Aldyr
Il y a bien longtemps dans une trépanation lointaine, très lointaine
Petit nid douillet ou le bonheur à deux qui se concrétisait Dans un bosquet darbres au sein du fameux et joyeux parc de Rochechouart ou dans une forêt non-loin de ce village, à labri des regards, connu de personne, sauf des heureux propriétaires, voici le « chez-soi » dAldyr et de lEcureuil aux « nut-nut » et autres « gnit-gnit » en voulez-vous en voilà !
Tout avait commencé dans ce parc bucolique, aux lumières chatoyantes et à la magie insondable. Moment merveilleux, instant inoubliable, rencontre inespérée, deux êtres esseulés sétaient enfin trouvés pour ne former plus quun ou quasi.
Lidylle, la jeune histoire prometteuse était là. Son commencement ne pouvait quêtre dépassé sans quil connût une fin Espoir de deux êtres unis par des sentiments profonds.
Les choses étaient allées dune relative rapidité. La rencontre, linstant, les regards qui se croisèrent et qui ne purent se détacher lun de lautre. Le rapprochement, le sentiment que lun et lautre sétaient connus depuis toujours. Les mots tendres, les paroles pleines de promesses et de serments, les marques daffection, les papouilles, les bras dessus, bras dessous et plus si affinités pleuvaient sans discontinuité depuis le début, lacmé, le parc
Aldyr et lEcureuil avaient très vite ressenti le désir, et avaient émis le souhait mutuel davoir un chez eux. Mais lequel ? Qui allait vivre chez lautre ? Aldyr vivotait comme il le pouvait au sein du village de Rochechouart, dans une mauvaise cahute ou une paillasse dressée derrière le comptoir de la taverne où il officiait. LEcureuil, lui, son habitat, son petit chez lui, était depuis for longtemps caché, à labri des regards indiscrets, des méchants individus trépanés voulant sa peau et sa chair pour de viles activités. Seul lui savait où il vivait, un endroit reclus, à laccès aux difficultés insurmontables, perdus pour tous sauf pour lui Et maintenant son compagnon pour la vie !
Le choix de cette concrétisation se porta donc sur lune des branchettes dun arbre que pouvait occuper lécureuil. Ce dernier, sans hésitation, comprenant à travers Aldyr, que lhumain ne comportait pas que des individus mauvais et à la boîte crânienne irrémédiablement vide, décida et linvita à découvrir son chez soi, et a fortiori, déposer quelques breloques de premières nécessités. Chemin parcouru, sens de lorientation dAldyr lui-même perdu, le foyer des deux comparses se présentaient enfin à eux. Leur bonheur touchait à son paroxysme dans une redondance éhontée. Aldyr était heureux de voir la branchette de lEcureuil. Le petit animal était lui-même aussi heureux de lui montrer son chez soi ! Ils étaient donc vraiment heureux dêtre heureux.
Il fallait ajouter aussi en autre cause de limpossibilité de lécureuil à venir emménager chez Aldyr, dans ses endroits fréquentés, dans le sens quune relation symbiotique et en osmose entre un petit rongeur au grignotage maladif et un mauvais vagabond tout crotté aurait été mal vu par le quand dira-t-on et ouverte à la vindicte populaire et décervelée.
Leur chez soi ! Cette branchette était tout même assez spartiate et vide de certaines choses nécessaires. Une habitation de célibataire endurci ! Mais, lamour, celui naissant, le premier même, des vertes années, faisait oublier à nimporte quel couple les duretés de ce genre de lieu dhabitation. Chacun saccommodant de ce qui pouvait lui suffire, voire moins, et ne vivant que lun pour lautre, agrémenté deau fraîche de temps à autre.
Tous deux, toujours bras dessus, bras dessous, montèrent vers le chez soi Le nouveau chez eux plutôt ! Aldyr était émerveillé, il avait mille projets en tête. Il manqua même de se mouiller les yeux comme un petit enfant, tellement ses sentiments étaient en nombre et si profonds. LEcureuil de son côté exprimait sa joie intense par de petits frétillements de sa queue en panache et par quelques sauts si mignons à regarder ! Aldyr les aurait admiré et compté sans ennui
Ce dernier, à la vue de ce nouveau nid pour les joies, les tendresses, les passions et lintimité de ce couple auquel un avenir prometteur ne pouvait que poindre devant eux, ne put sempêcher de sesclaffer :
-Voilà enfin notre chez nous !! Je suis si heureux, dune joie heureuse comme tu ne peux pas le savoir petit écureuil. Enfin !...Oui !! Enfin, nous allons pouvoir vivre ensemble ! Sans les regards inquisiteurs sur nous. Nous allons pouvoir faire pleins de projets ensemble ! Aménager cet endroit, et vivre comme il nous plaira !...Jai trop de joie !!!
Dans son élan sentimentaliste et toujours empli de guimauve, Aldyr ne put sempêcher de prendre dans ses bras lécureuil.