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[RP] Le fantôme de Magnet !

--Marko


Des bruits indéfinis, feutrés, glissements et grognements.... Marko s'éveilla brutalement et écarquilla les yeux dans le noir. Qu'est-ce que c'était ? Le coeur battant, il tenta de trouver des repères parmi les silhouettes massives et inconnues qui l'entouraient.

Ce n'était pas sa chambre... Où était-il? Les bruits se firent plus saccadés, mais toujours étouffés... faisant se dresser les poils sur la peau de l'enfant qui s'assit dans son lit en tirant les couvertures sur lui, la respiration saccadée. Tous les monstres et les sorcières des histoires que Linon lui racontait surgirent dans son esprit... Ses yeux parcouraient l'obscurité au-dessus du drap, à la recherche apeurée d'une ombre mouvante qui se rapprocherait de lui.

Les ombres ne bougeaient pas... des meubles sûrement? Ça voulait dire que le monstre était sous son lit ! Ou la sorcière planquée dans une armoire ! Ils allaient sortir d'une seconde à l'autre et se jeter sur lui ! Et le manger !!

Cette fois terrifié, l'enfant se mit à gémir le nom de sa belle-mère. Elle ne répondait pas... elle n'était pas là ?... on l'avait laissé seul dans une pièce inconnue et noire remplie de monstres dévoreurs d'enfants. Impossible de rester là !

Hoquetant de peur, Marko se décida à sortir les jambes de sous les draps et rassemblant son courage, sauta le plus loin qu'il put du lit... atterrissant douloureusement sur les genoux. Il se redressa d'un bond avant que le monstre ne lui saute dessus et se précipita vers le rai d'obscurité moins sombre qui devait indiquer le seuil de la porte de cet enfer. Les bruits redoublaient, véritables coups contre le mur maintenant... A tâtons, l'enfant tourna la poignée et surgit dans un couloir inconnu. Une lueur sur la gauche attira son regard, une porte entrouverte, la lumière jaune et vacillante d'une bougie... et une ombre monstrueuse aux mouvements saccadés calés sur le rythme des bruits contre le mur qu'il entendait d'ici.

Epouvanté, le petit garçon reconnut un fantôme et fit volte-face pour se précipiter dans le sens opposé. Il n'était pas chez lui, ni à Lignières, il ne reconnaissait rien...

Une autre porte, Marko se précipita dans une chambre, discerna dans la pénombre un lit, des formes dedans. Linon enfin! L'enfant au bord des larmes souleva la couverture et se blottit aussi vite qu'il put contre sa belle-mère.


Linooon.. j'ai peur.... ya un fantôme...
Johanara
Mmmmmhh?

Allons bon! Voilà que les ronflements de son compagnon ne parvenait plus à couvrir les bruits de porte et les grincements du parquet.

Maugréant , la jeune fille se retourna moult fois , froissant les draps de satin autour d’elle avant de se rendormir , le minois enfoui contre l’édredon.

De nouveau, claquements , boulevari et autres crissements louches.

Johanara laissa échapper un grognement de ses lèvres vermeilles , maudissant le plouc qui avait sans nul doute laissé une fenêtre ouverte et pestant contre Valezy qui l’avait amené dans un véritable moulin.

Ah le calme de Lignières! Les nuits au domaine de la Baronne s’étiraient sans un bruit jusqu’à l’aube.

Alors qu’ici! Qu’avait on à vouloir la soustraire à l’étreinte rassurante et chaude de Morphée?

Rabattant les couvertures sur elle, la jeune noble se pelotonna avec tendresse contre le dos de son voisin et sombra à nouveau dans quelque plaisant univers onirique où tout le monde était roux.


….

Une main sur sa hanche. Un pied, probablement , froid contre sa cheville découverte. Un souffle bruyant et saccadé le long de sa nuque.

M’enfin! On lui marmonnait quelque chose à l’oreille. Plongée encore dans un semi sommeil , elle ne comprit guère les mots qui étaient baragouinés.


Val laisse moi…Pas maintenant je dors triple buse…

Les paupières s’ouvrirent lentement , encore légèrement voilées avant de se plisser et de s’habituer à la pénombre. Sous ses yeux , sa main , délicatement posée sur le dos d’un Valezy endormi.

Quelques seconde d’une frayeur intense avant qu’un hurlement ne déchire le silence.


Marko!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Vas-tu sortir de ce lit m’enfin???? Tudieu! J’ai eu la peur de ma vie! Et bien qu’as-tu à couiner?


Sourire rassurant qui tentait de faire oublier le regard empli d’ire lancé un instant plus tôt.

M’enfin tu trembles… Allons petit , raconte à tata Jojo ce qui a pu te mettre dans cet état…

Une main vint ébouriffer tendrement sa tignasse de jais tandis que l’autre remonta pudiquement le col de sa longue chemise de nuit écrue . Bien que Jonahara ne porta pas grande affection à la marmaille , le petit Marko la touchait parce qu’il avait perdu ses deux parents et que malgré tout il restait un petit garçon plein de vie et pétillant de malice.

Sauf que là il chouinait. Et que ça commençait à être agaçant!


Gni? Un fantôme ? Mais ça va pas mon pov’ Marko , c’est cette folasse de Linon qui te mets des idées pareilles en tête? Elle a dû oublier de prendre ses cachets. Allez viens là , je t’emmène dans sa chambre!

L’attrapant par le bras sans plus de ménagement , la jeune fille ne le lâcha que pour jeter un châle sur ses épaules d’albâtre et le traîna en bougonnant jusqu’à la chambrée de sa belle-mère.

Le poing cogna fortement contre la lourde porte de bois masssif tandis que la Baronne s’égosillait :


Linon!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Reveillez vous et occupez vous de votre mioche!

Linon!!!!!!!!!!!!!
Z’êtes décente ? Je vous préviens , j'entre!

_________________
Linon
Enfin la béatitude d'un lit confortable et d'un repos bien mérité. Linon s'était couchée avec la satisfaction que procure l'épuisement du corps après une longue chevauchée. C'est que depuis quelques temps, elle ne faisait plus que ça... aller de ville en noeud, dormir dans des auberges plus ou moins douteuses quand ce n'était pas dans des granges.

Mais depuis qu'elle avait rejoint sa berrichonne d'amie, le confort de ses nuits avait augmenté d'un cran. C'est l'avantage de fréquenter la noblesse ! Ça ne dort point dans les fourrés ces p'tites choses délicates... Et la jeune femme ne se faisait pas prier pour se vautrer dans les draps fins et les dentelles qui constituaient l'environnement de survie de la Baronne en goguette.

La nuit à Lignières avait été brutalement interrompue vers midi par un de ces lamentables valets dont Jo aimait s'entourer, lequel avait eu l'outrecuidance de surgir dans sa chambre pour lui présenter une convocation des douanes tout en la reluquant de manière éhontée. Linon avait du passer la journée à régler des formalités administratives et n'avait rejoint la troupe qu'au moment du départ.

Maintenant qu'ils avaient rejoint la belle Auvergne, qu'ils étaient installés dans le magnifique château de Magnet, que Marko disposait d'une chambre pour lui tout seul, Linon s'était étalée sans vergogne dans le confortable lit de la très confortable chambre que le maître des lieux lui avait attribuée, et elle y dormait du sommeil du juste, bien décidée à ne pas ouvrir les yeux avant que le soleil ne soit très très haut dans le ciel...


Linon!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Sursaut de la jeune femme dont le coeur manqua un battement alors que les cris d'orfraie accompagnés de violents coups assénés à la porte la tiraient de son sommeil pourtant si mérité.

*Mais c'est pas vrai!!!* Coup d'oeil embrumé et incrédule vers l'une des grandes fenêtres dont l'entrebâillement des lourds rideaux ne laissait aucun doute : il faisait nuit, c'était la nuit! Les douanes dormaient à cette heure-là, comme tous les honnêtes travailleurs !

Maugréant, bâillant et se frottant les yeux, Linon s'extirpa du lit comme elle put, se cogna le pied dans un meuble en récupérant un châle et boitilla vers la porte en pestant contre les caprices baronnesques de la rouquine amie dont elle avait reconnu la voix. Elle allait l'entendre!!


Linon !!!!!!!!!!!!! Z'êtes décente? J'entre !


Ça va, ça va, j'arriv'...

La porte s'ouvrit à la volée, quelque chose se précipita sur Linon et lui enserra fortement la taille, manquant lui faire perdre l'équilibre...


Mais...! Marko?

Le visage penché vers l'enfant qui se serrait contre elle, elle caressa ses boucles brunes avec inquiétude

Marko...qu'y a-t-il?

Elle releva un regard courroucé vers cette dingo de Baronne

M'enfin Jo !! Que lui avez-vous fait ? Ça ne va pas de lui faire une telle peur? Regardez dans quel état vous me l'avez mis...

La jeune femme s'arracha difficilement à l'étreinte féroce de l'enfant et se pencha vers lui

Dis-moi Marko... Damejo n'a pas été gentille? Que t'a-t-elle fait?
--Marko


La peur de sa vie ! C'était pas Linon, c'était pas une sorcière.... enfin... c'était Damejo, l'amie de Linon aux cheveux rouges, un peu comme une sorcière, surtout quand elle se réveillait... Marko en resta bouche bée, incapable d'expliquer sa présence... pétrifié par le ton de la Baronne. Celle-ci essaya bien d'adoucir son ton de méchante pour se faire passer pour une gentille, mais Marko n'était pas dupe...

Il résista comme il put à la poigne de fer de la vilaine qui le traînait vers le couloir où sûrement étaient tapis des tas de monstres épouvantables. Hélas, comment un petit garçon de 8 ans pourrait-il résister à la féroce détermination d'une sorcière en dentelles? Celle-ci s'arrêta devant une porte, se mit à taper dessus comme une folle en braillant... La porte s'ouvrit ... Linon !!

L'enfant se précipita sur la jeune femme et la serra comme un perdu, le coeur battant violemment. Il dut attendre quelques secondes pour pouvoir articuler


Dis-moi Marko... Damejo n'a pas été gentille? Que t'a-t-elle fait?


Ya un fantôme... et Damejo est une sorcière ... et t'étais pas là...


Réussissant à se dégager de la main de sa belle-mère qui le maintenait éloigné d'elle, l'enfant se faufila à nouveau contre elle, la joue contre son ventre, et glissa un regard inquiet vers la rousse Baronne.
Johanara
Maugréant de plus belle , la rousse fut tentée de les planter là sans aucune explication et recouvrer la douceur de sa chambrée et les bras de son amant.

Une sorcière? A la bonne heure! Petit sot ! Non seulement ça la réveillait en pleine nuit , ça venait se coller à elle , et maintenant ça la traitait de sorceresse! Non mais!


M’enfin je ne lui ai rien fait!! Il s’est précipité dans ma chambre en hurlant au fantôme! Je dormais moi , figurez vous! Valezy va tous nous faire pendre croyez moi!

Vous allez me faire le plaisir de garder votre pleurnichard dans vos jupes sinon je vous expédie à la grange! Et il est insolent en plus! Une sorcière! Tu mériterais une fessée Marko!


C’est alors qu’une sorte de grognement bestial se fit entendre , suivi de quelques claquements de porte intempestifs qui les surprirent tout trois.

La jeune fille s’accrocha au bras de Linon fortement en braillant :

Tudieu! Qu’est-ce que c’était? On nous attaque!!!

On nous attaque!!!!!!!!!!!!!!!!


A nouveau des bruits . Qui semblaient provenir de l’aile ouest du Castel, tout au bout du couloir.

Marko je crois que tu as raison , ce château est hanté , nous allons tous mourir!

Et de serrer plus fort l’avant-bras de Linon!
_________________
Linon
Aïeeeee!!! Mais ça va pas??? Allez-vous me lâcher espèce de folle?

Linon, cette fois bien éveillée, assaillie par l'enfant qui la collait et tirait la langue à Jo et par celle-ci qui lui plantait des ongles effilés dans la peau dut secouer le bras pour se débarasser de l'une tout en repoussant l'autre.


Massant son avant-bras rougi sur lequel s'imprimait la trace des ongles de la furie, elle se prit à les morigéner


Allez-vous vous calmer? Jolie troupe de peureux que voilà ! Voyons Jo, vous êtes grande maintenant, essayez de ne pas raconter n'importe quoi... Personne ne nous attaque, pour quoi faire donc?
Petit sourire en coin à son amie Craignez-vous pour votre vertu? Sourire qui finit en éclat de rire... J'aurais pensé qu'elle n'avait plus rien à craindre...

Hum, bref... Et toi Marko, Jo n'est pas une vilaine sorcière, même si elle est rousse. C'est pas de sa faute et ça lui va très bien. Elle est juste un peu excessive, c'est pas de sa faute non plus. Mais arrête de lui tirer la langue, elle est quand même Baronne... Et les fantômes n'existent pas !


Linon considéra un instant les deux farfelus en face d'elle : l'enfant en chemise longue et pieds nus se rapprochait d'elle lentement et l'air de rien, tout en jetant des regards inquiets et peu amènes vers la baronne qui semblait réellement décoiffée et effrayée dans sa longue chemise de dentelle, un châle sur les épaules.


Bon... J'ignore ce qui fait tout ce bruit, mais vous n'allez pas tous dormir avec moi, c'est certain! Donc le mieux serait d'aller voir... Et votre militaire? Il dort lui bien sûr? Pfff... toujours pareil avec les soldats... rien à en attendre...


Jo, je vous en prie reprenez-vous et allons voir ce qui se passe. Mais j'vous promets qu'avant qu'on me pende, vous s'rez tondue !


Elle se tourna vers sa chambre, récupéra deux bougeoirs et en tendit un à Jo après en avoir allumé les bougies à l'aide d'une branchette enflammée aux braises qui couvaient dans la cheminée.


Bien.. euh... comme j'ignore ce qui se passe dans ce château, peut-être devrions nous nous armer?


Hélas, épée et bouclier étaient restés dans la salle de garde... Linon se résigna à prendre une ombrelle que Jo avait abandonnée là au retour d'une promenade, la lui tendit, puis, après un regard circulaire sur les meubles, attrapa en soupirant sur le quasi bigotisme de son amie, le Livre des Vertus et le flacon d'eau bénite que Jo disposait dans toutes les chambres. Elle s'accroupit près de l'enfant et lui confia le flacon.


Bon, les fantômes n'existent pas et la plupart des monstres non plus... Cependant, si on voit quelque chose de vraiment pas aristotélicien, tu pourras l'asperger avec ça.


Petit sourire réconfortant au Marko, discret baiser dans ses boucles brunes, Linon se redressa en s'enveloppant dans le châle destiné surtout à couvrir la nudité que dévoilait sa chemine trop fine, et précédant ses compères, s'avança bravement vers le couloir.


Allons pourfendre le fantôme de Magnet !!
Valezy
Rendu exténué par leurs voyages et par les émotions causés par ses récentes fiançailles, Valezy goutait du repos du juste. Ainsi plongé dans quelques univers merveilleux n’appartenant qu’à son inconscient et aux chimères de l’onirisme.

En ce monde, il ne s’appelait point seulement Valezy… Mais, Valezy Ier, maître d’un empire qui régentait l’ensemble de l’univers connu et dont les frontières atteignaient les limites du cosmos… Un peu à l’image de celui d’Auguste et d’Alexandre… Mais en mieux, en beaucoup mieux même… Forcément.

Mais de ce songe merveilleux, il fut réveillé par un tintamarre soudain. Allons bon, certain parlaient durant leur sommeil mais Johanara, elle, elle hurlait… Si seulement, en cet instant, il avait su que ce cri n’était que le premier d’une longue série.

Et c’est ainsi, brutalement réveillé, qu’il se mit à analyser les propos de sa fiancée.
Marko ? Allons bon… Qui était ce Marko ?

Inconsciemment, sa main glissa alors hors des draps, se dirigeant par la même vers le glaive, dont la garde était frappée aux armes de Magnet et qui reposait près de sa table de chevet. Puis, ses yeux s’ouvrirent avec lenteur pour voir… Le foutu gamin de Linon… Allons bon…

Et à ce constat, sa main abandonna sa course et ses yeux se refermèrent presque aussitôt, tandis que le jeune noble redoublait d’effort pour rester immobile… Faisant ainsi mine de dormir.

Il fallait avouer, à sa décharge, que Valezy avait horreur des gamins. Ces petites créatures bruyantes, sales et si chétives qu’elles étaient incapables de se battre… Misérables petits incapables pensa t’il alors. Mieux valait donc le laisser au bon soin de sa fiancée… Elle, elle saurait quoi faire.

Et, un large sourire se dessina sur ses lèvres pendant qu’il entendait sa bien aimée et le marmot quitter le lit du maître des lieux, puis sa chambrée


Une bonne chose de faite…

Déclara-t-il tout en rembourrant son oreiller.

A moi Morphée.

Et sa tête retomba lourdement sur le coussin tout en espérant bien regagner au plus tôt le pays des rêves.

Néanmoins, une telle idée était sans compter l’acharnement que mettrait sa douce à s’époumoner dans les couloirs du Castel. Tout d’abord en hurlant le prénom de son amie… Avant de sonner l’hallali.

Certes, elle avait une jolie voix… Mais tout de même. Et à cette pensée, Valezy se leva enfin en poussant un grognement sourd. C’est qu’ils allaient finir par réveiller tout le Castel avec leurs idioties.

Ainsi, ce fut un Seigneur de Magnet aux cheveux ébouriffés, aux yeux à moitié clos et à la démarche traînante qui surgit dans le couloir pour embrasser d’un regard à la fois sceptique et absent, tant il était mal réveillé, la petite troupe qui le faisait face et qui était armé du Saint Livre et de flacons d'eau bénite.

Allons bon…

Et ses deux mains vinrent négligemment frotter ses yeux… Comme pour mieux s’assurer qu’il ne rêvait pas.

Auriez-vous perdu la raison entre tous ?
Vous faîtes plus de boucan à vous trois que la couleuvrine du père Anguerrand !

_________________
Johanara
Armée de son ombrelle aux délicates dentelles rosées , la baronne s’apprêtait à arpenter les corridors sinueux du castel afin de traquer le responsable de tout ce chabanais.

Brandissant son arme de fortune , elle s’écria avec véhémence :


Sus à l’envahisseur , nous allons bouter le fâcheux hors de Magnet!

Mais au lieu du fantôme qu’elle s’attendait à voir surgir à tout instant , ce fut son fiancé qui déboula dans le couloir , l’air bougon et le sommeil s’étirant encore au coin de sa paupière.

Le jade de ses prunelles s’embrasèrent un instant à la vue de sa tignasse emmêlée , de sa bouche boudeuse et de son regard voilé par la fatigue.

Un sourire attendri étira les lèvres de la jeune fille ,éperdue d’adoration pour son homme.

Passant une main dans ses mèches cuivrées pour y remettre de l’ordre , elle le regarda avec tendresse:


Mon amour… C’est Linon qui fait des siennes , des histoires farfelues de fantômes et d’envahisseurs! Pour les rassurer , je me suis proposée de faire une petite ronde.

Il y a quand même des bruits suspects. Tu nous suis ?

Mais Johanara ne lui laissa guère le temps de répondre. Lui flanquant l’ombrelle entre les mains , elle le prit par le bras et l’entraîna vers le fond du couloir tout en exhortant les autres à la suivre.

Allons ne lambinez pas vous deux , et pour l’amour d’Aristote , Marko de grâce cesse de pleurnicher! Tu es en sécurité avec le seigneur de Magnet ! Regarde comme il est grand et fort!
_________________
Linon
A peine étaient-il sortis dans le couloir qu'un olibrius se plantait devant eux et leur reprochait le vacarme que faisait Jo. Aussitôt celle-ci se précipita sur lui et se mit à le tripoter, à la surprise offusquée de Linon qui ne reconnut le fiancé de son amie que lorsqu'il fut un peu recoiffé. Les dires baronnesques lui arrachèrent un petit rire moqueur.

Ben tiens.... Ya qu'à dire que c'est Linon qui empêche tout le monde de dormir en jouant au fantôme dans les couloirs !

Levant les yeux au ciel devant tant de mauvaise foi, elle soupira puis revint à l'enfant qui lui serrait la main.

T'en fais pas mon Marko, on va pouvoir aller dormir maintenant que le grand seigneur des lieux et sa follasse de fiancée ont pris les choses en main... pas not'faute si le château est hanté, hein...


Sur ces mots, elle rouvrit la porte de sa chambre en bâillant, mais Marko résistait et la tirait vers le couloir.


Non, viens... j'veux voir le fantôme !


Il n'y a aucun fantôme, au pire des rats en train de jouer. Ça suffit maintenant, on va s'coucher !

T'y connais rien! J'veux voir le fantôme ! Et j'suis pas un pleurnichard...

Et l'enfant lâcha sa main et détala dans le couloir pour rejoindre le couple qui s'éloignait. Décidément... le monde entier semblait s'être ligué contre le sommeil de Linon qui fit claquer la porte avec humeur et rejoignit en maugréant et à grands pas l'improbable troupe de chasseurs de fantômes.

Mais en effet, de curieux marmonnements et gémissements plus ou moins étouffés et des bruits de choc contre le mur se faisaient entendre... Une porte entrebaîllée laissait passer une faible lueur. La jeune femme finalement moins rassurée posa les mains sur les épaules de son beau-fils, glissa la tête entre celles des fiancés et les regarda tour à tour.


Bon, qu'est ce qu'on fait? On va pas passer la nuit dans ce couloir?


Elle poussa la baronne d'un léger coup de coude


Allez-y Jo ! Après tout, ce sera chez vous dans peu de temps... autant vous familiariser tout de suite avec les trucs bizarres qui se passent ici. Courage, on protège vos arrières !
Valezy
L’incrédulité disparue du faciès de Valezy pour laisser place, pour un bref instant, à la douceur et au contentement, tandis que sa fiancée, par un geste délicat, s’affairait à le recoiffer tant bien que mal.

Pour un instant seulement… Car dès que tout ce beau monde lui eut parlé de fantômes et d’autres folâtreries… Et tout ceci dans son castel, soit disant. Le plus grand des scepticismes revient s’afficher sur les traits de son visage.


M’enfin, c’est du grand n’imp….


Il n’eut cependant guère le temps d’aller plus loin dans ses contestations que, déjà, il se retrouvait avec l’ombrelle de sa bien aimée dans une main, tout en se faisant emporter, dans cette folle et sotte expédition.

Force était de constater, toutefois, que plus ils avançaient dans les sombres dédales, à peine éclairées par la lueur de leurs bougeoirs, plus d’étranges bruits se faisaient entendre.

Cela ne l’empêcha pas, toutefois, de reprendre d’un ton railleur...

C’est vrai que ça a tout l’air d’être un fantôme… A moins que ça ne soit un lycanthrope… C’est pleine lune cette nuit, nan ? En plus, ils aiment bien manger les enfants.

Ou encore…. Ou encore deux domestiques qui font leur bricole dans les combles !

Retournons donc nous coucher, j’ai froid, j’ai sommeil et je veux retrouver mon lit.

C’est alors que devant lui… Il vit une lueur faiblarde émaner d’une chambre dont la porte était laissée négligemment entrebâillée. A cela, rien d’étonnant, si ce n’était que c’était l’une des chambres les plus luxueuses du castel, de celle que le maître des lieux réservaient à ses plus éminents convives.
En plus clairs à des invités prestigieux, riches, beaux et nobles, de ceux qu’on soignait aux petits oignons quand on laissait dormir les autres, dictes les gueux, dans les quartiers des domestiques ou dans les écuries.

Et que justement, il n’avait aucun invité se rapprochant de cette catégorie, ce jour là… Si ce n’était sa chère et tendre, bien sur, mais cette dernière et lui-même, faisait déjà chambre commune… Aristote pardonne les pour leurs pêchés.

Enfin bref, ce ne fut donc pas sans surprise que Valezy s’aperçu de tout ceci. Il déporta alors son regard, pour voir deux femmes et un mouflet saisis par la peur à la vue de ce rai de lumière.


C’est qu’une porte laissée ouverte, hein… Ca ne va pas vous manger.
Quelqu’un a du laisser la cheminée allumée en pensant que nous serions plus nombreux à arriver, comme il était prévu d’ailleurs. Voila tout.

_________________
Johanara
La jeune fille les écoutait , sourcils froncés, et lèvres pincées.

Ah ça , elle n’était franchement pas aidée! Quelle équipe de bras cassés!

Entre une Linon démissionnaire qui manquait les planter là pour recouvrer sa couche et son fiancé dont les sarcasmes commençait quelque peu à l’irriter, Johanara se demandait si à tout prendre , elle ne préférait pas le morveux qui au moins faisait preuve de quelque enthousiasme!

C’était quand même pas tous les jours qu’ils partaient à la chasse au fantôme!


Tsss , c’est pas bientôt fini les jérémiades? Aristote seul sait quelle créature se cache derrière cette porte et vous voulez me laisser seule! Fiancé indigne!

Volant un baiser au dit fiancé , elle s’empara de la poignée finement ouvragée avant de leur lancer un regard inquiet.

Voyons voir quel monstre a fait de cette chambre sa tanière …

Poussant la porte d’un coup sec , il lui fallu quelques secondes pour comprendre ce qui se passait en ces lieux. Sanguienne! Johanara hurla tout en se signant à la hâte.

Son libidineux cocher , affublé une fois encore des atours du maître de maison , le larcin pour l’occasion était un peignoir de fine soie sombre , semblait fort occupé avec une donzelle, quoique dans une position que la jeune Baronne trouvait fort curieuse!


M’enfin!!!!! Verrat lubrique! Vile fripouille!

Tournant la tête vers les trois compères restés sur le bas de la porte , elle croisa le regard effaré de Marko sur la lingère qui arborait une affreuse perruque rousse.

Linon m’enfin couvrez lui les yeux!!!
_________________
--Serguei
Fier comme un paon , Serguei n’en finissait plus de se mirer dans la grande psyché , caressant la soie de la frusque chapardée avec un sourire on ne peut plus satisfait qui dévoilait les quelques dents noires qui lui restaient.

C’est qu’il avait bon goût l’basin , l’aurait pourtant pas cru la première fois qu’la baronne lui avait ramené son grand dadais pensait il plein de morgue tout en caressant son reflet de ses petits yeux vuiseux.

Et pas quand matière de fripes! La petiote qui s’occupait du linge l’avait bien choisi aussi!
Frétillante la gazoute, elle avait pas cessé de bassicoter ses miches sous son pif , point besoin de la bloner celle la , il avait réussi sans mal à la biger dans un coin des cuisines.

La voilà qu’arrivait justement …


Allez entre mignonne , fais comme chez toué , les baziots doivent roupiller. Tiens enfile ça …

Lui jetant à la figure la fameuse perruque rousse qu’une grande partie des ribaudes et autres domestiques à la cuisse légère dont Serguei aimait à s’entourer avaient déjà portée , il lui lança un regard concupiscant avant de l’attirer à lui :

Enlève moué donc mes braies et retire tout ça …On est bien hein? S’emmerdent pas les brelots! Ça c‘est d‘la couche! Pas comme sur le chenat hier où on t’nait point à deux.

Accompagnent ces paroles par une bonne torgnole sur son séant , le vieux cocher ne tarda guère à commencer son affaire , peu désireux de perdre du temps , c’est qu’une bonne bouteille d’armagnac l’attendait en sa chambrée!

Il en avait presque fini avec la jeunette quand un hurlement se fit entendre.


Crie pas si fort , j’sais bien que j’fais ça bien mais t’vas réveiller les nobliaux!

Mais les aubades qui suivirent ne trompaient pas…

M’enfin!!!!! Verrat lubrique! Vile fripouille!

Ciel ma baronne!

Poussant la malheureuse lingère qui roula hors du lit , il remonta ses braies à la hâte , et jeta un regard penaud à sa maîtresse.

C’est alors que la Linon s’avança pour prendre son caniot par le bras . Serguei eut juste le temps de lui souffler à l’oreille , dans un relent de souffre dû à son haleine avinée juste avant de la reluquer :


T’vois ma gueuse , si t’avais point fait ta bêcheuse , ça aurait pu être toué!
--Jeanette


Il n'est point facile d'être lingère...Outre un travail ingrat, répititif et peu reconnu, on se trouve au contact de tout un tas de pénibles persuadés qu'on n'attend que de se faire trousser dans tous les coins... Sans parler des maîtres et de leurs amis qui ne valent pas forcément mieux.

La Jeanette en avait pris son parti depuis longtemps. Elle travaillait à Magnet depuis l'enfance, placée là par ses parents et subissait les assauts masculins avec résignation depuis la puberté. Elle aspirait à trouver un homme qui se décidât à l'épouser et lui permît de récupérer ses trois gosses placés à la campagne.

Le Sergueï lui avait semblé un bon candidat... Une prestance ricanante, un bagou digne d'un camelot, une position en vue chez une baronne... n'était sa fixation sur sa patronne, Jeannette trouvait qu'elle avait du subir bien pire gars que celui-là.

Aussi l'avait-elle chauffé autant qu'elle avait pu, minaudant niaisement et trouvant toute sorte de prétextes pour lui mettre sous le nez sa gorge débordant généreusement de son corsage ou ses mollets ronds .. Et ça n'avait pas traîné ! En une demi-journé, le Sergueï était chauffé à blanc et la suivait partout, les yeux exorbités et la langue pendante. Il l'avait entreprise dans la garde-robe de la baronne, rendu fou par les frou-frous au point d'en perdre presque ses moyens. Jeanette avait dû en faire des tonnes pour le convaincre qu'il était un amant inoubliable, le héros des alcôves et surtout, qu'il ne se détournât pas trop vite d'elle.
Elle avait même accepté de porter la perruque rousse qu'il infligeait à toutes ses conquêtes, et qui régulièrement lui tombait sur les yeux pendant la chose...

Une lubie avait saisi l'homme se soir-là : se rouler dans le luxe des maîtres... Jeanette l'avait suivi bon gré mal gré et avait frissonné d'inquiétude à l'idée d'être surprise dans la chambre réservée au suzerain du châtelain. Elle serait renvoyée.... ne pourrait plus payer la pension de ses mômes qui seraient jetés à la rue. Mais comment dire non quand on vous apprend depuis l'enfance à tout accepter ?

L'homme avait fait un barouf de tous les diables, ahanant, gémissant et couinant comme jamais, sans compter une partie du lit qui avait brinquebalé en rythme contre le mur. A part quelques encouragements d'usage, la lingère avait gardé les lèvres serrées cette fois, tentant de percevoir les bruits extérieurs à la chambre... il lui avait bien semblé à un moment... mais non, l'angoisse avait du lui faire entendre des voix...

Brutalement la porte s'ouvrit, et avant qu'elle réalisât qui entrait, le Sergueï la balançait au bas du lit.
Elle atterrit douloureusement dans la ruelle et se mordit les lèvres pour ne pas crier. Bien sûr elle reconnut immédiatement la voix offusquée de la fiancée du maître et se tapit autant qu'elle pût, arrêtant de respirer et essayant de disparaître avant que le seigneur des lieux ne la reconnût.
Linon
Cétait le comble! D'abord on la réveillait sous des prétextes farfelus, puis on la traînait dans des couloirs plein de courants d'air à la poursuite des lubies de Marko, tout ça pour lui infliger le spectacle déplorable de la débauche de cette canaille de Sergueï, lamentable cocher libidineux de Jo...

Linon d'abord bouche bée devant le spectacle improbable du Don Juan des cuisines vautré sur une rouquine, eut un court moment d'absence avant que l'interpellation offusquée de Jo ne la fasse réagir... Elle avançait pour attraper l'enfant qui restait sidéré quand le cocher en profita pour lui crachouiller des horreurs à l'oreille.

Subitement enragée qu'il se permît de seulement imaginer qu'elle eut pû prendre la place de la fille qui avait roulé hors du lit, Linon sentit son bras partir tout seul et son coude percuter violemment l'estomac de l'égrillard toujours penché sur elle.

Elle attrapa l'épaule de Marko pour le tirer vers elle tout en se tournant vers la baronne et son fiancé, le regard noir, les narines pincées de colère et le souffle court.


C'est vraiment scandaleux, Jo, le spectacle et l'attitude de votre personnel. Comment les choisissez-vous donc? Vous organisez des concours ou quoi? Votre goût pour la racaille est vraiment suspect, je suggère que vous filiez vous confesser dès que le jour se lèvera.

Quant à vous messire-son-fiancé, j'espère que vous lui ferez passer le goût des libidineux une fois que vous en aurez fait une femme honnête, à défaut d'en faire une femme raisonnable ! Que dois-je donc faire pour obtenir la pendaison de ce sale type qui s'est déjà permis de me tripoter ?? Et sous l'oeil complaisant du cousin de Jo en plus!!
--Marko


C'était ça le fantôme?? Marko qui avait rejoint puis devancé Damejo dans la pièce essayait de comprendre ce qu'il voyait. Un rouquine, probable soeur ou fille de la baronne et un type à la sale tronche, tous les deux débraillés et secouant le lit. Et alors que la baronne se mettait à crier, la rousse disparut et le type se releva en se rhabillant pour aussitôt se jeter sur Linon!

Ah non ! Ça recommençait !! On essayait de lui tuer sa belle-mère comme sur la route l'autre fois, quand toute une armée leur était tombée dessus!

L'enfant vit rouge instantanément ... son épée en bois était certainement restée dans la chambre avec la dague qu'il cachait soigneusement, il n'avait que l'arme que lui avait donnée Linon tout à l'heure, aussi, sans plus réfléchir, il déboucha d'un coup de dents le bouchon en liège du flacon d'eau bénite et dans un grand mouvement, en aspergea le sale type qui voulait tuer Linon.

Il balança juste après le pied vers les jambes du type, mais vigoureusement tiré en arrière, ne put atteindre sa cible et trébucha en reculant de force, sans lâcher le flacon qui finit de se vider sur la chemise de Jo.

Marko leva des yeux déçus vers les adultes alors que le sale type se pliait en deux


Ça marche pas l'eau bénite... il aurait dû disparaître.... Qu'est-ce qu'y f'saient avant??
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