Chankel
Le jeune couple avait jeté son dévolu sur un agréable manoir, planté en lisière de la forêt licéroise, non loin des agréables berges du Sarlat. Une grande pièce à vivre, munie d'une belle cheminée, une cuisine suffisamment grande pour préparer de beaux repas, un bureau dans lequel Dame Mairesse pouvait ramener ses registres pour les travailler, et de belles chambres joliment éclairées que Morgana avait décorées avec goût. Une cabane au fond du jardin pour accueillir le fossile Gaius quand il n'était ni dans son grenier ni chez la Jeannette.
Un nid de choix près de Saint-Lizier, dans lequel ils coulaient des jours heureux. Jusqu'à ce que....
[ Possédé ]
Le Malin. Il était possédé. C'étaient ses amis qui le lui répétaient sans arrêt. Possédé il était, le breton. Il disait des choses sans queue ni tête, et ne s'en souvenait pas ensuite. Il parlait de primes, d'emploi, d'une Isabelle, qu'ils disaient.... Et lui avait beau essayer de s'en souvenir, rien n'y faisait. Et cela le déprimait, cela le minait, il dormait mal, devenait acariâtre, était toujours fatigué.
Était-ce vraiment cela, être possédé ? Était-il guidé par le Malin ? Son épouse semblait le craindre, ne plus l'approcher, de peur disait-elle de se faire agresser sauvagement. Elle l'évitait quand il venait l'accueillir, elle s'assoyait loin de lui en taverne, ne répondait pas à ses questions...
Oui, il allait devoir agir. Il ne voulait pas continuer comme ça. Les longues conversations en taverne lui manquaient, son épouse qui préférait travailler en mairie lui manquait. Les rires lui manquaient. Mais... que faire ???
Se tourner vers lÉglise. Ils savaient chasser le Malin, les moines et les curés, non ? Certains étaient même spécialisés. Des exorcistes que ça s'appelait. Un terme qui lui faisait un peu peur, au breton. Allait-il réellement avoir besoin d'être exorcisé ? Oui s'il voyait les réactions des personnes qu'il aimait. Pourtant, il avait beau regarder au plus profond de lui, il ne voyait rien. Rien de changé. Il avait l'impression d'être toujours le breton amoureux qu'il était encore pour tout le monde il y a peu.
Pourtant, forcément, ce n'était plus le cas. Ils étaient plusieurs à lui en avoir parlé. Et ne pouvaient se tromper tous. Ça peut arriver, mais rarement quelqu'un a raison face à tous... S'ils étaient plusieurs à lui rapporter ses mots incohérents, c'est que mots incohérents il avait du y avoir. Lui ne s'en souvenait pas. Il avait donc un problème, le breton. Un grave problème. Un problème que lui ne saurait pas résoudre seul. Première chose à faire : garder les personnes qu'il aime en sécurité. Rester à l'écart.
Il prit un morceau de planche de bois dans son atelier, et grava dessus, ses souvenirs de charpentier encore bien présent, de sa plus belle écriture, avant de remplir les creux d'une encre noir profond : GARE AU MALIN. Puis il alla clouer la planche sur la porte de sa chambre, se recula pour voir le résultat. Moui... Ça devrait faire réfléchir les gens. Bon, les gens.... Il n'y avait guère que Gaius et Morgana à circuler ici. Mais bon, cela leur rappellerait son état. Et c'étaient les personnes les plus chères à son cur. Il entra de nouveau dans sa chambre, et ferma la porte derrière lui.
Il prit ensuite un vélin vierge et alla s'assoir à sa table. Une plume d'oie, un peu d'encre. Il avait fait étape dans une Abbaye pas trop loin d'ici, au pied des Pyrénées, il y a quelques temps, lors de son voyage vers l'Espagne. Une belle Abbaye Cistercienne, dirigée par le Père Roquet. Ils avaient sympathisé à l'époque, parlant, certes, de religion, mais aussi de toutes les choses de la vie ou presque. Peut-être le Père Roquet pourrait-il l'aider ! Peu d'inspiration malheureusement, le breton. Il mâchouilla un moment sa plume avant d'écrire:
Un nid de choix près de Saint-Lizier, dans lequel ils coulaient des jours heureux. Jusqu'à ce que....
[ Possédé ]
Le Malin. Il était possédé. C'étaient ses amis qui le lui répétaient sans arrêt. Possédé il était, le breton. Il disait des choses sans queue ni tête, et ne s'en souvenait pas ensuite. Il parlait de primes, d'emploi, d'une Isabelle, qu'ils disaient.... Et lui avait beau essayer de s'en souvenir, rien n'y faisait. Et cela le déprimait, cela le minait, il dormait mal, devenait acariâtre, était toujours fatigué.
Était-ce vraiment cela, être possédé ? Était-il guidé par le Malin ? Son épouse semblait le craindre, ne plus l'approcher, de peur disait-elle de se faire agresser sauvagement. Elle l'évitait quand il venait l'accueillir, elle s'assoyait loin de lui en taverne, ne répondait pas à ses questions...
Oui, il allait devoir agir. Il ne voulait pas continuer comme ça. Les longues conversations en taverne lui manquaient, son épouse qui préférait travailler en mairie lui manquait. Les rires lui manquaient. Mais... que faire ???
Se tourner vers lÉglise. Ils savaient chasser le Malin, les moines et les curés, non ? Certains étaient même spécialisés. Des exorcistes que ça s'appelait. Un terme qui lui faisait un peu peur, au breton. Allait-il réellement avoir besoin d'être exorcisé ? Oui s'il voyait les réactions des personnes qu'il aimait. Pourtant, il avait beau regarder au plus profond de lui, il ne voyait rien. Rien de changé. Il avait l'impression d'être toujours le breton amoureux qu'il était encore pour tout le monde il y a peu.
Pourtant, forcément, ce n'était plus le cas. Ils étaient plusieurs à lui en avoir parlé. Et ne pouvaient se tromper tous. Ça peut arriver, mais rarement quelqu'un a raison face à tous... S'ils étaient plusieurs à lui rapporter ses mots incohérents, c'est que mots incohérents il avait du y avoir. Lui ne s'en souvenait pas. Il avait donc un problème, le breton. Un grave problème. Un problème que lui ne saurait pas résoudre seul. Première chose à faire : garder les personnes qu'il aime en sécurité. Rester à l'écart.
Il prit un morceau de planche de bois dans son atelier, et grava dessus, ses souvenirs de charpentier encore bien présent, de sa plus belle écriture, avant de remplir les creux d'une encre noir profond : GARE AU MALIN. Puis il alla clouer la planche sur la porte de sa chambre, se recula pour voir le résultat. Moui... Ça devrait faire réfléchir les gens. Bon, les gens.... Il n'y avait guère que Gaius et Morgana à circuler ici. Mais bon, cela leur rappellerait son état. Et c'étaient les personnes les plus chères à son cur. Il entra de nouveau dans sa chambre, et ferma la porte derrière lui.
Il prit ensuite un vélin vierge et alla s'assoir à sa table. Une plume d'oie, un peu d'encre. Il avait fait étape dans une Abbaye pas trop loin d'ici, au pied des Pyrénées, il y a quelques temps, lors de son voyage vers l'Espagne. Une belle Abbaye Cistercienne, dirigée par le Père Roquet. Ils avaient sympathisé à l'époque, parlant, certes, de religion, mais aussi de toutes les choses de la vie ou presque. Peut-être le Père Roquet pourrait-il l'aider ! Peu d'inspiration malheureusement, le breton. Il mâchouilla un moment sa plume avant d'écrire:
Citation:
Monsieur l'Abbé,
Je ne sais si vous vous souvenez de moi. J'étais passé il y a presque un an, venant de Muret, et en route pour l'Espagne. Nous avions alors parlé longuement de la vie, de ses bienfaits, et des problèmes que l'on pouvait y rencontrer. Je vous envoie maintenant ce courrier comme un appel au secours.
Mes amis, ma propre femme, me disent que je profère des choses complètement incohérentes. Moi-même, je n'en ai aucun souvenir. Il paraîtrait que je pourrais être possédé par le Malin. Je me suis enfermé chez moi afin de ne nuire à personne, mais pourriez-vous me dire comment je peux espérer mettre fin à cette possession ?
J'attends de vos nouvelles impatiemment !
Chankel Kermeno
Seigneur de Seissan et Lasserre
Je ne sais si vous vous souvenez de moi. J'étais passé il y a presque un an, venant de Muret, et en route pour l'Espagne. Nous avions alors parlé longuement de la vie, de ses bienfaits, et des problèmes que l'on pouvait y rencontrer. Je vous envoie maintenant ce courrier comme un appel au secours.
Mes amis, ma propre femme, me disent que je profère des choses complètement incohérentes. Moi-même, je n'en ai aucun souvenir. Il paraîtrait que je pourrais être possédé par le Malin. Je me suis enfermé chez moi afin de ne nuire à personne, mais pourriez-vous me dire comment je peux espérer mettre fin à cette possession ?
J'attends de vos nouvelles impatiemment !
Chankel Kermeno
Seigneur de Seissan et Lasserre
Il se relut, corrigea les fautes qu'il trouva, puis sécha l'encre avec un buvard, enroula le vélin et le rangea dans un petit cylindre qu'il cacheta avant de l'attacher à la patte d'un de son pigeon préféré. Il lui chuchota l'adresse : au Père Roquet, à l'Abbaye de lEscaladieu.
Puis il lui ouvrit la fenêtre, lui donna l'élan nécessaire à son envol et le regarda partir avant de refermer la fenêtre et de se diriger vers son lit.
Une longue attente commençait.
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