--Helori
Le mois davril avait été beau et chaud, les journées extraordinairement ensoleillées, rendant le travail à la boutique mois difficile du fait de savoir que le soleil commençait à ne plus se coucher avant et à ne plus se lever après nous. Puis mai sétait peu à peu défait et le froid était finalement revenu, comme si lhiver avait de nouveau envie de prendre ses aises sur le monde. Il avait donc fallu faire venir de nouveau un peu de bois afin dentretenir un feu de cheminée qui avait déjà bien brûlé pendant la saison glaciale. Les réserves sétaient largement ténues et nous navions pas encore prévu de pouvoir de nouveau à leur garnissage. Si ça navait tenu quà moi, je me serais contenté dun feu vacillant, agréable compagnie les soirs de solitude et dune bonne couverture de laine, ainsi que dun gilet et de bas plus épais. Mais il y avait elle, elle qui tenait fermement à son chaleureux confort. Rien quà la regarder, elle nous donnait limpression que dehors il faisait chaud. Elle avait en effet délaissé ses houppelandes coupées dans des épais tissus, pour leur préférer celles qui avaient été taillées dans des tissus plus fins et plus nobles. Nous avions les moyens de lentretenir ce confort, contrairement à bon nombre de nos semblables et lavoir dans son champ de vision était un ravissement certain. Cest que la boutique tournait bien et que la trésorerie était au beau fixe. Les commandes affluaient régulièrement, les nobles dames mais également les nobles sirs voulant refaire leur garde robe selon leurs nouvelles facéties, qui bien sûr, nétaient plus les mêmes que celles de lannée dernière. Père était doté dun don extraordinaire en la matière pour les satisfaire et pour en créer de nouvelles pour le plus grand plaisir des clientes exigeantes.
Il ny avait quà voir les tenues quil créait personnellement pour Mère. Il en faisait à chaque fois un ange quon aurait cru descendu directement du ciel. Mais il nen profitait guère. Il passait beaucoup de temps dans ses ateliers quil avait à cur de ne pas délaisser. Il ne pouvait dailleurs pas se le permettre au risque de mettre en péril le confort familial et de remettre en cause le rang de notable auquel Mère sétait plutôt bien accommodée. Un jour, je reprendrais le flambeau, mais javais encore tant à apprendre et Père sefforçait à menseigner tout ce quil savait. Je commettais souvent des impairs et les remontrances étaient dures à accepter. Il est vrai que les étoffes étaient souvent très cher et que la moindre erreur entrainait des pertes financières non négligeables. Pour mon Père, je nétais plus un enfant il est vrai que javais 17 ans- et que je devais me comporter comme un homme responsable, mais Mère, elle me considérait toujours comme un enfant. Alors, jallais souvent la retrouver pour quelle me console de mes chagrins. Dun côté, je dois un peu reconnaitre que me faire attraper par mon Père ne me dérangeait pas tant que ça.
Avec un peu de recul, je me demande sil ne me faisait pas payer le fait que je passe plus de temps avec Mère que lui. Il se levait tôt, et il rentrait tard. Ils se voyaient à la boutique dont Mère tenait les ficelles, mais leurs horaires nétaient pas les mêmes. Les nobles ne se lèvent tôt et ne se couchent tard que pour remplir leurs obligations. Et entretenir les coffres des commerçants, nétait pas une obligation mais plutôt un plaisir. Mais bref, du moins, devaient-ils se croiser plus que ne se voir vraiment. Et comme Père prétendait mieux travailler seul, je ne le suivais pas dans ses horaires extravagants. Ainsi, je me levais en même temps que Mère qui venait me réveiller et le soir, je restais auprès delle, au coin du feu. Je lavais alors pour moi seul. La tête posée sur ses genoux, elle me contait sa journée, écoutait la mienne, passait sa main dans mes cheveux dans une agréable caresse. Puis, lorsquil était venu le temps de dormir, elle venait me border et se couchait à côté de moi pour quelques heures. Elle ne regagnait sa couche que lorsquelle entendait Père qui rentrait. Alors je les entendais discuter sur létat des finances, sur lavancement des commandes en cours et les nouvelles qui avaient été passées. Puis, de temps en temps, soit le silence baignait enfin la maison, soit les gémissements de Mère et de Père venaient le briser à un rythme régulier. Alors, lorsque que cétait le cas, je me cachais sous mon oreiller. Je préférais encore le silence à leurs ébats grondants. Heureusement, la première option était celle qui était le plus souvent appliquée et jattendais impatiemment le matin et son doux réveil. Mais je crois que des fois, elle se laissait aimer par dautres hommes. Les pas dans la maison se voulaient alors plus silencieux et les mots échangés se transformaient en murmure.
Ce jour fut à lidentique des autres. Et cest un baiser posé sur la commissure de mes lèvres qui vint agréablement me réveiller. Le ciel promettant dêtre lourd et couvert, elle avait choisi une mise sobre, taffetas gris et ses cheveux roux tombaient en cascade dans son cou au blanc laiteux. Elle avait un âge certain, femme mûre et soignée dans ses atours, mais elle faisait plus jeune que son âge. Personne naurait songé au premier abord quelle avait un fils de 17 ans. Même Père paraissait être son géniteur plutôt que son époux. Il est vrai quil avait prêt de 15 ans de plus quelle. Elle était vraiment belle et je rêvais que ma future épouse lui ressemblerait. Père dailleurs, mincitait à enfin me trouver quelquun, tandis que Mère répétait que jétais encore jeune pour mengager. Elle avait pourtant mon âge lors de ses épousailles. De toute façon, ce que je voulais, cétait passer le plus clair de mon temps avec elle.
- Bonjour Helori
- Mère Chaque jour votre présence est un enchantement. Je la dévorais des yeux. Vous êtes toujours plus belle.
- Tu me flattes fils, tu me flattes Je savais qu'elle aimait cela, qu'on lui rappelle combien elle était belle. C'était une femme qui ne portait pas de couronne, mais qui donnait l'air d'en avoir une. Sans doute n'étais-je pas objectif car c'était ma Mère. Mais en tout cas, on devinait bien qu'elle n'appartenait pas à la strate la plus basse de notre société, celle des pouilleux et des autres ratiers puants. Nous étions de celle qui vogue au dessus de la gueusaille mais en dessous de celle des petits seigneurs. Nous étions de ceux là, rang tirant sur le bourgeois même si Père n'était qu'un artisan tisserand et Mère qu'une commerçante. Mais tous deux avaient réussi à se faire une honorable place dans le monde et à entretenir les richesses qui faisaient vivre la famille. Grand dieu, qu'elle était belle.
- Il est l'heure de te lever, continua t elle en caressant alors ma joue avec tendresse. Assise au bord de mon lit, je sentais son doux parfum floral qui envahissait avec délice mes narines filiales. Et je frissonna lorsque ses doigts glissèrent sur ma peau, étudiant ma jugulaire pour finir sur ma poitrine frissonnante à son contact. J'aimais ce contact, qui, tout à la fois me faisait peur. J'étais comme obnubilé, comme subjugué par cette femme qui m'avait donné la vie. Je lui en étais redevable et elle pouvait me demander tout ce qui lui passait par là tête, j'aurais exaucé tous ses voeux. Je sentis mes joues rougir tandis que ses doigts continuaient à descendre le long de mon torse, frôlant le tissu de ma chemise de nuit. Sans doute aurais-je du lui dire d'arrêté, mais comme à chaque fois, je n'osais le faire. Comment résister à son doux sourire? Je n'étais plus vraiment moi-même, laissant mes sens guider mes mains et mes baisers. C'est ainsi que je ne pus réprimer l'envie de caresser du bout des doigts cette avenante poitrine qui se gonflait au fil de respirations régulières. Je devinais ces agréables rondeurs que je n'avais pas le droit de désirer et qu'elle offrait pourtant à mon regard.
- A ce soir... Ou peut être à la boutique, si ton Père te laisse un peu de temps...Et sur ces mots elle se leva, et je restais allongé, cherchant à maitriser ce qu'elle avait fait naître en moi. Elle était tout ce que ce monde étrange avait de mieux sur terre.
Elle aurait à merveille porter le nom d'obsession.
Il ny avait quà voir les tenues quil créait personnellement pour Mère. Il en faisait à chaque fois un ange quon aurait cru descendu directement du ciel. Mais il nen profitait guère. Il passait beaucoup de temps dans ses ateliers quil avait à cur de ne pas délaisser. Il ne pouvait dailleurs pas se le permettre au risque de mettre en péril le confort familial et de remettre en cause le rang de notable auquel Mère sétait plutôt bien accommodée. Un jour, je reprendrais le flambeau, mais javais encore tant à apprendre et Père sefforçait à menseigner tout ce quil savait. Je commettais souvent des impairs et les remontrances étaient dures à accepter. Il est vrai que les étoffes étaient souvent très cher et que la moindre erreur entrainait des pertes financières non négligeables. Pour mon Père, je nétais plus un enfant il est vrai que javais 17 ans- et que je devais me comporter comme un homme responsable, mais Mère, elle me considérait toujours comme un enfant. Alors, jallais souvent la retrouver pour quelle me console de mes chagrins. Dun côté, je dois un peu reconnaitre que me faire attraper par mon Père ne me dérangeait pas tant que ça.
Avec un peu de recul, je me demande sil ne me faisait pas payer le fait que je passe plus de temps avec Mère que lui. Il se levait tôt, et il rentrait tard. Ils se voyaient à la boutique dont Mère tenait les ficelles, mais leurs horaires nétaient pas les mêmes. Les nobles ne se lèvent tôt et ne se couchent tard que pour remplir leurs obligations. Et entretenir les coffres des commerçants, nétait pas une obligation mais plutôt un plaisir. Mais bref, du moins, devaient-ils se croiser plus que ne se voir vraiment. Et comme Père prétendait mieux travailler seul, je ne le suivais pas dans ses horaires extravagants. Ainsi, je me levais en même temps que Mère qui venait me réveiller et le soir, je restais auprès delle, au coin du feu. Je lavais alors pour moi seul. La tête posée sur ses genoux, elle me contait sa journée, écoutait la mienne, passait sa main dans mes cheveux dans une agréable caresse. Puis, lorsquil était venu le temps de dormir, elle venait me border et se couchait à côté de moi pour quelques heures. Elle ne regagnait sa couche que lorsquelle entendait Père qui rentrait. Alors je les entendais discuter sur létat des finances, sur lavancement des commandes en cours et les nouvelles qui avaient été passées. Puis, de temps en temps, soit le silence baignait enfin la maison, soit les gémissements de Mère et de Père venaient le briser à un rythme régulier. Alors, lorsque que cétait le cas, je me cachais sous mon oreiller. Je préférais encore le silence à leurs ébats grondants. Heureusement, la première option était celle qui était le plus souvent appliquée et jattendais impatiemment le matin et son doux réveil. Mais je crois que des fois, elle se laissait aimer par dautres hommes. Les pas dans la maison se voulaient alors plus silencieux et les mots échangés se transformaient en murmure.
Ce jour fut à lidentique des autres. Et cest un baiser posé sur la commissure de mes lèvres qui vint agréablement me réveiller. Le ciel promettant dêtre lourd et couvert, elle avait choisi une mise sobre, taffetas gris et ses cheveux roux tombaient en cascade dans son cou au blanc laiteux. Elle avait un âge certain, femme mûre et soignée dans ses atours, mais elle faisait plus jeune que son âge. Personne naurait songé au premier abord quelle avait un fils de 17 ans. Même Père paraissait être son géniteur plutôt que son époux. Il est vrai quil avait prêt de 15 ans de plus quelle. Elle était vraiment belle et je rêvais que ma future épouse lui ressemblerait. Père dailleurs, mincitait à enfin me trouver quelquun, tandis que Mère répétait que jétais encore jeune pour mengager. Elle avait pourtant mon âge lors de ses épousailles. De toute façon, ce que je voulais, cétait passer le plus clair de mon temps avec elle.
- Bonjour Helori
- Mère Chaque jour votre présence est un enchantement. Je la dévorais des yeux. Vous êtes toujours plus belle.
- Tu me flattes fils, tu me flattes Je savais qu'elle aimait cela, qu'on lui rappelle combien elle était belle. C'était une femme qui ne portait pas de couronne, mais qui donnait l'air d'en avoir une. Sans doute n'étais-je pas objectif car c'était ma Mère. Mais en tout cas, on devinait bien qu'elle n'appartenait pas à la strate la plus basse de notre société, celle des pouilleux et des autres ratiers puants. Nous étions de celle qui vogue au dessus de la gueusaille mais en dessous de celle des petits seigneurs. Nous étions de ceux là, rang tirant sur le bourgeois même si Père n'était qu'un artisan tisserand et Mère qu'une commerçante. Mais tous deux avaient réussi à se faire une honorable place dans le monde et à entretenir les richesses qui faisaient vivre la famille. Grand dieu, qu'elle était belle.
- Il est l'heure de te lever, continua t elle en caressant alors ma joue avec tendresse. Assise au bord de mon lit, je sentais son doux parfum floral qui envahissait avec délice mes narines filiales. Et je frissonna lorsque ses doigts glissèrent sur ma peau, étudiant ma jugulaire pour finir sur ma poitrine frissonnante à son contact. J'aimais ce contact, qui, tout à la fois me faisait peur. J'étais comme obnubilé, comme subjugué par cette femme qui m'avait donné la vie. Je lui en étais redevable et elle pouvait me demander tout ce qui lui passait par là tête, j'aurais exaucé tous ses voeux. Je sentis mes joues rougir tandis que ses doigts continuaient à descendre le long de mon torse, frôlant le tissu de ma chemise de nuit. Sans doute aurais-je du lui dire d'arrêté, mais comme à chaque fois, je n'osais le faire. Comment résister à son doux sourire? Je n'étais plus vraiment moi-même, laissant mes sens guider mes mains et mes baisers. C'est ainsi que je ne pus réprimer l'envie de caresser du bout des doigts cette avenante poitrine qui se gonflait au fil de respirations régulières. Je devinais ces agréables rondeurs que je n'avais pas le droit de désirer et qu'elle offrait pourtant à mon regard.
- A ce soir... Ou peut être à la boutique, si ton Père te laisse un peu de temps...Et sur ces mots elle se leva, et je restais allongé, cherchant à maitriser ce qu'elle avait fait naître en moi. Elle était tout ce que ce monde étrange avait de mieux sur terre.
Elle aurait à merveille porter le nom d'obsession.