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[RP] Oh mon gâteauhoohOOOHooo !

Eilinn_melani
Un jour comme tant d'autres au Louvre

Le diner du soir s'achevait. Comme chaque jour, le Premier Maitre d'Hotel, armé de son fidèle bâton, veillait à ce que la Reyne, le Roy et leurs proches soient bien servis, tant en nourriture qu'en vin.
Avec les premières chaudes journées d'avril, l'officier des cuisines avait préparé le menu suivant : cive d'oittres de la Seine, potage d'herbes fraiches, limonia, chaudume de brochet*, le tout avec diverses porées, fruits confits, vin doux préparé par le Grand Echanson.

Mais ce soir, c'était aussi un test pour le Premier Maitre d'Hotel. Il avait élaboré au cours des dernières semaines un gâteau destiné à plaire à la Reyne, non pas parce qu'il était un courtisan, mais bien parce qu'il désirait montrer le savoir-faire des cuisines, non seulement pour la réalisation de recettes classiques, mais aussi pour la création d'œuvres culinaires.

Germain vint donc déposer devant la Reyne une petite assiette contenant un gâteau rond. Celui était à première vue composé de deux tranches de biscuit entre lequel s'intercalait une mousse de couleur rouge sombre, presque lie-de-vin. De la pâte d'amande teinte en bleu grâce à du jus de mure décorait d'un "B" le tout.

Le tout dans un silence quasi-religieux, et une grosse angoisse du Premier Maitre d'Hôtel, qui attendait le verdict royal.



* : huitres chaudes servies avec une sauce au vin blanc et épices, soupe d'épinard et de blettes à la menthe, poulet au citron, brochet grillé servi avec une sauce au gingembre et safran, purée de poireaux


edit fôtes d'ortografes
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Beatritz
La Reine, depuis qu'elle était Reine, subissait bien des pressions, des charges et surcharges de travail, des audiences, des foules, des voyages, et tout ce qui fatigue et harasse l'âme. La Castelmaure avait grandi pendant quinze ans dans une vingtaine d'hectares du domaine abbatial de Baume-les-Dames, avait à grands renforts de fierté familiale et de désir de faire honneur à son nom, consacré le début de sa vie mondaine à des charges et des cérémonials d'une ardeur modérée, qu'elle avait rythmés avec de longues et paisibles retraites, où elle pouvait à l'envi manger, dormir, s'épancher dans les futilités d'une vie à laquelle elle était destinée. Puis elle avait eu la fortune de devenir Reine. Pari stupide.

Reine futile.
Reine stressée.
Reine boulimique.

Quand le pouvoir, un peu par mariage, un peu par défi, vous tombe sur le coin de la figure, alors qu'en fin de compte, vous pensiez être née pour être en haut, mais non vous élever davantage... et surtout, vous élever sans effort... Oui, quand le pouvoir et son lot vous assaillent, il faut tout l'art d'un Maitre d'Hôtel comme l'était Avize pour trouver la voie de sortie, l'exutoire à tous ces soucis : chez les hommes comme chez les femmes, cette voie est souvent celle... de l'estomac.

Eilinn Melani, Premier Maitre d'Hôtel hantant les couloirs du Louvre depuis à peine moins de temps qu'elle, bondissant, réactif et rigoureux comme nul n'en avait vu auparavant, avait peu à peu appris les gouts de la souveraine. Si auparavant, en ses terres, la Castelmaure n'avait jamais eu à se plaindre des services de bouche qui lui étaient prodigués, à nouvelle responsabilité, nouvelles exigences, et toute cette angoisse qu'il lui fallait évacuer à table n'avait pas trop des talents d'Avize pour se satisfaire.

Elle avait mangé les huitres du bout des lèvres, mise en bouche opportune à l'issue d'une journée qui l'avait navrée par sa vacuité, par des efforts brassés en pure perte, par les critiques qu'elle entendait déjà des béotiens : "Elle ne fout rien !" ; les points de vue ne se négocient pas, quoi qu'elle fasse. Huitres mâchonnées pensivement, la sauce avait ouvert son appétit - sauce au Chablis ? - , et la soupe passa comme un rien, parfumée et légère, fraiche presque, avec ses relents mentholés.
Elle picora le poulet au citron, laissant le soin à son époux d'en explorer plus avant la carcasse, carnassier de tous gibiers et politicards qu'il était, et prit grand délices au brochet, à la chaire grasse que relevait le gingembre comme nul autre condiment. Elle aimait beaucoup le gingembre, et en toute circonstance. Il enflammait et rafraichissait tout à la fois son palais, et apportait une certaine note sucrée plaisante, rehaussée par la chaleur du safran. La purée de poireaux, crémeuse et consistante, épongeait sans faillir ces débauches d'épices et ces pics de saveurs.

Comme toujours, la Reine avait fait un diner arrosé aux bons soins du Grand Échanson, et gardé une place de choix, dans sa panse, pour le dessert. Car c'était là la plus grande qualité du Premier Maitre d'Hôtel, d'avoir vite compris l'intérêt que vouait la jeune Reine au sucre et au sucré sous toutes ses formes ; non content d'en agrémenter les plats de résistance, il fallait, c'était une évidence, en fournir en abondance en sortie de repas...

Quand elle vit arriver le gâteau bellement orné d'un B majuscule et bleu, dieu ! Bleu... Elle leva le regard vers le Maitre d'Hôtel aux cheveux sombres :


-"Qu'est-ce donc ?"

Déjà d'un bout de cuiller, elle attrapait un peu de la crème rougeâtre pour la porter à ses lèvres...
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HRP - Béa bientôt en arrêt maladie, cf. MDRPRR - Ne se lance plus dans de nouveaux RP - Ville de Paris - Saint Chapelle : Requiem pour le Pape
Eilinn_melani
Le Premier Maitre d'Hotel avait attendu que la Reyne lui adresse la parole. Cela aurait été une entorse à l'étiquette, et surtout contraire au tempérament de l'Avize de présenter pompeusement le gâteau sans que la Reyne ne l'y invite.

Néanmoins, quand la Reyne l'interrogea, Eilinn eut l'impression qu'on braquait l'attention du monde entier sur elle, genre quitte ou double. Si cela lui plaisait, Eilinn irait surement se cuiter jusqu'au bout de la nuit pour décompresser (non je déconne).
Et si ça lui plaisaiiiiiiiiit paaaaaaaaaas ? Eilinn perdrait sa charge, son titre, subirait l'excommunication, et finirait sous les ponts de Paris. La bouche sèche, le Premier Maitre d'Hôtel répondit.


Votre Majesté, j'espère que vous trouverez à votre goût cette réalisation des Cuisines du Louvre, composée d'un biscuit parfumé à l'eau de rose, et d'une mousse crémeuse à la framboise.

Et si cette avait l'heur de vous plaire, je vous demanderai alors l'autorisation de le nommer le gâteau "Béatrice".


Le biscuit avait une texture moelleuse, puisqu'il était basé sur la recette des saintes madeleines, mettant en valeur le parfum subtil de la rose. Point trop ne fallait de cet arôme, écoeurant en quantité excessive, et la mousse de framboise mettait ainsi un contre-point sucré et acide à la fleur.
Quelques décorations en pâte d'amande finissaient l'aspect moelleux et sucré de la création du Premier Maitre d'Hôtel.

Ce dernier eut une prière envers sainte Marie Madeleine, patronne des pâtissières.

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Beatritz
-"Et bien, nous serons fixée sous peu !"

Et d'une cuiller généreuse, la souveraine attaqua la pâtisserie crémeuse. Elle jeta un œil à son époux de l'autre coté de la table, qui n'y avait pas eu droit ; autant que Béatrice aimait le sucre, il aimait la viande et les choses lourdes et salées, qui gâtaient sa santé (il n'est pas dit que le sucre l'eût moins gâtée, ne nous y trompons pas). Le Premier Maitre d'Hôtel avait dû constater cela. Ou vouloir, peut-être, le ressenti exclusif de la Reine sur sa réalisation...

La première bouchée comportait plus de biscuit que de mousse, le coup de cuiller avait été mauvais, trop hâtif ; la Reine se rattrapa en prélevant, sur la crème découverte, une généreuse portion qui rejoignit le biscuit amolli sur sa langue. Rose et framboise... Un duo qu'elle n'attendait pas, et qui surprit agréablement son palais. Elle songea à Aléanore Jagellon Alterac, la dame de Concèze, terre de culture de la framboise. Qui serait la prochaine dame de Concèze ? La crème aux framboises, plus ferme qu'elle ne l'avait attendu - mais non moins bonne que ses attentes ! - caressa son palais et s'évanouit dans sa gorge.
Son avis était déjà fait, mais il fallait bien faire suer le Premier Maitre d'Hôtel. Alors elle continua, patiemment, lentement, de déguster son gâteau jusqu'à la dernière miette - ou pas tout à fait, car racler l'assiette aurait été une insulte. C'eut été dire de façon déguisée : "Monsieur le Maitre d'Hôtel, je n'ai pas eu assez à manger ce soir !" et Béatrice n'avait pas cette cruauté, en dépit de sa gourmandise.

Elle avait laissé de coté la pâte d'amande, et l'avait mangée en dernier, après la génoise et la mousse. Elle avait sur la pâte d'amande une théorie singulière : celle qu'elle n'améliorait aucune pâtisserie lorsqu'on l'ajoutait - voire même, qu'elle dépréciait une bonne pâtisserie à laquelle elle s'ajoutait - et qu'elle n'était elle-même mise en valeur par rien. En un mot, qu'on avait tout à gagner à la manger seule.
Ce qu'elle fit.

Vint le moment du verdict, après de longues minutes que le Premier Maitre d'Hôtel aurait sans doute passées à manger son chapeau, s'il ne savait aussi bien se tenir.


-"C'est très bien trouvé."
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