Ijarkor examina la nouvelle proposition du Comte de Rabat.
Ijarkor a écrit:Votre nouvelle rédaction de l'article II.1 a au moins l'avantage de ne pas se borner à des "réputations" et des "peut-être": elle institue un fait - la cérémonie de bénédiction - et une affirmation - celle du Comte qui soutient l'Eglise Aristotélicienne.
Puis, répondant à Marie-Victoire:
Ijarkor a écrit:Dona, je suis parfaitement d'accord avec vous sur le fait que la Foi ne se décrète pas, que l'engagement spirituel est personnel: c'est l'expression du libre-arbitre souhaité par le Très Haut. Mais nous sommes ici pour nous mettre d'accord sur ce qui lie ce Comté et l'Eglise Aristotélicienne. Il n'est pas question de contraintes, mais d'engagements que nous prenons les uns envers les autres.
Si le texte ne contient aucun engagement, mais uniquement des recommandations, des "peut-être" et des "il est souhaitable que", sous prétexte que chacun est libre, alors il n'a plus lieu d'être. Autant, dans ce cas, séparer complètement l'Eglise et l'Etat et se passer de concordat. J'imagine que c'est ce que souhaite le senhor Bouchenbiais.
Or comme vous, je ne souhaite pas que ces débats soient de la poudre aux yeux: c'est bien pour cela que je préfère mettre en évidence, et sans détour, les divergences de fond, plutôt que de discuter des heures sur des problèmes mineurs et des formulation de texte. S'il s'avère qu'en effet, des points ne sont pas négociables, alors autant le dire, plutôt que de tromper le peuple.
Et Ijarkor montra les Toulousains qui, massés derrière la grille, assistaient au débat, et parfois s'exclamaient et encourageaient les négociateurs.
Ijarkor a écrit:Chacun est libre de ses engagements spirituels, soit ! Mais celui qui veut diriger ce pays n'est pas qu'un simple comptable qui transfert des écus sur le marché, paye des soldats et entretient des mines. Ce doit être un homme qui, par ses choix et ses actions, participe au Grand uvre du Très Haut, qui est lavènement de l'Amitié Aristotélicienne; cette Amitié qui écartera une fois pour toute la philosophie de la Bête Sans Nom; cette Amitié qui repoussera pour toujours lavènement de l'apocalypse; cette Amitié qui est tout simplement l'expression, dans sa plus grande plénitude, de l'Amour qui est le don de Dieu aux hommes. C'est cela qui n'est pas négociable: l'Eglise ne peut qualifier d'Aristotélicien un pays qui refuserait de s'engager sur le fait que ses dirigeants participeront, par leur action, à lavènement de l'Amitié Aristotélicienne. Et en conséquence, elle ne pourrait signer un concordat avec un tel pays.
Dans le même temps, un autre échange verbal se poursuivait entre Bouchenbiais et Ticta. Un sourire en biais sur le visage du cathare avait ponctué le discours de la jolie dame blonde aux yeux bleus, au visage doux mais à la langue aussi vive que la sienne. Ce dernier ne tarda donc pas de lui répondre en s'inclinant, respect sincère ou feint ?
Bouchenbiais a écrit:Pardonnez moi Dame, si je vous ai offensé, mais voyez donc comme cela peut paraître choquant et désagréable, n'est ce pas? A moins que ma mémoire ne défaille, il ne me semble pas vous voir insulté personnellement. Et sauf votre respect et sans votre autorisation, je m'accorde le droit de mépriser votre croyance autant que vous méprisez la mienne ...
Pour ce qui est du reste, oui j'avoue avoir un grande rancur contre votre institution que vous appelez "Sainte Église"! Je prends donc, une fois de plus note, que l'on ne cesse de dénigrer les autres cultes mais que l'on ne tolère aucune critique contre votre croyance!
Si chacun souhaite visiblement ici un débat, pour ma part je n'en vois aucun. L'Église impose d'office que le Comté soit aristolélicien ... De quel droit? Sur ordre de qui? De Rome? Par droit canon? Qu'est ce donc que cela le droit canon? L'autorité que s'accorde elle même l'Église sur toute autre autorité? Vous vous estimez donc uniques et incontestables détenteurs de la parole divine et affichez ainsi ouvertement votre vanité.
D'un geste ironique, du revers de la main, il retourne dans sa direction l'air qu'elle avait semblé vouloir chasser.
Bouchenbiais a écrit:
Si jamais nous ne voulions pas que le comte soit officiellement aristolélicien, que se passerait-il, je vous prie? Si nous souhaitions que votre culte soit reconnu au même titre que tous les autres, ni plus ni moins? Qu'en adviendrait il de nous, toulousains? Inquisitions, excommunications, croisades?
Je ne suis qu'un simple, pieux et humble "Bon Homme", petit forgeron, issu d'une longue famille de paysans, je n'ai ni les connaissances ni l'intelligence de notre ancien Comte, Messire Natale, mais j'ai cependant une volonté farouche de protéger ce comté et ses habitants des méfaits et des abus de la ... "Sainte Église".
Comme toujours en prononçant ce nom, un rictus d'énervement déforme ses lèvres, ce qui laisse penser qu'il mérite son nom plus que quiconque.
Bouchenbiais a écrit:
Il est, j'en ai toujours convenu et chacun peut ici en témoigner, parmi vous des hommes et femmes de bonne volonté, mais j'ai grand mal à comprendre que des étrangers viennent ici nous donner ordres et obligations ... Ce qui a toujours été dans les habitudes de votre culte puisque vous ne connaissez aucune résistance. A la moindre émission d'idées contraires vous anéantissez toute opposition par le glaive.
Encore une fois mes moyens limités ne me permettent pas de discourir avec la plus grande justesse historique, légale et politique mais croyez bien que votre rhétorique simpliste n'a aucune emprise sur moi.
Il ne vous suffira pas de brandir vos titres ecclésiastiques, de me réciter trois versets de votre "Livre des Vertus" et de prôner votre sainteté pour me convaincre, hélas. Vous m'en voyez navré mais je souhaite que la politique civile de nos si belles terres, soit affranchie de tout joug religieux, quelqu'il soit!
Même vos prêtres, vos évêques et votre écrits sacrés parlent de libre arbitre, pourquoi avez vous donc si peur de nous laisser en jouir. J'entends chacun ici, rappeler clairement qu'il est fervent aristolélicien, avant de prendre la parole pour ne pas vous offenser, comme si l'on vous faisait injure en vous rappelant que nous sommes libres de choisir à qui nous voulons nous soumettre ...
Grand nombre de vos fidèles baptisés vous exhortent à reconnaître que vos méthodes, pardon ... que les méthodes de Rome, détournent de plus en plus de fidèles de votre foi! Je dis vous, sans aucune vision personnelle évidemment, mais n'êtes vous pas représentante de Rome tout de même?
En reconnaissant et en acceptant que les toulousains, choisissent eux mêmes leur confession et leurs représentants, quelque soit la manière dont ils prient, vous donneriez à tous la preuve indubitable de la tolérance et de la grande générosité de votre culte, prouvant ainsi également que vos prêches sont fidèles à vos actes, et peut être en tiriez vous l'avantage d'avoir moins de mal à susciter à nouveau des vocations ... Car j'ai bien l'impression que vous avez bien du mal à remplir vos temples n'est ce pas?
Après la réponse faite par Ijarkor à Marie-Victoire, Bouchenbiais reprit:
Bouchenbiais a écrit:
Par la très grande Bonté de l'Être Suprême! Messire Ijarkor! Enfin vous voyez et comprenez comme moi l'inutilité d'un pareil Concordat si nous refusons de lier et de soumettre notre comté ad vitam eternam à votre institution!
La bête sans nom qui vous fait si peur peut revêtir de bien nombreuses et trompeuses apparences messire! Pour vous tous, prélats, j'incarne ce mal absolu mais vous ne connaissez pas ma foi! Vous ne craignez pas tant pour les âmes des pauvres ères que vous baptisez, votre plus grande crainte est de perdre votre influence toute puissante. Aurez vous donc enfin le courage et l'honnêteté de l'admettre?
Pour ma part, je vous l'ai assez répété, il me semble, c'est vous tous qui représentez le Malin. Est ce donc la loi du nombre qui donne la raison? Est ce peut être la force physique ou bien encore les titres pompeux que l'on s'accorde soi même?
Pendant ce temps, wilfred Ivanhoe, toujours assis a coté de sa supérieur commençait a bouillir intérieurement
wilfred_ivanhoe a écrit:Comment peut on négocier avec autant de personnes?on se croirait au marché ou chacun débarque et essaye de vendre ses marchandises....
avec autant de personnes qui interviennent a tout vas on n'y arrivera jamais!!!!
Ijarkor se tourna vers Wilfred Ivanhoe
Ijarkor a écrit:Mon frère, vous n'avez pas tort. Le nombre de négociateurs complique la discussion. Cela dit, il est juste que les représentants des différentes institutions en présence puissent s'exprimer, afin d'écarter tout malentendu.
Puis l'évêque de Rodez se tourna vers Bouchenbiais.
Ijarkor a écrit:Messire, votre position est très claire. Nous avons déjà eut l'occasion d'en discuter je crois, l'autre jour, sur la grand place de Toulouse. Une discussion fort intéressante, et que nous pourrions reprendre à l'occasion: j'aurais alors grand plaisir à vous expliquer pourquoi vous vous trompez complètement, que ce soit sur l'Eglise Aristotélicienne, sur ses objectifs en général, et sur ceux d'un concordat en particulier. Et en passant: non, vous n'incarnez pas le mal absolu, Dieu soit loué ! Mais la question n'est pas là.
Je n'ai rien dit quand vous nous avez rejoint, mais autant que les choses soient claires: nous sommes ici pour négocier un document liant deux institutions: le Comté de Toulouse - représenté par son Conseil élu par le peuple - et l'Eglise Aristotélicienne - représentée par la Congrégation des Affaires du Siècle et les évêques des diocèses concernés. Or vous ne faites partie ni de l'un ni de l'autre. De plus, vous venez à l'instant de niez l'utilité d'un concordat. Vous n'êtes donc, en ces lieux, ni représentatif, ni constructif. Faites vous élire comme conseiller, et revenez nous voir ensuite ! Mais, en attendant ce moment, il serait souhaitable que vous cessiez vos diatribes inutiles, qui ne nous mènent nulle part - d'autant que c'est certainement leur but étant donné que vous refusez ce concordat.