La guerrière esquisse un sourire devant les explications de la petite qui renifle en bombant le torse comme un jeune coq.
Les bras tendus vers la jeune Annah elle est soudain assaillie d'un flot de questions.
"Tudieu que c'est bavard un enfant ! " se dit- elle, mais en même temps ça la rassure sur la force de caractère de la petite.
Non, il m'a donné des pommes à manger, mais mamie Berthe elle me les fait manger que en tartes, et pis dis voir toi?
t'aimes ça les tartes ? .. heu, oui quand je peux en manger. Et t'as une mamie Berthe? et mon papa tu le connais? et tata mab? Non pas de mamie Berthe. J'connais pas ton papa ni ta tante. Dis t'habites ou madame? comment tu t'apelles? Ou j'habite?.. ben ici et là, où je vais. Les gens m'appellent " L"... mais quand j'avais ton âge ben, mon nom était Adèle.. Ca lui fait tout drôle de ressortir ce nom après si longtemps, comme un linge d'enfant oublié dans une vieille malle.
t'as des amis ici? et un chien? tu as un chien? Pas de chien non, ni d'amis. Ah si, mon cheval. Il est à l'abri quelque part en forêt. moi ben un jour j'ai eu un crabe.. raymond qu'il s'appelait, tu connais Raymond? et judi, ben tu sais elle a un pinpin, tu as un pinpin toi?
La jeune femme sourit à l'enfant.
Ca m'aurait bien plu de connaître Raymond... Euh non j'ai pas de pinpin. " L" n'avait aucune idée de ce qu'était un pinpin .
Et soudain alors qu'enfin la gamine se décide à aller entre ses bras tendus, elle se serre tout contre elle avec une force presque désespérée.
La jeune femme se crispe un instant ne s'y attendant pas du tout.
Sentir ce petit corps fragile contre elle était une sensation bizarre et inconnue qui la désarçonna .
Instinctivement, elle berce l'enfant en fermant les yeux sous un élan de tendresse dont elle ne se serait pas cru capable.
Et son sourire est franc quand elle la regarde à nouveau en lui proposant de la nettoyer un peu.
beurk j'aime pas l'eau, pfffff , mais bon là, euhhhhh j'ai peur de sentir comme le Mossieur, tu vas faire comme tata mab avec papa?
tu vas me recoudre ma nécorchure là, Moui.. surtout si en plus tu l'as mangé. " L" regarde la petite en arquant un sourcil, amusée, puis regarde son écorchure.
J'ai pas ce qui faut sur moi Chevalier Annah. On trouvera quelqu'un pour soigner ça. Déposant la gamine les pieds sur le sol, elle se défait de son outre tenue en bandoulière et lui tend après l'avoir ouverte.
Bois déjà un peu. Puis se tourne vers l'origine des bruits qu'elle entend au loin et regarde la petite.
Va falloir y aller petite. Ecoute... t'es un chevalier.
Le plus jeune et le plus courageux que je connaisse mais là ou j' vais, tu peux pas m'accompagner...
du moins aussi loin. Je vais te déposer dans une ferme avec des gens qui te protégeront.
Elle observe la gamine, ses vêtements qui ressemblent plus à des oripeaux et lui fait lever les bras pour enlever sa chemise sale et déchirée par endroit .
Puis elle même se défait de son arc et son carquois d'archer.
ôte ensuite son pourpoint de cuir et sans façon enlève sa chemise de corps pour en habiller l'enfant.
Pas la bonne taille mais c'est mieux ... pis tu pueras moins, me suis lavée y a deux jours. A même la peau elle se revêt de son vêtement de cuir, gainant son torse et ses hanches , remet en bandoulière son arc et son carquois d'archer
et soulève l'enfant pour la placer sur leur monture.
Songeusement " L" regarde la petite chemise qu'elle s'apprêtait à jeter puis sourit en coin en la glissant sous sa ceinture.
Prestement elle grimpe derrière Annah et guide le cheval au pas vers la fermette.
Plus elles se rapprochent, plus les bruits de combats s'amplifient.
D'un geste protecteur elle encercle le buste de la petite.
N'aies pas peur, j' laisserais personne te faire du mal. Puis elle enlève son bras et sort lentement l'épée de son fourreau tout en avançant prudemment.
Arrivées à l'orée du bois et près de la ferme, les mâchoires crispées ,elle se rend compte de l'étendue des combats.
Des corps longent le sol qui se recouvre d'un tapis rougeâtre.
Ils en sont déjà au corps à corps.
Vite elle contourne la ferme pour découvrir avec surprise un chien et... une oie ?.. devant la fenêtre de la pièce où sont réfugiés les blessés.
Manquait plus qu'ça !! Soulagée elle découvre enfin le gamin mais posté à l'extérieur de la ferme..
Qu'est- ce tu fous là petit ? Je t'avais demandé de surveiller et protéger les blessés? Pis c'est quoi ce chien et cette oie devant la fenêtre ?
Erf.. pas le temps d'attendre pour des explications. Doucement elle soulève la gamine et lui colle fermement dans les bras.
Voici Annah, vous ferez connaissance. J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux alors protège là gamin. Pis retourne dans la ferme !! " L" se détourne pour partir mais arrête soudain son cheval en plongeant son regard dans celui de la petite.
Je reviendrais.... Au fait chevalier Annah, il faudra que tu m'expliques ce que c'est un pinpin. Elle lui claque un clin d'oeil puis talonne sa monture vers les combats qui font rage, s'arrêtant juste avant pour descendre et prendre une lance abandonnée sur le sol.
Sur son visage l'esquisse d'un sourire narquois en imaginant la face des faquins qui découvriront son étendard et l'espoir que le père de la gamine est par là bas aussi.
Elle ôte presque avec délicatesse la petite chemise qu'elle accroche à la lance en étendard, marquant ainsi son appartenance de clan.
La lance bien calée dans la selle, elle arme déjà son arc dune flèche et sélance au galop en maintenant la pression de ses cuisses pour ne pas être désarçonnée.
Loeil sûr et avisé, il lui est facile de faire la différence entre les brigands et le clan auprès de qui elle a choisit de se battre.
Par deux fois, elle fait le tour des combattants dont certains sabattent sous sa volée de flèches meurtrières.
Puis son regard se fixe sur la silhouette de la rouquine, en duel avec un homme.
Ses paupières se plissent pendant que le coin de sa bouche se relève sous lesquisse dun sourire narquois.
lArc est remis en bandoulière. Sa main tient fermement la lance et tandis que les duellistes saffrontent sans merci,
L vient la planter avec défi à leurs pieds avec le frêle étendard qui sagite sous la brise, puis élève la voix.
ANNAH EST VIVANTE! EN SÉCURITÉ ! Sa main libre sort l'épée de son fourreau et la lève vers le ciel.
POUR ANNAH ET POUR LE SANG VERSÉ DES INNOCENTS ! Puis elle sourit en coin à la rousse.
J'vois que t'es occupée ... plus tard peut-être "L" espère que le père de l'enfant est là quelque part et que cette nouvelle d'espoir lui donnera la force de continuer,
d'un geste de la tête elle salue le combattant de la rousse, puis charge épée en avant, harponnant , embrochant, tandis que sa lame aiguisée taille les chairs, coupe les jarrets avec sang froid.
Le corbeau vérolé est dans sa trajectoire, elle fonce sur lui.
Seul une crispation de sa mâchoire indique sa détermination à l'occire .