit refait chemin en elle lui fait prendre conscience de la situation.
Elle se redresse


Caballito … el caballito de Lysandro (le petit cheval) … je voulais juste le rattraper … juste … Oh Birdy
Je ne voulais pas … no quería nada de todo eso… ni hoy .. Ni ayer
( je ne voulais rien de tout ça, ni aujourd'hui, ni hier)

Doucement du bout de ses doigts elle effleure une de ses joues oùl’ eau sale a laissé une trace.
Le regard qu’elle croise à cet instant lui fait comprendre qu’ au delà de la joie de la voir saine et sauve, son époux a quelque chose à lui dire. Elle le connait bien. Elle sait, même si elle n’ a pas eu le temps de vraiment réfléchir, que ses paroles ont été une arme. Elle sait que les mots ont été plus douloureux que les actes qu’elle se reproche.

Songeant soudain à sa nudité, elle ramène à elle une énorme brassée de paille. Puis à nouveau plonge son regard dans celui de son homme
.

Birdy … Les mots sont comme les abeilles : ils ont le miel et l'aiguillon.* Elle soupire.
Je serais tenté de dire : Ce ne furent que des mots, mais, aux moments importants de l'histoire, les mots sont des actes.*
Perdóname, si puedes …
(Pardonne moi, si tu peux)



*Proverbe suisse.
* Clement Attlee

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Birdinflames
Les voilà à nouveau dans la grange sombre... Elle semble reprendre conscience... et elle lui explique. Lui explique pourquoi... juste rattraper ... Le petit cabal.. .le petit cheval... Les doigts de son épouse se posent sur sa joue... L'effleurent... Il plonge ses yeux dans les siens. Elle a saisi ce qu'il n'a pas encore dit. Ce qu'il n'a pas encore formulé. Il le voit dans ses yeux...

Déjà, elle reprend la parole... Les mots sont des actes. Phrase qui résonne dans sa tête... Les maux sont des actes... Les mots sont des maux, les maux sont des actes... Doux et piquants, Sucrés et amers. Les mots sont des mots.

Ses yeux se fixent dans les siens... Il doit les dire, ces mots qui le piquent. Ces mots qui l'enflamment... ces mots qui le brûlent, plus sûrement qu'un feu de camp. Là, son épouse devant lui, il ne tient plus.


Comme des abeilles... Tu m'as donné le miel, et j'y ai goûté avec passion... à présent tu ne me montres qu'aiguillons... Par tes actes, par tes mots, par tes gestes...
Je t'ai pardonné tes actes, mais je ne supporte plus tes gestes... Tes mots sont autant d'armes qui me déchirent...
J'ai besoin de m'éloigner, de prendre du recul... Je vais quitter le comté, Eony...
Cela ne brise pas les promesses que j'ai faites. Cela ne change rien à tout l'amour que j'éprouve pour toi.


Déjà, son coeur se gonfle... Comment va-t-elle réagir ? Il n'en sait rien. Fuir ? Est-ce qu'il fuit ? Peut-être...
Ta place n'est pas dans les flots, Amor... Prends soin de notre pajarillo, prends soin de toi, de ta vie... Sois sûre que je reviendrai.
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Birdy du Domaine du Loup Noir, Frère de (feu) Fobia
Eony
Il parle. Il parle enfin. Il libère maux et mots. Il se libère.

La grange devient cathédrale. La lumière opaque filtrant par les interstices des murs de bois, pointe sur eux tels les reflet des cierges.
Les bottes de pailles entassées sont piliers.
Ses paroles sont l’ autel de leur déchéance sur lequel il la dépose, drapée de son inconduite.
Leurs mains se cherchent, se trouvent et égrènent dans leur étreinte douloureuse le chapelet des promesses déchues.
Ses mots sont oraison.
La grange est église. Sanctuaire !

Il s’est libéré de sa décision.
Elle s’enchaine à la résignation.

Seule question qu’elle laissera muette : pourquoi ne parler que maintenant de pardon ?
De ce non dit sont nés mots et maux.

Parler à son tour ? Hurler sa douleur ? Se Plaindre ? Gémir ? Pleurer ?
Non ! Rien de tout ça. Elle ne peut pas, ne peut plus. Elle ne sait pas, ne sait plus.
Vide de toute réaction, elle attrape ses vêtements mouillés et les enfile rapidement.
Puis, elle se lève et s’éloigne vers une besace qui traine au sol. Elle fouille et trouve.
Lentement, l’ objet serré entre ses bras, elle s’approche de son époux qui s’est relevé aussi. Elle lui fait face un long moment, ses yeux dans les siens. Puis délicatement se sépare de l’objet qu’elle glisse entre ses bras.
Un murmure
Notre couverture … elle te sera utile.
Et puis très vite, pour mettre fin à cette douleur, pour achever ce supplice, pour clore l’instant et ne pas avoir envie de le retenir … elle pose un baiser sur ses lèvres. Un baiser mêlé à des mots que lui seul entendra.
Et, tremblante, elle quitte la grange.

Dehors, seul Lysandro continue ses babillages. Les autres se taisent. Margot, Jehanne, Cana … Séléna .. Tous sont silencieux.
Elle donne quelques ordres à la jeune servante, pour que le départ puisse se faire.
Glacée de ses vêtements mouillés, glacée du vide qui vient de s'installer en elle, elle grelotte.
Peu importe, elle prend son fils par la main et leur fait face
.

Partir ne mène nulle part, j'ai mis longtemps à le comprendre ; mais pour cela sans doute était-il nécessaire d'avoir fait tout le chemin*.
J’ ai arpenté le mien. Il lui reste à accomplir le sien !

Nous rentrons !

Murée dans le silence de son purgatoire, elle ne dira plus rien jusqu’à leur retour en Armagnac .


*(Antoine Marcel )
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Birdinflames
Tout est dit... Elle ne réagit pas... Elle se revêtit, se redresse... fouille dans sa besace... Cherche... trouve. Là, entre ses doigts, il la reconnait. Il la reconnaitrait entre milles... Celle qui, de longues soirées durant, ils avaient utilisée... Des soirées de joie, des soirées de bonheur, des soirées de tristesse, des soirées et des nuits. Des souvenirs. Un souvenir d'elle. Un souvenir d'eux !

Leurs regards se croisent. Son coeur se serre. Impression de vide soudain en lui.. Le froid qu'il avait jusque là repoussé de ses pensées, ses vêtements mouillés... Non, c'est autre chose. Un froid intérieur.
Froid repoussé, un instant, par les mots et par les gestes. Par la douceur et la beauté. Par le miel de l'abeille... L'aiguille n'est plus.

Les mots, encore résonnent dans son esprit, alors que déjà, elle s'est éloignée... Il entend quelques bribes des explications qu'elle donne à leurs compagnons. Des mots qui bondissent, et rebondissent dans ses pensées. Des compagnons qui les ont soutenus, d'un côté comme de l'autre.

Il revoit Sélé, à ses côtés, lors de sa réaction colérique... Il la voit, maintenant... Il revoit Cana, qui a tenu la promesse qu'il lui a faite... Prendre soin d'Eony. Il n'avait pas pu faire grand chose. Au moins avait-il été présent, au moins l'avait-il protégée. Et puis il y avait la petite Jehanne. Il ne l'avait que peu connue. Mais elle avait suivi son épouse, jusque là, jusqu'au milieu de nulle part. Elle était restée, malgré les épreuves...
Il y avait Lysandro, qui devait sans doute ne rien comprendre.

Ce jour-là, ils rentrèrent jusqu'en Armagnac. Le lendemain, il partira. Il quittera le comté. Il quittera l'Armagnac. Il laissera Saint-Bertrand derrière lui. Emportant, avec lui, la couverture, le parchemin et le collier, qu'il avait depuis longtemps maintenant... Plus tard, sur la route, il lira, et relira le parchemin. La couverture sera son gîte. Le collier, comme un aimant, attirerait toujours ses songes vers elle.

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Birdy du Domaine du Loup Noir, Frère de (feu) Fobia
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