Davia
[Aux abords de la capitale, à bride abattue]
Le soleil se levait sur une magnifique journée de printemps, encore froide mais illuminée de cette blancheur opaline qui fait de cette saison l'écrin de la renaissance. Et une renaissance, la brune tourangelle en avait besoin. Les derniers mois avaient été riches en évènements: une jeune femme qui devient reyne, une dure leçon de vie où elle avait du apprendre à se taire, le mariage de son père, et la cruelle séparation d'avec celui qu'elle aimait, la laissant dans l'amertume et la désillusion, ployant sous le poids de la culpabilité.
Le vent fouettait son visage et les coups d'éperon se firent plus doux. Paris était en vue. Paris, la ville aux milles lumières, aux cent visages. Elle venait y chercher la paix et le repentir dans la solitude d'un lieu saint qu'elle chérissait tout particulièrement.
Aux abords de la Cité, elle laissa sa monture pour continuer à pied. Lissant sa houppelande d'un blanc salit par la route poussiéreuse, tentant de calmer sa chevelure rebelle et de serrer ses boucles brunes en un chignon maladroit, emmitouflée dans sa cape de laine. Elle s'était mise en tête d'arpenter les rues à la recherche de la Sainte Chapelle.
Pas facile quand on connaît si peu la ville, un dédale de ruelles à n'en plus finir, où se mêlent les fragrances de nourriture, de teintures et des épices répartis sur les étals. Ses yeux étaient rivés vers le ciel, son Salut. Elle approchait, gorge nouée, récitant tout bas des prières.
Ce pèlerinage était sien, elle avait choisi un lieu hautement symbolique tant par la personne qui l'avait construit que par ce qu'il contenait. Elle avait voulu se croiser pour faire pénitence et expier ses fautes mais avait dû y renoncer, la Reyne appelant les Blanches à son secours.
D'un pas léger, elle s'approcha de l'édifice et après s'être débarrassée de ses armes, elle entra.
Magie de l'instant. Le recueillement et le silence étaient impressionnants, il était tôt et seuls quelques fidèles faisaient leur dévotion. Les yeux rivés au ciel, elle observait la majesté de la voûte. La tête lui tournant légèrement. Depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé? Elle ne savait plus, et quelle importance, elle avait atteint son but.
Elle s'avança dans la nef, la remontant lentement, s'imprégnant de la paix du lieu, la voûte céleste ressemblant à une fine dentelle ciselée, elle s'inclina et prit place à la croisée des transepts.
L'amertume du début d'année avait cédé la place à une sorte de mélancolie toute pleine d'abnégation. Elle savait pertinemment que le seul sens à sa vie était l'ordre et le service de la Reyne. D'un geste vif, elle referma la cape aux couleurs des Blanches pour ne pas avoir froid. L'heure était à la méditation, à l'oubli du monde qui l'entourait.
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Le soleil se levait sur une magnifique journée de printemps, encore froide mais illuminée de cette blancheur opaline qui fait de cette saison l'écrin de la renaissance. Et une renaissance, la brune tourangelle en avait besoin. Les derniers mois avaient été riches en évènements: une jeune femme qui devient reyne, une dure leçon de vie où elle avait du apprendre à se taire, le mariage de son père, et la cruelle séparation d'avec celui qu'elle aimait, la laissant dans l'amertume et la désillusion, ployant sous le poids de la culpabilité.
Le vent fouettait son visage et les coups d'éperon se firent plus doux. Paris était en vue. Paris, la ville aux milles lumières, aux cent visages. Elle venait y chercher la paix et le repentir dans la solitude d'un lieu saint qu'elle chérissait tout particulièrement.
Aux abords de la Cité, elle laissa sa monture pour continuer à pied. Lissant sa houppelande d'un blanc salit par la route poussiéreuse, tentant de calmer sa chevelure rebelle et de serrer ses boucles brunes en un chignon maladroit, emmitouflée dans sa cape de laine. Elle s'était mise en tête d'arpenter les rues à la recherche de la Sainte Chapelle.
Pas facile quand on connaît si peu la ville, un dédale de ruelles à n'en plus finir, où se mêlent les fragrances de nourriture, de teintures et des épices répartis sur les étals. Ses yeux étaient rivés vers le ciel, son Salut. Elle approchait, gorge nouée, récitant tout bas des prières.
Ce pèlerinage était sien, elle avait choisi un lieu hautement symbolique tant par la personne qui l'avait construit que par ce qu'il contenait. Elle avait voulu se croiser pour faire pénitence et expier ses fautes mais avait dû y renoncer, la Reyne appelant les Blanches à son secours.
D'un pas léger, elle s'approcha de l'édifice et après s'être débarrassée de ses armes, elle entra.
Magie de l'instant. Le recueillement et le silence étaient impressionnants, il était tôt et seuls quelques fidèles faisaient leur dévotion. Les yeux rivés au ciel, elle observait la majesté de la voûte. La tête lui tournant légèrement. Depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé? Elle ne savait plus, et quelle importance, elle avait atteint son but.
Elle s'avança dans la nef, la remontant lentement, s'imprégnant de la paix du lieu, la voûte céleste ressemblant à une fine dentelle ciselée, elle s'inclina et prit place à la croisée des transepts.
L'amertume du début d'année avait cédé la place à une sorte de mélancolie toute pleine d'abnégation. Elle savait pertinemment que le seul sens à sa vie était l'ordre et le service de la Reyne. D'un geste vif, elle referma la cape aux couleurs des Blanches pour ne pas avoir froid. L'heure était à la méditation, à l'oubli du monde qui l'entourait.
*"Arsenic et vieilles dentelles" est le titre d'une pièce de théâtre de Joseph Kesselring et d'un film de Frank Capra. A lire, à relire, à voir, à revoir... Et la Modo elle a bon goût!!!
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