--Sadnezz.
[Le pouvoir se manifeste bien plus aisément dans la destruction que dans la création]
Soir de pulsions. Recluses dans son esprit le temps d'une difficile convalescence, brimées, entravées, elles s'étaient accumulées en masse faisant dangereusement passer la santé mentale de leur hôte sur une ligne à ne pas franchir. A l'ombre de longues ailes d'oiseaux sombres et insolents, Corleone avait accusé le coup. Coup de couteau, vilaine plaie qui l'avait conduite aux frontières de ses capacités, à la limite de ce que pouvait endurer son vieux corps asséché. Mais cette fois encore, elle en avait réchappé. Du coté de son esprit, rien n'était moins sûr. Mais vaille, les visions et la fièvre, les délire et les absences... Mourir de la lame d'une hérétique, bien indigne mort pour l'italienne ne trouvez-vous pas? Trépasseront les grand penseurs, sans ne manifester gout pour le faste ce n'est pas ainsi que Belladone expirera.
Redressée d'un regain d'énergie comme il en fut passé quelques un, ponctuels dans sa vie, sa silhouette vient taquiner les vieilles pierres de Dijon à la recherche d'un exutoire. Oui, parfois sans bien comprendre pourquoi, certaines choses que l'on croyait gravées dans la pierre manifestent un bouleversant changement, aussi incisif qu'inattendu. L'esprit humain possède bien des secrets, insondables secrets. Celui de Sadnezz Corleone avait accumulé trop de jours de silence, enfermé dans ses propres limites... Captif de sa propre dégénérescence. L'âge diront certains. Une tendance à la folie latente penseront d'autres. Qui saurait dire si même l'hôte de cet esprit écorché se laisse aller aux caprices de ses envies. Besoins. Pulsions.
Assouvir, assouvir... Comme il y a longtemps ces désirs inavouables. Point de charnel pour ce sexe faible cependant, pour les deux hypothèses justes citées les contacts humains ne trouvaient plus grâce aux yeux de la Belladone depuis déjà plusieurs mois... Même auprès de vieilles relations, qu'elle eut pensé autrefois incontournables, intemporelles. L'être qui se complait à recevoir sans donner est déjà bien mal à sa place dans ce vaste monde, mais celui qui ni ne donne ni n'accepte... Quelle est sa place? Ne se sent-il pas comme un carré dans un univers de ronds? Ou un rond dans un univers carré? Certainement que dans sa caboche, plus grand chose ne tourne rond. Trêve géométrique.
Retrouver l'exaltante sensation de dominer, de se sentir encore vaguement vivante sans voir ses gestes guidées par les desseins d'autrui. C'est qu'à souvent exécuter pour les autres et leur or, elle en viendrait presque à oublier son libre arbitre. Mais souvent n'est pas toujours. On se souviendra pour elle de ces autres nuits sans autres buts que les dévorants besoins de faire couler l'ichor pour son propre orgueil. Peut-être que c'était là sa façon de compenser la faiblesse de son sexe, par nature oppressé du poids de son époque. Le cycle se répétait infiniment et ce soir elle s'y vouait corps et âmes, une fois de plus. Il lui fallait quelque chose, et c'est en posant son regard noir sur une carrure moins frêle que la sienne que le grain de folie refit surface pour enrayer la machine usée.
Quelque chose ou quelqu'un.
éclair d'une pensée, pensée pourtant si peu éclairée.
____________________
La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.