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Suite du RP 1453 sur &amp;amp;amp;quot;Et la Loire rougit...&amp;amp;amp;quot;

[RP semi-ouvert] Souvenirs d'Orient

Linon
Ce topic est la suite du rp commencé en Anjou que vous pouvez lire ici http://www.univers-rr.com/RPartage/index.php?page=rp&id=10777 C'est en fait un rp secondaire qui a éclos au sein du rp d'origine et a pris tant de place qu'il menace aujourd'hui d'ouvrir une faille spatio-temporelle à Saumur. Pour éviter ce drame et nous faciliter la vie, nous le poursuivons ici.

L'histoire se déroule avant l'arrivée de nos persos en France/Bretagne, sur la Méditerranée en 1453 au moment de la chute de Constantinople. LjdColdtracker en est le MJ (veinarde que je suis !). Si le thème vous inspire, c'est lui qu'il faut contacter.


[Caraque de guerre vénitienne, Méditerranée, 29 mai 1453]

La brutalité de la réponse l'assomma à moitié, l'odieuse disproportion des forces en présence lui donna la nausée. Elle sut immédiatement qu'il avait raison, qu'il n'y avait plus d'espoir pour le vieux couple. Et elle le détesta pour ça. Parce qu'elle ne pouvait pas encore l'accepter.

Un fugace sentiment de culpabilité et de reconnaissance la traversa quand il insista sur la protection qu'il avait voulu apporter à la ville martyre. Encore trop fugace pour s'ancrer dans sa raison qui vacillait devant l'inéluctabilité des faits, la mort du vieux grec et de l'empire, la fin brutale de sa vie heureuse. Elle entendit vaguement qu'il y était allé en sachant le combat perdu d'avance. Elle lui aurait sûrement demandé pourquoi si elle avait été capable de penser normalement, mais non, pas encore... Et ce qu'elle trouvait dégueulasse, ce n'était pas qu'il se fasse payer pour se battre, c'est qu'il sache se battre et n'y retourne pas pour sauver Nicétas !

Mais puisqu'il ne voulait pas entendre raison et y retourner, tant pis, elle trouverait le capitaine et obtiendrait de lui le demi-tour qui sauverait Constantinople. Comme s'il avait anticipé son raisonnement, Maël doucha immédiatement cet espoir et là encore, elle sut qu'il disait vrai. Les regards qu'on leur jetait n'étaient pas des plus aimables, et même fort comme un boeuf, Maël ne pourrait pas tous les tuer. Quant à elle, n'importe lequel de ces marins la soulèverait sans problème d'une seule main pour la jeter par-dessus bord. Linon eut des envies de meurtre en regardant les marins qui s'activaient sur le pont.

Mael s'était relevé, la dominant de toute sa taille, et lâchait le couperet final. Accepter. Nan !!!

Il attendait ses prochaines questions, Linon au front buté, d'un geste large et furieux désigna l'arsenal qui occupait le pont.

Mais c'est quoi tout ça? C'est pas fait pour se battre? Il va quand même pas à la pêche ce bateau? D'ailleurs il va où?
--Coldtraker



Citation:
Mais c'est quoi tout ça? C'est pas fait pour se battre? Il va quand même pas à la pêche ce bateau? D'ailleurs il va où?


Le colosse eut un sourire navré et répondit:
-"Tout ça, c'est de l'arstillerie, j'en conviens Linon mais regarde bien...."
Il se doutait bien qu'elle n'avait pas les connaissances mais il expliqua tout de même:
-"Tu as des couleuvrines, des ribaudequins, des fauconneaux mais une seule grosse pièce, la bombarde du château avant....

Ce bateau est apte au combat naval mais pas à l'appui terrestre....

Sais-tu que les ottomans ont des canons de huit mètres de long....

Huit mètres....

On ne serait même à portée de tir que l'on servirait de nourriture à requin...

Et encore faut-il pouvoir revenir, d'égal à égal, on tient la route et on sera efficace mais contre des bateaux en nombre supérieurs, on sera dans la fange....

Je ne sais pas où ils en sont car on a réussi à leur faire du dégât mais en début de siège ces fumiers avaient presque 130 navires avec eux....

Et nous, en étant gentil, je vais dire 30....

Tu vois la différence?

Si on doit se battre ce sera pour survivre et tout le monde devra s'y mettre...

Même toi.....

Si tu ne sais pas te battre, il va te falloir apprendre...."


Il le va le nez vers le ciel et dit:
-"La nuit tombe, on va manger un morceau et dormir, j'ai prévenu le capitaine qu'on logerait sous le château avant....."

Il lui fit signe de le suivre....

La pièce contenait du matériel, diverses pièces d’artillerie...

Il disposa des couvertures au sol et lui en jeta une pour dormir avant de se diriger vers la porte qu'il barricada en disant:
-"Me faire égorger dans mon sommeil n'est pas la fin que je souhaite, je ne pense pas qu'il tenteront le coup mais ce genre de précaution m'a déjà sauvé la peau...."

Il s 'assied alors et fourragea dans son équipement et les fontes du destrier....

Deux gobelets d'argent incrustés de pierres précieuses, du butin, qui pour l'heure ne servait à rien sauf à boire.....

Des couteaux ciselés, du vin, du pain de guerre, du fromage, de la viande séchée et des fruits secs....

A la lueur des lampes, il fit des parts et dit:
-"Je te préviens, trempe le pain avant, c'est du pain de guerre fait pour se conserver des mois, il est dur comme du bois , tu y laisserais tes dents..."

Il se mit à manger et sourit....Le colosse estimait qu'il s'en tirait bien....

Pour l'instant....

Tout en mâchonnant, il rajouta:
-"Au fait, tu me demandais où on allait....On va à Venise...."


________________________________
Une guerre à mener?De Morrigan-Montfort à vostre service...
Linon
Nicétas aurait été fier de son élève. Car elle pigea tout de suite que de 30 à 130, l'écart était immense, d'au moins 100... Et que 8m pour un canon, c'était beaucoup trop.
Linon vacilla sous le coup de grâce que lui assénait Maël. Son regard erra sur les bidulines, les trucquins, et les machinneaux, inutiles à sauver la ville. Seule la bombarde lui évoquait quelque chose, elle l'avait vue en allant se laver et en avait entendu le son martelant les murailles pendant les derniers jours de Constantinople. Mais elle le croyait sans problème, le ton catégorique du jeune homme montrait qu'il connaissait son sujet.

Elle lança un regard perdu aux flots à l'évocation des requins. Qu'est-ce que c'était que ça encore? Pas plus bête qu'une autre, Linon savait parfaitement que d'épouvantables monstres marins attendaient les voyageurs qui s'égaraient du côté du bord du monde, mais on en était loin quand même !

Elle releva le nez vers Maël quand il annonça pour clore le sujet qu'elle devrait se battre.

Moi...?

Mais le jeune homme pivotait déjà vers le gaillard d'avant. Linon s'attarda un peu pour regarder encore une fois vers Constantinople, la mort dans l'âme, mais un marin la frôla et elle se dépêcha de rejoindre le colosse.

Elle se laissa tomber sur la couverture mais grimaça de douleur et se releva vivement. Fichue dague ! Après l'avoir ôtée et soigneusement posée sur la besace à ses côtés, elle se rassit prudemment sur les talons, sans quitter des yeux ce que faisait Maël. Celui-ci les enferma sans qu'elle comprenne bien pourquoi puisque d'après ses déductions, les marins étaient du même bord qu'eux. Ou alors il craignait que les ottomans ne se glissent à bord pendant la nuit?

Médusée, elle regarda l'argenterie qu'il sortait pour manger. Même chez Nicétas qui était pourtant l'homme le plus riche qu'elle eut jamais rencontré, elle n'avait vu telle richesse. Elle désespéra un peu à l'idée de les abîmer et aurait volontiers troqué le couteau ciselé contre le petit couteau beaucoup plus simple que son vieux maître avait mis dans la besace. Mais elle n'osa pas, de crainte d'indisposer le blond Maël auquel elle lança par en-dessous un regard suspicieux. D'où sortait-il tout ça...? Ne serait-elle pas enfermée avec un des pillards de la ville? Idée absurde bien sûr puisque le colosse et elle l'avait quittée juste avant... mais le monde avait viré dans une telle folie depuis quelques heures que tout lui semblait possible.

Néanmoins, elle suivit scrupuleusement les conseils de l'homme en faisant longuement tremper le pain dans le vin pour pouvoir le manger. A son grand désespoir, elle s'aperçut qu'elle mourait de faim. Voir le monde et tout ce qu'on aime s'écrouler et manger de bon appétit quelques heures plus tard lui sembla le comble de l'indécence et elle se limita volontairement au pain et aux fruits secs.

Elle releva vivement la tête en entendant Maël annoncer leur destination.

Venise???

Immédiatement, elle rangea les plans A et B dans un coin de sa tête pour élaborer un plan C. Ouais ouais, c'était déjà une spécialiste des plans la Linon, surtout les plans bien pourris !

Mmhh... c'est en Italie ça, non?

C'est au cours de son séjour chez Nicétas qu'elle avait un peu précisé sa vision du monde, jusque là limitée à une sorte de cercle formé par la grande mer, avec au sud, elle, à l'est Constantinople qui permettait de passer de l'autre côté de la grande mer, et à l'ouest, la mythique France. On pouvait d'ailleurs rejoindre aussi le royaume de France en passant par le sud et en se dirigeant vers l'ouest. Chez Nicétas, elle avait appris qu'il y avait en plus vers le milieu de la mer de grandes cités marchandes italiennes, comme Venise et Gênes.

Il faut voir le pape ! Nicétas m'a dit qu'il allait envoyer une expédition de secours depuis Venise !

Subitement ragaillardie, elle s'octroya un troisième abricot sec et réussit même à sourire à Maël. Le pape allait tous les sauver !
Coldtracker
Le colosse lèva un sourcil vers Linon, s'envoya une gorgée de vin et déglutit d'une façon dédaigneuse qui annonça déjà le style de la réponse:
-"Le pape?

Oui, allons le voir, je vais lui dire, 'Nous Maël De Morrigan-Montfort, petit noble et mercenaire Breton et l’illustre inconnue Linon de Constantinople, te sommons de reprendre la ville'....

Oui, je suis sûr que cela va fonctionner, un magnifique plan!!!!!"


Il fit silence et reprit:
-"Sans moi...."

Il était caustique mais se radoucit en disant:
-"Rome a envoyé des émissaires pour tenter une réunification depuis le schisme religieux mais à part les 200 archers que cela nous a procuré, ce n'est pas allé plus loin et cela n'ira pas plus loin désormais....

Il n'y a plus de réunification à négocier maintenant....

C'est perdu, il faut t'y faire....

Les royaumes occidentaux ont mieux à faire que de s'occuper d'un bastion oriental si important soit-il ....
Il ne se rendent pas compte de la situation...
Ils sont trop loin et trop tournés vers leurs propres affaires...

Ma Bretagne va chercher son indépendance après la fin de guerre des françoys contre les angloys , ces cons vont perdre....
Les bourguignons se méfient des françoys....
Les italiens pensent au commerce, un point c'est tout et ont été trop frileux à vouloir ménager la chèvre et le choux...
Et le Saint-Empire, ma foi, je ne sais pas ce qu'il en pense....
Les espagnols se sentent concernés mais ils sont les plus loin....

Une grande croisade est donc hors de question...

C'est fini, fais-toi une raison, le plus vite sera le mieux..."


Il la regarda l'air sérieux et dit:
-"Je ne sais pas qui est ton Nicetas mais il se trompe ...."

Il rangea les affaires et ôtant sa chemise, il s'étendit sur sa couverture regardant la lampe qui se balançait au gré des mouvements du bateau et dit:
-"Tu ferais mieux de dormir...."

Mais lui restait les yeux grand ouverts....Il était perclus de douleur, son visage lui faisait mal et son torse était barré d’ecchymoses en tout genre ....Un mois de siège avait laissé des traces....
Et malgré la fatigue physique, les nerfs du jeune mercenaire le tenaient éveillé....
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http://www.youtube.com/watch?v=p-VHLgqh0jY
Linon
Le ton moqueur lui fit baisser la tête. Elle voulait juste récupérer sa petite vie... n'entendait rien à ce qu'il lui racontait sur la position des uns et des autres. Linon la gorge à nouveau nouée de désespoir s'allongea à son tour dans l'espace exigü, enveloppée dans la couverture. Couchée sur le côté, la tête posée sur sa précieuse besace et tournant le dos à Maël, elle essaya de maîtriser ses larmes pour ne pas l'indisposer et se mit à renifler. Mais des images d'épouvante se dressaient devant ses yeux, elle cru même sentir l'odeur de la chair brûlée. C'était insupportable... alors elle se retourna vers le colosse pour essayer de penser à autre chose. Elle l'observa en silence sous la lumière vacillante. C'était sûrement le bon moment pour le remercier... Elle vit une partie des blessures, se mordilla la lèvre de compassion. Lui aussi sûrement avait souffert. Avait-il laissé des gens qu'il aimait là-bas?

Tu sais... si j'avais les bonnes herbes, je pourrais te soigner.

Un silence encore, c'était bête comme proposition puisqu'elle n'avait rien. Elle observa son profil, un peu acéré, les joues légèrement creusées, les sourcils prononcés...

Pourquoi tu m'as emmenée?
Coldtracker
Maël serra les dents quand elle commença à renifler....

Pour dormir, cela allait être "la galère sur la caraque".....

Son trait d'humour le fit presque sourire...Presque...

Il se détendit, il était en colère mais il ne pouvait pas reprocher grand chose à la jeune femme qui avait sûrement perdu tout ce qui faisait sa vie....

Il soupira....

Et elle lui parla, il se tourna sur le côté aussi, vers elle en grimaçant pour ne pas faire voir qu'il avait mal et répondit:
-"Laisse tomber, cela passera, cela passe toujours....."

Les blessures cicatrisaient presque toujours et quand ce n'était pas le cas, le combattant mourait....
Les souvenirs eux, restaient marquant l'esprit au fer rouge...
Il eut l'image fugace des combats des dernières semaines, des carnages à répétition...
Il avait assez de souvenirs pour ne plus faire une nuit paisible le reste de ses jours....

Et elle lui demanda pourquoi il avait eu le geste de la sauver....

La question fit mouche comme une lame prenant à défaut le harnois...

Il soupira et esquissa un geste de la main qui voulait dire qu'il ne savait pas et répondit de même:
-"Je ne sais guère...

Pour te dire la vérité, je pensais surtout à sauver ma peau mais quand la femme qui était dans ton groupe t'a dirigé vers moi je t'ai attrapé....D'instinct, cela me semblait la chose à faire...

Un mois de combat, un mois à tuer des gens, encore et encore...
Je fais cela très bien...Tuer...Je suis vraiment très bon pour cet office, j'ai reçu la meilleure des formations dans tout l'occident, que ce soit en tactique de guerre ou en combat rapproché...

C'est mon office, le métier des armes....

Dire que j'aime cela par contre, non, mais je dois me rendre à l'évidence, j’excelle dans ce domaine et cela me rapporte beaucoup...."



Il eut un geste vers le butin qu'il avait amassé , paiement de la ville pour son 'office' ...

Il reprit:
-"Quand je suis venu dans ta ville, j'aspirais à mettre mon art au service d'une belle cause tout en m'enrichissant, je me voyais faire d'une pierre , deux coups...

Mais à la vue de la situation tactique, j'ai rapidement compris que la cause, si bonne ,était-elle, était perdue et que si je m’enrichissais , je risquais surtout de mourir...

Mais je suis resté..Là aussi, je ne sais pas pourquoi...

J'ai tué des ennemis, encore et encore mais je ne pouvais inverser le cours des choses...."


Il renifla à la façon d'un étalon renâclant et balança:
-"Alors...Peut-être ...Que te sauver la vie aura été la seule bonne action à part tuer des gens....Peut-être que cela valait le coup juste pour cela....

J'en sais rien..."


Il n'était pas très à l'aise....
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Linon
Elle l’écoutait attentivement, le récit du mercenaire l’empêchant de d’imaginer ce qui se passait là-bas. Son cœur se serra quand il évoqua la vieille femme qui lui avait tendu la main de Linon. Précieuse Thalie, si réservée à l’inverse de son époux. Où était-elle maintenant… ? Petit reniflement pour se reprendre et elle se concentra à nouveau sur l’explication. Son regard ne quittait pas le visage de Maël dont les ombres se déplaçaient au grès des mouvements de la lampe. Il se livrait un peu plus et elle réalisait un peu mieux l’homme qu’il était, ou au moins la vie qu’il avait choisie. Il lui sembla percevoir les doutes qui l’habitaient, la difficulté de son âme à accepter un don non souhaité et le conflit d’exercer un art incompatible avec la paix du cœur.

Pourtant pour la jeune femme, rien dans ce qu’il disait n’était choquant. Son regard s’était assombri de rage désespérée alors qu’il évoquait les gens qu’il avait tués.


Ce sont des ottomans que tu as tués, non ? Tu as très bien fait et c’est là action qui plaît à Dieu, j’en suis sûre. Et je voudrais être riche pour pouvoir te payer et que tu en tues mille fois plus ! Il n’y a pas pire chien au monde !
Coldtracker
Le colosse la fixait et répondit:
-"Oui, ils étaient ottomans...."

Il eut u triste sourire et reprit:
-"Mais je ne les ai pas tué pour cela, je les ai tué pour ce qu'ils voulaient faire....

Une religion différente de la mienne n' a jamais été un soucis pour moi, c'est ce qu'on peut faire en son nom, quel qu'il soit, qui me dérange....

On est toujours prêt à tuer pour un oui ou pour un non pour la religion....

On pourrait me brûler pour cela et dire que je suis un hérétique mais cela me dépasse...
Mehmet II est un fumier et il est bien guidé par tout une autre palanquée de fumiers et de fanatiques religieux de surcroît...

Je pourrais tuer tout les ottomans du monde qu'ont trouverait toujours d'autres fanatiques pour commettre des atrocités au nom d'une autre religion..."


Il soupira et dit:
-"Ces hommes étaient mauvais, je n'ai aucun regret de les avoir tuer... Encore moins à la vue de ce qui doit se passer dans la ville en ce moment ....Ottomans ou pas....

Ils ne s'arrêteront pas là, il faudra les arrêter..."


Il la scruta au complet de haut en bas et dit:
-"Et toi?

Que faisais-tu avant cela?

Tu habitais là, tu étais de passage? quel est ton métier...?"




Il en savait bien peu sur elle...
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Linon
Elle l'écoutait mais sans comprendre. Largement dépassée par ces histoires de fanatiques religieux dont elle ignorait jusqu'à présent l'existence, elle mesurait l'écart de connaissances entre Maël et elle. Petit soupir intérieur en se trouvant bien sotte... N'empêche qu'elle n'en démordait pas : il avait eu bien raison d'en tuer un maximum.

Un peu gênée par le regard qui balayait sa silhouette recouverte par la couverture, Linon chercha une contenance et roula sur le ventre. Prise de court par la question personnelle du jeune homme, elle laissa passer un silence, le regard tristement fixé sur la besace. Que lui dire... et qu'était-elle finalement avant Constantinople? Ne regretterait-il pas d'avoir sauvé une servante ou une paysanne?

Elle lui coula un regard hésitant en biais... puis se redressa un peu sur les coudes pour avoir l'air moins petite.


Non, en effet je n'étais pas de Constantinople, je venais de bien plus loin, vers l'ouest. Il y avait beaucoup d'averroïstes là où je vivais, mais ça s'passait bien... enfin, je crois.

Lui dire que le drame qui l'avait menée à Constantinople avait été causé par des soldats de leur religion ? Et qu'elle en avait dorénavant une trouille bleue? A quoi bon, sinon offenser peut-être l'homme d'armes...

Je n'étais rien avant d'arriver il y a quelques mois. Ma vie a commencé à Constantinople... Et ... je ne sais pas faire grand chose...

La main se posa doucement sur le livre par-dessus la besace. Un sourire triste apparut... le cadeau de Nicétas c'était ça finalement, une renaissance.

... à part lire et écrire...

Que ferait-elle de ce cadeau du vieux grec...?
Coldtracker
Il sut de suite qu'elle ne disait pas tout, qu'elle laissait volontairement une zone d'ombre sur son passé.....

Mais il sourit lorsqu'elle dit qu'elle ne savait pas faire grand chose et lui répondit:
-"Tu te trompes lourdement, savoir lire, écrire et maîtriser plusieurs langues est très rare de nos jours, tu pourras gagner ta vie et bien en plus de cela...

Tu peux me croire....

J'ai fait des études car j'ai une cette chance mais cela est loin d'être offert à tout le monde, tu peux me croire.... "


Il dit encore:
-"Les livre sont des trésors de savoir , ils sont les gardiens de la connaissance humaine.....Le jour où je serai un personnage important que que j'aurai un château, j'aurai une bibliothèque...."

Son esprit divaguait un peu, la fatigue l'envahissait...
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Linon
Surprise de ce qu'elle entendait, la jeune femme fixa à nouveau son regard sur Maël.

Non, non, je crois que tu te trompes... mon arabe est très mauvais... je mélange parfois les lettres...
un peu honteuse... avec le latin et le grec. Mais, on n'a pas eu le temps...

Quelle drôle d'idée de gagner sa vie en écrivant. Qui cela pourrait-il bien intéresser? C'est plutôt elle qui aurait dû payer pour pouvoir lire.

Elle réfléchit un instant à la chance qu'il décrivait. Bien obligée d'admettre qu'elle avait rencontré bien peu de lettrés jusqu'à Nicétas...


Tu as étudié quoi, toi? tu sais le grec et le latin ?


Elle faillit sortir le livre pour le lui montrer et le partager avec lui. Mais elle renonça tout aussi vite, bien consciente que le livre déclencherait chez elle des torrents de larmes. Or elle se sentait épuisée de chagrin, la tête lourde d'avoir trop pleuré, trop eu peur... la gorge douloureuse d'avoir tant hurlé. Elle ramena plutôt la besace contre son ventre, puis les genoux par-dessus, et à nouveau soigneusement emmitouflée dans la couverture, posa la tête sur son bras replié. Toujours face à Maël, elle suivait les rêves de château et de bibliothèque du jeune homme.

L'homme qui m'a appris avait beaucoup de livres. Sa voix baissa et se chargea d'amertume. C'est ça qui l'a tué... maudits livres...! je lui aurais recopié tous les livres du monde, moi...

Assommée par tous les évènements de la journée, elle étouffa maladroitement un bâillement. Pourtant la peur de sombrer dans un sommeil empli de cauchemars lui fit rouvrir les yeux et se forcer à les garder ouverts, à maintenir le contact avec cet homme si vivant qui pour l'instant, tenait les morts loin d'elle.

C'est quoi la Bretagne, Maël?
Coldtracker
Il fatiguait, aussi sourit-il et dit:
-"Crois moi sur parole, tes compétences sont largement au dessus de la moyenne....

Pour ma part, non, je n'ai pas étudié le grec mais le latin, c'est presque obligé si on veut pouvoir lire nombre d'ouvrages militaires...

Je parle breton, françoys, anglais et je connais bien l'allemand et l'italien...Je baragouine un peu de grec mais à peine.

En ce qui concerne les deux dernières langues,elles ont été apprises dans les pays en question et non durant mes études, il n'y a rien de tel que de vivre dans un pays pour ce faire... "


Il ne fit aucun commentaire quand elle parla de celui par qui elle avait eu les livres, cela n'en nécessitait pas...

Elle lui demandait ce qu'était la Bretagne....

Il dit tout haut:
-"La Bretagne....

La Bretagne c'est chez moi....

Mon pays est en moi, il me rend différend....C'est une terre de granit et d'océan, c'est une contrée rude mais pourtant accueillante....

La Bretagne c'est plus qu'une terre , c'est une façon de vivre et de penser...
Guidés que ses gens sont par l'héritage celte que nous avons...

La Bretagne c'est le mélange des anciennes traditions et des nouvelles voies...


C'est une nation fière et puissante mais pour l'instant endormie....
C'est un pays qui mérite un Roy et non une place de vassale à la solde de la France...
Je suis de la famille De Morrigan mais également de celle des De Montfort, la famille royale de tradition, je sais qu'un jour un prince de notre famille montera sur le trône de Bretagne...

Je sais qu'un jour ce temps viendra... Ma Bretagne aura un Roy et sera indépendante, je l'ai promis à mon père....
Je serai un jour le bras armé du Roy de Bretagne, c'est mon destin..."


Alors qu'il parlait sa voix baissait peu à peu....
"Je ferai ce qu'il faut pour cela où je mourrai en essayant...

La Bretagne, c'est chez moi..."


Ses yeux se fermèrent...Un début de sourire apparaissait sur son visage...
Parler de son pays avait l'effet d'un baume contre la douleur du corps et de l'esprit....

Peut-être allait-il dormir sans faire de cauchemars...
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Linon
Malgré tous ses efforts d'attention, ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes. Elle les rouvrait brusquement sous l'impulsion d'une peur aigüe de ce qui l'attendait dans son sommeil, raccrochait comme elle pouvait avec ce que racontait le jeune homme couché à ses côtés. Il semblait ailleurs, complètement absorbé par sa Bretagne. Linon ressentit une pointe d'envie en l'entendant si exalté par son pays, elle qui n'en avait pas.

Ça doit être bien...

Elle eut beaucoup plus de mal à comprendre l'histoire de la famille royale mais pas complètement, fit un gros effort pour mémoriser les noms et les oublia dans la minute suivante.

... tu es un prince alors?... le futur roi de Bretagne.. ça doit être....

L'épuisement eut enfin raison d'elle et la plongea dans un sommeil de plomb heureusement sans rêve.

[30 mai 1453]

Brusquement réveillée, Linon s'assit vivement, tous les sens aux aguets. Le coeur battant, la couverture serrée contre la poitrine, elle épia les bruits... Un coup d'oeil vers son voisin lui apprit qu'il dormait encore. Aurait-elle rêvé? Elle regarda avec angoisse la porte barricadée, se dit qu'elle devrait aller voir... mais probablement n'arriverait-elle à défaire ce que le costaud avait mis en place. En plus... que ferait-elle si elle se retrouvait nez-à-nez avec un ottoman? Ou avec un requin?? Non, non, mieux valait être prudente. Après une courte hésitation, elle posa doucement la main sur l'épaule musclée du breton et le secoua tout aussi doucement, histoire de limiter les risques de réflexe défensif du combattant.

Maël, Maël... ! J'ai entendu quelque chose... il y a un... euh... un truc dehors.
Coldtracker
Rêve....

Du sang, du sang sur le dallage d'une caverne sombre...
une voix qui ordonne:
-"Lève toi Maël, lève toi!!!"

Le jeune colosse se lève alors et reconnaît "la" Morrigan et lui dit:
-"Qu'est ce que je suis? C'est à cause de vous que je suis comme cela?"

La déesse guerrière répond:
-"Ce que tu es?

Un redoutable soldat né pour le combat!
Parle moi-Maël, qu'y a t-il? "


Le colosse se voit alors couvert de sang l'espée en main et dit:
-"Je ne peux pas faire cela, je ne veux pas être que cela...je ne peux pas être que cela..."

Et la déesse sourit et dit:
-"Si c'est ainsi, c'est ta destinée, il faut t'y faire, c'est ainsi, c'est fini..."

Le colosse lança alors l'éspée vers la déesse et la lame passa à travers un corps immatériel et il hurla:
-"Rien, n'est fini!!!!"


La déesse inclina alors la tête et reprit:
-"Quand vas tu guérir?"

Le colosse ne répondit point et dit :
-"Je sais pourquoi vous êtes là....Je ne serai pas cela...."

Le visage de la déesse se froissa alors et elle pointa du doigt le jeune colosse et cria:
-"Maintenant cela suffit!
Tu vas continuer à souffrir si tu refuses d'accepter qui tu es!

Et ce jusqu'à acceptation et guérison..."



Un champion de la mort, non, non, non...

Il ferme les yeux mais elle appelle encore.....

-"Maël!"

-"Maël!"

-"Maël!"


Linon a écrit:
Maël, Maël... ! J'ai entendu quelque chose... il y a un... euh... un truc dehors.



Le colosse ouvre des yeux affolés, sent qu'on le touche, le bras gauche se leva alors très vite et vint balayer le corps de linon alors même qu'il se retournait et se jetait sur elle, son bras gauche se refermait déjà sur sa gorge alors que la main droite se fermait en un poing prêt à s'abattre sur l'ennemi....

Il doit tuer, tuer l'ennemi.....

-Quel ennemi?dit-il soudainement tout haut

La question déchire la brume du cauchemar et il se voit alors à califourchon sur Linon une main sur sa gorge et l'autre prête à frapper et est saisi d'effroi par ce qu'il s'apprêtait à faire....

Il enleva immédiatement sa main de la gorge et baissa le poing et la dégagea de la prise qu'il avait faite et recula contre une paroi ...

Il articula:
-"Désolé, je t'ai pris, pour....Je ne sais pas...."

Peu à peu son cœur ralentit et son souffle se fait moins pressé.....
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Linon
Et le monde sombra à nouveau dans la folie... Le danger n'était pas de l'autre côté de la porte soigneusement barricadée, il était à l'intérieur, elle avait dormi juste à côté.

A peine avait-elle touché l'épaule qui avait promis de la protéger que son propriétaire se ruait sur elle et tentait de la tuer. Les yeux exorbités d'épouvante, Linon se débattit avec l'énergie du désespoir et la force d'une ablette, griffant les bras de Maël, jetant des coups de pied dans le vide.
Elle commençait à vraiment manquer d'air quand subitement tout s'arrêta et le colosse disparut. Les mains à la gorge, elle inspira longuement en produisant un son rauque, et se se leva en tanguant. Sans demander son reste ni jeter un regard au fou, elle se rua sur la porte barricadée et envoya voler violemment tout ce qui l'obstruait.

La jeune femme jaillit en courant comme une folle du château avant sous l'oeil à peine surpris et vaguement amusé des matelots vénitiens. Le bastingage l'arrêta brutalement, elle l'enjamba sans plus réfléchir pour fuir les janissaires fous qui mettaient le feu à son village en hurlant de rire. Néanmoins, la vue des flots plusieurs mètres plus bas lui fit serrer le plat-bord de toutes les forces qui lui restaient dans les cuisses et les bras. On a beau être affolé, on ne se jette pas à 18 ans dans le vide sans y réfléchir un peu. Elle caressa un bref instant l'idée de le faire quand même et de rejoindre Constantinople à la nage. Mais comme elle ne savait pas nager, elle finit par repasser la jambe à l'intérieur et se laissa glisser en tremblant sur le pont. La tête dans les mains, le souffle court, elle se força à retrouver son calme et essaya de réfléchir et de décider quelque chose. Qu'est-ce qui avait pris à Maël? Pourquoi l'avoir sauvée pour tenter ensuite de la tuer...? Qu'est-ce qu'ils avaient tous à être complètement dingues??

Les coups d'oeil qu'elle jetait de temps en temps vers la porte restée béante lui apprirent que le breton ne l'avait pas poursuivie. En revanche, les regards maintenant égrillards des hommes du pont ne laissaient pas de doute quant à ce qui l'attendait si elle restait trop longtemps seule au milieu d'eux avec son air désespéré, ses cheveux défaits et ses vêtements à peine attachés. Un piège... ce sale bateau était un piège dont elle ne sortirait pas vivante !

Linon finit par se relever en évitant les regards, serra sa chemise autour d'elle et rejoignit le château avant. Elle hésita juste un instant, puis franchit la porte avec prudence. Marre de subir !

Quelques clignements d'yeux lui permirent de se réaccoutumer à la pénombre. Maël était là, assis contre la paroi...


...

Maël...? C'est moi, hein...


Les jambes encore flageolantes, elle rejoignit prudemment sa couverture en essayant de rester le plus loin possible du jeune homme, et d'un geste vif, ramassa la dague abandonnée. D'un bond, elle était retournée en arrière et coinçait la dague dans sa ceinture, à l'arrière cette fois. Petit soupir intérieur de soulagement, elle se promit de ne plus dormir sans l'avoir en main. Maintenant la suite... Sans cesser de surveiller le blond du coin de l'oeil, elle repoussa un peu la porte mais sans la fermer pour laisser un peu de lumière entrer et pouvoir l'ouvrir d'un seul geste. Puis elle entreprit de fouiller dans les affaires du colosse sans plus de gêne. Elle ressortit une sorte de plat creux en argent et une partie de la nourriture de la veille. Accroupie, elle versa du vin dans le plat et y jeta fruits secs et morceaux de fromage. Elle renonça à la viande, trouvant le costaud bien assez costaud comme ça. D'ailleurs bien des années plus tard, son troisième époux ferait encore les frais des décisions culinaires que prit la brunette ce jour-là, et qui le mettrait régulièrement au régime bouillon, trouvant que la viande rendait les hommes trop sanguins.

Ça manquait d'épices et de cuisson, mais elle ne pouvait guère faire mieux... Lentement, elle vint s'agenouiller devant Maël, posa le plat sur le plancher et le poussa vers lui en essayant de maitriser ses tremblements.

... je ne sais pas ce que tu as dans la tête, mais ça n'a pas l'air mieux que dans la mienne... tu devrais manger, ça te fera du bien...

Elle laissa passer un silence, puis leva lentement les bras derrière la tête et entreprit de refaire sa tresse sans le quitter du regard. Elle énonça d'un ton amer

Je n'ai pas le choix, je suis coincée sur cette coquille de noix avec toi et les types dehors... alors..., je vais m'occuper de toi.

Mais si jamais tu recommences, prends soin de me tuer complètement... sinon dès que tu dormiras, je te crèverai les yeux, je te couperai les pouces et je t'émasculerai ! Et je jetterai le tout à tes requins !! Et après je distribuerai ton butin aux types dehors !


Elle aurait voulu avoir une voix plus affermie, mais finalement, elle s'en sortait pas si mal. Il y avait bien une des menaces qui ferait mouche quand même... Les mains vinrent se serrer l'une contre l'autre nerveusement sur ses cuisses, et elle désigna le plat du menton.

Mange donc...

Le regard bleu de nuit se fixa sur les yeux de Maël.

Après, tu m'apprendras à tuer un homme plus fort que moi avec la dague.

Voilà, maintenant c'était elle le chef. Marre de subir !
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