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[RP] Domaine de Morgana et Chankel

--Gaius
Une journée de plus dans ses vieilles jambes, il lui fallait bien ça pour ne point penser de trop à sa p'tiote plus tête de mule qu'un baudet. Il passa la porte de la maison et aperçut le grand gaillard de breton assis, l'air décomposé. Le sang du fossile se glaça . Il n'eut pas le temps de s'affoler que Chankel lui annonçait la triste nouvelle en lui tendant la missive.

Il l'attrapa en toute hâte et la lut devenant livide à son tour..

Corne de bouc!! C'est pas possible!! Lança-t-il en laissant tomber son séant sur la première chaise rencontrée.

Il imagina sa farouche sous ses airs solides mais si sensible dans le fond puis regarda Chankel.

Morgana.. elle.. Elle va s'croire maudite .. Capable d'penser qu'elle porte malheur à ceux qui l'entourent.. Pfffff... Il soupira tristement, se souvenant que deux jours plus tôt la jeune bretonne avait pris la peine de le rassurer en lui envoyant missive. Il n'avait même pas pris le temps de lui répondre loin de penser que le malheur frapperait entre temps. Il soupira à nouveau..

Elle rentre.. Mais dans quel état va-t-elle arriver? Seule sur les routes en plus.. Il s'inquiétait le vieux. Sa brunette devait en avoir lourd sur le cœur. Fichue quête pensait-il en zieutant le Breton.. Il soupira encore en touchant par automatisme ses cheveux en bataille .

Pauvre p'tite bretonne.. Corne de bouc !! Je savais que cette quête tournerait mal. Tout ça pour une chimère!!

Dans le fond, connaissant bien Morgana, il savait qu'elle n'avait pas du demander à être accompagnée. Il savait aussi que la jeune femme allait quitter St Lizier définitivement, mais ce n'était sans doute pas prévu que ce soit pour aller dans une fosse commune. Il imagina Morgana seule assistant à ce triste spectacle.

Il se redressa, tapota l'épaule du breton..

J'vais me coucher mon p'tiot, au moins en dormant y'aura plus d'mauvaise nouvelle.. Tu devrais p'être écrire à notre mule.. enfin tu dois savoir mieux que moi..J'saurais pas quoi lui dire.. fiouuu... tiens j'vais prendre un pichet de nuit moua..

Il fit demi tour, alla à la cuisine et remplit le pichet de nectar , il le siffla net puis le re remplit mine de rien. Boire pour oublier , voila ce qu'il allait faire dans l'immédiat..

Il repassa près de Chankel, pichet en main et alla vers sa chambre . Il ne risquait pas d'oublier l'inquiétude qui le rongeait. Passées les effusions de la revoir entière, il lui en réserverait sans doute une bonne, histoire de lui passer l'envie de réitérer.. La nuit lui porterait conseil, et le vin l'aiderait à dormir..

Chankel
Il avait hoché la tête aux dires de Gaius, s'était levé et était sortit de la maison. Il avait bien le droit de boire ce soir, le vieux.... Pas souvent, heureusement, que l'on recevait pareille nouvelle ! L'air plus frais de l'extérieur lui fit du bien, et il resta un instant devant la porte, goûtant au calme de la nuit licéroise. Il marcha un moment jusqu'à arriver devant l'église. Ses pas au hasard l'avaient mené là, et il se dit qu'en fait ce n'était peut-être pas un hasard. Il passa un long moment dans l'église avant d'en ressortir et de rentrer chez lui.

Gaius avait disparu. Sans doute dans sa chambre à boire, ou peut-être à dormir. Il n'avait pas de soucis en tous cas pour le moment... Bienheureux vieillard ! Chankel lui s'assit à sa table avec vélin, encre et plume bien mâchouillée maintenant, et posa les mots suivants :

Citation:
Mon Aimée,

Qu'est-ce que ces moments ont du être horribles : assister à la mort d'une amie, découvrir ensuite son corps sans vie, être obligée de l'abandonner en fosse commune. J'imagine sans peine ce que cela a du vous faire, vous, si sensible. Et la culpabilité en plus... J'aurais beau vous dire que c'était son choix, qu'elle avait choisi elle-même de vous accompagner, que c'est elle qui a glissé, que vous n'y êtes pour rien, ...., c'est vrai que sans vous elle n'aurait pas été là à ce moment. Quoique... Elle se serait peut-être dirigée par là aussi, même si elle était partie seule ?

Ce que je veux dire c'est qu'il ne faut pas vous focaliser là-dessus. La mort d'un être cher est toujours difficile. Elle est partie et je suis sûr qu'elle a retrouvé sa soeur et qu'elle est devenue un ange. Je suis sûr qu'elle apprécié ce voyage en votre compagnie et qu'elle ne vous en veux absolument pas !

Morgana mon Amour, vous êtes à nouveau seule sur cette route qui, même si elle vous ramène à moi, reste dangereuse ! De grâce, soyez prudente, évitez les forêts sombres, les ruelles étroites même si cela rallonge votre route. Je suis à vous. Je vous attends impatiemment. Je vous aime.

Chankel, vôtre pour toujours !


S'en suivit le petit rituel d'expédition du pigeon. Il rangea le tout, puis se dirigea vers sa chambre afin de se préparer pour aller se coucher. La nuit promettait d'être longue, et pas du tout réparatrice !
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--Gaius
La nuit avait été mouvementée pour l'fossile, ça aurait pu être agréable si cela avait été pour cause "la jeannette" . Mais pour le coup "la Jeannette" avait du se transformer en bateau sur lequel il avait navigué toute la nuit.

Il avait la bouche pâteuse et le front douloureux. Il ronchonna un moment assis sur le bord du lit. Il se jura qu'après le retour de la p'tiote plus jamais il n'aurait comme compagnie le pichet!!

Il finit par réussir à se faire un brin de toilette, enfiler ses frusques et prendre la route de la cuisine. Pas le temps de déjeuner qu'un volatile vint se poser sur le rebord de la fenêtre. Il avait l'air embrumé mais l'oiseau ne lui échappa pas. Il le libéra, déroula le parchemin et lu.

Son regard se fit inquiet, très inquiet en lisant. Elle lui parlait d'une découverte, d'un signe de de Yoline pour elle. Elle expliquait qu'elle ne savait pas trop comment réagir. Le vieux était encore plus inquiet. Sa farouche ne sachant que faire??


Le vieux commençait à blêmir légèrement, elle lui demandait en plus de préparer le breton! Il se mit à ronchonner à haute voix..

Corne de bouc! Elle a quoi encore en tête..v'la que j'dois préparer le Breton!! Tout! Elle m'aura tout fait elle.. tout..tout..tout!!

Il plia la missive et la glissa dans une des poche de ses braies. Il n'avait plus faim, bien trop occupé à imaginer comment préparer le Breton à découvrir un colis. Voilà le fossile prêt à se faire fumer la cervelle pour préparer l'Breton. La journée allait lui paraitre longue en interrogation, pour sûr!

Chankel
Il n'avait presque pas dormi, le breton. Des images de Yoline et de Morgana venaient le hanter. Il ne réalisait toujours pas qu'il ne verrait plus jamais Yoline, et se demandait quand son épouse reviendrait ! Il s'était tourné et retourné dans son lit, voyant défiler les deux femmes avec leur charrette, imaginant la fin de Yoline, le désarroi de Morgana, la culpabilité qu'elle devait ressentir. Il se demandait dans quel état elle lui arriverait et imaginait sans arrêt le pire. Il la voyait se agresser à nouveau, arriver ici tenant tout juste debout. Et se disait qu'elle ne serait jamais plus comme avant suite à cette aventure !

C'est donc plein d’appréhension qu'il prit connaissance du contenu de la missive apportée au petit matin par l'un de ces infatigables volatiles :

Citation:
Mon tendre époux

Merci pour vos mots qui me réconfortent. J'ai voyagé cette nuit, sans mauvaise rencontre. En arrivant dans la ville, me suis sentie seule, la présence de Yoline me manque. Nous avions tant partagé jusqu'à cette maudite destination.

J'ai trouvé une auberge pour tenter de me restaurer mais l'envie n'était point là. Je me demande ce qu'il m'a pris de penser qu'il y aurait peut-être remède à mon soucis. Regardez ou cela me mène.. Pensez vous que je puisse être maudite au point qu'il arrive malheur à ceux qui m'entoure? Je me pose bien des questions...

J'ai fait une drôle de découverte dans le charriot, peut-être un signe de Yoline? Croyez vous que cela soit possible?

Penser à vous me donne du courage. Je sais bien que vous devez vous inquiéter, vous connaissant. Il est l'heure que je reprenne la route..

Je vous embrasse tendrement mon époux

Votre épouse




Alors là il était carrément inquiet... Un signe de Yoline ? Elle avait des hallucinations ou la berlue, sa brunette maintenant ! Eh bien elle n'était pas près d'arriver ! Il fit sa toilette et s'habilla rapidement. Le vieillard était dans la cuisine. Il lui tendit simplement la lettre et le laissa lire.

C'est quoi cette histoire de signe, Gaius ? J'ai peur qu'elle ne commence à perdre la raison !

Bah oui.... Si les morts faisaient des signes, cela se saurait, non ?
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--Gaius
La journée avait suivi son cours, Le fossile avait en tête la dernière missive reçue de sa farouche. Il y avait pensé sans arrêt, cherchant comment préparer le Breton. Elle en avait de bonnes elle, lui refiler à lui une mission qui le dépassait largement. Elle lui en avait déjà fait voir de toutes les couleurs et là c'est le Breton qui allait toucher ça du doigt.

Le vieux devait le préparer, ça l'avait miné tout au long de la journée. Il n'avait aucune idée de comment faire. Quand il rentra, Chankel lui tendit une missive. Il semblait s'inquiéter pour la raison de son épouse. Il parcourut le vélin puis grimaça en lançant..

Ah! T'vois j'avais raison, elle se demande si elle est maudite et si c'est pas elle qui porte la poisse! Pff..J'la connais trop bien la mule!!

Il regarda le Breton l'air pensif et rajouta.

Pour la raison y'a le livre des vertu, ça va la remettre en place pour sûr, sa raison.. Pour le signe euuuh, si ça la ramène jusqu'à nous j'veux bien qu'elle le voit ou l'imagine le signe de la p'tite Bretonne moua..

Gaius ne parla pas de la missive qu'il avait reçue plus tôt. Il se demandait surtout comment faire pour préparer le Breton à réceptionner l'colis.

Et si elle avait croisé un animal, j'sais pas moi un lapin ? Et qu'elle le ramène en pensant que Yoline l'a mis sur son chemin??

Oui bin il avait pas trouvé autre exemple, il faisait de son mieux l'vieux . Il réfléchit un instant puis..

Une chèvre? Ou un bouc? euuh nan j'espère que c'est pas un bouc, l'Rature en vaut dix déjà.. mmmh une mule comme elle?

Il se mit à rire en imaginant Morgana ramasser une mule et lui faire la conversation sur le chemin.. L'heure du repas approchait, il avait décidé de faire de la potée de chou . Il s'éclipsa à la cuisine en riant toujours la même vision en tête .

Il espérait que l'idée qu'elle ramène un animal fasse son chemin dans l'esprit du Breton.

Chankel
Il fronça les sourcils, le breton.... Voilà que le Gaius aussi commençait à dérailler...

Mais... Gaius... Pourquoi Yoline mettrait-elle une chèvre sur le chemin de Morgana ? Et... Comment aurait-elle fait ? Je n'ai jamais entendu parler de ce genre de choses moi. Des morts qui mettent des animaux dans les charriots des vivants ? Allons donc Gaius.... Z'avez aussi abusé de la dive bouteille durant cette journée ?

Il allait falloir le surveiller de plus près, le vieux, histoire qu'il ne devienne pas alcoolique. Se saouler une fois de temps en temps pour oublier était une chose. Être dans cet état régulièrement en était une autre ! Ceci dit, sur le livre des vertus il avait raison. Morgana adorerait sans doute le relire. Et de sourire à cette évocation de sa mule devant le bel ouvrage offert par feu son frère.

Un truc quand même le travailla une fois le vieux partit en cuisine... Il marchait droit... Il ne sentait pas l'alcool... Essayait-il de lui faire passer un message ? En savait-il plus qu'il n'en disait ? Il se dirigea vers la cuisine, ouvrit la porte et...

Gaius ? C'est quoi cette histoire de chèvre ?
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--Gaius
Il s'activait en cuisine, se demandant toujours comment préparer le Breton à ça. Il avait bien entendu ses mots mais avait fait la sourde oreille jusqu'à la cuisine. Il aimait bien être en cuisine le vieux, ça lui rappelait son enfance déjà plus que lointaine quand il aidait feue sa mère. Il allait faire une recette qu'il avait apprise avec elle en chantant. Il prépara tout pour faire des œufs à la broche et se mit à chanter comme il le faisait petit sans penser à sa voix de casserole..

PoUUr fAIIrEE roOOstIIIr DeS OeUUfz Enn lA brOOcheuuuH farciIIIIs, faicteuuuuh DeeeS pETiiiTs pEEErtuUUUis Auuu BouuT dEEss oeufZZZ Ett mEttéSSS cEE qUUiii EsssT dEdEnSS deHOOors, EEt puUUIIis pReNNnés sAAugeUUH, maRRRjolAAyne, pouUUlieUUul, meEEnteUUH eTT tOOOutes auUUltreUUH boOOnnEEs hEErbeEEUH..

Il respira puis reprit..

eTT lEEs haAAAchHés biIIIIen meEEEEnu, Et leEEEs faiIIIcteUUUH friIIreUUh O beEEurreUUh, et lEEs oeUUufz, eT leS mEEttés suUUr ung ays eEEEt haAAAchés biiiiien meeeenu, et y mectés giiingembreUUH, dU saAAffran et du suUcreUH paAArny, et puUUis mEctés laAa faaarceuuH dedeEEEns les cOOOoqueuuh des oeUUufz,..

Il respira sans cesser de préparer puis reprit à nouveau..

et puIIis preEEEnés peEtiteUUUH broOOOcheEEtteUUH biIIen doOOugés, et mEEttés uneEE doOOuzaiIIneuH de oEEeufz en chascuUUneUUH broOOcheUH, et mEEEttéééés dessuUUUs le grIIIIil à petiIIIt de feuUUUU...

Il chantait à tue tête en faisant sa "tambouille", sans penser que bientôt l'orage s'abattrait sans doute que sur lui vu sa voix. Il sursauta en entendant soudainement Chankel.

Euuh chèvre? ah nan je fais des œufs à la broche! lança-t-il avant de comprendre qu'il ne parlait sans doute pas de cuisine mais du "colis". Il fit la moue en ajoutant Euuh cette chèvre là...Ah .. euuh bah p'être une mule? une poule? une vache? une truie? Il respira un coup puis rajouta en murmurant entre deux toussotements. Tchkeuf...Tchkeuf..ou euuh une enfant..Tchkeuf..Tchkeuf..

Il enchaina en gardant les yeux sur ses oeufs. Z'ont l'air bon heiin? renifle moi ça!! Elle s'rait fière ma mère de voir qu'après toutes ses années j'ai pas oublier!

Il noyait le poisson comme il pouvait le fossile, espérant que la nourriture ferait oublier au Breton de poser d'autres questions. Il mit la table, puis sortit les œufs de l'âtre avant de s'installer. Aller mon p'tiot, mangeons tant qu'c'est chaud puis au lit!

Chankel
Mouais.... Il savait quelque chose, le vieux, et ne voulait pas le dire. Il noyait le poisson, il toussait, changeait de sujet.... Il avait chanté, même. Faux bien sûr, mais chanté quand même, avant de se faire interrompre par sa question. Et à tue-tête ! Il savait quelque chose. Quelque chose de plutôt agréable même.

Et lui qui croyait qu'une certaine complicité s'était installée entre eux, voilà tout qui s'écroulait une fois encore. Gaius étant sans doute encore bien plus têtu que sa pupille, il savait bien, le breton, que ce n'était pas la peine d'insister. Morgana devait bien tenir ça de quelqu'un. Et ce quelqu'un était juste à côté de lui ! Il regarda Gaius un instant, pas convaincu, mais alors pas convaincu du tout, puis s'assit à table en face de lui.Cette histoire de chèvre ne lui disait rien qui vaille. Mais alors rien du tout...

Mouais, admettons.... A Dieu vat de toute façon...

Il mangea, sans beaucoup d'appétit bien que la cuisine du vieux soit succulente, et sans rien dire. Une fois les deux assiettes et le plat vides, il se leva, débarrassa le tout et se mit rapidement à la vaisselle, puis la rangea.

Bonne nuit Gaius.

Et le breton de saluer le vieillard avant de prendre le chemin de sa chambre, fâché. Il sait quelque chose qu'il ne veut pas me dire, pensait-il en se préparant pour la nuit. Il en était sûr ! Bah... un jour, il saurait ! Et il lui rendrait le chien de sa chienne. Ils étaient vraiment faits pour s'entendre, Morgana et le vieux. Il en était à se demande si Gaius n'était pas en fait son père naturel qu'il finit par se coucher, et c'est en pensant et rêvant de son épouse fantasque qu'il trouva le sommeil. Les retrouvailles approchaient, et elles promettaient d'être explosives !
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--Gaius
[préparer, rien dire.. pas dit, pas écrit..dessiné!]

Il avait dîné dans le silence le plus total. Le regard du vieux observait discrètement le Breton muet comme une carpe. Il soupirait souvent entre deux bouchées sentant une atmosphère pesante. Il aurait pu se noyer dans un pichet mais ne le fit point, pas l'envie.

Il finit son assiette en silence, regarda le Breton débarrasser et s'en aller fâché. Il était pas fou le fossile, il avait bien senti que le Breton semblait lui en vouloir. Seul dans la cuisine il resta assis un moment.

Peut-être que le Breton lui en voulait de ne pas dire franchement. Ils avaient établi une certaine complicité depuis la fuite de la mule, Gaius aimait bien ça d'ailleurs. Il se mit à pester après Morgana..

V'la heiin la mule, t'me dis de le préparer, de pas lui dire et le voila fâché.. Comment j'peux l'préparer moi en me taisant! Pff..Corne de bouc t'vas voir toi quand tu va rentrer..

Il se leva et prit la direction de sa chambre, ouvrit la porte et se posa sur le lit, pensif.. Comment pouvait-il le préparer sans lui dire mais en lui disant pour pas qu'il se sente trahis. Oui Gaius aimait bien Chankel, et lui laisser penser qu'il l'avait trahi le gênait au plus haut point. Il aimait aussi Morgana, et ne voulait pas aller contre sa demande non plus. Il soupira fortement, n'aimant vraiment pas se retrouver le cul entre deux chaises.

Les minutes s'égrainaient et le sommeil ne venait pas. Il tournait, virait sur sa couche en ronchonnant toujours. Comment s'endormir le cœur lourd? Impossible pour le vieux. Soudain une idée vint. Dire, sans le dire, la était la solution. Il se leva d'un bond, attrapa un vélin. Il en coupa un p'tit bout ou il dessina une sorte de rébus. Il commença par le chiffre "un" suivit de "m' " puis des "vagues" terminant par une vache faisant "meuuuuh" . Il sortit de sa chambre fier de lui, pour se retrouver très vite devant celle de Chankel.

Il hésita un instant puis glissa sous la porte le petit bout de parchemin. Il toqua puis fila plus vite que le vent jusqu'à sa chambre et son lit ou il se coucha de suite genre "je n'ai rien fait".

Il se sentait plus léger le fossile, il n'avait rien dit rien écrit juste dessiné . Il n'aimait pas être fâché avec les gens qu'il aimait. Il n'aimait pas non plus trahir la confiance de ceux qu'il estimait mais dessiné n'est pas dit n'est ce pas? C'est sur cette note que le vieux finit par s'endormir, redoutant tout de même la réaction du jeune Breton. De toute façon c'était fait, il serait fixé après quelques heures nocturnes.

Chankel
Il n'était pas sûr d'avoir entendu toquer. Il écouta attentivement, encore et encore. Rien. Pas un bruit. Il finit par se lever quand même, frissonnant dans la fraicheur de la nuit. Il ouvrit la porte et regarda de l'autre côté. Rien. Pas un chat, pas un bruit. Il haussa les épaules, pensant s'être trompé, et refermait la porte quand son regard tomba, sans se faire mal heureusement, sur une tache blanche par terre.

Il se pencha pour voir ce que c'était. Un morceau de parchemin apparemment. Il le prit et essaya de le déchiffrer. Mais dans la pénombre, ce n'était pas facile. Il s'approcha donc de la bougie et fit un autre essai. Il le tourna et fit une moue dubitative. Un message codé ? Il n'en avait pas eu depuis la guerre. Et il ne connaissait pas ce code. Un chiffre 1, un M minuscule, une apostrophe, des zigzags, et une chèvre. Gaius ! Bah oui, Gaius. Qui d'autre ? Il n'y avait que Chankel et lui dans cette maison depuis la fuite de son épouse... Et après la chèvre, "meuuuuh". Ah non, ce devait être plutôt une vache qui meuglait... Un rébus alors... Voyons ça.... Un m'zigzag vache... Non, ça ne donnait rien. Un zigzag meuuuuh ? Non plus.

Il se tritura encore l'esprit un moment avant d'abandonner. Il eut un instant l'envie d'aller demander à Gaius ce que cela signifiait mais, arrivé devant sa porte, il entendit un tel concert de ronflements qu'il y renonça et retourna dans son lit, au chaud. Il ne voyait pas ce qu'il voulait lui dire. La réponse à sa question sans doute... Oui, c'était ça, il avait du promettre à sa farouche de ne rien dire... Et, tentant de ménager la chèvre (encore une chèvre, décidément) et le chou, avait trouvé cette solution...

Il sourit, le breton. Il l'aimait bien, le Gaius, et avait sans doute été injuste avec lui ce soir. Il s'excuserait le lendemain. En attendant, il avait une énigme à déchiffrer. Mais cela aussi serait pour le lendemain : la nuit portant conseil, il trouverait peut-être la solution d'ici là... C'est sourire aux lèvres qu'il s'endormit, sa farouche en tête, marchant en zigzag, trop bu peut-être, accompagnée d'une chèvre et d'une vache beuglante, le chiffre un et la lettre m tournant autour d'eux...
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--Gaius
La nuit avait suivi son cours, au chant du coq le fossile ouvrit un œil puis le second. Pour une fois il n'avait pas le front douloureux, faut dire que la veille il avait évité de croiser le pichet. Il resta un instant la tête enfoncée dans son coussin de plumes, pensant à la veille.

Il se demandait si le Chankel avait compris son rébus. Avait-il trouvé le petit bout de parchemin au moins? Il l'espérait! Imaginant qu'il l'ait trouvé, il pensa que pour lui ça lui semblait évident mais p'être pas pour le Breton. Gaius était aussi bon dessinateur que ce qu'il était chanteur, c'est pour dire que l'évidence risquait de ne pas sauter aux yeux de l'époux de sa mule.

Il pensa un instant à Morgana sur les chemins, qui serait sans doute bientôt de retour si on en croyait sa dernière missive. Il s'interrogeait sur la façon qu'il aurait de l'accueillir. Directement le livre des vertus? Il fit la moue en imaginant l'accueil de l'époux, espérant qu'il ne soit pas fâché comme il l'avait été la veille avec le fossile. Au pire le vieux apprendrait à sa pupille à faire des rébus!

Il ne put s'empêcher de pouffer seul dans sa couche à cette pensée. Il finit par se lever, décidé à préparer le petit déjeuner, histoire d'adoucir un peu plus le Breton fâché au cas ou il n'est pas trouvé son rébus ou qu'il ne l'ait pas déchiffré.

Toilette faite, braies enfilées, il se dirigea vers la cuisine. Il exécuta les préparatifs, pensif encore, puis vérifia que rien ne manquait. Lait, miche de pain, confiture, miel, tout semblait en place. Il se fit une tartine et sortit dans la foulée s'occuper des bestiaux, histoire de pas être dans les pattes du Breton au réveil. On ne sait jamais!!

Très vite il se retrouva dans la cour, Rature était encore la tête planté dans sa meule de foin. Allez comprendre vous qu'un bouc passe sa vie dans une meule. Il secoua la tête doucement se disant rien à faire pour lui puis laissant son regard se poser sur la grille du domaine, il soupira. Il languissait de voir sa p'tiote rentrer, espérant la trouver au moins entière.

Il alla à la grange voir Elvice et Margarine, s'assit non loin d'eux puis leur lança en finissant sa tartine.. A vous aussi elle manque heiin? C'est qu'elle en prend de la place la mule.. Enfin là.. Elle est vide sa place.. Il soupira longuement. Le Breton fâché, sa farouche absente, il se sentait bien seul le vieux ce matin là. La journée risquait de lui sembler une éternité..

Chankel
Ça avait été une drôle de nuit, peuplée de chèvres, de vaches, de chiffres un, de lettres m, de Morgana, le tout dansant des farandoles au milieu de zigzags... Ce n'est donc pas en pleine forme qu'il se réveilla ce matin, le breton. Une autre morne journée qui se présentait à lui. Quand il sortit de son lit, son regard accrocha à nouveau le parchemin posé sur sa table de chevet. Il essaye de le comprendre une fois encore, maintenant que le jour était là et l'esprit reposé. Enfin... aurait du être reposé car là, manque de sommeil peut-être, il ne trouvait toujours pas ce que le vieillard voulait lui faire comprendre. Sans doute serait-il réveillé là !

Il fit une toilette rapide, puis se vêtit avant de sortir de sa chambre, direction la cuisine. Il resta un instant sur le seuil, un peu ébahi par ce qu'il y voyait. Tout était prêt déjà : lait, pain, confiture, miel... Ne manquait que le vieux ! Il avait filé déjà, se dit-il. Il ne put s'empêcher de sourire. Il allait falloir qu'il trouve par lui-même, le breton ! Et bon sang il avait essayé déjà. Sans succès...

Il petit-déjeuna rapidement, mais suffisamment pour n'avoir pas faim avant midi. Quand il eut terminé, il jeta une fois encore un œil sur le petit parchemin, sans réussir à le déchiffrer. Il haussa les épaules, et le fourra dans l'une de ses poches. Advienne que pourra, se dit-il, en rangeant la cuisine. Il prit de quoi manger ce midi, et passa par l'écurie saluer Oracle. C'était toujours un bon moment qu'il passait avec son cheval. Il pouvait tout lui dire sans jamais être contredit : Oracle était toujours d'accord avec lui ! Il lui laissa eau et avoine avant de partir pour son moulin. Une autre journée venait de commencer !
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--Gaius
La journée avait suivi son cours, il s'était occupé des bestiaux du domaine, puis du potager . Même en étant plongé dans ses multiples corvées il n'avait eu cesse de penser à sa p'tiote, à sa quête qui avait tourné de façon tragique puis au Breton qu'il aimait bien mais qui était fâché. Il soupira longuement en posant son séant sur une des chaises de la cuisine.

Il commençait à fatiguer le fossile, son vieux corps le faisait souffrir un peu plus au fil des mois. Son regard perdu dans ses pensées il voyageait dans ses souvenirs..

Il revoyait Morgana grimper dans les arbres, apprendre à siffler, puis les séances de lecture du livre des vertus. Il se mit à sourire. Il savait bien qu'elle détestait ça, c'était pire qu'une torture pour elle. Il avait bien remarqué que les pages s'envolaient au fil des jours. Il était pas fou le vieux. Mais ça le faisait sourire, même rire quand il avait vu la tête de sa pupille lorsque son frère lui en offrit un, pour son mariage .

Elle avait bien grandit sa p'tiote. Elle était devenu une femme enfin presque par moment il en doutait quand même un peu. Il en était plutôt fier même.

Assis dans la cuisine il pensait encore, attendant peut-être que Chankel, rentre. Elle lui manquait sa farouche, même son caractère de mule lui manquait. Il soupira doucement les yeux tournés vers l'âtre, le regard perdue dans ses pensées..


Chankel
Une autre journée qui se finissait. Il ne s'était arrêté que pour manger un peu de pain à midi. Sa production de farine de la journée vendue, il rentra à nouveau à sa demeure. Sa demeure probablement toujours sans âme, Morgana étant il ne savait où avec sa chèvre...

Après un petit tour à l'écurie, il entra dans la cuisine. Gaius s'y trouvait, pensif, tourné vers l'âtre. Il s'approcha de lui doucement et posa la main sur son épaule.

Noz vat Gaius. Je voulais vous demander de m'excuser pour hier soir. J'ai été injuste...

Il s'assit à côté du vieillard. Il avait l'air fatigué, et il se doutait bien que ces jours à s'occuper du domaine en l'absence de sa pupille n'étaient pas étranger à son état physique.

Elle sera bientôt de retour, Gaius ! Ca va nous faire drôle, pas vrai ?

Il se leva et commença à préparer leur repas. Un peu de jambon, quelques crudités en salade. Cela lui conviendrait fort bien. Il espérait qu'il en serait de même pour Gaius. Pendant les préparatifs, il lança un

J'ai trouvé un étrange parchemin dans la chambre cette nuit, Gaius... Vous ne sauriez pas ce qu'il peut signifier ?

Il s'essuya les mains et sortit le morceau de sa poche et le posa devant le vieillard.

Tenez, regardez-moi ça... Vous qui êtes érudit... vous comprendrez peut-être mieux que moi ?

Il regarda un instant le vieux tenter de cacher son trouble, puis se détourna en souriant, reprit son travail, l'écoutant marmonner. Quand il eut fini, il mit la table, posa les plats sur la table et s'assit.

Servez-vous, Gaius ! J'espère que cela vous plaira... J'ai pas eu le temps de chercher grand chose ! Bon appétit !

Une fois le vieux servi, il piocha à son tour dans les salades, prit un bon morceau de jambon et mangea avec un appétit relatif, jetant de temps à autre un regard sur le vieux, au cas où il aurait envie de se confier...
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--Gaius
Il sursauta en sentant une main sur son épaule, et tourna la tête rapidement. Il souffla en voyant le visage du Breton.. Fiouuu tu m'as fait peur! lança-t-il en tentant de reprendre contenance. Il le regarda s'assoir près de lui en s'excusant d'avoir été injuste la veille. Il haussa doucement les épaules en lâcha un.. C'est pas grave p'tiot j'peux bien te comprendre. Pas facile pour toi non plus tout ça. Il lui sourit doucement, rassuré de savoir que le Breton ne lui en voulait pas.

Il n'avait pas tord le Breton, ça lui ferait p'être bizarre de la retrouver, mais ça le rassurerait avant tout. Il sourit en coin .

Mmmh j'pense surtout que c'est à la mule que ça va faire drôle. J'suis pas sûr qu'elle la mène très large .

Il l'imaginait sans mal en train de balbutier, ne sachant pas leur réaction. Il suivait le Breton du regard, qui s'activait à leur cuisiner de quoi se caler la panse. Soudain le Breton lui parla du bout de parchemin. Il pensa de suite à son rébus. Il toussota le saisissant. Il fit mine de ne pas le reconnaitre. Il savait bien que Chankel connaissait la provenance, mais sa pupille lui avait demandé à travers sa missive de le préparer sans lui dire.

Il fit la moue, puis lança... Un m'mer meuuuh? euuh un m'vague meuuh? mmmh nan un eau meuuh? Il toussota à nouveau n'osant pas croiser le regard du breton. Bah oui il voulait l'aider sans trop en dire. Il avait avalé le "m' " délibérément. Au Breton de faire la suite et la farouche avait qu'à bien se tenir après tout. Il n'en dit pas plus.

Il attrapa le plat, se servit un petite potion et la picora.

Merci mon p'tiot, pour le repas..

Il soupira doucement puis ajouta. J'espère qu'elle sera là bientôt ; cette attente commence à me peser lourdement. Corne de bouc! Se rend-t-elle compte de ce qu'elle nous inflige? Pff..

Il se leva et débarrassa son écuelle et ses couverts. Il se rassit un instant pour ne pas le laisser finir de manger seul. Une fois la conversation terminée, il salua Chankel puis alla retrouver sa couche. Fatigué le Gaius, fatigué. Une bonne nuit de sommeil ne ferait pas de mal à ses vieux os.

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