Baudouin.
[Au pas, au pas, doux trépas]
Il aurait pu se rendre directement à la Pourpre, mais il éprouvait le besoin de flâner. Lui, homme des chevauchées orientales étaient maintenant revenu depuis longtemps et voilà qu'il était presque sédentaire. Presque... Car il se ménageait toujours une porte de sortie, au cas où. Même si lorsqu'on est devenu vieux, une ressent le besoin d'un peu de calme et de repos. Pourtant, lui, dans le repos, finissait par s'éteindre, silencieusement.
Il arpentait donc les rues de la Cour, le front soucieux, se demandant comment ferrer son poisson. Une chapelle en ruine. L'odeur de la mort. Oh, il la connaissait bien et elle ne lui faisait pas peur. L'envie morbide de marcher au milieu des tombes. Il pénétra sur la terre sacrée. Pourquoi chercher un vivant parmi les morts? Il n'en savait rien, mais il suivait son instinct.
Evidemment, le cimetière était désert. Désert? Des murmures et un corps filiforme penché sur un autre à moitié allongé, à moitié mort?
Bizarrement, la silhouette penchée lui rappelait quelqu'un. Une entrevue furtive. Et plus ses pas le rapprochait d'elle, plus la ressemblance devenait frappante. Il esquissa un sourire et sans bruit, le pied léger, sans même faire crisser un gravier, il s'approcha et s'adressa à la femme.
Oh là, Capitaine! Allons bon étrange lieu pour border les gens. Est-ce la mort que vous donnez? Ou l'aide à un pauvre mourant?
Il s'avança un peu plus, posa sa main sur l'épaule de la Blanche et se pencha vers le corps. Ses mains se crispèrent sur l'épaule, ses dents se serrèrent et tout son corps se contracta alors que ses lèvres murmuraient comme une plainte:
Cerdanne...!!!
C'était bien elle, là, gisant sur le sol froid du cimetière. Elle, la seule, l'unique. Elle, qui possède son coeur. Elle, qui la soustrait à une retraite forcée, au désespoir, à la mort. Elle, qui distille la vie dans ses veines lorsque leurs routes se croisent. Elle, avec qui il a tant vécu et partagé.
Il se ressaisit, le vieux soldat et observe un peu mieux la scène, comprenant que la Baile tente visiblement de secourir son petit chardon. Inutile donc de vouloir lui faire la peau. Et c'est d'un voix rauque qu'il regarde la Capitaine de l'Ecu Vert, inquiet.
Mais que s'est-il donc passé?
Il tombe, à genoux près du corps encore faible et regarde la jeune femme.
Cerdanne... Cerdanne! Je t'ai cherché si longtemps... Réponds-moi je t'en prie, c'est moi, Baudouin.
D'un oeil expert de vieux guerrier, il scrute le corps qu'il connaît si bien, cherchant ce qui la rend si faible. Il reconnaît les marques de leurs dernières aventures. Il la revoit, hurlant, criant, souffrant et la rage qui lui étreignait le coeur alors qu'il ne pouvait rien faire. Il revoit sa fuite, comment il a du la laisser seule, perdue, blessée. Et là, elle gise, sans aucune blessure mortelle visible, juste éteinte la petite flamme qu'il aime tant dans ses yeux....
Cerdanne, réveille-toi!
Il aurait pu se rendre directement à la Pourpre, mais il éprouvait le besoin de flâner. Lui, homme des chevauchées orientales étaient maintenant revenu depuis longtemps et voilà qu'il était presque sédentaire. Presque... Car il se ménageait toujours une porte de sortie, au cas où. Même si lorsqu'on est devenu vieux, une ressent le besoin d'un peu de calme et de repos. Pourtant, lui, dans le repos, finissait par s'éteindre, silencieusement.
Il arpentait donc les rues de la Cour, le front soucieux, se demandant comment ferrer son poisson. Une chapelle en ruine. L'odeur de la mort. Oh, il la connaissait bien et elle ne lui faisait pas peur. L'envie morbide de marcher au milieu des tombes. Il pénétra sur la terre sacrée. Pourquoi chercher un vivant parmi les morts? Il n'en savait rien, mais il suivait son instinct.
Evidemment, le cimetière était désert. Désert? Des murmures et un corps filiforme penché sur un autre à moitié allongé, à moitié mort?
Bizarrement, la silhouette penchée lui rappelait quelqu'un. Une entrevue furtive. Et plus ses pas le rapprochait d'elle, plus la ressemblance devenait frappante. Il esquissa un sourire et sans bruit, le pied léger, sans même faire crisser un gravier, il s'approcha et s'adressa à la femme.
Oh là, Capitaine! Allons bon étrange lieu pour border les gens. Est-ce la mort que vous donnez? Ou l'aide à un pauvre mourant?
Il s'avança un peu plus, posa sa main sur l'épaule de la Blanche et se pencha vers le corps. Ses mains se crispèrent sur l'épaule, ses dents se serrèrent et tout son corps se contracta alors que ses lèvres murmuraient comme une plainte:
Cerdanne...!!!
C'était bien elle, là, gisant sur le sol froid du cimetière. Elle, la seule, l'unique. Elle, qui possède son coeur. Elle, qui la soustrait à une retraite forcée, au désespoir, à la mort. Elle, qui distille la vie dans ses veines lorsque leurs routes se croisent. Elle, avec qui il a tant vécu et partagé.
Il se ressaisit, le vieux soldat et observe un peu mieux la scène, comprenant que la Baile tente visiblement de secourir son petit chardon. Inutile donc de vouloir lui faire la peau. Et c'est d'un voix rauque qu'il regarde la Capitaine de l'Ecu Vert, inquiet.
Mais que s'est-il donc passé?
Il tombe, à genoux près du corps encore faible et regarde la jeune femme.
Cerdanne... Cerdanne! Je t'ai cherché si longtemps... Réponds-moi je t'en prie, c'est moi, Baudouin.
D'un oeil expert de vieux guerrier, il scrute le corps qu'il connaît si bien, cherchant ce qui la rend si faible. Il reconnaît les marques de leurs dernières aventures. Il la revoit, hurlant, criant, souffrant et la rage qui lui étreignait le coeur alors qu'il ne pouvait rien faire. Il revoit sa fuite, comment il a du la laisser seule, perdue, blessée. Et là, elle gise, sans aucune blessure mortelle visible, juste éteinte la petite flamme qu'il aime tant dans ses yeux....
Cerdanne, réveille-toi!