--L_etincelle.
- « [
] Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles ! [ ] »
Elle aura tout pris. Héritage lourd à porter que le poids du souvenir, et pourtant celui des âges ne la jamais affecté. La chevelure si brune auparavant, sest parsemée de fils dargent, la lippe méprisante sest brisée, dans un baiser affecté. A la mort, Faucharde. La Faucheuse a eu raison de ton orgueil, Faucheuse ou Epeire, tu as glissé le fil de ta vie entre des mains plus dangereuses que les tiennes. Est-ce cela lAmour ? Tout céder jusquau dernier souffle de vie.
Belladone, réponds lui, réponds nous.
Pourquoi souffre-t-on par amour ? Pourquoi veulent-ils nous faire croire quils souffrent plus que nous ? Il a suffit de si peu pour que tu touches du bout des doigts le bonheur absolu. Si peu pour que tu tabreuves au calice de la paix, et tu as cédé ? Pas tout à fait, pas jusquau bout, ce sursaut de lucidité que tu gardes par devers toi, ce sursaut qui la fait chercher.
Provençale, provinciale, petit Chardon des prés qui sescrime dans la boue putride des Miracles, jusquau bout, notre idole, jusquau dernier instant, la matrone. Cest une histoire de femmes que cette bague, une histoire de Fauchardes, et il ny aura jamais eu de leg tout à fait honorable. Cest un secret, un passe-droit, mais là, regarde la qui crève à lidée de touvrir, de te voler ton semblant de dignité. Tiens sa main, Belladone. Tiens la lame, Corleone, tu las si souvent fait.
Il ny a pas de papillons aux Miracles, pas plus dEtincelles, il y a ce secret dans un anneau qui croupit aux fonds des entrailles dun cadavre. Sois forte Cerdanne, il ny a quà trancher dans le vif, dans le lard. Fais ce que tu fais le mieux, sois femme et fauche.
- « A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver. »
Charles Baudelaire Les Métamorphoses du Vampire.
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