Linon
Il était là, assis à s'occuper de son épée, toujours torse nu dans le vent léger qui s'était levé et gonflait les voiles de la caraque. Et le ton de sa réponse n'était pas engageant.
Linon baissa le regard sur l'arme qu'il continuait à nettoyer. Maël était sans nul doute habitué à la manier, et certainement sa puissance alliée à l'épée le rendait-il redoutable pour ses ennemis. Elle sentit le regard sur elle et leva les yeux pour le regarder à son tour. Marine et acier s'observèrent... mais elle brisa l'échange pour tourner encore le visage vers l'arrière, vers l'Orient. La boule dans sa gorge l'étrangla à nouveau, ses paupières s'ourlèrent de larmes et elle dût serrer les lèvres pour les empêcher de trembler.
Elle ramena son attention sur l'homme alors qu'il s'engageait à la protéger et lui tendait une dague. Elle regarda l'objet dans sa main, la fit tourner lentement et dégagea un peu la lame du fourreau, songeuse devant l'acier luisant. Petit reniflement pour se maîtriser et poignet passé rapidement sous le nez, elle esquissa un sourire tout aussi raté que le précédent, faisant s'échapper une larme qui disparut dans sa manche. Elle battit des cils pour chasser les suivantes en essayant d'imaginer comment ça faisait de planter une dague dans quelqu'un... y arriverait-elle assez vite? Elle hocha néanmoins la tête en renfonçant la lame dans son fourreau, bien convaincue qu'en cas de problème, sa seule chance de salut serait Maël et que s'il lui arrivait quelque chose, elle le suivrait de près dans la mort.
Merci...
Se posa immédiatement le problème de savoir où mettre la dague. Dans la besace que Nicétas avait placée sur sa hanche? Elle aurait le temps d'être tuée vingt fois avant de la sortir de là. A la ceinture de sa jupe alors.. mais devant? Derrière? Derrière, même problème que dans la besace, avec celui supplémentaire de se la faire dérober sans même qu'elle s'en aperçoive. Restait devant... Linon coinça la dague dans la ceinture de sa jupe, constata qu'il lui serait impossible de s'asseoir avec ça. Ça tombait bien, Maël était assis, ce qui faisait qu'elle le dépassait un peu en hauteur. Pas au point de le snober, mais quand même, ça le rendait plus accessible. Et comme elle avait énormément de questions à lui poser, dominer un peu la situation même virtuellement pendant quelques minutes, était bien arrangeant.
Il attendait ses questions justement, elle chercha par quoi commencer. Parce que des questions, elle en avait des centaines. Qui pouvait presque toutes être résumées en une seule.
Pourquoi.
Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi étaient-ils partis sans emmener personne d'autre? Pourquoi ne renvoyait-il pas ce gros bateau vers Constantinople? Pourquoi alors qu'il était si fort et avait une épée, n'allait-il pas se battre? Pourquoi l'avoir sauvée elle et pas le vieil homme et ses livres? Pourquoi les renforts n'étaient-ils pas arrivés?
Des questions furieuses, odieuses, stupides. Pourquoi avait-il fui comme un lâche? Y avait-il un puits sur le port où le vieux couple pourrait se cacher ? Qu'est-ce qu'on faisait aux prisonniers? Est-ce qu'on violait les vieilles femmes? Et lui, ça lui arrivait de brûler des villages quand il avait trop bu? Et qu'est-ce que c'était que ce bateau? Où allait-il? Combien d'hommes y avait-il à bord ? Et pourquoi les ottomans avaient-ils attaqué? Où vivait le pape?
Maël était plus vieux, plus aguerri qu'elle, ce qui n'était pas très dur. Il n'avait sûrement pas passé toute sa vie dans un trou perdu. Les réponses, il les avait forcément. Linon lança sa première question.
Il faut faire demi-tour. Je veux y retourner.
Catégorique.
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Linon baissa le regard sur l'arme qu'il continuait à nettoyer. Maël était sans nul doute habitué à la manier, et certainement sa puissance alliée à l'épée le rendait-il redoutable pour ses ennemis. Elle sentit le regard sur elle et leva les yeux pour le regarder à son tour. Marine et acier s'observèrent... mais elle brisa l'échange pour tourner encore le visage vers l'arrière, vers l'Orient. La boule dans sa gorge l'étrangla à nouveau, ses paupières s'ourlèrent de larmes et elle dût serrer les lèvres pour les empêcher de trembler.
Elle ramena son attention sur l'homme alors qu'il s'engageait à la protéger et lui tendait une dague. Elle regarda l'objet dans sa main, la fit tourner lentement et dégagea un peu la lame du fourreau, songeuse devant l'acier luisant. Petit reniflement pour se maîtriser et poignet passé rapidement sous le nez, elle esquissa un sourire tout aussi raté que le précédent, faisant s'échapper une larme qui disparut dans sa manche. Elle battit des cils pour chasser les suivantes en essayant d'imaginer comment ça faisait de planter une dague dans quelqu'un... y arriverait-elle assez vite? Elle hocha néanmoins la tête en renfonçant la lame dans son fourreau, bien convaincue qu'en cas de problème, sa seule chance de salut serait Maël et que s'il lui arrivait quelque chose, elle le suivrait de près dans la mort.
Merci...
Se posa immédiatement le problème de savoir où mettre la dague. Dans la besace que Nicétas avait placée sur sa hanche? Elle aurait le temps d'être tuée vingt fois avant de la sortir de là. A la ceinture de sa jupe alors.. mais devant? Derrière? Derrière, même problème que dans la besace, avec celui supplémentaire de se la faire dérober sans même qu'elle s'en aperçoive. Restait devant... Linon coinça la dague dans la ceinture de sa jupe, constata qu'il lui serait impossible de s'asseoir avec ça. Ça tombait bien, Maël était assis, ce qui faisait qu'elle le dépassait un peu en hauteur. Pas au point de le snober, mais quand même, ça le rendait plus accessible. Et comme elle avait énormément de questions à lui poser, dominer un peu la situation même virtuellement pendant quelques minutes, était bien arrangeant.
Il attendait ses questions justement, elle chercha par quoi commencer. Parce que des questions, elle en avait des centaines. Qui pouvait presque toutes être résumées en une seule.
Pourquoi.
Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi étaient-ils partis sans emmener personne d'autre? Pourquoi ne renvoyait-il pas ce gros bateau vers Constantinople? Pourquoi alors qu'il était si fort et avait une épée, n'allait-il pas se battre? Pourquoi l'avoir sauvée elle et pas le vieil homme et ses livres? Pourquoi les renforts n'étaient-ils pas arrivés?
Des questions furieuses, odieuses, stupides. Pourquoi avait-il fui comme un lâche? Y avait-il un puits sur le port où le vieux couple pourrait se cacher ? Qu'est-ce qu'on faisait aux prisonniers? Est-ce qu'on violait les vieilles femmes? Et lui, ça lui arrivait de brûler des villages quand il avait trop bu? Et qu'est-ce que c'était que ce bateau? Où allait-il? Combien d'hommes y avait-il à bord ? Et pourquoi les ottomans avaient-ils attaqué? Où vivait le pape?
Maël était plus vieux, plus aguerri qu'elle, ce qui n'était pas très dur. Il n'avait sûrement pas passé toute sa vie dans un trou perdu. Les réponses, il les avait forcément. Linon lança sa première question.
Il faut faire demi-tour. Je veux y retourner.
Catégorique.
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