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Trois pas sur le côté, trois pas sur le côté

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Certes elle avait mis près d'une demi-heure pour trouver le salon. Il faut dire que les couloirs du bôatiments avaient pris la fâchese habitude de jouer avec ses nerfs. Les pièces s'en étaient mêlées à vouloir jouer à cache-cache avec elle. Tu crois que je suis une antichambre, et non, je suis un bureau! A devenir folle. A croire que la maisonnée s'était liguée contre elle et son sens l'orientation. Ségur ne valait pas Chabrières niveau agencement des pièces. Las, elle avait fini par accepter la sollicitude gênée et humiliante d'une petite qu'il l'avait conduite céans.

Désormais confortablement assise, son martin sous son siège, facile à attraper, elle demanda d'une voix impérieuse à ce qu'on lui amène un verre de prune et un pichet de vin clairet du pays.

Elle était majeure oui ou non?

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Après avoir quitté le confort cahotant de son coche, le Comte avait été guidé, sur l'ordre de la Comtesse semblait-il, jusqu'à l'un des salons de réception. Au passage, il s'étonnait de voir la maisonnée réduite au strict minimum. N'était-ce pas la majorité de Lunedor que l'on fêtait là ? Où donc étaient les invités ? Où donc étaient les autres membres de la famille ? Que cela était donc curieux. Il connaissait bien sa cousine et il savait qu'elle ne perdait jamais une occasion pour briller et mettre en avant les siens. Or, là, il semblait que l'on était bien loin d'une fête réunissant l'élite du Comté. Peut-être était-ce une cérémonie intime...
Bah, après tout, peu importait, l'essentiel était d'être là et de profiter du moment présent avec ceux et celles qu'il n'avait pu croiser depuis longtemps.

Le domestique qui le conduisait lui ouvrit la porte et s'effaça afin de le laisser entrer dans la pièce. Une seule personne s'y trouvait déjà et il eut bien du mal à reconnaître la jeune fille d'après ses souvenirs. Elle avait grandi, bien sûr, mais elle possédait un je-ne-sais-quoi d'assuré et d'autoritaire que seule la vie à la Cour, parmi les puissants, pouvait donner. Un vernis dont il n'était guère facile de se débarrasser, il était bien placé pour le savoir.

Il salua donc sa jeune cousine d'un sourire franc et chaleureux. Il s'en serait défendu si on lui avait posé la question mais Lunedor avait toujours été celle des enfants Malemort qu'il préférait, hormis Barahir bien sûr. Mais celui-ci était un cas particulier... Avant que le valet ne ferme la porte, il lui ordonna d'aller aux cuisines et de ramener sur le champ tout ce qu'il fallait à plusieurs personnes pour se sustenter et se rafraîchir. Neb avait déjàdû donner ses ordres mais avec la valetaille, mieux valait deux fois qu'une. Puis, il revint à Lunedor.

Et bien, que te voilà changée ! Tu es devenue une vraie jeune fille, pleine de grâces et de charme. La vie à la Cour, auprès de la Princesse te convient-elle ?
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Il est des voix qui représentent une menace latente, d'autres qui évoquent le confortable giron maternel, d'autres encore, tellement sèches qu'elles vous irritent l'oreille à chaque syllabe. Mais rien de tout cela présentement. Celles de son cousin évoquait pour la tranquille assurance de celui qui sait être à sa place, le gardien, le patriarche. Après tout, il était ce qu'elle avait connue qui ressemblât le plus à un père.
Son plaisir n'était pas feint quand elle se leva à son arrivée, le sourire aux lèvres.


Il faut croire qu'il en est ainsi puisque je ne semble pas encore avoir torp exaspérer Son Altesse. Mais Aristote qu'il est usant de voyager sans cesse. a peine a-t-on pris ses marques dans une province qu'il faut recommencer dans une autre. Mais baste! ce n'est pas un si grand mal.

Je parle, je parle, mais vous-même comment allez-vous?


Il lui vint à l'esprit que la dernière fois qu'elle avait eu de ses nouvelles c'était en réponse à une bouteille à la mer. Y songer assombrit son humeur. Rien n'était réglé, à moins que, en son absence... ?
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Le sourire s'élargit encore à la mention de ses voyages qui, à ce que l'on disait, formaient la jeunesse. Voilà qui tombait on ne peut mieux dans le cas présent. Une étincelle affectueuse traversa les prunelles comtales alors qu'elle parlait. Elle n'avait rien perdu de sa spontanéité, ni de sa vivacité. Des images d'elle enfant revinrent à sa mémoire mais elles furent malheureusement ternies par les récents développements familiaux.

Moi ? Oh, tu sais, je suis un vieux barbon maintenant. Je voyage aussi, entre mes fiefs. Parfois, je vais à Paris afin de remplir mon office de Héraut. Mais, somme toute, j'ai la retraite à laquelle j'aspirais.
Et puis je veille, de loin, sur la famille : sur toi, sur Barahir, sur tes autres frères et soeurs et sur ta mère également, ce qui n'est pas chose facile. Bref, tu le vois, je ne m'ennuie guère.


Un regard au reste de la pièce.

D'ailleurs, en parlant de ta mère, je m'étonne qu'elle ne soit pas encore descendue. Je sais qu'elle peut parfois prendre des heures pour se préparer, il est vrai. Sais-tu si d'autres personnes doivent nous rejoindre afin de célébrer ta majorité ?

Une légère touche d'amertume à ce mot, signe d'avancée dans le temps qui, s'il fait des enfants des adultes accomplis, pousse les déjà-adultes accomplis vers leur tombe...
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J'ai voulu que cela reste familial donc mes frères et soeurs, Rehaël et son épouse, et vous-même. C'est ma mère qui s'est chargée d'inviter vu que je ne suis arrivée qu'hier et que mes prouesses avec une plume sont ce qu'elles sont. Sans doute Barahir ne viendra-t-il pas, pris qu'il est par sa charge de Duc.
Ma mère ne va sans doute pas tarder à nous rejoindre.

J'ignorais que vous fûtes héraut. Pas du Limousin, si?


Veiller sur la famille... Avant que sa mère n'arrivât, il fallait qu'elle sache.

Avez-vous eu le loisir d'entretenir Aliènaure? Est-elle toujours...proche... de ce Trokinas?
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Un affreux vertige prit le Comte alors qu'elle énonçait la liste des invitations. Se pouvait-il qu'elle ignorât la disparition de son jeune cousin ? Se pouvait-il que personne ne lui ait annoncé la tragique nouvelle ? Il hésita un instant, ne sachant pas si il devait être l'oiseau du malheur mais, finalement, il opta pour le silence, ne voulant pas ternir sa joie de cette journée. Il serait bien temps ensuite de combler cette funeste lacune.
Son humeur ne s'améliora guère à la mention du titre ducal de son jeune cousin. Des rumeurs avaient couru sur sa pratique du pouvoir et des pratiques quelque peu douteuses employées. Il faudrait aussi tirer cela au clair, même si le fait qu'il soit devenu Duc l'emplisse de fierté. Lunedor avait sûrement raison, il ne prendrait pas la peine de se déplacer. Le pouvoir avant la famille, n'est-ce pas ?!


Si, si, je suis Héraut. Pas du Limousin, non... ta mère est indétrônable ! Petit rire amusé. Je ne suis qu'un Héraut d'Ordre royal, celui de Saint-Ouen pour être plus exact. Cela me donne simplement l'occasion de me rendre occasionnellement à Paris et de me tenir au courant des affaires du Royaume.

Avant de répondre à la jeune fille concernant sa soeur, il l'envisagea d'un oeil scrutateur, ne sachant trop ce qu'elle savait et jusqu'où il pouvait aller dans ses confidences. Cependant, la lettre qu'elle lui avait adressée, via la Princesse d'Etampes, révélait assez son inquiétude. Il était juste de répondre par la plus stricte honnêteté.

Ta soeur a fait ses propres choix, choisissant de s'éloigner de sa famille et du poids qu'elle peut représenter. Nous nous sommes croisés et avons pu discuter. Je n'ai pu que constater son isolement et sa solitude et je dois dire que cela m'a profondément touché, malgré le fait que nous n'ayons jamais été proches.

Un soupir, avant de continuer.

Sa relation avec Trokinas, qui est accessoirement Baron et bientôt Vicomte, est la seule chose de solide dans sa vie. Il serait injuste de notre part de lui ôter cela. Nous pouvons désapprouver mais nous lui devons de ne pas intervenir. Elle finira bien par nous revenir, du moins je l'espère. Regard appuyé à la jeune fille : Et je suis certain qu'elle serait ravie et grandement touchée d'avoir de tes nouvelles, malgré la faiblesse de tes écrits. Sourire gentiment moqueur.
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"Choisissant de s'éloigner de sa famille et du poids qu'elle peut représenter.".. comme je la comprends, se dit-elle, j'ai fait la même chose.

La Lune m'est témoin que je ne veux pas la priver de quelque chose qui la rend heureuse. Comment est-il? Je veux dire, Trokinas, quel homme est-il? Est-il honnête? La mérite-il?

Mal à l'aise, elle évita la dernière remarque. elle n'avait pas répondu à la dernière missive de son aînée et appréhendait de devoir s'en expliquer.

Je ne crois pas en l'écrit. Je préfère les discussions de vive voix. Quand on me lit une missive ou qu'on écrit sous ma dictée je ne suis jamais sûre qu'on ne me cèle rien. Une vraie discussion supprime les intermédiaires, un voix peut dire tellement plus qu'un bout de parchemin.
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Le regard scrutateur du Comte revint devant l'air visiblement mal à l'aise de sa jeune cousine. Que lui cachait-elle ? Que n'osait-elle pas dire ? Avait-elle fait, ou justement pas fait, quelque chose qu'elle se reprochait maintenant ? Il décida d'ignorer ses soupçons... cela faisait trop longtemps qu'il n'avait eu le plaisir de la voir et de lui parler. Il n'allait pas gâcher cela.

Certes, tu as raison pour les discussions. Cependant l'écrit permet de rester en contact avec ceux que l'on chérit, en attendant justement de pouvoir s'entretenir de vive voix. Enfin...

Il prit le temps de réfléchir, soupesant sa réponse.

Quant à Trokinas, je le crois honnête, oui. Il a commis des erreurs dans son mandat, et je doute que l'on en voit la fin avant longtemps tant certaines sont lourdes de conséquences, mais je pense qu'il a été sincère dans ses décisions. C'est quelqu'un qui ne recule devant rien et qui a foi en ses convictions, un peu comme ta soeur.
Cependant, je ne l'apprécie guère. Tu me diras que ce n'est pas le seul. Tu auras raison. Je respecte cependant le choix de ta soeur. Quant à savoir si elle le mérite, personnellement, je n'en sais rien. Je le connais trop peu pour cela. J'espère simplement que oui.


Un rictus amusé vint soudain éclairer le visage jusque là pensif et sérieux du Comte. Il se réjouissait déjà de la réaction de sa jeune pupille devant ce qu'il allait lui demander.

Humpf... et toi ? Des prétendants en vue ? J'imagine que la Cour est pleine de jeunes gens bien nés qui ne demandent qu'un regard de toi !
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Tout sourire s'effaça sur le visage de la jeune fille. La Lune savait pourtant qu'elle était bien moins susceptible qu'avant à ce propos mais il y avait des fois où elle ne pouvait refréner ce pincement au coeur. C'était toujours au détour de la phrase la plus anodine qu'il soit que cela venait la frapper en plein coeur.
Elle tâcha de se reprendre et d'adopter un ton badin


Pour mon infortune, il semble que tous les membres qui fréquentent la Cour soient mariés ou en passe de l'être. Les rares spécimens dans aucun de ces deux cas se sont trouvés être de parfaits idiots, donc non, point de prétendants à cette heure.

D'ailleurs, je vous retourne la question. N'y a-t-il aucune limousine qui ait réussi à vous passer la corde au cou?

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Retenue à l'office par la Germaine, cuisiniére de son état, qui menacait de rendre son tablier après que Firmin, cocher, lui ai signalé que sa sauce manquait de vin, la Malemort finit par rejoindre le salon ou patiente son cousin et sa fille...

Arrivant au moment crucial, elle referme en silence la porte et s'avance...


Me voici, me voici... Je suis navrée d'avoir tardée mais au moins vous avez eut le temps de vous retrouver... Nico, tu es radieux, comme toujours.
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Avant qu'il puisse répondre, la porte s'ouvre silencieusement et se referme pareillement, ouvrant le passage à sa cousine, vêtue simplement et les traits tirés.

Il s'approche d'elle, l'embrasse tendrement, se recule d'un ou deux pas, la détaille des pieds à la tête, prend une mine inquiète et dit :

Merci. Je suis content de te voir. Tu as l'air fatigué et las. Il était temps que tu rentres chez nous. Nous allons te refaire une santé, crois-moi !

Il regarde un bref instant Lunedor, avant de revenir à Neb et ajoute :

Sommes-nous déjà au complet ? Cela me semble bien peu pour fêter la majorité de Lune. Soupire et regarde la demoiselle en question. Enfin, si tu l'as voulu ainsi, je n'y vois pas d'objection.
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Ah, maman. Te voici. Nous désespérions à ton sujet. Nous discutions de l'opportunité d'envoyer maints piétons et archers sus à ceux qui t'avaient enlevée. Mais il semble que tu aies réussi à t'en défaire seule, pour leur plus grand malheur j'en suis sûre.

Le ton est à la plaisanterie, l'humeur taquine. Plus sérieusement, elle reprend.

Sans doute Louis et Arnaut ne tarderont-ils pas. Et j'ai bon espoir que viennent Elisa et Alié. Ils me tardent de les saluer.
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Vague sourrire à son cousin, les cernses sous ses yeux semblent faire partie naturellement de son visage depuis si longtemps qu'elle n'y fait plus guére attention, pas plus qu'elle ne s'étonne de ne dormir plus que deux ou trois heures par nuit sans être réveillés par des cauchemars sans cesse plus vifs...

Nous allons commencer, les garçons doivent jouer dans le parc à qui fera pleurer de rage sa nourrice en premier... Quant à Aliénaure... je suis désolée ma chérie, elle ne viendra pas... parce que nous n'étions pas à son anniversaire, elle estime ne pas devoir venir au tien... Mais nous sommes entre nous, c'est déjà une raison de nous réjouir non ?

Le ton faussement enjoué était destiné à atténuer l'éventuelle déception de la jeune fille, autant qu'a masquer la réprobation maternelle à la décision de son ainée...
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Le sourire adressé à sa cousine est sincère et franc mais il dénote dans son ton un je-ne-sais-quoi de caché, de tu. L'humeur de la Comtesse, malgré l'événement, n'est pas à la joie. Aussi, reprend-il, sur le ton enjoué adopté par Nebisa :

Bah... je suis certain qu'il y aura d'autres occasions où nous pourrons être tous ensemble. Tes frères et soeurs sont retenus par leur charge, cela ne fait aucun doute. Pour l'heure, réjouissons-nous de cette occasion de te fêter, Lunedor. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on atteint sa majorité !
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Son sourire se crispa quand elle apprit le pourquoi de l'absence de son aînée. Évidemment. L'aurait-elle eu en face d'elle à ce moment-là qu'elle lui aurait exprimé sans fard son sentiment à ce sujet. Mais il n'est pas sûr qu'elle aurait su garder son calme, c'était donc peut-être mieux ainsi.
Elle entreprit de faire contre mauvaise fortune bon cœur.


Il est vrai. Il me semble même que cela n'arrive qu'une seule fois dans la vie. Il s'agit de ne pas rater son coup et d'entrer du bon pied dans la vie adulte. Mais je ne m'inquiète pas, j'ai le pied sûr et ne crains nul sentier escarpé.

Mentait-elle bien au moins?
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