Twa_corby
- Le 6 mai 1459, Twa Corby de Péreilhe dict. le renard et Anathema se marient.
Le 8 mai 1459, Anathema décède.
Cette histoire raconte le triste évènement et la fin de la vie d'un renard...
Le bonheur suprême dun mariage et la douleur immense de tout perdre en deux jours.
- - [le 11 mai 1459, Villefranche-sur-Rouergue] -
Twa ne dormait pas. Il était fatigué
Sont visage était dune pâleur inquiétante.
Plusieurs nuits sans sommeil et sa raison qui ne répondait plus.
En trois années de « règne », le renard navait jamais frôlé daussi près le trépas.
De temps en temps, sa tête tombait... Il sendormait quelques secondes qui lui semblaient de longues minutes et dans une panique soudaine, il redressait la tête.
Son cur frappait violemment sa poitrine et son regard se portait immédiatement sur elle.
Sa femme Sa douce.
Allongée près de lui sur une table épaisse en bois de cerisier, elle semblait apaisée Dans un sommeil éternel.
Tandis qu'il s'assoupissait à ses côtés, il se réveillait entre deux songes, entre un rêve et un cauchemar.
La chambre de lauberge dans laquelle ils se trouvaient avait été arrangée pour quils puissent être accueillis en toute discrétion.
Elle était aussi triste que la pluie qui glissait sur lunique fenêtre et aussi sombre que l'ambiance qui y régnait.
Plus aucune notion de temps
Incapable de dire à quel moment de la journée il était, il lui fallait tenir.
Tenir jusquau bout, jusquà lépuisement. Cest ce quil voulait.
Des gens avaient essayé de le raisonner, de lui expliquer
Non sans mal. Il ne fallait pas insister.
Lui demander de partir était prendre le risque de le faire réagir.
Une douleur aussi forte change un homme et celui quon connaissait comme le renard doux et souriant était devenu violent et obscur.
Il se foutait de tout dès à présent et la vie n'avait plus aucune valeur.
Avait-il à ce point sombré dans la folie ?
Plus rien na dimportance de toute façon.
Il se pencha doucement sur le chevet de sa mie, la regarda encore un long moment et lui murmura des mots doux.
« Ma douce Je suis là. Ne tinquiète pas.
Ton renard est tout près... Tout près de toi. Chuuuuuuut.
Ne ten fait pas. Je suis là...
Tout à coté. Je suis là. »
Savoix était tremblante et légèrement rocailleuse.. Douce et si légère qu'elle s'envolait dans l'air comme une brise d'automne.
Il était convaincu quelle lentendait. Ses yeux ne la quittait pas un instant.
Pas de regard vers le ciel Elle était encore ici.
Il l'a voyait comme Comme si elle ne faisait que dormir..
Le renard posa le revers de sa main sur cette joue si blanche. Si blanche
Elle glissa jusquau front et ses doigts se mélangèrent dans des cheveux blonds quil coiffa délicatement.
Ses jolies boucles sentremêlaient dans ses caresses et on sentait encore son parfum délicat embaumer lair.
Frissons
Encore ce sentiment qui le submerge.
Encore cette douleur et encore cette sensation dun cur qui tombe en cendre. Un froissement désagréable et une nausée permanente.
Les larmes ne venaient plus. Plus rien ne coulait. Plus rien ne sortait.
Son visage affichait la douleur comme un masque qu'on aurait déformé pour qu'il puisse symboliser le désespoir.
La pièce se mit à tourner quelques instants autours de lui.
Pendant quelques secondes, un vertige. Il sadossa à la table et ferma les yeux
Respirant doucement, il se concentra sur elle, ne la quittant pas des yeux...
Il essayait de lui sourire malgré tout.
Depuis combien de temps na-t-il pas mangé, pas bu !
Il resta ainsi encore quelques minutes à la regarder dans un silence bien trop froid.
Gémissant sans sen rendre compte une plainte, lente et douloureuse, qui sortait de sa gorge au fil de ses pensées.
La bouche pâteuse et les lèvres craquelées, il devait reprendre des forces.
Twa fit un pas sur le coté... Encore ce vertige.
Il se redressa péniblement et se dirigea vers les affaires quil avait laissées au fond de la pièce, sappuyant d'une main sur le mur pour chercher son équilibre.
La besace contenait une petite outre deau rance et quelques gorgées suffirent pour le désaltérer.
Il saspergea le visage avec le reste du liquide et laissa leau couler jusquà dans son cou.
Son regard croisa un autre homme dans le reflet dune vitre.
Il ne se reconnu pas de suite car sa barbe de plusieurs jours le rendait sévère.
Il avait tellement pleuré que ses yeux nétaient que deux plaies humides rougies par la douleur.
Le renard pris une grande respiration.
Réajustant sa tenue, il attacha son fourreau autours de sa taille et posa une main sur le pommeau pour sentir le métal froid de sa lame.
Dun geste délicat, il se rapprocha delle une dernière fois.
Puis il ferma les yeux alors quil tirait le drap blanc sur son visage.
Ce fut fini
Il prit sa besace et se présenta sur le seuil de la chambre.
Une femme se tenait au bout de couloir et lorsquelle le vit, lâcha le paquet de linge quelle tenait en main puis se recula.
Un air ébahit.
Messire Corby Vous Vous êtes sorti
Elle se retourna vivement, enjamba son linge et fila vers la salle tout en criant
Il est sorti !
Le sieur Corby est sorti !
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