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[RP] La roulotte de Nostradama

--Nostradama




Soirée de pleine lune......

Sur le chemin creux qui mène à la ville une roulotte fatiguée avance cahin caha.
Les branches tordues frôlent son toit en un raclement sinistre.
Le vieux canasson qui la tire n'en peut plus et marque des temps d'arrêt épuisés.
Assise sur le siège ,repliée sur elle même comme une araignée tapie au mileu de sa toile,Nostradama se laisse balotter par les ornières.

Elle songe...
Elle se souvient...
Vit elle encore vraiment ou n'est elle que le fantôme de la jeune fille qu'elle fut?
Les murs de Dunkerque apparaissent devant l'équipage misérable.

Cette ville ou une autre?
Qu'importe.
Trop de fatigue.
Elle s'arrêtera là.

La vieille relève la tête et ses petits yeux noirs fouillent les alentours.
Une clairière s'ouvre au bord du chemin.
Elle sera bien là.

Point besoin de tirer sur les rènes.
Le canasson est si fourbu qu'il ne veut que s'arrêter.
Elle déplie avec un gémissement ses vieux membres perclus de rhumatismes et se laisse glisser à terre.
Douleur de la position verticale.
Craquements des jointures qui protestent sous le mouvement.

Détacher Pégase qui ne mérite plus ce nom.
Le laisser brouter tranquillement l'herbe grasse qui pointe juste depuis quelques jours.
Elle fait le tour de la roulotte et s'offre un dernier effort pour hisser ce corps qui lui obéit de moins en moins à l'intérieur de ce qui lui sert de maison.

Son antre est là.
Petit repaire sombre ,envahi de parfums musqués qui lui rappellent le temps où elle vivait encore de ses charmes.

Tentures devenues poussiéreuses au fil des trop nombreuses années.
La boule de cristal est là,luisante sous les maigres rayons d'une lune masquée de rares nuages.
La table bancale couverte d'un tapis mité où reposent les jeux de cartes élimés.
Sur son perchoir,une chouette tourne la tête lorsqu'elle arrive,attendant depuis trop longtemps le bout de viande rancie qu'elle va enfin lui donner.

Nostradama s'occupe d'elle avant de s'écrouler sur sa couche.
Elle tire sur ses épaules voutées la vieille courtepointe qui fut rose.

Elle ferme les yeux en songeant déjà à celles qui viendront la voir.
Cherchant dans ses mots l'espoir d'avancer encore un peu.
La vision d'un amour qu'elles cherchent toutes.
L'espoir d'une fortune qui ne viendra pas.
L'image de celui ou celle qui est partie à jamais.

Elle va les faire rêver.

Elle va les faire payer.


--Nostradama




Plusieurs jours qu'elle traîne aux abords de la ville.
Sous sa capuche sale,elle cache ce qui fut une chevelure de jais.
Ses approches sont de plus en plus téméraires.

Le vieux cheval se réjouit de cette halte qui semble durer et qui lui permet de reprendre les forces qu'il croyait perdues.
La roulotte semble faire partie du décor depuis longtemps dans la petite clairière où commencent à poindre les premiers crocus.

La chouette s'enhardit à voleter le soir et visite les grands arbres de la foret dunkerquoise.

Nostradama va faire savoir sa présence aux villageois.
Aux villageoises surtout.......

Son problème est de savoir comment sans s'attirer les ennuis qui la rattrapent à chaque halte.
Il va falloir être prudente.

Les gens , elle les attire.
Les gens ils veulent la voir.
Les gens, ils veulent tout savoir.
Les gens lui donnent leur argent contre un peu d'espoir.

Mais ils savent aussi la détester.
Elle a déjà souvent payé cher sa clairvoyance.
Trop souvent chassée par ceux qui la suppliaient peu de temps avant de leur dire ...Encore et encore....

La vieille voit un gamin qui la regarde.
Elle sort de dessous ses haillons un écu brillant et le montre entre ses doigts tordus .
Comme chacun, l'argent le fait déjà venir.
Attentif à cette grand mère qui lui fait peur.

Il ira dire autours de lui qu'une voyante est là,aux portes de Dunkerque.
Que chacun peut venir.
Qu'elle les guidera.
Qu'elle les écoutera.
Qu'elle saura résoudre leurs problèmes.
Qu'ils soient mécréants ou bigots.
Qu'ils soient riches ou moins riches.
Qu'ils veuillent l'amour ou les honneurs.

Venez gens de Dunkerque.
Nostradama vous attend.



(RP ouvert bien sûr: elle vous attend vraiment)
Jin42
Jin arpentant les rues de Dunkerque eue envie de sortir de l'enceinte de la ville pour profiter du soleil printanier.
Au détour de la forêt, elle vit au loin une roulotte installée et de la fumée provenant d'un feu au devant d'elle...
Curieuse de nature, elle s'avança plus près et ne vit personne au dehors...
Elle fit silence pour entendre si activité il y avait.... Lorsque soudain, d'un battement d'aile une chouette passa au dessus de sa tête en rase motte...
Jin surprise se courba et suivant l'oiseau des yeux, la vit se percher sur le toit de la roulotte...
Decidée et voulant savoir de quoi il en relevait, elle frappa à la porte...

TOC TOC TOC!!!....
Et dit d'une voix puissante....
OLA!!!!.... Y'A QUELQU'UN?....
--Nostradama




Elle s'est assoupie.
La fatigue vient plus vite la terrasser maintenant que les années s'ajoutent aux années.

Les coups frappés à la porte de la roulotte la font sursauter.

OLA!!!!.... Y'A QUELQU'UN?....

La première personne à oser venir.
Et bien sûr....Une femme.

Nostradama sourit et se lève.
Son foulard est vite remis sur ses cheveux clairsemés.
Elle ajuste la bordure de breloques qui lui pare le front.
Ramasse ses bracelets .
Rajuste son corsage et croise son châle .

Elle ouvre la porte et scrute la jolie blonde qui la regarde.

"Bonjour jolie demoiselle!
Vous avez bien fait de venir me voir.
Venez donc ...
Entrez...
Vous saurez tout ce que vous voulez savoir de votre vie."


La vieille tente un sourire de sa bouche édentée.

Elle se pousse sur le côté et fait signe à la jeune femme, qui la regarde peu rassurée ,de rentrer .
"N'ayez pas peur de moi.
Je n'ai jamais mangé personne"
--Nostradama




Elle n'osera pas entrer.
Nostradama la toise et devant son hésitation,ricane.

Curieuse mais trop peureuse.
Elle en a déjà vu des comme ça.
La donzelle regrette-elle son audace?

Au bout du sentier qui mène à la clairière,les yeux de la vieille repèrent un mouvement.
La rumeur a fait son chemin.
Elle ne restera pas sans clientes aujourd'hui.
D'autres villageois sont tentés.
Elle sait qu'elle les attirera quoiqu'il en soit.
Le papillon évite-t-il la flamme qui va le brûler?

La petite blonde ne bouge toujours pas.
Ses yeux craintifs ne savent où se fixer.

"Si t'as changé d'avis tu as le droit"


Son oeil se moque,ironique.

"Tu viens ou tu pars,mais tu restes pas là.
Si d'autres arrivent et te voient là, ils repartiront,je veux pas perdre de clients à cause de toi."


Nostradama sait déjà la suite.
--_blandine_


En sortant de la messe, Blandine fit un petit tour dans le village. Elle était née à Dunkerque 17 ans auparavant. De sa mère, morte en couche, elle n'avait aucun souvenir. Ceux laissés par son père n'étaient que coups et violence répétés.

Un soir, ne supportant plus de devoir être l'épouse et la domestique de cet ivrogne, Blandine l'avait assommé à son retour de taverne. Avec difficulté, la jeune femme l'avait porté dans sa charrette. Elle avait conduit la charrette au port. Là, elle avait mit l'ivrogne dans une barcasse pourrie et poussé l'embarcation vers la mer, qui au bout de quelques mètres ne tarda pas à l'engloutir.

Le lendemain, Blandine était entrée à l'église pour la première fois, elle avait suivit la messe, pas comprit grand chose. Dans son coin, elle avait entendu deux femmes outrées parler d'une diseuse de bonne aventure. La jeune fille rêvait d'aventure. Dans la rue, un gamin lui avait dit ou se trouvait la bohémienne et la blondinette suivit le chemin indiqué. Arrivée devant la porte, elle hésita, puis s'avança. Blandine n'avait plus rien à perdre.

Discrètement, le coeur battant, elle frappa à la porte.
--Nostradama




Peureuse.
Peureuse.
Tant pis pour toi ma fille tu ne sauras rien.

Nostradama bougonne en tapotant de ses ongles sales la trame du napperon qui recouvre son guéridon.
La jeunette est repartie sans demander son reste.
La vieille l'avait pressenti.

Un léger coup à la porte de la roulotte.
Reviendrait elle?
La hâte de savoir fait des miracles.
La vieille est déjà debout et son sourire se redessine .

Le sourcil levé, elle ouvre l'huis.
La jeune fille qui est là n'est pas la même.

Ne pas effaroucher celle ci.
Il faut que la rumeur soit bonne.
Il faut que les autres viennent.

Devant elle une blondinette la regarde.
Elle ouvre de grands yeux dans lesquels Nostradama reconnait la crainte de ceux que la vie a torturé.
Celle là a peur aussi.
Franchira-t-elle le seuil?

"N'ayez pas peur ma jolie.
Vous êtes venue jusque là.
Le plus dur est fait.
Entrez donc,vous ne le regretterez pas."
--_blandine_
Créfieu ! quelle tête elle a ! Blandine a pensé mais n'a rien dit. Pourtant elle est déjà persuadée que la bonne femme qui se tient devant elle a lu dans ses pensées et ne peut s'empêcher d'écarquiller les yeux.

Son coeur accélère un peu plus quand la femme l'invite à entrer. T'démonte pas ! t'as eut l'vieux y peut pu ren t'arriver maint'nant !
La femme s'efface de l'entrée et Blandine entre.


'Jour m'dame ! j'pas peur ! M'enfin point trop.

Un pas puis deux dans la bicoque, Blandine ne peut s'empêcher de penser qu'il faudrait un bon coup de ménage. Corne de bouc ! tu pourrais penser à aut'chose maint'nant ! La blondinette ne sait pas quoi dire à la femme qui lui fait face, ni même pourquoi elle est là. Elle veut de l'aventure. C'est tout.
--Nostradama


Elle lui fait peur.
Bien sûr.
Elle fait toujours peur maintenant que la grâce l'a quitté.
Pourtant fut un temps où elle était encore plus jolie que la blondinette qui vient de pénétrer dans sa tanière.

"Assieds toi donc"
C'est un ordre plus qu'une prière.

Nostradama tire le siège vermoulu .
Blandine y pose une fesse prudente.
Elle jette un oeil au décor poussiéreux.

"Toi....T'en a assez de ta vie..."
"Tu veux du changement."

Le regard de la vieille la transperce.
Elle lui attrape la main gauche dans la sienne qui ressemble à une serre.
Lui ouvre la paume et regarde les lignes si fines dans cette peau si douce.

"Tu veux savoir quoi?"
"Dis moi."


La jeune fille se sent mal.
Elle voudrait partir à présent.
Mais elle voudrait rester en même temps.
Paralysée,elle tente une parole.
Sa gorge nouée bloque les mots qu'elle voudrait dire.

Nostradama adoucit son regard noir.
Sa vieille main se desserre pour ne point effaroucher.
Elle sait que c'est gagné.
--_blandine_
S'il fallait un exemple pour illustrer les histoires de sorcières qu'on lui avait racontées autour du feu, Blandine l'avait devant elle. La vieille lui faisait aussi peur que son père à présent. C'que j'veux savoir ? c'que j'fait dans cte maudite cabane ! j'suis sur qu'ma chaise va lacher et qu'elle va m'faire prisonnière et personne m'cherch'ra. La main de la vielle se desserre, la blondinette à moins peur. Sa gorge de dénoue.

J'veux savoir c'que j'vais faire maint'nant qu'le vieux est mort? L'était méchant l'vieux mais avec lui j't'ais pas seule. J'connais personne ici y'm'donnait l'droit d'sortir qu'puor aller au puit derrière l'maison et m'occuper d'nos champs. J'veux plus d'cette vie.

Blandine se rendit compte qu'il était bien plus simple de causer à cette inconnue qu'à un des gens du village qui de suite aurait posé des questions sur la mort du vieux.
--Nostradama




Nostradama reconnait la haine dans le regard de la fille quand elle évoque le "vieux".

Il est mort,dit elle.
Son mari?
Son père?
Trop jeune pour être mariée.
Plus assez pour se laisser faire.

Il lui faut juste un coup de pouce .
Le hasard qui l'a mis sur la route de la voyante va lui donner.
L'aventure qu'elle désire tant est au bout du chemin.

La vieille se penche sur la paume ouverte.
Simulacre d'étude.
"Tu vas partir ..
Long sera ton chemin.
Cette ville ne veut plus de toi.
Mais sur ta route l'aventure tu trouveras."


Le regard de charbon se fixe sur la blondinette.
"Tu as la chance avec toi.
Rien de mal ne t'arrivera."


Les lèvres s'étirent et son visage s'éclaire enfin.
"T'es gentille toi.
Et tu sais quoi?
T'es ma première cliente ici."


Elle fouille sous son vieux fichu frangé.
En sort une médaille qu'elle tend à Blandine.

"Ce sera gratuit pour toi.
Prends cette médaille.
Garde là précieusement.
Elle te protègera."


Elle débloque son dos et se lève.
"Va vite et fais moi venir des clientes."
Sa main se pose sur l'épaule de la jeune fille.
Elle la pousse vers la sortie.

"Ose ma fille.
Ose tout.
Ose vivre."
--_blandine_
Blandine n'en croyait pas les yeux, la bohémienne ne lui demandait rien et en plus lui faisait un cadeau c'était le monde à l'envers. Elle qui n'avait jamais reçu que des coups. Même si les paroles de la vieille étaient fausses, elle sortait sereine de là.

ll fallait parler aux autres de cette dame, mais ici personne le la connaissait. Où aller ? En taverne, elle n'avait jamais eut le droit d'y mettre les pieds, a présent rien ni personne ne l'en empêchait.
Domy11
Les balades de Domy la menaient plus souvent vers la plage que vers la forêt, mais ce jour là elle voulut chercher de quoi faire un bouquet qu'elle comptait offrir à sa prochaine visite au diacre.

Lorsqu'elle arriva en vue de la clairière elle s'arrêta net à la vue de la roulotte qui trônait en son centre.
Malgré son aspect délabré,elle n'était pas si vilaine au milieu de cet espace lumineux et les multiples fleurs qui l'entouraient ajoutaient une touche printanière au décor.

Un vieux canasson mâchouillait les brins d'herbe neufs et leva vers elle un regard endormi.
La curiosité l'emporta sur la prudence et Domy s'approcha un peu plus près.

Elle avait déjà vu de tels véhicules lorsqu'elle voyageait dans le sud....
Cela lui rappela les doux moments passés du côté de Carcassonne avec ses amis.....
Quand elle avait fait le trajet dans le seul but de retrouver la trace de ses ancêtres....Ces Cathares dont on disait tant de mal...

La jeune femme soupira au souvenir des instants merveilleux où Fabrizio l'avait rejoint là bas...La première fois entre ses bras...
C'était dans une clairière comme celle ci....

La porte s'ouvrit brusquement et une toute jeune fille sortit de la roulotte et prit aussitôt la direction de la ville,sans même apercevoir Domy.

Maintenant qu'elle était là....Difficile de faire demi tour,d'autant qu'une vieille femme la regardait depuis le seuil et semblait attendre qu'elle s'avance vers elle.
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--Nostradama




A peine une partie qu'une autre arrive.
Bien bien se dit Nostradama.

Elle frotte ses mains dont la peau rêche crisse.
Le soleil lui fait mal.
L'ombre de sa tanière lui est plus coutumière.

Elle regarde s'approcher une jeune femme .
Elle ne semble point craintive.
Ses boucles rousses l'auréolent.
Elle est déjà devant Nostradama et la fixe de ses yeux verts.

Regards qui s'affrontent.
Celle ci ne baissera pas les yeux.
La vieille change sa tactique et se fait aimable.

"Belle Damoiselle...
Que cherchez vous par ici?
Les cartes?
La boule de cristal?"


Domy ne tremble pas.
Elle avance d'un pas.
Elle monte déjà les trois marches de la roulotte.
Domy11
Bon, maintenant qu'elle est là...Autant y aller jusqu'au bout...

Domy franchit le seuil de la roulotte après avoir gravi les trois marches qui y mènent.
Aveuglée un instant dans ce simulacre de maison trop sombre et trop poussiéreux,elle passe devant la vieille et la salue:
"Bonjour.....
Je ne savais pas que cette clairière était habitée!!"


Elle sourit à Nostradama qui ne semble pas habituée à ce qu'on lui parle comme à une personne à part entière.
"Vous lisez l'avenir?" demande Domy en regardant curieusement autours d'elle.
Elle se souvient d'avoir expérimenté ce genre de chose une fois jadis...La voyante lui avait prédit qu'elle finirait par retrouver celui qu'elle aimait....
Et cela s'était avéré vrai...Par la suite....

C'était probablement le hasard...Mais bon....Domy était d'un naturel curieux et il y avait bien longtemps que Dunkerque n'apportait plus de piment dans sa vie...

Elle balaya d'un regard circulaire la petite pièce et son mobilier rudimentaire.
La diseuse de bonne aventure la considérait toujours avec un certain étonnement et finit par sourire.
"Combien demandez vous?"questionna Domy en avançant un peu plus.
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