Tokugawa_hakumei
"Le sang attire le sang"
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- Shakespeare
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Une lune Blanche
La tête entre les mains, recroquevillée dans ses soies pâles, elle tremble. Ces mêmes images qui lui rongent les sangs, ces corps à lagonie et ces cris! Ils lui labourent le crâne, la percent de mille aiguilles en cette abominable souffrance qui tétanise ses membres.
Stop! Assez! Cessez vos hurlements! Je ne veux plus entendre! Je ne veux plus entendre!
Les doigts se resserrent, crispés dans ses cheveux. Elle ferme les paupières, cherchant à ne plus voir les scènes qui se jouent dans son crâne. La bouche demeure ouverte comme recherchant un air qui ne veut pas lemplir et cest une nouvelle fois quelle ravale un glapissement. Des remords comme un étau qui lui broie les entrailles et son esprit qui succombe, noyé sous ces visions.
Elle aurait pu. Oui elle aurait pu faire quelque chose, la protéger. Elle aurait du effacer lerreur qui a causé sa perte. Oui, ce jour là elle naurait pas du hésiter!
Souvenir dune étreinte. Douceur factice dun visage parental. Image de léclat froid dune lame. Vermeil.
Les yeux souvrent subitement.
Dun bond, le corps quitte le futon. Dun claquement sec, la porte coulisse pour souvrir sur lextérieur. Le visage se tend au ciel nocturne alors quune vague glacée lui envahit la gorge. Son sang tambourine dans sa tête, comme sil cherchait à élargir davantage les parois de son crâne.
Alors quelle cherche à retrouver une respiration plus calme, sa tête bascule et ses yeux dun gris terreux se braquent dans le regard dun guerrier qui la fixe non loin. Nouvelle pensée qui file dans son esprit. Belliqueuse.
Le regard se détourne subitement. Elle traverse les jardins du shogunat et sempresse de franchir la porte qui lui est ouverte.
De lescalier devant ses pieds, elle en descend les marches dune volée, dans un pas de course qui fait danser les pans de son kimono immaculé. Quand ses pieds touchent la terre, elle sarrête et ses mains sagrippent de nouveau à son crâne. Ses pensées qui fourmillent la coupe du monde autour. Murmures assourdissants. Sa tête est un tombeau scellé par sa folie.
Elle sébranle, avance dune marche saccadée. Ses lèvres frémissent parfois en des complaintes muettes et à ses tremblements se joint le ruissellement de la sueur sur sa peau.
Elle lève les yeux sur la lune, blanche comme un linceul.
Il est tard. Une ombre qui se meut, regard qui sy agrippe.
Une femme, la jugulaire tremblante de vie. Image aux teintes vermeilles qui flashe dans sa tête
Arrête
Elle enfouit une fois encore la tête dans ses mains. Corps qui sagite dun tremblement convulsif. Sa tête va exploser.
Arrête!
Hurlement muet qui fauche ses derniers instants de raison.
Silence.
- [Toute intervention est la bienvenue à condition quelle ne gène pas dans un premier temps laction entre les deux personnages principaux à savoir Mieko et Hakumei.]
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