Ayena
Clip, clop. Clip, clop. Tel était le bruit que faisaient les pas de la Demoiselle. Pas de mélodie sensuelle, pas d'harmonie dans la démarche. Car, élément à connaitre, notre poupée boitait. Et pas de ce boitillement passager... C'était une tare qu'elle devrait supporter toute sa vie.
Ainsi donc, une (presque ?) jeune femme, presque dix sept ans, presque bien vêtue, le port presque altier, le regard presque sûr marchait dans les rues d'Arras. Chose anodine, me direz vous : on en voit tous les jours, de ce genre de nenette là.
Et bien, détrompez vous. Car celle-ci n'était pas n'importe qui, ou du moins, tentait de s'en convaincre. C'était Ayena d'Alquines. Une Demoiselle de la Chambre Royale. Une Intendante du Comté de Thérouanne.
Balayant du regard les vitrines qui s'étalaient devant elle, elle soupira et s'appuya un instant contre un mur quelconque : la marche la fatiguait de plus en plus. Encore un peu et elle ne pourrait plus se déplacer que sur chaise portée.
Sourire. Cette idée était amusante, quoique un peu prétentieuse : elle finirait vraisemblablement couchée dans un lit, oubliée de tous et infirme. Ca, c'était plus plausible. Pessimiste, aussi... Mais le juste milieu et Ayena n'étaient point amis, et le temps ne les réconcilierait surement pas.
Or ce jour, elle était partie, plus sobrement, à la recherche d'un charpentier qui aurait l'amabilité de prendre un peu de son temps pour lui modeler un nouveau carrosse. Bien entendu, aux armes du Comté, bien entendu d'une couleur bien voyante : vous connaissez l'allusion qui dit que plus un homme à une grosse voiture plus cela signifie qu'il veut compenser une absence d'attributs masculins ? Et bien, c'était un peu pareil ici, mais pour une invalide et sa voiture à chevaux.
Les jupes assez relevées pour ne point se tâcher, Ayena traversa l'allée marchande et entra dans un atelier qui sentait bon la sciure. Devant elle, deux manants discutaient le prix d'un sceau cerclé. Aussi, notre mignonnette patienta t-elle, en équilibre sur sa bonne jambe.
La renommée de cet artisan était faite : il faisait du beau pour qui savait payer. Or Ayena venait justement de recevoir les loyers de serfs d'Alquines. Ca tombait on ne pouvait mieux. Car sans cela, elle eu dû reporter cette commande pourtant urgente.
Les manants sortirent, sourire aux lèvres : les affaires avaient dû être bonnes.
- Bonjour. Je viens passer commande... Pour une voiture. A trois place, avec valet de conduite.
Elle figea son visage dans une pose assurée : fallait en imposer, pour ne pas que l'artisan se sente obligé de larnaquer... Déjà qu'elle était une femme et que cela n'arrangeait rien aux affaires...
RP grand ouvert. Si votre perso est charpentier et souhaite fabriquer une charette pour Ayena, ça sera encore plus top.
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