[RP] Un énième village, une énième auberge

L'épaisse soupe qui mijotait imprégnait de son fumet appétissant l'atmosphère de la salle. La fin de l'hiver était accompagnée de l'habituel retour de l'humidité que les premiers rayons rendaient plus difficile à supporter. Chacun n'avait qu'une hâte, pouvoir échapper au confinement hivernal et retrouver grand air et chaleur estivale. Las, tous de profiter de la moindre éclaircie pour mettre le nez dehors, ce qui entraînait une recrudescence de rhumes et autres fluxions de poitrine.

La jeune Malemort ne faisait pas exception à la règle. Elle avait pris froid et se traînait un mauvais rhume qui lui donnait la migraine et la rendait de méchante humeur. Attablée dans la salle commune de l'auberge où elle était descendue pour quelques jours, elle prenait son repas du soir. L'agitation du lieu ne la gênait pas. De toute façon, elle ne tarderait pas à regagner sa chambre pour y tromper son ennui avec son bel ami. Le brouhaha lui laissait l'occasion de laisser vagabonder ses pensées à loisir. Elle n'avait eu qu'une courte entrevue avec Guillaume avant de reprendre la route mais celle-ci lui avait donné matière à réflexion. Elle attendrait les plus amples renseignements qu'il devait lui faire parvenir sous peu. Il lui avait paru de bonnes moeurs et gouvernance. Son cousin avait confiance, il n'y avait pas de raison pour qu'elle ne fît pas de même.
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c'est à l'heure des oublies que notre jeune Eugénie arriva à l'auberge. Lasse d'avoir passée la journée sur un marché, de mauvaise humeur d'avoir passée sa journée à essayer de vendre ses maudite carcasse de cochon...
Notre petite bonne était plongée dans ses pensées, pensée ma foir fort peu Aristotélicienne envers l'intendant de la maison de Mortain qui l'avait envoyé elle faire les marchés. tout cela pour l'éloigner du chateau pendant quelques semaines. Sans doute un amant de passage venait et qu"on ne voulait pas que l'audacieuse bonne mit la main dessus.

Bref, elle en était là de ses pensées quand elle entendit une mâle voix, mu par réflexe, elle leva les yeux et vit un homme ordinaire, mais qu'elle ne fut pas sa surprise quand, derrière le bonhomme elle reconnue une suivante de la Princesse.
Oui c'était bien la petite Lunedor, pour laquelle sa maitresse c'etait prise d'affection. Celle-ci avait l'air seule, étrange pour une fille de cette condition.
Eugénie, avec le sans-gêne des servantes, alla à sa rencontre, toute heureuse de trouver quelqu'un en qui parler...quelqu'un qui ne sentirait pas la cochonaille de surcroit.

Hola Damoiselle, z'étes bien la jeune suivante de Son Altesse Armoria ? J'suis Eugénie, la petite servante de la princesse. Vous êtes seule ici?
en tout cas ca fait du bien de voire un visage connu dans c'te ville
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bonne point trop prude...mais futée!!

Cette soupe était un peu trop fade. Pas assez de lard et trop de navets. Une soupe à l'économie, comme souvent. Mais elle ne se trouvait pas en mesure de faire la fine bouche. Mais un jour...
Elle en était là de ses réflexions lorsqu'elle s'entendit héler cavalièrement. Un froncement de sourcils plus tard, la jeune fille esquissa un sourire.

En effet, puisque personne ne me tient compagnie présentement, on peut estimer sans trop de risquer de se tromper que je suis seule.
Enfin, sans compter les valets de Ségur qui me servent d'escorte et qui doivent être partis courir les filles ou les tables de ramponneau.

Mais toi-même, que fais-tu céans? Son Altesse aurait-elle quitté ses terres bourguignonnes?
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eugénie fit un geste au tavernier afin de le faire venir auprès des deux femmes, c'est qu'elle vait faim et soif boudiou après tout ce temps...Enfin ne plus penser à la journée qui venait de s'achever.
Eugénie s'assit donc, sans invitation par ailleurs, à coté de la damoiselle.

Damoiselle, en fronçant les sourcils si je puis me permettre, vos gardes devraient être châtiés, laisser une jeune pucelle seule dans une auberge! surtout une fille de qualité, les rapts sont monnaies courantes! N'oublions pas que nous sommes en champagne dit-elle dans un souffle

Enfin, vous n'étes plus seule maintenant Damoiselle.
Et pour répondre à votre question, Damoiselle, non Son Altesse n'est point içi, mais j'ai été envoyé par l'intendant, le méchant homme, pour faire les marchés!
Mais vous même Damoiselle... Ah voilà le tavernier! Tavernier apportait moi une assiette de soupe et chaude de préférence!

puis revenant à la jeune fille
Damoiselle, excusez ma curiosité, mais vous même que faites vous içi? Et quel est cet air réveur que vous aviez tout à l'air?[/i]
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bonne point trop prude...mais futée!!

Mes pensées ne sont point tes affaires.

Le ton s'était fait tranchant.

Je n'apprécie guère tes manières inquisitrices. S'il me plaît de laisser congé à ma suite, c'est moi que cela concerne. Mais je te sais gré de ta sollicitude à mon encontre. Sache que je ne crains personne, quiconque tenterait de s'en prendre à une Malemort le paierait cher, sois-en certaine.

Satisfaite d'avoir mis les choses au point, la toute jeune dame de Lagleygeolle reprit d'un ton plus amène.

Apprend que je me rends présentement auprès de Son Altesse en Bourgogne, pour l'assister de ma présence et de mon conseil si elle le requiert.
Conseil qui ne serait sans aucun doute pas demandé mais fourni, mais savait-on jamais?
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Eugénie resta médusée devant la repartie de la petite Malemort.
Oh ben que Mademoiselle dit-elle en appuyant bien sur le dernier mot me pardonne de mes manières mais je ferais remarquer à Mademoiselle de Malemort que je crains bien qu'une jeune pucelle, marchant de surcroit avec canne, ne fasse pas grand peur à d'éventuels brigands. Aussi Malemort soit-elle.
Eugénie se mordilla les lèvres, elle n'avait pas voulu blesser la jeune fille et elle craignit que l'allusion direct à son handicap ne la blessa encore plus. Enfin bon après tout qu'elle se débrouille toute seul cette gamine gâtée.A ce moment là, l'aubergiste lui apporta sa soupe qui n'avait point l'air appétissante malgré la tranche de lard qui flottait dedans. Mais bon, vaille que vaille, il ne fallait point se laisser mourir de faim.
Reprenant après une première cuillerée la conversation sur le ton le plus détachée qu'elle pu avoir

Que Damoiselle me pardonne mon insolence, je n'ai pas vu de visage connu depuis un bon moment et pis, ben je ne suis pas resté à ma place. si Mademoiselle le désire j'peux la laisser seule et manger cette infecte soupe ailleurs. J'aurais juste une dernière demande Mademoiselle, pourrais-je profiter de votre cortège pour rentrer en Bourgogne? J'me mettrais, si vous le désirez, à votre service le temps du voyage. Son Altesse a toujours été contente de mes services.


Eugénie espérait que la jeune fille allait accepter sa demande, non pas parce qu'elle avait peur de voyager seule. Elle avait traverser une bonne partie du royaume toute seule après avoir été lâchement abandonné lors du passage de la tournée royale en Guyenne. Mais plutôt parce que là jeune noble l'intriguait énormément.
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bonne point trop prude...mais futée!!

Elle posa sa cuillère sur la table.

Se tourna vers celle qui osait lui tenir pareils propos.

Les pensées se bousculaient en elle, l'orgueil blessé le disputait aux résolutions de tempérance, battues en brèche par une fureur grandissante de plus en plus mal contenue. Pour qui se prenait-elle? La mâchoire malemortienne se serra ne laissant échapper que difficilement les quelques mots qu'elle prononça.

Comment ... oses ... tu?

Elle tremblait de tout son corps de la colère aveugle qui montait en elle.

Gausardièra!

Le coup partit. L'orgueil blessé l'avait armé, la peur l'avait fermé, ce poing qui s'élança vers la tempe d'Eugénie. De toute la force de sa fierté malemenée, elle frappa.
Cette fierté, cette voix lancinante qui restait présente malgré toutes les dénégations, cette vipère, semblait s'être incarnée ici-bas en aquela galzebra. Elle allait payer. Elle lui ferait regretter ses paroles.
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Eugénie qui était en train de manger sa soupe ne vit pas le soufflet partir! Heureusement pour elle, le poing rageur de la Damoiselle la frola seulement. En effet, même guidée par la voix elle ne pu viser aussi bien qu'elle ne l'aurait voulu.

Malgré tout, la surprise fit lâcher la cuillère à Eugénie, et pendant quelques secondes elle ne sut qu'elle contenance prendre. Son rang lui interdisait de répondre physiquement et oralement. Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui lui manquait de souffleter à son tour cette gamine gâtée qui se croyait tout permis! Néanmoins, le respect du rang l'emportait sur tout, et oui Eugénie si elle se permettait parfois une certaine effronterie, n'oubliait pas non plus sa place.

eussi, elle se leva, esquissa une révérence et dit à la jeune fille avec un ton mi-sérieux mi-ironique:

Vous voyez Damoiselle, vous n'arrivez même pas à souffleter une jeune fille comme moi et vous pensez être de taille si des brigands s'en prennaient à vous!
Enfin, je vais donc prendre congé de Mademoiselle car celle-ci m'a fait remarquer que ma présence n'était point désirée. Mais je ne serais pas loin, sachez-le.

et récupérant sa soupe et la cuillère tombée au sol , Eugénie fit mine de s'en aller tout en tirant la langue à Lunedor
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bonne point trop prude...mais futée!!

Surprise de ne rencontrer que le vide là où elle était certaine de rencontrer chaire et os, elle dût lutter pour conserver son équilibre et ne pas choir du banc, ce qui aurait achevé de consommer son humiliation présente.
L'ennemi s'étant mis hors de portée, elle dût bien reconnaître sa défaite, la rage au coeur. Elle gronda.

Perdès pas res entà apeitar. Escanarai te de mas pròprias maines, la gusa.*

Peu à peu, la jeune Malemort reprenait conscience du lieu et de la situation. Une nouvelle fois elle avait échoué. Une fois de plus, elle n'avait pu accomplir son devoir.
Evidemment.

Ils avaient beau l'entourer de leurs vaines paroles, tous, la réalité savait se rappeler à elle et de bien cuisante manière. Etait-elle donc folle d'essayer de lutter contre le torrent impétueux qui l'emmenait vers le fond, formant un tourbillon inexorable dès qu'elle tentait de remonter à la surface?

Elle essuya d'un revers de manche les larmes qui perlaient à ses paupières et entreprit de soustraire aux yeux du monde le spectacle de son humiliation. Elle se leva, encore tremblante de la rage qui continuait de l'habiter. Elle ne lui donnerait la satisfaction de requérir son aide. Elle partirait sur ses deux jambes, comme tout le monde, sans devoir s'appuyer sur le bras et la pitié d'un tiers. A petits pas, elle se dirigea vers l'escalier qui la conduirait à la chambre qu'elle occupait céans. Au moins son handicap avait l'avantage de développer son sens de l'orientation.

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