Bradwen
RP ouvert à tous... à condition de respecter sa cohérence et son ambiance.
Il lui avait donné rendez-vous ici, dans ce bouge infasme, dans ce taudis des plaisirs tarifés, dans cet antre de la débauche en tout genre. Ici, le vin, la bière, les filles et les marauds coulaient à flot. Vous cherchiez à obtenir un service des plus obscurs dans le Maine ? C'est ici qu'il fallait vous rendre ! Pourtant, il ne lui avait pas donné rendez-vous icelieu pour boire de tout son saoul, pour y quérir un quelconque homme de l'ombre, et encore moins pour y trouver une fille de joie. Non, il l'avait convié ici pour la discrétion des lieux. Ici, personne ne posait de questions indiscrètes. C'est une règle tacite si l'on voulait en sortir sur ses deux gambettes.
Comment avait-il connu ce lieu, lui que rien ne destinait à mettre les pieds ici ? Oh, c'était toute une histoire ! Une histoire à laquelle vos esgourdes seront peut-estre conviés un jour, mais tel n'était pas là le sujet qui nous préoccupe actuellement. Toujours est-il que cela faisait un bon petit moment qu'il était là, dans cette chambre obscure, assis sur cette chaise de paille si inconfortable qu'elle ne devait mesme plus estre utilisée par les gourgandines pour satisfaire l'égo de leurs clients. Le lit eut sans doute été plus confortable, mais l'odeur ascre qui en émanait l'avait dissuadé. Qui plus est, les souillures qui parsemaient le linge n'avait rien fait pour le rasséréner non plus.
Viendrait-il ? L'inconnu ne le savait pas. Il était partagé. Son "invité" n'avait pas non plus l'habitude de fréquenter ce genre de maison aux milles délits. Peut-estre le lieu le rebuterait-il jusqu'à refuser l'invitation ? Peut-estre oui Il n'avait pas non plus signé le message qu'il lui avait fait parvenir. Dans cette affaire, la confidentialité était de mise. L'homme la considérait comme un élément essentiel, indispensable, inoccultable.
Dans un coin de la pièce, son regard fut attiré par un rat, gros et noir. Il semblait chercher de quoi se mettre sous la dent à moins qu'il ne cherchait tout simplement qu'à fuir cette maison de fou. Fuir ? Pourquoi souhaiterait-il la fuir ? A en voir sa silhouette, il devait sans doute estre la créature de Dieu la plus heureuse du lieu. De la chambre de gauche, émanaient des gémissements féminins et des grognements masculins qui ne laissaient aucun doute quand à l'activité qui s'y déroulait. Un couple était tout simplement entrain de s'ébattre joyeusement. Tout compte fait, joyeusement n'était sans doute pas le mot adapté à la situation. Il n'y avait dans ces bruits aucun sentiment de plaisir. La jeune femme simulait ses sensations. Quand à l'autre, un ours eut parut bien plus civilisé en comparaison. Non, tout ceci n'avait rien à voir avec un accouplement amoureux. D'amour, il n'y en avait guère. Ceci ne pouvait estre assimilé qu'à un échange de fluides corporelles entre deux estres consentants. Rien de plus. A droite, on jouait visiblement à un autre type de jeu. La conversation était animée. Visiblement le jeu consistait à crier plus fort que l'autre. Nul doute que dans quelques instants, les intervenants passeraient aux règles avancées en venant y mesler les pieds et les poings. Il n'y avait qu'à espérer que l'un des deux ne sortirait pas de la pièce les pieds devant ! Du bas, n'émanaient que rires gras, chansons paillardes, bruits de godets s'entrechoquant.
Vous l'aurez compris chers lecteurs, l'endroit n'était guère au goust de l'homme qui avait pris place dans cette chambre. Il n'y passerait pas sa vie, il n'y passerait mesme pas quelques instants en compagnie de la comédienne de la chambre de gauche. Mais au moins, il espérait y trouver ce qu'il venait y chercher : anonymat et sécurité.
L'homme se renfrogna un peu plus dans l'ombre. La capuche noire baissée bas sur la teste ne laissa dépasser qu'un épi de blé qui tressautait nerveusement. Un épi de blé C'est tout ce que pouvait voir l'individu qui entrerait dans la pièce. Enfin s'il avait décidé de répondre favorablement à la mystérieuse invitation...
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