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[RP] Millavois, Mil à avoine, je vous ai compris !

Aldyr
Millau, le Rouergue, une synthèse, un condensé, une concentration du Royaume en ce qu’il avait d’herbes vertes, de tanches barbotant dans les mares et lacs, de bûches à tronçonner, de lait à houblon criard des tavernes, de pots de roses et de balcon fleuris dans une myriade de couleurs acidulées.
Le Rouergue, Millau, vous y passiez un jour, l’éternité ne se prenait qu’à son début. Sa fin, vous pouviez toujours l’attendre. Il y avait des éternels recommencements des fois !

Allégé, amaigris et flottant dans ses tissus même, la boucle de la ceinture pleurant son dernier trou, Aldyr arpentait les rues du village au mythique lac avec qui l’on vous rabattait les esgourdes. Ce n’était pas qu’il s’ennuyait comme tout esseulé et perdu. Accompagné et pourchassé depuis bientôt quatre saisons, le plaisir persécuteur ne se boudait pas, partagé et sélectivement, adage et postulat franglais.

Détour et pas perdus tout crottés, l’œil attiré par un écriteau sur une façade de la bâtisse des millavois, pur lac. Intrigué puis perplexe, pupille de côté levé vers le ciel rouergat, langue s’immisçant entre les lèvres subodorant l’émergence d’une idée toute crottée, dans une caboche toute crottée, joindre l’utile à l’agréable ou versa à vice, il y avait des actes qui n’avait pas de raison ou de signification, et encore moins manqués.

Aldyr se précipita comme une anguille piquée par une truite, et d’un goujon rieur témoin du spectacle, dans le premier tripot venu. Intense exercice de rédaction en perspective.

Le temps passe, un marmot au lait de houblon cri, une bûche plane dans les airs.

Retour sur le lieu de l’éclosion bigarré, même course, mais avec un papier à la main, tout à côté de l’annonce administrative, Aldyr s’appliqua, d’autant que sa langue pouvait apparaître entre ses lèvres, à la commissure, à accrocher son gribouillis. Se reculant de quelques pas, il admira son œuvre, effectivement toute crottée, d’une satisfaction traduite par ses mains pileuses sur ses hanches :


Citation:
Millavois et Mil à avoine,

Je me présente à vous pour briguer le tabouret de bourgmestre de mon séant tout crotté. Parce que, voyez-vous, j’avais cinquante écus à ne pas savoir qu’en faire. Et, puis délestage pour délestage, après avoir perdu miches, baguettes et petits pains au lait, et une échoppe en puissance, sur les chemins, je me suis dit…Mais pourquoi pas ?...C’est tétonnant non ?

Trêve de galéjades et de goujons à la mayonnaise !

Si j’ose faire la vue de l’esprit, le petit rêve fou d’être bourgmestre, là, maintenant, dans un délire avec bave à la commissure des lèvres, la vie étant un songe, les quelques notoires changements seraient :

*Repeindre toutes les rues, ruelles, impasses, cul-de-sac, trous, façades, fenêtres volets, et, tous les enfants, bambins, marmots, nouveau-nés, morveux, rejetons, en rose.
Parce que le rose, cela rend gai.

*Remplacer le poisson du vendredi, avec ou sans mayonnaise, par la tanche du vendredi.
Parce que c’est tout aussi nourrissant, mais la tanche a ce petit quelque chose en arrière goût que n’a pas la carpe ou la truite.

*Décréter le jour dominical comme étant le jour sans le port de braie.
Parce que les braies sont trop saillantes et qu’il faut bien aérer au moins une fois par semaine.

*Décréter le lancer de bûche comme pratique physique mayonnaise.
Parce que cela améliore le lever de coude.

*Ouvrir le lac à la baignade, pour les écureuils.
Parce que les écureuils sont nos égaux.

*Promouvoir pelages, plumages, ramages, duvets, pilosités et faune afférente pour chacun, et proscrire toute forme de coupe, épilation, arrachage, déplumage de tout poil.
Parce qu’un poil, une plume, ou une puce, à le droit à la vie.

Je danse le Millau, mangez du mil, crachez de l’eau !


Un dernier œil parcourant les ratures et fautes de syntaxes, l’autre orbite se perdit sur l’annonce officielle, notamment. Le sourcil afférant n’en fut pas indemne :

Citation:
La prochaine élection municipale
aura lieu dans 9 jours.


-Dans…Neuf…Jours…

Du bout des babines, sa caboche réalisant de manière toute aussi hachurée, une voix duettiste vint frapper à l’intérieur :


"Mais…Cela fait plus que cinq !...C’est beaucoup !"

-Ecoutez…Prenez vos mains…C’est le même nombre de doigts…Mais sans l’un de vos pouces…Pour comprendre…Placez l’un des deux dans votre bouche…Puis comptez !

Sans même s’être rendu compte que sa parole préceptrice se perdait sur le mur d’en face, contre affichette, son barbouillage et les programmes lapidaires, Aldyr se retourna et s’accroupi contre le mur. Guettant du regard le possible badaud égaré ou prêt à tuer le temps, de son côté, pour tuer le temps, une main devant son visage, l’autre et son pouce dans la bouche, visant les doigts un à un, il expérimentait sa règle arithmétique d’un marmonnement façon patate chaude :


-Ouin…Deux…Dois…Quad…Cin…Si…Sepe…Hui…Neuve…Oui…Deux…Dois…Quad…
_________________
Vagabond professionnel

"Plus con qu'un trépané, deux trépanés" Parole d'un trépané avant sa naissance.
Nikkita
[Le pain, c’est mie, eh, pincez-moi]


Un trou. Un gouffre. Une crevasse. Un puits. Un abysse. Un abîme. Sans fond… bien que fondamental.

Après abondance de miches, le contraste n’en était que plus saisissant. Louvoyant dans les ruelles, le ventre creux, la vagabonde s’adonnait au plantage de quenottes dans un pauvre croûton rassis avec ferveur. Un de ces trésors méconnus, déniché sur le marché en toute fin de journée, à l’heure où les tanches, fatiguées d’une trop longue exhibition solaire, exhalaient leur réprobation, d’un remugle pestilentiel.

Millau, arrêt, tout le monde est descendu. Vous avez vos besaces ? Vous pouvez les garder… vides.

Le Rouergue, éternelle récurrence, Alpha et Omega, qui dirait Bêta ? Point de chute ou point d’ancrage, point de rencontre, point sur les I de la sélectivité, point sonneur de l’an zéro d’un duettisme de tout poil duveteux. Le Rouergue, pour en mourir ou y revenir… quelques âmes élues avaient du en revenir.

La dernière bouchée fut trop courte. L’estomac de la vagabonde renâcla tandis qu’elle quittait l’ombre protectrice des ruelles étroites pour traverser la place centrale curieusement déserte, exception faite d’une silhouette familière en toute saison. Les sourcils se haussant à mesure de son approche hésitante, face à l’incongruité du tableau se précisant sous ses yeux. Aldyr, un pouce dans la bouche, ânonnait incompréhensiblement, la moitié du visage dissimulée par la seconde main, dont les doigts se dépliaient ou repliaient à mesure de sa mystérieuse incantation. Nikkita pencha la tête sur le côté, étudiant l’abstruse rythmique sans succès, avant de lancer avec tout le flegme dont elle était capable, ses yeux ne se détachant pas de son alter ego :

‘Jour, Aldyr… z’avez perdu un doigt du côté d’vot’bouche… il y a du pain sur l’marché… et quelques tanches… si z’avez faim à c’point-là… ?
Aldyr
[Faire un pigeon dans le dos]

-…Cin…Si…Sepe…Hui…


‘Jour, Aldyr… z’avez perdu un doigt du côté d’vot’bouche… il y a du pain sur l’marché… et quelques tanches… si z’avez faim à c’point-là… ?

Urgence de mise au point oculaire, problème de focus imminent, traveling avorté, les yeux qui louchaient sur les doigts squelettiques, se croisèrent et décroisèrent à la sollicitation des esgourdes. Les sourcils, avec le concours du tarin, firent tampons in extremis. La prudence somatique ne fut pas de toutes les parties. L’appendice dans la cavité buccal se retrouva élément étranger et récalcitrant. D’un réflexe vocal et d’une surprise éhontée, le gros orteil de la paluche vit son sort, d’un auriculaire près, se scinder en phalanges jumelles. Le gémissement de la douleur se traduisit par une quinte de toux proche du haut-le-cœur. Fin de la leçon de comptabilité, le pouce avait l’ongle farcie, ses camarades à phalanges du fond n’avaient rien suivi.
Adossé au mur municipal alloué aux déblatérations électoralistes bien muettes présentement, Aldyr leva caboche et mirettes sur une tête à mèches bien familière. Sourire en coin de circonstance, il prit une expression contrite, celle des intenses réflexions à faire exploser la veine frontale et maudire le prochain libéré aux latrines, avant de brandir le pouce levé, et de le faire gigoter en direction du visage de Nikkita :


-Bon’ Nikkita…Détrompez-vous…Sans vous trempez pour autant…J’étais en conciliabule…En réunion de grande importance avec mon pouce droit, et mes conseillers manucures…Sur les stratégies et les façons de les mener, en vue de faire clore une idée…En acte…

Continuant son argumentation du chaudron, Aldyr se releva au fur et à mesure. Ne perdant pas du regard sa duettiste, il pointa au secours de sa parole confuse son pouce dégoulinant vers le panneau d’affichage :

-En résumé…Et bien évidemment, vous en faites partie…Je suis parti dans un numéro…Bourgmestre…C’est d’un étonnement tétonn…

Un homme surpris valait un nain, un bougre doublement surpris valait un nain-tronc. Les cieux rouergats avaient toujours eu ce côté primesautier, et vif de plein fouet. Un pigeon livide atterrit sur la caboche d’Aldyr, le faisant descendre d’un étage sans passer par l’entresol de ses genoux. Reprenant ses esprits déjà mis à mal, il se saisit vigoureusement du volatile, le retournant de sa main politique, le pouce gluant lui trifouillant l’abdomen. Ô surprise, un courrier, et municipal, signé du bourgmestre, lecture attentive se fit d’une moue baguenaudant sur ses lèvres, proche du rire :


Citation:
Bonsoir cher(e) Millavois(e) ,

Comme je ne me presente pas au prochaine elections je vous écrit pour vous dire de voter au prochaine election pour Messire Wattou ou Messire Alloan et NON pour le Vagabond Aldyr cette personne est sous surveillance aprés c'est propos douteux envers l'avenir de Millau (statut de vagabond ne permet pas d'acceder au poste de Maire]

Millau est entre vos mains chers habitants,

merci de votre confiance

sylvius maire , sergent-lieutenant de Millau et Marechal du Rouergue


Après avoir cligné des yeux, frétillé des cils et remuer le nez entre syntaxe à la hache et orthographe façon course aux latrines, il releva le menton vers sa comparse, jetant un œil derrière son épaule, perplexe. Se relevant une nouvelle fois, il lui présenta le papier malheureusement noirci pour lui-même :

-Ubiquité ou omniscience…L’un dans l’autre, comment faire le poids ?...Vous avez du recevoir le même genre de chose qui a boursouflé votre pigeonnier j’imagine…Connaître ma présentation au renouvellement du tape-séant de bourgmestre sans être venu physiquement lire mon annonce et discutailler avec moi, c’est presque de la sorcellerie de bas étage…Soit, on barbote dans la mare que l’on peut…Comment ne pas répondre ?...Vous me donnez un coup de plume lorsque vous serez au fait des agissements absurdes de votre fugitif, Nikkita ?

Un sourire se dessinant sur ses lèvres, Aldyr haussa encore une fois le menton derrière l’épaule de sa camarade, avant de sortir fusain et bout de parchemin chiffonné.
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Vagabond professionnel

"Plus con qu'un trépané, deux trépanés" Parole d'un trépané avant sa naissance.
Nikkita
[La solitude n’est plus une maladie honteuse]


Silence perpétuant une sieste aux prolongations illimitées, tranché seulement de deux voix vagabondes, en suspens dans le paradoxe solitaire de cette place isolée au cœur du village.

Nikkita, une fois n’est pas coutume, baissa le regard vers son duettiste, le remontant, sourcils compris, à mesure qu’il se relevait. Ne comprenant goutte, bien qu’en milieu lacustre, au discours fumant… jusqu’à ce que ses yeux, puis son nez curieux, suivant la direction du pouce humide mais néanmoins indicateur, ne rencontrent l’affichette, et que ses oreilles ne captent la suite du programme.

-En résumé…Et bien évidemment, vous en faites partie…Je suis parti dans un numéro…Bourgmestre…C’est d’un étonnement tétonn…

La vagabonde redressa le moindre pouce de sa petite taille, ouvrant la bouche dans un mouvement simultané :

En résumé… et bien évidemment, j’en fais partie… du résumé, Aldyr ? ou du numéro ? ou bien… mon capitaine… ?

Dura lex, sed lex. En l’occurrence, tout pigeon, aussi grisâtre, malingre et malgrâcieux soit-il, a prépondérance sur une organisation électorale, aussi bien que sur les questionnements fondamentaux subséquents. La vagabonde fronça les sourcil, jetant un bref coup d’œil vers le maladroit volatile délivrant sa missive avec une délicatesse de brodeuse, avant de profiter de l’intermède littéraire pour survoler à nouveau du regard l’affiche.

C’était journée faste. Pour le prix d’un programme, il était possible de lire en direct la première réaction, et non la moindre ! Emanant d’un élu aux qualificatifs interminables et aux qualifications lapidaires, d’une écriture fine et élégante, d’un raisonnement aux subtilités méandreuses, le courrier du maire-sergent-lieutenant-maréchal dénotait incontestablement une réactivité prodigieuse.


-Ubiquité ou omniscience…L’un dans l’autre, comment faire le poids ?...Vous avez du recevoir le même genre de chose qui a boursouflé votre pigeonnier j’imagine…Connaître ma présentation au renouvellement du tape-séant de bourgmestre sans être venu physiquement lire mon annonce et discutailler avec moi, c’est presque de la sorcellerie de bas étage…Soit, on barbote dans la mare que l’on peut…Comment ne pas répondre ?...Vous me donnez un coup de plume lorsque vous serez au fait des agissements absurdes de votre fugitif, Nikkita ?


Parchemin malmené en main, Nikkita leva un regard perplexe vers Aldyr, un léger sourire se dessinant au coin des lèvres :

Z’avez oublié omnipotence, Aldyr ! mais j’parlerai pas d’poids… m’semble bien léger, cela… Dites… ‘croyez qu’c’est sur ses deniers personnels qu’le maire a payé l’envoi d’ce courrier ? j’vous donnerai un coup d’plume, et dès maintenant… m’demandais justement comment passer l’temps entre deux bouts d’pain.

Un instant de réflexion, les yeux errant sur le fusain :

J’suis quand même sidérée… mais c’doit être certainement parce ces choses-là sont bien trop hautes pour ma perception… avec toutes ses fonctions cumulées, pour la mairie aussi bien qu’pour l’comté, l’a rien d’plus important qu’perdre du temps à gribouiller ce genre d’missive ?
Aldyr
[Soyez résolu de ne servir plus, et vous voilà libre]

Z’avez oublié omnipotence, Aldyr ! mais j’parlerai pas d’poids… m’semble bien léger, cela… Dites… ‘croyez qu’c’est sur ses deniers personnels qu’le maire a payé l’envoi d’ce courrier ? j’vous donnerai un coup d’plume, et dès maintenant… m’demandais justement comment passer l’temps entre deux bouts d’pain.

D’un fusain mordu entre les lèvres et torturé sur le parchemin tenu frénétiquement par le conseil boudiné, Aldyr levait, d’une oscillation régulière, sourcils et acquiescement, son regard sur Nikkita. Lâchant le bout de fusain d’entre sa mâchoire, recueilli in extremis entre deux phalanges politiques, il rétorqua avec une pointe d’agacement envers le désert citadin :

-Vous le décomposez omnipotence ? Bien que léger et par delà ses fonctions assommantes…Il serait capable d’aller effectuer et déléguer ses charges, comme décharges, dans n’importe quelle latrine ? …S’il pointe le bout de son séant, je garde cette question dans le coin de mon genou…Le courrier télépathe ?...Il sent la mayonnaise, avec un soupçon de sel laqué ?…A mon avis…Il a du se payer grassement un larbin pour inonder sans vergogne la populace…Inexistante…Comme lui…Ici !

Une perle de sueur dégoulinant joyeusement sur le front pileux, pérégrinant sur la tempe et s’attardant sur la joue creuse, Aldyr, d’une contrition concentrée, gribouillait frénétiquement le parchemin à l’agonie.

J’suis quand même sidérée… mais c’doit être certainement parce ces choses-là sont bien trop hautes pour ma perception… avec toutes ses fonctions cumulées, pour la mairie aussi bien qu’pour l’comté, l’a rien d’plus important qu’perdre du temps à gribouiller ce genre d’missive ?

Dernière faute, dernière ponctuation intempestive, dernière rature jetée, les puces auditives droit tendues vers les dires de sa duettiste, le vagabond releva la tête entre perplexité de plissement de narines et satisfaction oenoniste :

-Sidérez-vous…Avec vos trois pommes…Je tombe des nues de mon côté, tout en gardant mes braies !...Il doit gribouiller comme il se secoue frénétiquement et machinalement, chagrin ou espoir, ou les deux en milieu de journée…Dans tous les cas, les gourbis administratifs du coin sentent l’araignée s’épanouissant et la toile bien saupoudrée de poussière.

Se tournant vers Nikkita, reposant son genou endolori par une stature comme table d’écritoire, Aldyr brandit le parchemin mortifié devant son visage.

Citation:
Des Erections

Bonsoir Millavois, Mil à Avoine,

De mes petits doigts boudinés je vous écris en réponse, et surtout de ce pigeon qui fera le tour de chacun de vous et sans aucun doute mourra d’épuisement, contrairement à la missive de votre actuel bourgmestre que vous avez reçu tous, grâce au concours d’un rond de cuir et gratte papier grassement payé par votre maire, donc par vos deniers.

Sans vous assommer d’une littérature indigeste, je vais répondre au maire actuel de Millau en m’adressant à vous tous.
L’évidence dont il fit brèche dans son courrier et que Millau est en plein renouvellement du bourgmestre. Sans se représenter à ce fauteuil, il s’est fait voix pour un candidat qui n’est point moi, si vous avez su comprendre sa missive lapidaire. En conséquence, en vous prenant pour des brebis galeuses, et force de son autorité, en vous inondant d’un courrier officiel, il s’est permis de vous faire comprendre que ma personne comme candidate, était indésirable, en quelques points assez scabreux et surtout bancals. Points dont je vais démontrer l’inverse.

Comme il a pu l’écrire, d’une syntaxe parfaite comme un étron dans une latrine de sa taverne millavoise, je serais vagabond. Comment peut-il l’affirmer de cette sorte ? Et en quoi ce statut, s’il est mien, ferait que je ne serais pas un candidat digne de ce nom et un maire potentiel ?
Dans cette même logique, il affirme que ce statut de vagabond ne permet pas d’accéder au poste de bourgmestre ? D’où sort-il cela ? J’ai pu me présenter à l’élection municipale, donc cela n’enlève en rien que si élu, je pourrai occuper ce poste. Peut-être fait-il référence aux lois, au coutumier rouergat, tellement remanié et ressemblant à un réseau de trous de souris, que cette interdiction soit stipulée ? Avant même de me présenter à la mairie, j’ai parcouru les coutumes du Rouergue, rien, que cela soit de l’avant, de l’arrière, de biais, ou du derrière stipule qu’un vagabond ne puisse se présenter à ce genre d’élection.

Passons maintenant à la partie diffamation. Il vous a dit dans ce pigeon nauséeux et d’une lâche petitesse que j’avais pu tenir des propos douteux sur l’avenir de Millau. D’où Messire le bourgmestre Sylvius aux fonctions à rallonge tient-il cela ? D’une entrevue en taverne ? Est-ce son analyse de mon programme affiché à la vue de tous ? Est-ce le rôle d’un maire en fonction de diriger la volonté et l’opinion de ses administrés ?

J’en appelle à chacun de vous, si tel sujet vous botte, et j’invite prestement Messire Sylvius, au lieu de jouer les omniscients au sujet de mon programme affiché en mairie, sans avoir même dénié être venu me rencontrer en halle publique, préférant lâchement me dénigrer par pigeon, logique quand tu nous tiens, de donner votre opinion, votre avis, votre grief en halle de Millau. Là où je vous attends et où sont affichées mes intentions pour ce village.

Messire le bourgmestre, sans rancune, je vous renouvelle mes bises dans votre corps.

A tous,

Je danse le Millau, mangez du mil, crachez de l’eau !

Aldyr


D’un état second qu’il n’avait jamais connu, même bombarde en branle, pire qu’un bélier et qu’une mule ayant une idée à trucider, il leva une dernière fois un œil agacé vers l’oraison funèbre de la place publique. Chiffonnant dans une extrême limite de fibre le papier dans les mains de sa camarade, il fit quelques pas décidés vers le centre de la place. Fixant l’horizon morne des environs, il renchérit sans tourner la caboche :

-Dites-moi si ce genre de chose est bon à être accolée contre un flanc de pigeon sur la fin, pour tomber dans tous les pigeonniers des mangeurs de mil qui crachent de l’eau…Si l’acquiescement est partagé, pouvez-vous faire prendre son dernier tas de graine au volatile sacrifié pour l’occasion, Nikkita ?...En attendant, nu pour nu, je vais faire tomber les braies et plus si affinités ! La politique est un spectacle parait-il…Mais personne n’a jamais dit s’il était de mauvais goût…Ou de mauvais poils !...Au moins, si cela peut attirer les tanches à l’œil torve et à aux lèvres bavant…

Terminant ses paroles, sûrement inconsidérées mais convaincues, Aldyr jeta, d’une main sèche son foulard à terre. Ramenant un à un ses genoux contre son ventre, il retira des plus maladroitement ses bottes toutes crottées, les laissant gésir à terre. Ne cessant point, il s’attaqua au tablier immaculé et à l’échancrure de sa chemise, retirant sans sommation, proche de la casse, les lacets. Chose faite, le vagabond se courba en un instant, les pognes tirant violemment sur la vêture. La chemise passa de séant, le tablier de tête, contre le sol. Bombant le torse, avant de se baisser de nouveau contre la forteresse de pudicité, le dos présenté à sa duettiste, face à l’immense vacuité inepte des alentours, Aldyr lança à brule-pourpoint :

-J’ai l’attitude d’un vagabond comme cela ?!...Alors, vous rappliquez pour tailler le bout de gras au lieu de vous cacher derrière un pigeon qui n’a rien demandé, ou c’est une véritable débandade ?...Si seconde option, je vais me mettre à faire l’inverse !

Regard circulaire, l’écho se mourant, Aldyr se plia d’un geste, défaisant ceinture, retirant les braies, il jeta le tout d’un geste irrité. Reprenant une stature vertical, il cala ses mains sur ses hanches :

-J’attends !
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Vagabond professionnel

"Plus con qu'un trépané, deux trépanés" Parole d'un trépané avant sa naissance.
Nidnim
Clap, clap,clap !
L'enrubanné milhavois appréciait la diatribe, bien que les tournures de phrases, voire les tournures d'esprits ne fussent pas de première évidence. Mais quand la phrase s'illustre du geste et que le geste en caricature devient comédia, l'érudit applaudit.
Maître Nid lève sa carcasse fatiguée du tabouret ...et sa timbale à la performance de l'artiste.
Nikkita
[Il est bien plus aisé et plus plaisant de suivre que de guider…]


-Dites-moi si ce genre de chose est bon à être accolée contre un flanc de pigeon sur la fin, pour tomber dans tous les pigeonniers des mangeurs de mil qui crachent de l’eau…Si l’acquiescement est partagé, pouvez-vous faire prendre son dernier tas de graine au volatile sacrifié pour l’occasion, Nikkita ?...En attendant, nu pour nu, je vais faire tomber les braies et plus si affinités ! La politique est un spectacle parait-il…Mais personne n’a jamais dit s’il était de mauvais goût…Ou de mauvais poils !...Au moins, si cela peut attirer les tanches à l’œil torve et à aux lèvres bavant…


Troisième intermède littéraire, si la foule ne se bousculait sur cette place, les écrits à tout le moins y affluaient. La vagabonde, acquiesçant vaguement, l’oreille aux aguets, replongea le bout de son nez dans les senteurs parchemin, un sourire pointant à mesure au coin de ses lèvres.

‘Doit m’rester quelques miettes… ici ou là… c’sera bien suffisant pour l’renvoyer à l’expéditeur, et plus avec affinités… La politique est un spectacle cru, Aldyr, s’mettre à nu doit bien faire partie des pratiques ? ‘fin, j’sais pas si c’vraiment pratique, mais z’aurez quelques chances d’attirer les regards… à commencer par l’mien.

Ficelant maladroitement le pigeon rétif, l’œil dérapant régulièrement vers l’effeuillement sauvage de son duettiste, Nikkita bataillait ferme pour conserver un flegme de surface.

-J’ai l’attitude d’un vagabond comme cela ?!...Alors, vous rappliquez pour tailler le bout de gras au lieu de vous cacher derrière un pigeon qui n’a rien demandé, ou c’est une véritable débandade ?...Si seconde option, je vais me mettre à faire l’inverse !

Coinçant sa langue entre les dents dans un effort dérisoire pour se concentrer sur la tâche en cours, les mèches tombant sur les yeux, d’une poigne ferme elle immobilisa l’emplumé le temps nécessaire pour fixer la missive à sa patte, marmonnant entre ses dents :

L’attitude d’un vagabond, l’attitude d’un vagabond… ‘pouvez m’dire c’qui différencie l’attitude d’un vagabond ? à croire qu’c’est gravé sur l’front d’être un vagabond ! et puis, qu’est-ce qui différencie un bon vagabond d’un mauvais vagabond ? et un bon millavois d’mille mauvaises avoines ? et puis l'bon grain d'l'ivraie, et puis l’bon du mauvais, tout simplement ? et…

Levant la tête, la vagabonde stoppa son débit, interdite, prise d’une incoercible envie de rire. Elle avait pensé à une figure de style… ce qui s’offrait à ses yeux n’était pas seulement une figure, mais ne manquait pas de style. Détournant un instant le regard au son d’un discret claquement de mains, elle s’approcha de son comparse à pas comptés, le guettant du coin de l’oeil, effleura d’un contact léger son bras du bout des doigts :

‘Suffisait d’demander, Aldyr… ou d’vous mettre à nu… ou les deux… qui l’eût cru…
Alexandre*
Un messager du Comté apporta à Messire Aldhir une missive. Il lui tendit le parchemin.

Messire Aldhir, une missive du Comte du Rouergue pour vous.

Citation:
A Messire Aldyr
Aux villageois de Millau
Au peuple du Rouergue

Suite à la candidature de Messire Aldyr à l'élection municipale de Millau, nous, Alexandre de Demessy, Comte du Rouergue, rappelons l'article suivant du Trés ancien Coutumier du Rouergue:

Citation:
3.5.3. Les candidats au poste de maire devront, outre s'acquitter d'un droit de 50 écus, résider et posséder des terres dans la ville ou ils se présentent depuis plus de 15 jours.


Messire Aldyr ne remplit pas les conditions à son élection. Nous lui conseillons vivement d'y renoncer ouvertement dans une annonce sans équivoque. Il va de soit que si il persiste et devait être élu, il serait immédiatement mis en procès pour Trahison.

Nous appelons les Villageois de Millau à ne pas voter pour Messire Aldyr.

Faict à Rodez, le 24 May 1459

Alexandre de Demessy
Comte du Rouergue













_________________
Aldyr
[Tu t'demandes à qui ça sert toutes les règles un peu truquées du jeu qu’on veut t' faire jouer, les yeux bandés]

L’attitude d’un vagabond, l’attitude d’un vagabond… ‘pouvez m’dire c’qui différencie l’attitude d’un vagabond ? à croire qu’c’est gravé sur l’front d’être un vagabond ! et puis, qu’est-ce qui différencie un bon vagabond d’un mauvais vagabond ? et un bon millavois d’mille mauvaises avoines ? et puis l'bon grain d'l'ivraie, et puis l’bon du mauvais, tout simplement ? et…

Opinant tout en secouant, et acquiesçant, Aldyr faisait face à l’immensité de la place d’une attitude, sans opiniâtreté,qui aurait fait fuir le moindre frileux. Les esgourdes, toujours aussi dégagées, captant, un applaudissement lointain, une stature courbée peinant, le vagabond ne s’empêcha pas de lâcher ses hanches pour deux bras en l’air :

-Allons-y après avoir applaudit d’une seule main, faisons-le avec les pieds, avec l’index des talons, pour plus de discrétion !


Une caresse, un vent duveteux et printanier, un effleurement qui n’en était pas un, le contact de sa comparse le fit tressaillir.

‘Suffisait d’demander, Aldyr… ou d’vous mettre à nu… ou les deux… qui l’eût cru…

Suspendu, le moment où une cavalerie castrant de tanches mêlée à des buches, si d’aventure, aurait été inepte. Acte manqué, un vent, un air rouergat parcourut ses pans déculottés et décharperonnés, Aldyr, d’une seconde peau dénudée, écarquilla les yeux à la venue du premier bougre imprudent apparemment.
Avant qu’il n’ouvre sa boite de sécrétion et qu’il n’accompagne son geste avec sa défécation, le vagabond le dévisagea de toute sa stature en propre. Un écarquillement sourcilleux, d’une puce interrogative, il s’interrogea dans une palpation tâtant, de son accent si….Primesautier :

Messire Aldhir, une missive du Comte du Rouergue pour vous.

Oscillant le tarbusse bien précautionneusement et docilement, dans toute sa nudité ignorée, sentant la présence touchante de sa comparse derrière lui, il jeta un regard sur la missive du commis de circonstance, qui se mua en une lecture irrésolue. Relevant sa caboche, d’un étonnement de tétons, il le bignola :

-Soit…Vous savez que vous avez un drôle d’accent…Un certain cheveu sur la langue sur des voyelles certaines…Vous ne crachez pas de l’eau ou depuis peu…Vous êtes sur que vous êtes un Mil à avoine de souche ? J’en doute…Prouvez-le moi, si vous avez un tatouage de tanche mangeant des radis répartie sur les deux faces de votre séant !...Pour un Héraut, vous êtes trop bien vêtu…Et trop bien accompagné…Vous me tétonnez beaucoup, si ce n’est plus…Vous avez un nom des fois…Que ?

C’était une coutume de communiquer dans ce patelin par paperasse interposée. Il devait se maudire tous de l’haleine ou du petit orteil, allez savoir. Connaissance de cause et surtout d’ineptie de la missive hygièniste, mangée par un cacheton encore chaud comme une latrine fraîchement déserte, Aldyr, tout en contournant délicatement sa duettiste, se dirigea d’un pas décidé et nu vers ses affaires anémiques. Se penchant contre, il sortit sans difficulté sa bombarde, accusant le temps et les coups afférents, bringuebalant, bringuebalée. Droit devant, gardant Nikkita dans le coin de l’embouchure tout en ayant en tête la missive, d’une encolure de bouche pour l’émissaire :

-La réponse est pressante ?...Soit…

Portant, sans attendre, la bombarde épousant ses lèvres, il s’époumona comme un damné n’ayant pas peur de la fausseté régionale :

PPPPPPPPPPP
PPPPPPPPPOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUEEEEEEEEEEEEEETTTTTTTTTTTTTTTT !


S’hérissant de tous les poils sans exception, la morphologie proche de l’instrument, les soucoupes façon désert, l’absolu musical n’était pas vagabond apparemment. L’air Millavois le faisant trembloter, d’une intelligibilité dont sa vêture se posait encore la question, Aldyr posa son gourbi sur son épaule. Revenant à sa place démagogue, le vagabond baissa le nez vers sa comparse, dans une incompréhension :

-Vraiment…Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire !...Vous n’avez pas froid ?…J’avoue que cela me picote le bout des doigts des pieds, étonnement…
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Vagabond professionnel

"Plus con qu'un trépané, deux trépanés" Parole d'un trépané avant sa naissance.
Nikkita
[Missives, mille raisons]


Surprenante, cette place de la mairie en pleine période électorale. Déserte et silencieuse, immobile, mi-ombre mi-soleil, ne secouant son apathie que le temps d’un vol de ramiers, sur fond de clappement éphémère. L’œil de Nikkita, vagabondant entre son compagnon à tous poils et le néant alentours, manifestait d’un sourcil haussé sa perplexité croissante.

Etait-ce un effet du soleil généreusement distillé par ce printemps ? Ou bien l’abondance de tisane, là où en des temps sans doute lointains la bière ruisselait ? Quelle mystérieuse fatalité avait définitivement résigné les habitants à se confiner entre leurs champs et leurs échoppes, se désintéressant de tout autre aspect que la tonte d’un mouton malingre ou la pousse d’un navet anémique ?

Jusqu’à ce messager au pas discret, surgi de nulle part, et tendant sa missive du bout des doigts, délivrant succinctement son message d’une voix désincarnée, d’une inflexion discordante.


Messire Aldhir, une missive du Comte du Rouergue pour vous.

Levant son regard, la vagabonde dévisagea le pigeon voyageur comtal, fronçant imperceptiblement les narines, marmonna entre ses dents :

‘Savez pas dire bonjour ? C’vous étouffe pas, la politesse, dans les couloirs du château ! C’pourrait presque m’plaire, si vos supérieurement élus ne s’cachaient derrière des bouts d’parchemins…


Un puissant coup de bombarde suspendit son bougonnement en plein vol. Réprimant un rire, Nikkita glissa un regard en coin vers l’instrument, puis le visage de son titulaire :

-Vraiment…Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire !...Vous n’avez pas froid ?…J’avoue que cela me picote le bout des doigts des pieds, étonnement…

Secouant doucement la tête, les yeux suivant un cheminement descendant jusqu’à ses pieds, la vagabonde articula, un léger sourire au coin des lèvres :

C’vous picote seulement l’bout des doigts d’pieds, Aldyr ? ça m’picote… les yeux à lire ces missives, les plumes à voir des pigeons à deux ailes ou à deux jambes, et surtout, la langue, Aldyr…

Reportant son regard vers son duettiste, incrédule, elle acheva, un ton plus bas :

M’fait une drôle d’impression, ici… Rien n’se dit en face, personne n’se présente devant la mairie malgré l’nombre d’candidats, personne n’ouvre un débat, n’se renseigne sur un programme… par contre les pigeons volent en tous sens, comme si les élus jugeaient la population à c’point stupide qu’elle n’serait pas même capable d’faire des choix… qui la concernent en premier lieu ! ça m’chatouille, ça m’gratouille, ça m’picote, Aldyr… Quelle magnifique communication… Quelle unité palpable ! J’comprends mieux pourquoi les gens ont choisi d’dormir indéfiniment…
Gadej
gad se rendit de bon matin dans l'antre nauséabonde du vagabond aldyr ...

je ne perdrais pas de temps à vous saluer, ça sera un gain de temps pour vous comme pour moi ... surtout pour moi !!!

Alors non seulement vous n'êtes pas reconnus comme pouvant vous présenter pour la place de maire de Millau de par votre statut de vagabond, non seulement vous n'êtes pas reconnu par la plus haute instance du Comté en la personne du Comte lui-même ... mais en plus vous bafouez le peuple Millavois en prenant la mairie alors que vous n'avez pas été reconnu maire ...

Vous sentez-vous bien ? Serait-ce du aux nombreux écureuils présent dans votre cerveau ramolli ?

Dites-moi, quand comptez-vous partir avec tous les biens de la mairie ? sauf erreur de ma part, votre prise de pouvoir est bien conditionnée par cette option ?

Vous vous déclarez un candidat apte à aider la ville de Millau et vous commettez toujours des actions répréhensibles ...

Je n'attends aucune réponse de votre car je crois vous connaître vous et votre vocabulaire à deux écus. Vous allez parler d'étrons, de latrines , de main qui vous démange et de vos amis à poils. A croire que votre univers est aussi limité que votre esprit.


Gagej, maire reconnu par le peuple Millavois.
Aldyr
[Comme un pigeon sans aile]

Pschitt le messager aux tentures bien trop dorées, préférer la missive à la prise de parole subodorait une timidité maladive.
La place millavoise avait des accents de fin du monde, ou plutôt de mare asséchée. Les tanches devaient battre des mâchoires tout aussi silencieusement, avec un œil torve. Même le bâtiment officiel, fièrement nommé la chaumière du peuple pour mieux se contre-fichait de lui ultimement, ressemblait à une cahute perdu aux fonds des bois.


C’vous picote seulement l’bout des doigts d’pieds, Aldyr ? ça m’picote… les yeux à lire ces missives, les plumes à voir des pigeons à deux ailes ou à deux jambes, et surtout, la langue, Aldyr…

La bombarde faussement en bandoulière, regard circulaire dans une écoute de plus en plus intriguée, perplexe, songeuse, débouchant sur un effarement benêt lorsque le panorama rentra dans le détail dénudé. L’instrument de bon augure se retrouva avec un énième usage à son embouchure, venant obstruer au tout venant les affaires personnelles des mondanités inaugurales.

M’fait une drôle d’impression, ici… Rien n’se dit en face, personne n’se présente devant la mairie malgré l’nombre d’candidats, personne n’ouvre un débat, n’se renseigne sur un programme… par contre les pigeons volent en tous sens, comme si les élus jugeaient la population à c’point stupide qu’elle n’serait pas même capable d’faire des choix… qui la concernent en premier lieu ! ça m’chatouille, ça m’gratouille, ça m’picote, Aldyr… Quelle magnifique communication… Quelle unité palpable ! J’comprends mieux pourquoi les gens ont choisi d’dormir indéfiniment…


Réalisant le tas informe de ses vêtements à proximité, alternant le regard entre sa posture incongrue et le visage de sa comparse en pleine dissertation idéaliste, profitant de la fausse diversion tout en opinant sérieusement, Aldyr fit quelques pas chassés pour se saisir de ses frusques pêle-mêle. Relevant sa stature, empêtré dans le tissu, la bombarde luttant encore plus pour faire office de pis-aller intimiste, le vagabond fronça lourdement des sourcils au vue d’un détail hautement significatif de la situation. Extérieur désert, intérieur comme un puits sans fond, la maison du peuple avait des airs de journée porte-ouverte, mais sans guide, apparemment. Le silence se fit, le coin de l’œil toujours sur sa duettiste, Aldyr s’approcha de l’entrée, y colla l’oreille un instant. Relevant la tête, l’index vint appuyer sur l’un des battants qui ne se fit pas prier à s’entre-ouvrir dans un grincement de circonstance. Faisant terminer la course de la porte vers l’intérieur avec l’aide de la bombarde, se cherchant encore dans sa nouvelle fonction, le visage mangé par ses vêtements en boule, le vagabond invita Nikkita dans un sourire :

-Je crois que j’ai trouvé la raison de vos démangeaisons, et la cause en partie de mes frissonnements…Jusqu’à mes aisselles…Il y a un sacré courant d’air qui vient de l’intérieur de ce…Cette…Mairie…Bien vide en apparence. Il y a plus de vent…Ou de vide en son sein que sur cette place…Toujours étonnant Millau…Au mois de mai…

Galanterie vagabonde et partagée, sa comparse passant le seuil, Aldyr allait s’apprêter à refermer le battant lorsqu’une voix échaudée aux bords de l’inintelligibilité, déversa une flopé d’inepties. L’œil faussement hagard, un rire difficilement dissimulé, le visage toujours partiellement obstrué par sa vêture, la tête en travers de l’encolure, le vagabond leva sa bombarde en signe de permission :

-Pourquoi tant de haine ?...Sans m’abuser vous avez les accents d’un arroseur arrosé…Ou plutôt du brigand…Brigandé…Ce sont les risques du métier, vous savez…Vous vous en remettrez…Je vous prie de m’excuser…Je crois que j’ai à faire…La tâche est à la mesure du vide…

Calant sa caboche entre ses oreilles, Aldyr lança derrière son épaule avant de claquer la porte :


-Dites-moi…Votre avis pour la communication…A d’autres Nikkita…Vous avez les yeux assez propre ou je reste encore ainsi ?
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Vagabond professionnel

"Plus con qu'un trépané, deux trépanés" Parole d'un trépané avant sa naissance.
Aldyr
[J’veux pas rentrer chez moi…J’veux pas renter chez moi, seule]

Le tape-séant malmené entre un vaquement et une méditation, pour une pause bien méritée, le vagabond se risqua une narine, voire l’autre à l’extérieur, les esgourdes callées entre les deux pans de l’entrée. Le regard balayant les environs toujours aussi mornes, Aldyr risqua un pied puis l’autre, vêtu, enfin seulement, de braies et de son tablier immaculé. Des bouts de parchemins entre les doigts, il s’afféra contre le mur pour voie d’affichette :

Citation:
Millavois, Mil à avoine, cracheur, cracheuse d'eau, je n'ai qu'une chose à vous dire : Merci !!

Quoique...

Presque merci, plutôt...Du bout des lèvres mais sincèrement tout de même. J'ai accédé au tape-séant du bourgmestre, non pas par la grande porte, avec les lauriers, foule en liesse et musique pompante et tout le toutim.
Pour ceux qui n'ont pas suivi, j'ai du grimper, escalader, me baisser et me rebaisser, voire ramper vers la fin, pour me hisser sur ce tabouret si convoité.
Mais, ce n'est pas pour autant que je vais bouder mon plaisir en affichant une esquisse de moue baguenaudant sur mes babines !

Pour cette nouvelle ère, Millavois, Mil à avoine, cracheur et cracheuse d'eau, vernissez-vous les ongles en rose, en commençant par les orteils !

PS : Ceux qui manqueraient d'une certaine dextérité, en d'autres termes s'y prendraient comme des manches, prenez conseil auprès de votre cher tribun Nikkita. En habilité, elle s'y connait, et de mon côté, j'ai trop à faire avec mes braies.



Reculant d’une botte puis d’une poulaine lui tordant les orteils, Aldyr mira l’annonce. Le travail n’était pas encore achevé. L’autre bout de parchemin, et pas des moindres, méritait encore plus la vue de tous. Aldyr s’empressa en imitant une dextérité pale :

Citation:
Vagabond, Vagabonde,

Tu arrives tout frais à Millau, découvrant le lac où les poissons seront rares sous ta ligne, la place de la mairie étrangement agitée, les tavernes où tu espères rencontrer tes semblables. Tu serres dans ta main tes maigres bouts de pain, hésitant à les manger. De quoi demain sera-t-il fait ?

Tu reçois une lettre, celle-là même que tu tiens dans ta main, d’une certaine Nikkita, qui se dit tribun. Tu te dis que comme d’autres tribuns que tu as peut-être rencontré, cette Nikkita va t’abreuver de conseils pour aller travailler à la mine tous les jours, pour ne pas boire plus qu’il ne faut, pour mettre tes écus de côté pour l’achèvement suprême que représente l’achat d’un champ. Terminant par une note optimiste et enjouée, pour que tu rejoignes la grande communauté millavoise qui n’attend que toi pour s’épanouir.

Mais Nikkita, donc, moi, si tu as suivi, ne te donnera pas ces conseils. Vagabonde comme toi, je te dirai plutôt que la liberté est sur les sentiers, que le Royaume est grand, que les découvertes et les aventures sont innombrables ! Pour peu que tu saches laisser derrière les grimaces amicales de ceux qui, te frottant le dos, espèrent mieux t’asservir. Ceux qui te souriront en attendant ton vote, mais tamponneront sur ton front le mot Vagabond comme un anathème. Ceux qui te feront promesse d’un avenir meilleur, dans l’espoir d’assoir leur séant sur le siège le plus élevé.

Tourne le dos aux appâts faciles mais si peu affriolants d’un champ de légumes, ou autre. A élever les moutons, tu finirais par leur ressembler. Ose lever la tête, et affirmer avec fierté, que ta curiosité en ce royaume, sera vagabonde.



Souriant à une nouvelle lecture de ce pigeon instructif, le vagabond secoua la tête. Bourgmestre n’était pas une sinécure. Les ombres se projetant, le soleil déclinant presque dans un soulagement, Aldyr arpenta les rues et ruelles Mil à Avoine. L’idée était là, comme la taverne. Le travail était à faire. Placardant l’écriteau annonciateur, le vagabond s’engouffra dans le tripot, recherche fructueuse de pinceaux et autres coloris en devenir. Baguenaudant devant le frontispice de la taverne, il se hissa d’une chaise puis d’une table pour modifier le titre insipide :

Au p'tit bonheur des tanches


Citation:
Une bûche qui crache de l'eau par les narines, une tanche applaudissant d'une seule main, un p'tit navet criard vous courant entre les poulaines, un artichaut glissant entre les braies...Ah qu'il fait toujours aussi bon de boire un p'tit coup !



Revenant sur terre, Aldyr jaugea d’une paupière fermée et d’un sourcil clignotant sa besogne. Méchamment satisfait, laissant les ustensiles, il revint sur ses pas. L’esseulé allait chauffer, les cracheurs d’eau avaient leur patience limitée comme des marmots criards, ou des mauvais bougres constamment mauvais coucheurs.[/b]
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Vagabond professionnel

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