[RP] C'est qui papa ?

[Tours au soir du 22 Mai 1459]

Tout avait commencé lors d'une soirée normale, Ellana s'amusait tranquillement en compagnie de ses amis turons autour d'une ou deux chopes en taverne. La soirée était belle, tout allait pour le mieux.
Elle s'était décidée à rentrer tôt ce soir là, elle voulait se reposer avant sa garde du soir, sur le chemin, elle reçut une lettre lui étant destinée, cela faisait un moment que plus grand monde ne lui écrivait, cela lui était égal d'ailleurs, mais elle se questionnait sur la personne qui avait put lui écrire.
Ouvrant la lettre, elle reconnut immédiatement l'écriture de son mari. Partagée entre l'envie de froisser le parchemin et l'envoyer valser dans le caniveau sans même le lire et celle de lire cette lettre pour savoir ce qu'elle contenait. La soldate finit par choisir de la lire tout de même, ça ne lui coûterait pas grand chose, et elle n'aurai ainsi pas de regrets.



Non elle ne lui avait rien dit, il était au courant qu'elle avait été enceinte bien sûr, il l'avait abandonnée dans cet état, mais elle estimait ne plus avoir de comptes à lui rendre, et puis il avait finit par le savoir de toute façon.
Ecoeurée qu'il ose lui demander encore quelque chose, elle ne refusa pourtant pas la demande qu'il venait de faire, un dernier hommage à leur mariage ? Un reste d'amour filtrant à travers la haine profonde qu'elle éprouvait désormais envers l'individu ? Elle ne le savait pas elle même.
Prenant la plume elle lui répondit brièvement qu'elle acceptait mais que cela ne serait pas pour le jour même, passant prochainement quelques jours sur les noeuds.

[Tours au 3 Juin 1459]

Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait quitté les noeuds, ne songeant plus un instant à la demande de Mumbly, elle vaquait à ses occupations librement.
Au matin du 3 juin, lors de ses rapports matinaux, un nom dans la liste des arrivants à Tours la frappa, Mumbly, il était donc de passage en la capitale, et elle y était aussi. Hésitant un instant, la jeune mère fit le choix de prendre la plume pour en finir au plus vite et se débarrasser de cette corvée.



Une fois de plus c'était court et cela voulait tout dire, elle le haïssait plus que tout, au plus profond d'elle, elle aurait souhaité ne plus jamais le revoir, l'oublier.
Mais c'était bien trop difficile, beaucoup de choses, de lieux lui rappelaient sa présence et rendait son quotidien difficile. Même ce fils lui rappelait la présence dans sa vie de cet homme dont elle voulait se détacher, ne plus rien avoir en commun.
Dastan, lui, sa chair, son sang, lui rappelait cet homme immonde qui l'avait trahie, bafouée, humiliée, la laissant seule enceinte, mariée, courant après les jupons d'une femme qui osait se prétendre amie ! L'un comme l'autre elle ne voulait plus les voir et cette pensée la hantait
Pourquoi était elle toujours entourée d'hommes qui ne faisaient que feindre de l'aimer pour mieux la tromper ensuite et la faire souffrir ? N'était elle que bonne à ça ? Souffrir ? Etait-ce ce que les gens voulaient d'elle ?
C'est sur ces interrogations qu'Ellana se prépara à voir son mari, le soir même dans une taverne de Tours.
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Mumbly avait reçu dans la matinée un pigeon.Il pensait à Octo ,à qui il avait annoncé son retour à Patay.Ouvrant le message,il reconnu l'écriture fine et appliquée de son épouse.Qu'allait-elle lui annoncer?Qu'elle ne pouvait une fois de plus le voir pour lui montrer l'enfant?
Que nenni,Ellana lui donnait l'occasion de voir son fils en taverne dans la soirée.Les larmes lui vinrent.Il n'avait jamais connu un tel bonheur.Enfin,il allait voir son enfant ,son fils,le serrer dans ses bras,lui parler.
Il était fou de joie.Puis il s'obscurcit.Ne pas se réjouir trop vite.Ellana pouvait encore changer d'avis.Elle lui en voulait et elle était prête à tout pour le faire souffrir à son tour.
Mumbly erra dans les rues de Tours en attendant la soirée.La journée lui paraissait la plus longue qu'il n'ai jamais vécu.Les secondes lui paraissaient des minutes et les minutes ,des heures.

[Tours au soir du 3 Juin 1459]

La journée était passée vite, trop vite à son goût, tout s'était passé à une vitesse folle, et l'échéance arrivait, elle allait devoir voir celui qu'elle évitait depuis tant de temps, celui qu'elle détestait, qu'elle haïssait tant. Elle avait hésité à ne pas venir, hésité à le laisser seul, sans personne à voir. Mais son honnêteté l'avait encore trahie, elle ne pouvait le laisser ainsi, attendre seul.
Prenant son courage à deux mains, elle s'était dirigée vers la célèbre auberge turonne, l'auberge mystérieuse du Florentin, où tous avaient l'habitude de se réunir le soir, il l'a trouverait bien là après tout.
Entrant sous les coups de 21h de l'horloge de l'église de Saint Gatien, elle s'installa tranquillement, espérant que ça se finisse vite, prenant son fils dans ses bras.
Elle ne dut pas attendre longtemps avant de voir la tavernière arriver puis le maire à son grand soulagement, elle ne serait pas seule et cela la rassurait. Quelques minutes suivirent, et, à son plus grand désarroi cette fois ci, Mumbly arriva, réclamant immédiatement son fils.
Ellana lui présenta contre son gré, elle n'avait pas réellement confiance en lui, mais la présence de ses amis la rassurait, il n'allait rien se passer, il n'oserai pas en public.
Tout de même sur ses gardes, les yeux rivés sur Dastan, Ellana discutait difficilement, tendue, prête à bondir.
C'était son enfant, elle ne céderai pour rien au monde, elle tenait à lui comme la prunelle de ses yeux.
La soirée avançait, et Mumbly gardait leur fils dans ses bras, lui offrant de grands sourires niais au possible, la mère craignant qu'il le garde à jamais, ne pouvant plus s'en décoller. Elle ne supportait pas ça, et excédée l'interrogea

Tu as bientôt fini avec Dastan ?
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Mumbly ne lui avait pas répondu, il avait préféré l'ignorer pour murmurer à l'oreille de son fils des mots que l'enfant ne comprenait surement pas et que lui seul pouvait entendre.
Serrant les dents, restant vigilante au plus haut point, la soldate examinait chaque mouvement du père. Aucun mal ne serrait fait à son fils et surtout pas par ce père indigne, celui qu'Ellana avait un jour aimé, celui en qui elle avait pleinement confiance, celui avec qui elle avait choisi de faire sa vie et qui avait trahis les espoirs fondés en lui. Elle avait beau se trouver à l'autre extrémité de la taverne, elle était prête à bondir, à se battre pour ce fils si durement obtenu qui constituait maintenant l'unique sens de sa vie, lui apportant espoir et bonheur.
C'était pour lui qu'elle voulait vivre, c'était pour lui qu'elle voulait se battre, pour lui qu'elle gagnait sa vie. C'est lui qui la faisait rire et qui l'épuisait en criant toutes les nuits pour manger, la privant de ses seules heures de sommeil qu'elle pouvait avoir. Mais elle l'aimait et rien ne pourrait faire que cela soit autrement.
Sa vie avait vraiment changée avec sa venue au monde, et elle s'y habituait doucement mais surement, l'aimant toujours plus, faisant des compromis pour ne pas le laisser trop souvent à sa nourrice et l'avoir auprès d'elle.
Elle n'était pas encore retournée au domaine de la Rémonière depuis l'accouchement mais elle avait demandé à ce qu'on lui prépare une chambre d'enfant à côté de la sienne, de manière à ce que Dastan se sente bien, chez lui. Ellana ne passait que très peu de temps chez elle, et peu longtemps, elle avait du mal à prendre goût à une si grande demeure alors qu'elle habitait seule, regrettant presque son ancienne maison qui n'était pas si petite que ça, cela lui rappelait trop le passé, et ses missions en armée, ne lui en laissaient de toute manière pas le temps de profiter des jardins.
La jeune mère ne savait pas si sa vie itinérante conviendrait à son fils, espérant qu'il s'y habitue, après tout elle avait toujours vécu comme ça, mais était-ce vraiment adapté à la vie et au développement d'un bébé ? Ne devait elle pas le laisser aux soins de sa nourrice à la Rémonière au risque qu'il arrive quelque chose en son absence ? Non, c'était inconcevable, elle ne voulait le quitter pour rien au monde, elle avait besoin de lui, être séparée de son fils trop longtemps n'était pas pour elle, elle ne pouvait pas le perdre, et elle savait qu'ils ne passaient que très rarement à Loches, trop rarement. La situation devait donc rester ainsi, tel qu'elle était actuellement.
Alors que la jeune mère vagabondait dans ses pensées, les yeux rivés sur son mari, ses amis Jeremi et Camille s’étaient approchés du père pour observer l’enfant qu’ils n’avaient jusque là pas eu l’occasion de voir, elle ne leur avait pas présenté avant le soir même, préférant laisser le bébé fragile loin de ces lieux de débauche où traînent ivrognes et hommes mal intentionnés. Ellana savait parfaitement se défendre seule, mais un nourrisson en main, c'était trop risqué.

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Camille était restée ce soir là pour Ellana. Elle avait vu Mumbly la veille qui la cherchait pour voir son fils et son empressement et ses questions incessantes l'avait mise mal à l'aise. Elle préférait donc ne pas la laisser seule dans cette épreuve. Ellana lui avait confié le bébé avec réticence et le surveillait du coin de l'oeil. Mais Camille n'aimait pas la tournure des choses. Le père ne cessait de parler au bébé, et de s'isoler des autres, se rapprochant dangereusement de la porte des cuisines.

Camille sourit alors à Mumbly et lui demanda les yeux brillants si elle pouvait voir le nouveau né. Après un subterfuge de femme attendrie par l'enfant, elle parvint à le prendre dans ses bras, soulagée. L'homme piétinait à coté d'elle. Il voulait à tout prix le reprendre dans ses bras mais croisant le regard inquiet d'Ellana, Camille n'hésita pas. Mettant son petit doigt à téter au bébé, elle fit remarquer qu'il avait certainement faim, et qu'un enfant de cet age ne pouvait vivre sans les tétées de sa mère. L'enfant fut passé et elle regarda soulagée ce dernier en sécurité dans les bras de sa mère.
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Alors que Camille s'approchait de Mumbly, lui demandant l'enfant à renforts de battements de cils et de sourires attendris, Ellana, observait avec attention la scène. Allait il s'enfuir en courant, l'enfant dans les bras se sentant menacé de perdre son fils ? Allait il se montrer raisonnable ? A ce moment, la jeune mère n'en savait rien, elle le savait capable du pire comme du meilleur. Impuissante pour le moment, la soldate ne pouvait que regarder faire Camille, sur ses gardes, prête à tout tenter pour son fils.
Alors que la réflexion de Mumbly semblait interminable, il finit par tendre Dastan à la diaconesse à regret et au plus grand soulagement de la mère qui voyait son fils passer dans ces bras amicaux.
Heureuse que le subterfuge ai réussi, et que Mumbly soit resté raisonnable. Camille donna alors son doigt à téter à Dastan souriant à l'enfant. Ellana croisant le regard de son amie, restait tout de même inquiète de voir le père se démener autour de la diaconesse pour récupérer son fils. Il n'avait pas encore dit son dernier mot et semblait vouloir reprendre vite l'enfant.
C'est alors que Camille dans une idée lumineuse tendit l'enfant à sa mère prétextant une éventuelle faim. Ne se faisant pas prier et sautant sur l'occasion, la soldate et mère récupéra enfin son fils après quelques très longues heures de séparation. Soulagement intense, la femme n'avait jamais été si heureuse de retrouver son fils si l'on omettait l’accouchement.
Donnant alors le sein à Dastan qui semblait réellement affamé, Ellana savourait enfin la présence de son fils contre elle, s'appliquant à tout faire comme il fallait, elle qui n'avait jamais été douée pour les bébés, s'en sortait plutôt bien, beaucoup mieux qu'elle ne l'aurai pensé.
Le stress intense qu'avait éprouvé la femme enceinte concernant ses aptitudes à s'occuper d'un bébé avait laissé place à une quasi assurance naturelle plutôt inattendue chez la soldate ayant quelques fois du mal à s'occuper d'elle même. Mais la jeune femme était bien entourée, ses amis étaient là pour elle, et surtout la nourrice Lamuria qu'elle avait embauchée l'aidait, lui expliquant ce qui était mieux pour l'enfant, lui apprenant les gestes de base, les astuces -plus ou moins efficaces- pour faire que l'enfant ne pleure plus, étalant son savoir sans craintes sachant parfaitement que la soldate ne pouvait se passer d'elle. Une femme assurée remplaçait la femme enceinte pleine de doute, et cela se voyait.
Alors que l'enfant tétait encore et encore à l'abris dans les bras de sa mère, ayant une faim apparemment inépuisable. Mumbly semblait lui en plein combat intérieur. Un sourire radieux pointa sur le visage d'Ellana, oui c'était enfin à son tour d'être heureuse.
Mumbly quand à lui semblait se résigner, annonçant qu'il rentrait au plus grand soulagement d'Ellana. Le voyant quitter la taverne, tête basse, la queue entre les jambes, la jeune mère laissa échapper un soupir de soulagement, oui il était réellement venu son tour d'être heureuse
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