Linon
Linon ne réussit pas à reprendre le dessus. Maël était définitivement le chef, et après son cher vieux maître de lettres, il devint lui aussi très important dans le coeur et l'estime de la jeune femme. Bien que regimbant à l'occasion devant les exigences d'entraînement du maître d'armes, elle profita de l'enseignement de l'épée et de la dague et fit de notables progrés.
C'est sans doute dans le combat au corps à corps que ses progrés étaient les plus mauvais. Toujours prise au dépourvu, ses réflexes prenaient le pas sur la réflexion, elle poussait généralement des cris aïgus et faisait tout pour s'échapper, toujours convaincue au fond que la meilleure des défenses face à un costaud était la fuite. Elle revenait ensuite penaudement et promettait de ne plus se sauver... pour recommencer dès l'attaque suivante. Maël se montrait d'une grande patience, mais se moquait souvent de la petite brune qui piquée au vif, répondait vertement ou s'éloignait pour bouder.
Ces moment de solitude lui étaient de toute façon nécessaires, pour penser encore à ceux qu'elle avait laissés derrière elle, commencer un deuil inévitable. Et seule face à la mer, elle pleurait souvent son court bonheur détruit. Mais au moins, Maël subissait de moins en moins de pleurs nocturnes.
La nuit, Linon songeait avec inquiétude à ce qu'elle ferait une fois à terre. Sans famille ni ami autre que le breton, elle mesurait l'immensité du monde et de sa solitude face à lui. Et quand l'inquiétude virait à l'angoisse, si jamais le colosse dormait, elle s'aventurait à se rapprocher dans son dos, et sans le toucher, se blottissait dans sa chaleur et son odeur pour s'endormir.
Mais les meilleurs moments qu'ils partageaient étaient sans doute ceux où Maël s'adoucissait et riait de ses sottises, qu'elle provoquait parfois volontairement rien que pour l'entendre rire. Il avait fini par s'ouvrir un peu, elle tâchait d'en faire autant mais sans lui raconter l'incendie et les soldats fous. Au lieu de ça, elle lui montra le livre qu'elle gardait si soigneusement, et essaya de lui apprendre un peu de grec.
Un jour de mauvais temps, le jeune homme eut la bonne idée de la dispenser d'exercice. Et comme il pleuvait des cordes, elle le rejoignit dans ce qu'on pourrait appeler leur tanière sous le château avant. Un repas très différent l'attendait, un Maël visiblement heureux et détendu l'invita à s'asseoir pour fêter leur arrivée. Immédiatement, une boule se forma dans la gorge de Linon qui ne voulait pas de la fin du voyage qui signifierait la perte du jeune homme auquel elle s'était tant attachée.
Néanmoins elle s'assit, tout près de lui, et sourit. Après un petit instant de silence, elle remplit deux assiettes et se lança dans ce qu'elle aurait dû faire depuis fort longtemps.
Tu sais Maël... j'ai jamais réussi à te le dire jusqu'à maintenant et je t'en demande pardon. C'était trop dur tu comprends. Mais... j'te remercie de m'avoir sauvée. J'oublierai jamais ce que tu as fait pour moi. Sauver ma vie, mais aussi m'avoir appris tout ce que tu m'as appris, m'avoir obligée à penser à autre chose qu'à mon chagrin, t'être occupé de moi pendant tout le voyage... J'oublierai jamais... et je fais le voeu qu'un jour à mon tour, je puisse faire quelque chose d'aussi important pour toi.
Elle se hissa un peu pour déposer doucement un baiser sur la joue du jeune homme, puis déposa une assiette pleine sur ses genoux.
C'est sans doute dans le combat au corps à corps que ses progrés étaient les plus mauvais. Toujours prise au dépourvu, ses réflexes prenaient le pas sur la réflexion, elle poussait généralement des cris aïgus et faisait tout pour s'échapper, toujours convaincue au fond que la meilleure des défenses face à un costaud était la fuite. Elle revenait ensuite penaudement et promettait de ne plus se sauver... pour recommencer dès l'attaque suivante. Maël se montrait d'une grande patience, mais se moquait souvent de la petite brune qui piquée au vif, répondait vertement ou s'éloignait pour bouder.
Ces moment de solitude lui étaient de toute façon nécessaires, pour penser encore à ceux qu'elle avait laissés derrière elle, commencer un deuil inévitable. Et seule face à la mer, elle pleurait souvent son court bonheur détruit. Mais au moins, Maël subissait de moins en moins de pleurs nocturnes.
La nuit, Linon songeait avec inquiétude à ce qu'elle ferait une fois à terre. Sans famille ni ami autre que le breton, elle mesurait l'immensité du monde et de sa solitude face à lui. Et quand l'inquiétude virait à l'angoisse, si jamais le colosse dormait, elle s'aventurait à se rapprocher dans son dos, et sans le toucher, se blottissait dans sa chaleur et son odeur pour s'endormir.
Mais les meilleurs moments qu'ils partageaient étaient sans doute ceux où Maël s'adoucissait et riait de ses sottises, qu'elle provoquait parfois volontairement rien que pour l'entendre rire. Il avait fini par s'ouvrir un peu, elle tâchait d'en faire autant mais sans lui raconter l'incendie et les soldats fous. Au lieu de ça, elle lui montra le livre qu'elle gardait si soigneusement, et essaya de lui apprendre un peu de grec.
Un jour de mauvais temps, le jeune homme eut la bonne idée de la dispenser d'exercice. Et comme il pleuvait des cordes, elle le rejoignit dans ce qu'on pourrait appeler leur tanière sous le château avant. Un repas très différent l'attendait, un Maël visiblement heureux et détendu l'invita à s'asseoir pour fêter leur arrivée. Immédiatement, une boule se forma dans la gorge de Linon qui ne voulait pas de la fin du voyage qui signifierait la perte du jeune homme auquel elle s'était tant attachée.
Néanmoins elle s'assit, tout près de lui, et sourit. Après un petit instant de silence, elle remplit deux assiettes et se lança dans ce qu'elle aurait dû faire depuis fort longtemps.
Tu sais Maël... j'ai jamais réussi à te le dire jusqu'à maintenant et je t'en demande pardon. C'était trop dur tu comprends. Mais... j'te remercie de m'avoir sauvée. J'oublierai jamais ce que tu as fait pour moi. Sauver ma vie, mais aussi m'avoir appris tout ce que tu m'as appris, m'avoir obligée à penser à autre chose qu'à mon chagrin, t'être occupé de moi pendant tout le voyage... J'oublierai jamais... et je fais le voeu qu'un jour à mon tour, je puisse faire quelque chose d'aussi important pour toi.
Elle se hissa un peu pour déposer doucement un baiser sur la joue du jeune homme, puis déposa une assiette pleine sur ses genoux.