Lya
Un groupe de colosses esclaves, une bonne dizaine à première vue, portait un trône. Une grosse chaise en or massif, décorée d'émeraude et d'opale, fixée sur deux perches en obsidienne. Un toit en tissue très coloré cachait, du soleil chaud, ce fauteuil Tlatoanique. Des ornements de plume ainsi qu'une toile presque transparente descendaient de chaque coté.
À l'intérieur un esclave à quatre pattes servait de pouf aux pieds dénudés d'une personne. Un coussin rembourré de plumes de dindons sous les jolies fesses de ce petit être. Un coiffe géante ornait sa tête, tout plein des bijoux sur son corps; bracelets, colliers, boucles d'oreille, anneaux à la cheville.
Devant ce trône, d'autres esclaves mâles, plutôt maigrichon, portaient des carcasses entières de puma et de jaguar. Juste devant eux plusieurs femelles, légèrement vêtue, tenaient dans leurs mains des plateaux d'or où on avait déposé de la viande fraiche de lapins. Certaines de ces femelles disposaient d'un dard effilé posé sur leurs paumes de mains qu'elles transportaient devant elles à quelques centimètres de leur poitrine brune et dénudée.
Le cortège traversait des marrés d'habitants, peuple de la Seigneurie qui se trouvaient sur leur passage. La jeune personne assise sur le trône se contentait d'observer, parfois devant, d'autres fois sur les côtés, mais sans cesse elle scrutait tout ce qui se tramait autour d'elle. Un vol d'un jeune, surement en train de mourir de faim, sur l'étalage d'un marchand. Une escarmouche entre deux jeunes, futurs guerriers. Une engueulade à propos de pécaris venant faire leur besoin sur un balcon. Des gens chuchotant à son passage et cela faisait sourire l'individu perché sur son siège.
C'est fière comme un paon que la procession s'arrêta devant le temple, là où un messager parti à la course prévenir le grand Huey de la Seigneurie de Tlaxcallan que Lya Matlazatecatl, fille de Guyhom, Tlatoane de l'Occident -et on aurait pu lui trouver tout plein d'autres titres du genre : chiante, froide, emmer_deuse, orgueilleuse, impatiente, sans coeur... mais bon fallait bien s'annoncer vite et bien- voulait le voir.
Les porteurs du trône restaient debout, bien droit, le regard sérieux à fixer l'horizon devant eux. Lya avait descendu se pieds de sur le dos de son esclave personnel et l'avait picoché avec son index aux cotes, pour le faire se relever.
Algo, t'as vu? chuchota t-elle.
Lya sourit de voir un si beau décor. La pyramide au devant, la grande place publique. C'était la première fois qu'elle se rendait en Orient.
On est arrivé.
La jeune fille avait une relation très spéciale avec son repose-pied privilégié. Autant ils se détestaient, autant ils aimaient passer du temps ensemble. Algo avait appris à se retenir et Lya l'attachait plus. Algo avait la permission de conseiller Lya sur sa tâche au Tlatocan et Lya ne le forçait plus à nettoyer toutes les tavernes du clan. Une relation un peu plus amicale s'était forgée au fils des semaines. N'en reste pas moins qu'Algo devait toujours s'occuper des pieds de la p'tite Chef.
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À l'intérieur un esclave à quatre pattes servait de pouf aux pieds dénudés d'une personne. Un coussin rembourré de plumes de dindons sous les jolies fesses de ce petit être. Un coiffe géante ornait sa tête, tout plein des bijoux sur son corps; bracelets, colliers, boucles d'oreille, anneaux à la cheville.
Devant ce trône, d'autres esclaves mâles, plutôt maigrichon, portaient des carcasses entières de puma et de jaguar. Juste devant eux plusieurs femelles, légèrement vêtue, tenaient dans leurs mains des plateaux d'or où on avait déposé de la viande fraiche de lapins. Certaines de ces femelles disposaient d'un dard effilé posé sur leurs paumes de mains qu'elles transportaient devant elles à quelques centimètres de leur poitrine brune et dénudée.
Le cortège traversait des marrés d'habitants, peuple de la Seigneurie qui se trouvaient sur leur passage. La jeune personne assise sur le trône se contentait d'observer, parfois devant, d'autres fois sur les côtés, mais sans cesse elle scrutait tout ce qui se tramait autour d'elle. Un vol d'un jeune, surement en train de mourir de faim, sur l'étalage d'un marchand. Une escarmouche entre deux jeunes, futurs guerriers. Une engueulade à propos de pécaris venant faire leur besoin sur un balcon. Des gens chuchotant à son passage et cela faisait sourire l'individu perché sur son siège.
C'est fière comme un paon que la procession s'arrêta devant le temple, là où un messager parti à la course prévenir le grand Huey de la Seigneurie de Tlaxcallan que Lya Matlazatecatl, fille de Guyhom, Tlatoane de l'Occident -et on aurait pu lui trouver tout plein d'autres titres du genre : chiante, froide, emmer_deuse, orgueilleuse, impatiente, sans coeur... mais bon fallait bien s'annoncer vite et bien- voulait le voir.
Les porteurs du trône restaient debout, bien droit, le regard sérieux à fixer l'horizon devant eux. Lya avait descendu se pieds de sur le dos de son esclave personnel et l'avait picoché avec son index aux cotes, pour le faire se relever.
Algo, t'as vu? chuchota t-elle.
Lya sourit de voir un si beau décor. La pyramide au devant, la grande place publique. C'était la première fois qu'elle se rendait en Orient.
On est arrivé.
La jeune fille avait une relation très spéciale avec son repose-pied privilégié. Autant ils se détestaient, autant ils aimaient passer du temps ensemble. Algo avait appris à se retenir et Lya l'attachait plus. Algo avait la permission de conseiller Lya sur sa tâche au Tlatocan et Lya ne le forçait plus à nettoyer toutes les tavernes du clan. Une relation un peu plus amicale s'était forgée au fils des semaines. N'en reste pas moins qu'Algo devait toujours s'occuper des pieds de la p'tite Chef.
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