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Une Bretonne. Un immigrant qui essaie de s’adapter à ce pays magnifique et à ces chaleureux habitants. Un mariage qui devait avoir lieu en Berry La veille de ce qui devait être la consécration d’un amour heureux, la future mariée s’est enfuie. Un an plus tard ils se retrouvent…

[RP]Deux nouvelles vies. Une nouvelle rencontre.

Ignace.
Un an !! Ça allait faire un an, et que de chemin parcouru depuis. Que d’eau passée sous les ponts et de litres d’alcool ingurgités par le bougre depuis ce jour. Etonnant de voir comme on pouvait changer en une année, quand le destin y met du sien pour vous pourrir la vie …

Oui, il avait bien changé le bougre. Tellement, que peu de personnes qui l’avaient connu à cette époque, l’aurait reconnu aujourd’hui.

En bien ou en mal, il ne se posait pas la question. La vie avait fait de lui ce qu’il était aujourd’hui, à elle d’assumer celui qu’elle avait engendré. Elle et le Très Haut avait voulu jouer avec lui et avaient gagné les premières batailles ? Il leur ferait payer cher leur gout du jeu.

La taverne Hydrique commençait à se remplir en ce début de soirée, les conversations et les rires gras commençant à résonner dans la pièce, alors que l’Ignace s’affairait à se biturer comme chaque jour qui se présentait à lui.

Tranquillement, le cul posait sur une chaise, une bouteille de chouchen posés sur la table devant lui et un verre à moitié vide dans la main. Saluant ses sœurs et frères d’arme à chaque fois qu’un d’entre eux passait la porte, le bougre entamait sa soirée en ce demandant dans la couche de quelles autochtones croisaient aujourd’hui, il passerait la nuit.

Douce vie que celle de brigand, non ? Alcool, argent et femmes faciles. Elle était pas belle la vie ?

Amusé à sa pensée et sourire malsain sur la gueule, il vida d’un geste sa chope, se saisi de sa bouteille et commença à s'en resservir un nouveau godet.

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Le Très Haut a voulu jouer au con ... J'lui ferais regretter d'avoir gagné !!
Aelyia
Un an… un an qu’elle avait délibérément rejeté tout ce qu’elle avait tenté de construire auparavant.
Des mois qu’elle avait fuit la Bretagne et toutes les charges qu’elle avait là bas en rompant dans un premier temps tout lien avec sa famille puis en s’enfuyant brutalement la veille de son mariage loin de celui qui pourtant lui avait jusqu’au bout fait preuve de son amour et de sa fidélité.
Quand on se perd à ce point là, quand tout est reniement de ce à quoi on avait cru, il faut du temps pour se reconstruire et peut être encore plus longtemps pour comprendre ce qui s’est réellement passé dans son esprit, pour admettre en toute lucidité la part de folie qu’on avait jusqu’à la essayer de cacher à ses propres yeux et aux yeux de monde.
Elle avait été cette presque noyée qui à bout de souffle au fond de l’eau, frappe le sol d’un geste désespéré et remonte à la surface chercher de l’air.
Lyly peu à peu apprenait à revivre…elle était sortie de son enfermement volontaire, avait oublié son mutisme pour rejoindre cette tante qui depuis toujours pimentait sa vie par des projets aussi ambitieux que variés et ludiques.
Elle s’était aussi aventuré de nouveau dans un lien amoureux…et se prenait à rêver d’avenir.
Parfois cependant il lui arrivait encore d’avoir peur.
Pas une peur réelle et précise sur les évènements de la vie mais une peur sournoise et insidieuse sur sa capacité à bien gérer son existence et ses relations aux autres.
Quand son humeur était grise, quand un voile de larmes obscurcissait le turquoise de ses yeux, elle n’avait pas trouvé d’autres ressources que de s’enfuir un moment, de marcher longuement seule, sans vraiment regarder où elle allait ni qui elle croisait.
Ce soir là était un soir d’orage. Elle s’était égarée volontairement dans la ville. Ses pas rapides sur les pavés des ruelles l’avaient entraînée bien plus loin qu’elle n’aurait dû.
La pluie dense et chaude collait ses cheveux et ruisselait sur son visage.
Elle s’approcha d’une taverne, entendit des chants et des rires. Eut l’envie tres forte de faire semblant de se perdre dans ce lieu de débauche… elle la fille d’un Marquis.
Elle n’osa pas croiser les regards qui s’étaient levés vers elle à son entrée.
Elle se posa au hasard sur un banc, proche d’un homme en noir qui tenait nerveusement sa bouteille pour remplir sa choppe.

Elle était fatiguée… elle avait froid maintenant et frissonnait dans ses vêtements mouillés.
Elle fit un geste pour appeler le tavernier… un peu d’alcool lui semblait le meilleur remède à ses interrogations de l’âme et à son état physique.
Il semblait l’ignorer ou ne pas la voir.
Elle osa quelques mots en direction de son voisin sans même le regarder.

Une gorgée d’alcool contre quelques écus l’ami !
Passez moi votre bouteille

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Ignace.
Concentré, il l’était l’bougre. Avec une soiffarde comme Adess’, sa réserve de chouchen en avait prit un sacré coup, alors c’était pas le moment d’en renverser.

Concentration Ignace .. Concentration !!

Tout absorbé par sa tache, l’ivrogne n’avait même pas remarqué l’arrivée de la jeune femme dans la taverne. Ni fait attention à qui s’était installé en face de lui. Il faut dire que la taverne grouillait de monde et les allées et venues étaient incessantes, alors il avait pas que ça à faire que de s’intéresser de qui rentrait ou sortait, il avait un verre à se servir.


« Une gorgée d’alcool contre quelques écus l’ami ! »
« Passez moi votre bouteille »


D’habitude une voix féminine aurait commandée une toute autre réaction de sa part en lui tirant un sourire amusé en pensant à une nouvelle possible conquête. Mais pas cette fois

Bordel ! Cette voix. Qui semblait revenir de nulle part et qu’il aurait reconnue entre mille gueulardes en manque de coups de reins.

Cette voix … qu’il avait espérée entendre à nouveau au moins une fois pour pouvoir lui en coller une, comme elle le méritait.

Cette voix … qu’il avait espérée ne plus jamais entendre, pour ne pas avoir à lui en coller une.

Restant figé un moment, sans relever la tête. Il se demandait si en plus de l’avoir abandonné un an plus tôt, elle n’avait pas décidé de se foutre de lui en faisant mine de pas l’avoir reconnu.

Etait elle bien là en face de lui, ou est-ce son esprit d’alcoolique qui lui jouait encore des tours en lui faisant entendre des voix … Comme il lui arrivé régulièrement.

Une fois le verre plein, il reposa la bouteille à coté de son verre

Il releva lentement son regard pour découvrir celle qui lui faisait face, et commença dévisager la soiffarde qui lui réclamait à boire. Vision qui confirma la première information qu’avait reçu son cerveau. Son esprit lui avait pas joué des tours cette fois. Elle était bien là. Face à lui. La bouche en cœur.

De nombreux souvenirs refirent surface à son esprit. De leur première rencontre à Roch’an à ce jour où elle disparu sans donner la moindre explication.

Il respira un bon coup avant de relever enfin sa tête face à la fugueuse et de lui demander d'un ton froid …
Tiens la Bleizhmorgan ! T’es pas morte toi ?

S’enfonçant dans son siège, il prit son verre en but une bonne lampée en plongeant un regard noir dans ses yeux turquoise, sans rajouter un mot

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Le Très Haut a voulu jouer au con ... J'lui ferais regretter d'avoir gagné !!
Aelyia
Tiens la Bleizhmorgan ? T’es pas morte toi ?

La voix glacée qui semblait sortir d’outre tombe la pétrifia sur place. Puis doucement, elle leva sa tête en direction de cette voix.
Un regard noir la rattrapa
C’était les mêmes yeux qu’autrefois et pourtant si différents… elle n’y lisait que haine et dégoût.

Elle chercha à s’en détacher… son pire cauchemar devenait réel. Le revoir c’était devoir affronter ses reproches mais surtout s’ouvrir le cœur et l’âme pour lui raconter sa lâcheté. Comment expliquer quelque chose que l’on n’ a même pas compris soi même ?
En quittant ses yeux, elle s’attarda sur le visage qui lui faisait face.
Les traits étaient tirés, les yeux cernés, le teint encore plus pâle que dans ses souvenirs
L’homme avait définitivement perdu l’aspect juvénile qu’elle avait autrefois connu.
Mal rasé, la chevelure en broussaille, elle le vit approcher son verre de sa bouche et avaler goulûment le liquide comme seul un soûlard savait le faire.

Où était le jeune homme timide, respectueux et un peu naïf qu’elle avait rencontré à Rieux alors qu’il rendait visite à une cousine venue s’installer en Bretagne ?
Où était le doux et joyeux jouvenceau qui lui avait fait oublier la noirceur d’un sale rouquin qu’elle venait de quitter ? Le jeune homme tendre et bon qu’elle avait déniaisé sur une colline par une nuit d’hiver quand la passion de la découverte leur avait fait oublier la morsure du froid sur leurs deux corps nus blottis sous une cape.
Où était l’homme qu’elle avait vu naître alors peu à peu… le solide, le constant, le fidèle…toujours à ses cotés… La protégeant.. L’enveloppant de son amour… peut être trop… peut être mal… aura t elle le courage de lui dire ?

Elle était responsable de ce qu’il était devenu.
Et qu’était il devenu ?
Un soiffard, un ivrogne… cela d’emblé elle l’avait compris…mais encore ?

Comment lui dire qu’elle avait tout fait pour l’oublier… qu’elle n’avait même pas chercher à savoir si lui était resté en vie… Si lui avait refait sa vie… Si lui était heureux.

Il était son remord… ce soir, elle savait qu’à vie il le resterait.

Que jamais elle n’oublierait qu’elle avait transformé un ange en diable.
Qu’elle porterait toujours dans son âme la responsabilité de cette déchéance.

Elle voulait en savoir plus sur lui, malgré sa peur, malgré sa peine.
Il la savait courageuse… elle ne faiblirait pas dans ce triste combat qui les réunissait si soudainement.
Elle chercha à l’apprivoiser… retrouvant sa douceur pour murmurer un prénom qui autrefois la faisait vibrer. Elle reprit le chemin de ses yeux… cherchant la faille.

Ignace…
Autrefois tu m’appelais Lyly… tu te souviens ?

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Ignace.
Comment l’oublier ? Elle qui avait été son pire bourreau … Sa plus grande douleur … Sa plus grande souffrance …

Comment oublier tous ces moments passés ensemble ? Comment oublier tous ces moments heureux ? Comment oublier tout ce qu’il avait accepté d’endurer pour elle à cette période ?

Le mépris de sa famille … Celui de la majorité de son clan … Celui de ses amis bretons …

Lui le malvenu … L’étranger … Le voleur de fille … Celui qui ne fut jamais accepté, malgré tous les efforts qu’il avait consenti … Pour eux … Pour Elle …

Comment oublier la détresse de la jeune femme, quand elle vint le voir ce soir là, alors que sa famille lui tournait le dos au profit de celle qu’il avait surnommée « La Peste et le Choléra » et qu’ils prirent la décision de quitter la Bretagne, ensemble …

Comment oublier qu’elle l’avait abandonné, sans lui donner la moindre nouvelle pendant des mois. Alors que lui passait ses journées à la rechercher en pensant à un rapt … Comment oublier cette journée, qui changea sa vie à jamais ?

Non … Il n’avait rien oublié !!

Oui, autrefois, il l’appelait Lyly … Autrefois, il aurait donnait son âme pour la voir heureuse … Autrefois, il l’aimait.

Autrefois, oui … Y a bien longtemps … Presque une éternité …

Il resta un moment sans bouger face à elle. Observant en se délectant, le mal être visible qui envahissait la jeune femme, alors qu’elle avait face à lui celui qu’elle avait transformé … Celui qu’elle avait créé.

Il rapporta son verre à ses lèvres et vida d’un trait le reste du liquide qu’il contenait encore, avant de le reposer sur la table.

Il la fixa un moment sans dire un mot. Son regard noir, plongé dans celui de la jeune femme qui lui faisait face …

Lentement, il tourna sa tête en direction du comptoir, cherchant celui qui faisait office de serveur.

Un sifflement pour l’appeler et le voila qui rappliqua, demandant à l’hydreux ce qu’il désirait. Avant de retourner derrière son comptoir pour aller leur chercher un verre vide, alors qu’Ignace reporta son regard dans les yeux turquoise de la belle.


Autrefois, oui … Y a bien longtemps. Tu trouves pas ?

Mais, je n’ai rien oublié, môd’moiselle Bleizhmorgan … Rien.


Le serveur finit par revenir avec une choppe vide et la déposa sur la table en les saluant respectueusement, avant de partir vers de nouveaux clients. Il prit le verre et commença à y verser l’alcool contenu dans la bouteille.

Sans même la regarder, il reprit
Alors, dis moi. T' es v'nu admirer ton chef d’œuvre ? Ou, est ce que je dois m’attendre à une surprise dont vous avez le secret?
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Aelyia
Ses yeux… il ne la quittait pas des yeux… et ce regard était pour elle comme une brûlure qui la rongeait dans une infinie douleur, comme si l’âme de l’homme portait déjà les stigmates de l’enfer, comme si toute son humanité s’était dissoute dans la rancœur qui était sienne.

Autrefois, oui … Y a bien longtemps. Tu trouves pas ?

Mais, je n’ai rien oublié, môd’moiselle Bleizhmorgan … Rien.


Il avait dit son nom comme un serpent crache son venin. Il avait ignoré son surnom qu’il avait pourtant tant de fois murmuré avec tendresse.
Elle prit peur soudain.
Elle ne reconnaissait plus rien en lui.
Cet homme n’était plus Ignace, du moins celui qu’elle avait connu.


Autrefois oui… Il avait cette douceur qui la rendait confiante.
Autrefois, ils avaient partagé les mêmes rêves.


Elle essaya de lui cacher sa crainte.
Etrange de se sentir en danger face à celui qui aurait dû partager sa vie
S’il la sentait effrayée, elle aurait à jamais perdu la bataille. Et quoiqu’il se passe cette nuit, elle voulait aller jusqu’au bout de cette confrontation.


Dans ses yeux noirs elle avait revu pourtant toute leur histoire

Pour se rassurer, elle ferma ses paupières, cherchant les souvenirs heureux qui les avaient liés.
Comme ce premier rendez-vous où, fort surprise, elle s’était retrouvé sur ses genoux et l’avait supplié de ne pas aller plus loin parce que le lendemain était le jour de son baptême.
Elle se souvient de son rire.
Même si le diable l’habitait déjà… Ce diable là était joyeux et insouciant. Ce diable était presque innocence.


Quand elle ouvrit les yeux, il lui servait à boire… la nuit serait longue… elle l’avait compris.

L’alcool coulait doucement dans le verre… le geste d’Ignace était comme ralenti…et fascinée, elle regardait la manière dont il pouvait arrêter le temps…Pitié, qu’il lui laisse quelques minute de répit encore pour qu’elle puisse rassembler ces forces. Personne ne lui avait jamais appris à combattre ceux à qui elle avait donné son amour.

Alors, dis moi. T' es v'nu admirer ton chef d’œuvre ? Ou, est ce que je dois m’attendre à une surprise dont vous avez le secret?

Je suis là par hasard tu sais… en entrant, je ne pensais pas…te retrouver

Elle bafouillait devant son agressivité

Il la narguait, cherchant peut être à la rendre agressive à son tour.
Elle ne tomba pas dans ce piège là ! Pour qui la prenait-elle ?


Le destin joue un peu avec nous… Faut croire qu’il devait y avoir une autre fin à notre histoire.
Raconte-moi un peu ta vie …Je sais… Je n’ai aucun droit pour te demander ça mais je veux comprendre…


Phrase malheureuse

Le je veux était de trop
Et comprendre quoi… qu’elle en avait fait une loque rebelle et révoltée alors qu’il était porté à un brillant avenir ?
Elle se doutait de ses réponses. Elle voulait cependant les entendre.

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Ignace.
Sans relever la tête, il finit de servir le verre de la Bleizhmorgan et le fit glisser sur la table pour le placer devant elle, avant de reprendre le sien et de commencé à se resservir.

« Je suis là par hasard tu sais… en entrant, je ne pensais pas…te retrouver »


Le hasard ?

Non le hasard, il y croyait plus. Toujours une bonne excuse à donner pour pas être emmerdé, remarquez, mais de là à y croire, fallait pas abuser non plus.

Jouer avec les autres, ça oui ça existait … Mais depuis un moment, il n’en avait pas plus envie que ça … Mais ce soir, à cette table, avec Aelyia face à lui il n’en avait pas le cœur.

Un cœur. Lui en restait il un en fait ? Il avait bien un truc qui battait encore derrière son thorax … Mais pouvait on appeler encore ça un cœur ?

Alors qu’il était à ses pensées et qu’il finissait de remplir son verre, la jeune blondinette reprit …


« Le destin joue un peu avec nous… Faut croire qu’il devait y avoir une autre fin à notre histoire. »

Le destin … En voila une nouvelle bonne excuse, pour ne pas reconnaitre ses propres erreurs. Qu’avait-il à voir avec ce qu’elle lui avait fait ? Qu’avait il à voir avec le fait qu’elle l’ait laissé sans aucune nouvelle durant des mois ?

Mais pas le temps de lui poser la question que déjà, elle reprenait.


« Raconte-moi un peu ta vie …Je sais… Je n’ai aucun droit pour te demander ça mais je veux comprendre… »

Il déposa la bouteille et prit sa chope en main.

Alors comme ça, ce soir, ma vie t’intéresse ? Après tant de mois, sans prendre la moindre nouvelle. Ce soir comme par miracle … Tu t’y intéresses à moi ?

Tu veux comprendre ? Mais, tu veux comprendre quoi ? Que tu m’as abandonné comme une fiante qui ne méritait pas mieux que de se faire marcher dessus ?

Ah mais je suis con … surement le destin, comme tu dis …


Il porta sa chope à ses lèvres, et en prit une nouvelle bonne lampée.

Alors, dis moi. Tu veux savoir quoi ?
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Aelyia
Alors comme ça, ce soir, ma vie t’intéresse ? Après tant de mois, sans prendre la moindre nouvelle. Ce soir comme par miracle … Tu t’y intéresses à moi ?

Tu veux comprendre ? Mais, tu veux comprendre quoi ? Que tu m’as abandonné comme une fiante qui ne méritait pas mieux que de se faire marcher dessus ?

Ah mais je suis con … sûrement le destin, comme tu dis …


De nouveau, en pleine face, elle recevait ses mots de colère comme on reçoit une gifle.
Il voulait la blesser
Ses joues la brûlaient …de honte… pour ce qu’elle avait fait…et d’un début d’indignation contre lui.
Mais pour qui se prenait il pour la juger ainsi ? Pour la rendre seule coupable de la fin de cette histoire.
Il fallait être deux pour écrire l’histoire d’un couple.

Oui elle avait été lâche, oui elle avait évité tout dialogue avec lui, oui elle s’était enfouie
Non… il n’avait rien deviné… Non, il n’avait pas vu qu’elle s’étiolait loin des siens… qu’ils lui avaient fait mal, tres mal mais qu’ils lui étaient essentiels et qu’elle mourrait à petit feu sans eux, même si lui restait à ses cotés.

Pauvre naïve qui en demandait trop à la vie. Elle aurait voulu posséder la lune, la blondinette, à ce moment là.
Une famille unie, une famille aimante, cet homme doux et épris d’elle et une Bretagne apaisée de ses violentes tensions quasi perpétuelles.

Quand on ne peut posséder ses rêves… la folie est de les tuer soi- même. Elle avait eu ce courage, cette ultime liberté, elle avait tout détruit, pour s’effacer, pour s’oublier, pour disparaître, sans vraiment réfléchir qu’elle allait l’entraîner lui aussi dans une spirale monstrueuse qui allait les transformer l’un comme l’autre. Quel égoïsme… quel aveuglement!

Alors, dis moi. Tu veux savoir quoi ?

A son tour , elle porta le verre à ses lèvres. Elle but trop vite et le liquide lui déchira la gorge .

La taverne était animée. Beaucoup semblaient se connaître et chaque nouvelle arrivée était saluée par des rires et des paroles de bienvenue.
Malgré le Brouhaha incessant des conversations, elle ne détournait pas les yeux de celui qui représentait son passé. Elle se perdait à contempler les traits de son visage pour peu à peu apprivoiser la nouvelle image qu’il lui renvoyait. Sa fureur froide et son allure de boit-sans-soif n’arrivait pas à masquer qu’il était bougrement séduisant. Les femmes on toujours été fascinées par les êtres torturés, elle se prit à penser qu’il devait avoir un certain succès dans sa nouvelle vie amoureuse.

Oserait elle cette question ou le prendrait il comme un nouvel affront ?

Et bien…d’abord… si .. si quelqu’un partage ta vie… si tu as parfois retrouvé le parfum du bonheur dans d’autres bras que les miens ?

Elle espérait qu’il dise oui… que d’autres l’avaient aimé… que d’autres l’aimeraient et qu’elles sauraient effacer les cicatrices bien trop profondes de ce premier amour
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Ignace.
Le regard de la blonde avait presque imperceptiblement changé alors qu’elle recevait l’expression de sa colère à chacune de ses phrases et cette réaction accentua sensiblement le sourire du bougre.

Alors qu’elle portait le verre à ses lèvres. Ignace, affalé sur son siège, décrocha enfin son regard des yeux de la blonde, pour l’observer.

Redécouvrir ce visage qui lui inspirait tant d’amour, il y a bien longtemps. Mais qui aujourd’hui lui inspirait le mépris et la colère.

Mais alors qu’il détaillait chaque partie de son visage, ce sont les sentiments éprouvés qui refaisaient surface, l’espace d’un instant.

Toujours aussi belle sous ses vêtements détrempés et sa frange dégoulinante, desquels perlaient encore quelques gouttes. Elle finit par reposer son verre sur la table, cassant le charme de cet instant.

Trop tôt ! Diraient certains.

Juste à temps ! Crieront les saints d’esprit.

Pas le temps d’y réfléchir, que déjà la réalité du lieu et de l’instant le rattrapaient, alors que la blonde commençait déjà avec le bal des questions.

Amusé et montrant un petit sourire malsain
Le parfum de l’amour ? Héhéhé*Son regard se planta à nouveau dans celui de la jeune blonde*Non. Mais j’ai trouvé celui de la mort.

Il ramena sa chope à se lèvres et reprit une gorgée.
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Aelyia
Il quitta un instant ses yeux et son regard se fit voyage. Le visage de la jeune femme resta en feu quand il s’y attarda.

Imperceptiblement elle le vit changer d’expression.

Ce rictus malsain qui ne l’avait presque pas quitté depuis leurs retrouvailles disparut peu à peu.
Et dans les traits rudes et revêches qui lui faisaient face, elle crut retrouver, l’espace d’une seconde, la bienveillance naturelle de celui qui avait, pendant si longtemps, partagé sa vie.

Avait elle rêvé ? Espérait elle le voir s’adoucir ?
Oui elle l’espérait. Impossible pour elle, à ce moment là, de croire qu’on pouvait si vite passer de l’amour à la haine. Sa naïveté un jour la perdra. On pouvait déjà le prédire.

Cette seconde, elle la voulait éternelle. Comme une dernière offrande à l’histoire qu’ils vécurent.

Elle reposa lentement son verre sur la table … silencieusement pensait-elle… mais ce simple geste suffit à casser la magie du moment. Comme une vague sur la plage efface l’éphémère dessin fait dans le sable, la moue de dégoût et de morgue repris le chemin des lèvres de l’homme.

Cocasse, elle pensa qu’à ce moment là, elle ne pouvait même plus prononcer son prénom.
Il était trop différent de celui qu’elle avait aimé.


Le parfum de l’amour ? Héhéhé …

Non. Mais j’ai trouvé celui de la mort.


Elle frissonna

La mort… Elle n’en doutait pas. Il respirait la mort . Il était habillé de deuil.
Elle remarqua cependant la bonne facture de ses vêtements.
Elle ne l’avait pas connu riche mais en rupture de sa famille…Il possédait maintenant la négligente élégance, le magnétisme morbide de tous les maudits, poètes ou malandrins.
Qu’avait il donc fait de sa vie ? Vers quoi l’avait elle fait dériver en rompant leurs attaches ?


Elle voulut lui crier que c’était surtout vers sa propre mort qu’inexorablement il se dirigeait et que, de cela, il était pleinement responsable.
Qu’elle ne pouvait plus rien faire pour lui…à part espérer qu’une autre le sauverait.

Elle ne cria pas, elle lui murmura.

J’ignore tout de ta nouvelle vie, mais es tu certain que c’est un véritable choix ? Que tu ne la subis pas ?

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Ignace.
Vers sa propre mort …

Oui il s’y dirigeait à bride abattue. Avançant vers sa propre fin, sans un regard en arrière.
Lui, le fils « de grande famille ».
Lui, qu’on promettait à un brillant avenir.
Lui, le rebelle qui n’avait jamais accepté les ordres, ni l’éducation patriarcale.
Lui, que la vie avait façonné telle une sculpture d’argile.
Chef d’œuvre achevé, par les mains que la blonde qui lui faisait face, avait prêtées à l’artiste pour la dernière touche du chef d’œuvre.

Le malaise était visible sur le visage de la belle, alors qu’elle le scrutait. Ses yeux montrant tours à tour tristesse et dégout.
Regard dans lequel, il y lisait amour et passion quand il se plantait dans le sien … Il n’y a pas si longtemps que ça … Presque une éternité …


J’ignore tout de ta nouvelle vie, mais es tu certain que c’est un véritable choix ? Que tu ne la subis pas ?

Boire une nouvelle gorgée. Vider sa chope. Se saisir de la bouteille. Se resservir un godet. Une mécanique bien huilée. Ivrogne, un métier à plein temps.

Un choix ?

Cette nouvelle vie lui était apparue devant lui, comme une succube qui ne demandait qu’à être chevauchée.
Sans hésitation, il l’avait enlacée et embrassée avec passion.

« C’est pas l’homme qui prend la mer. C’est la mer qui prend l’homme » Avaient pour habitude de dire les marins bretons. C’en était de même pour cette vie de débauches.


Tu trouves pas qu’ c’est un peu tard pour se poser ce genre de question ? De t’intéresser à c’ que j’ fais de ma vie. Non ?

J’ te ressers un verre ?


Sans attendre sa réponse il commence à lui remplir sa chope, en plongeant son regard dans celle-ci.

Rassures toi, je la subis pas. Elle me séduit. Elle m’envoute … Et je me donne sans retenue à cette maitresse du Sans Nom …

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Aelyia
Tu trouves pas qu’ c’est un peu tard pour se poser ce genre de question ? De t’intéresser à c’ que j’ fais de ma vie. Non ?

Oui… elle le savait… c’était trop tard.
La réponse était en elle, tout au fond de ses tripes qui se tordaient, se crispaient de peur d’avoir engendré un monstre, de dégoût pour ce qu’elle devinait de lui, de dégoût pour elle-même, pour ce qu’elle en avait fait.
Elle se sentait si faible, si impuissante devant la marche inexorable d’un destin qu’elle avait contribué à engendrer.

Elle réprima un hoquet, une envie de vomir, d’évacuer physiquement ce trop plein de pourriture crée par la valse morbide et tragique de leurs deux âmes entremêlées dans un savant et raffiné duel reliant présent et passé.


J’ te ressers un verre ?

Dieu ! Qu’elle en avait besoin de ce verre et des suivants qui viendront comme elle devinait.
S’ils devaient, ce soir, se rapprocher un peu, cela serait dans une ivresse partagée qui panserait un moment l’âpre déchirure qui leur faisait signer le cœur.
Du moins le sien à elle
Un cœur mort, pétrifié par le mal peut il encore saigner ?


L’ivresse … fausse consolation de ceux qui n’ont plus le courage d’affronter la vie.
Elle voulait se perdre dans le brouillard alcoolisé accompagnant les délires murmurés de leurs confidences.
Sombrer dans la chaleur procurée par le vin avant de s’abîmer, avant de se noyer. Ultime tentative de se préserver un peu.
Il avait du avoir le même réflexe… il y a un an… il y a un siècle…


Rassures toi, je la subis pas. Elle me séduit. Elle m’envoute … Et je me donne sans retenue à cette maitresse du Sans Nom …

Ironie… il lui parlait du diable… elle était en route pour une croisade
La farce était à son paroxysme !
Ces deux là avait eu l’art de faire de leur vie une tragédie antique.


L’alcool commençait son effet.. elle fut pris d’un rire hystérique…Qui tirait les ficelles de leurs deux pathétiques existences….Son Dieu ou ses démons ?
Qu’importe… La candide, la naïve se désintégrait devant l’arrogant divertissement que leur servait la fatalité.


Elle vida d’un trait sa choppe et le provoqua

A ta nouvelle maîtresse Ignace !!!!
Puisses tu trouver, entre ses reins et ses seins, nouvelles jouissances qui te gardera un temps en vie…


Inélégante manière de lui dire qu’au fond d’elle même, elle ne souhaitait que sa survivance.
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