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Info:
rp de mort de la reyne Béatrice première

[RP Fermé] - II . A une Passante.

--Sadnezz.


L'or est le souverain des souverains.

Tapis, drapés de leur silence. Presque tout semble s'éterniser, figés qu'ils sont dans leurs expectatives coordonnées. L'oiseau qui s'est tût, curieux de ces statues aux fronts soucieux, la légère brise qui a perdu à leur pied son insolence et même la mousse sous leur foulées qui a semblé leur avancer un tapis humide et épais pour engloutir leur pas avant l'immobilité. Leurs yeux ne se cherchent pas, comme si d'une même volonté de marbre chacun montrait que ce combat partagé était le sien. Ils ne se touchent pas, se sont éloignés comme on écarterait les enfants d'un spectacle point beau à regarder. Les montures même ont été chassées, plus loin, là ou elles ne trahissent pas leur présence inopportune. Indésirables ils sont, filant arachnéen tissage mortuaire à leur manière de fourmi. Il suffit de s'attarder dans le regard de l'un d'entre eux pour y lire des desseins inattendus. Pourtant réels. Ni ordres, ni commandements ne sont portés par le vent, tout au plus les prémices d'un chant funéraire, d'un glas perdu en échos. Telles les eaux souterraines enfouies dans les profondeurs des terres de sècheresses, affleurent les désirs de chacun. Est sourcier celui sachant les libérer, les réunir, les lier, à la tentation de la crue. Les défroques passes partout, apparats de va nu pieds, camouflent à peine la férocité de leurs âme, car il s'agit de cela, boue, glaise, orgueil, et désirs intenses.

Corleone est parmi eux. Sexe faible des trois, sa colère couvant envers ce peuple suintant lâcheté, gueux et blasonnés tremblant de concert. Le royaume ronronne. Vieux matou pelé, au coin de braises d'agonies, transi d'effroi, entassant lois sur coutumes pour se prémunir d'ombres inventées par sa déliquescente imagination. Elle s'en tape l'ainée. C'est en vénale qu'elle est venue, en desiderata aussi. C'est le regard de l'autre duquel elle se nourrit, pas d'une cause, faut-il se repaitre de choses bien illusoires... Mercenaire. Pour l'écu, et la gloire. Elle a essayé bien des chemins, sculptées tant de fioritures à ses plans, esquives en appel à l'intelligence, élaboré de complexes structures, expliqué mentalement à l'infini, proposant, élaborant, suggérant, offrant l'équilibre... Mais le temps courre plus vite que les palabres.

La nuit les a vu arracher à la terre son image habituelle, placer méthodiquement barrage, troncs et pierres enchevêtrés en travers d'un itinéraire bien mystérieux, trois forcenés à la parole rare et à l'oeil fou. Pour finalement prendre racine, perdre pied. Ombres parmi les ombres. Le grisonnant d'une mèche de cheveux taquine la joue creuse de l'italienne, elle se découvre une patience qu'elle croyait perdue. Ses pensées mortifères ne sauraient parasiter le plan qui s'est dessiné dans son esprit, elles le subliment. La précieuse souveraine ne devrait plus tarder. Les rumeurs de sa venue l'ont précédée, malheur à celui dont on parlera trop. Seul mouvement d'un battement de cil, elle regarde de loin l'Irlandais. Les épais feuillages des arbres centenaires assombrissent son visage, taillé au couteau, la découpe accentuée aux épars traits lumineux qui avec difficulté se sont frayés un chemin au coeur de la forêt de Fontainebleau. L'araignée est non loin, Belladone saute d'un froissement de paupière de l'un à l'autre. Les deux hommes n'ont rien en commun, c'est égal, ou pas plus mal. leur projet les réunit, il n'en faut pas plus. Il est faux que l'égalité soit une loi de la nature. La nature n'a rien fait d'égal. Sa loi souveraine est la subordination et la dépendance.

Presque tout semble s'éterniser, figés qu'ils sont dans leurs expectatives coordonnées. L'attente...

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Della
Dieu qu'elle avait eu peur, là, au tréfonds de son âme, à s'en retourner les tripes, elle avait eu peur la Blonde, de voir les yeux de "sa" Duchesse se fermer pour ne plus s'ouvrir.
Elle avait prié, à s'en faire souffrir les jointures, à s'en user les genoux, à y laisser des fortunes en cierges. Mais qu'est-ce que le sou devant la vie d'une âme aimée ?
Et le Ciel, ce Ciel si souvent supplié, avait répondu, encore une fois !
Il avait comblé toutes ses attentes, elle lui en serait à jamais reconnaissante, promesse avait été faite d'un pèlerinage, à Rome, dès que l'on aurait repris les habitudes.
Voir Rome et ne pas mourir...

Le voyage était répétitif.
Bourgogne - le Louvre ou le train-train routinier d'une Baronne qui fait le grand écart entre sa Reyne et sa Bourgogne.
A force, on connaissait les paysages, on savait dire le temps qu'il restait avant le prochain village et quand on pourrait enfin marcher un peu et répondre à l'appel de la nature qui s'en fout qu'on soit brinquebalée dans un carrosse et qui presse de se rendre au plus vite au coin d'aisance.
Les croisements de chemins, les croix et les bornes, on les a répertoriés, machinalement, sans même s'en rendre compte. On se laissait aller à l'habitude, sans même plus voir la maison brûlée derrière le prochain bosquet.

Le chemin était plus agréable à cette saison estivale, évidemment.
Des jours plus longs, une température agréable, on voyage rideaux ouverts, regard perdu sur un paysage changeant, en somnolant parce qu'on n'a rien d'autre à faire.

La Reyne avait été malade, on la disait mourante, une saleté de maladie qui s'était accrochée à Béatrice comme un gosse s'accroche aux jupes de sa mère !
Repos en Bourgogne, terre bienfaitrice, terre nourricière, terre de toutes les rédemptions et sa Majesté avait repris du poil de la bête, le rose était revenu sur le visage aminci et la maladie avait cédé devant la volonté de Béatrice, avec l'aide de Dieu.

Alors, il avait fallu penser rentrer à Paris, pour paraître, ne pas laisser la porte ouverte aux agitateurs et aux énergumènes capables de trahir même le Trône.

Terminé le doux isolement, le cocon tissé par quelques proches, veillant sur leur Reyne avec plus d'attention qu'on en donne à un nouveau-né.
Finis les moments passés en tête à tête, comme au temps où Della n'était que Dame de Compagnie auprès de la Duchesse de Nevers.
Retour à la case Louvre et tout le tralala de la Cour où l'une et l'autre reprendraient leur place, s'offrant seulement le plaisir d'un sourire au détour d'un repas arrosé de vin servi par le Grand Echanson...


Jour du voyage de retour.
Bagages transportés par des chariots déjà partis la veille, le cercle restreint des témoins de la maladie s'en irait de bon matin sous la garde de quelques hommes en armes.
Voyage discret dont le secret avait été tenu avec rigueur.
Aucune raison de s'inquiéter, les routes étaient sûres, chaque point d'arrêt serait surveillé.
Voyage presque banal s'il ne s'était s'agit du carrosse royal.

Della monta, après Béatrice, s'assit en face d'elle, ramassant le tissu de sa robe de voyage, pour laisser place à Maud.
Elle allait encore un peu profiter de la présence de Béatrice avant de la laisser aux autres, là-bas, à Paris. Sa Béatrice encore un peu...

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Baronne de Seignelay - Blason en travaux.
Kalimalice
L’information était passée au Châtelet....

Oui le coche et les malles de sa majesté arrivaient bien avant elle, avait conduit l'homme éreinté dans un bouge ou le Serge en garce trainait. Et bien sure que moyennent quelques écus et une chopine le Serge soutira l'information à celui qui déjà cuvait .
La Reyne devait traverser Paris accompagnée de ses gardes royaux.

Celui ci couru pour raconter à sa cheffe adorée ce qu'il avait appris et rentrant dans le bureau de la d'Austrasie .
Il se planta devant elle dans une espèce de garde à vous, son embonpoint qui pour un peu se reposait sur son bureau et de son sourire niais. Il reprit son souffle, souffle pour le peu bruyant et l'informa.

La d'Austrasie se dit qu’accueillir sa majesté serait un bon point pour le guet de Paris.

Même si elle la savait malade .Elle pensa que saluer sa majesté et faire ce pourquoi existait son office, la surveillance de la capitale et la sureté de la Reyne, des nobles et autres qui peuplaient cette ville. Serait surement bien vu.
Elle fit un choix des plus étranges de qui l'accompagnerai

Elle prit son bras droit le duc de Jouarre , Amory, la foldingue de son office Fildais et pour clore le tout et faire plaisir à celui qui la badait; le serge en garce. Sûre que ce n'était pas avec lui qu’on allait gagner une bataille, ce gros maladroit fallait bien qu’il lui serve à quelque chose .Ne venait il pas de lui donner l’information, et puis peut être que de voir sa majesté Béatrice, celle-ci allait ravir son cœur et il allait laisser un peu tranquille la prévôte.
Elle fit nettoyer les chevaux, qu’ils soient au couleur de la prévôté .Puis héla un garde pour informer les trois élus, de mettre leur plus belle tenue.

Le quatuor prêt, ils se mirent en route descendant tranquillement au pas la rue st Denis

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Finn.
Perdus dans l'immensité arborée, trois âmes damnées. Le jour infiltrait péniblement la jungle luxuriante dans laquelle ils se fondaient. Abrité sous l'abat-jour d'un chêne ancestral, notre homme en duel avec un bouillonnement intérieur, la hâte d'en finir. La crainte d'en finir. Plan dûment réfléchi comme garde-fou, assimilé par l'ensemble, permettrait peut-être succès d'un but commun. Aucune place laissée au doute si tant est que ce fut plausible. A chacun son rôle, sa pierre à l'édifice, avec la conviction de la justesse ou du besoin. La mort comme credo.

Les trois âmes condamnées s'observaient dans l'attente de l'exécution d'une promesse. Futile était la peur à l'heure où la marche arrière aboutirait dans le sang. Le premier à reculer s'offrirait en amuse-gueule à ses comparses avant le festin qui s'annonçait toujours un peu plus dans la course des rayons de lumière à travers la toile de ramifications. Piège tissé était prêt à se refermer, à l'image de l'araignée silencieuse, rouage de la machination. La confiance que l'Irlandais lui prêtait, à défaut d'être aveugle, se montrait froide et calculée, presque rationnelle tant l'homme faisait preuve de talent inné. La femelle, quant à elle, le réconciliait avec la veule engeance dont elle était issue. Foi partagée dans l'ombre d'une niche sacrée comme prélude au pire des péchés. Pas banale.

Trio assassin s'apprêtait à perpétrer crime de lèse-majesté dans une quiétude apparente. Les rancœurs étaient multiples et bien dissociées, symboles d'une contestation à l'unisson. Ciment de l'avenir marqué à jamais de pareille audace. Divine Providence ne tarderait pas à livrer ses secrets sur l'issue du combat à mener. Un destin fortuit les guiderait vers une mort certaine tandis que sur l'autre versant du mont de tous les possibles, l'on pouvait lire un tout autre dénouement, à la fois voulu et tout à fait inespéré. On ne réchappait d'une telle entreprise comme l'on survivait à n'importe quelle embuscade hasardeuse. Pouvait-on seulement estimer les risques? Les réduire par l'alliance de volontés diverses, là était leur seule assurance. Si l'échec n'était pas plus envisageable que son opposé, que restait-il? Sans doute un douloureux compromis qu'il fallait nier de toute ses forces, sous peine d'effriter ses chances de lendemain.

S'il l'avait pu, le palmipède aurait hurlé sa détermination à ne pas se laisser mettre en terre de l'oubli. Qui était-il pour contrecarrer Sa volonté? Tout juste un gueux comblé de désespoir, étranger parmi les Hommes. Sa caste leur était bien inférieur et le chemin jusqu'au Divin par conséquent bien supérieur. Perclus de médiocrité, Finn tourna son esprit vers le ciel par-delà les branches touffues et les masses vaporeuses. Armé d'une foi inébranlable en son Dieu et son Roy, il effleurait du bout des doigts l'impossible. Alors les paupières se murèrent, les lèvres s'animèrent d'un souffle emportant requête dans les hautes sphères éternelles. Prière galvanisant, luttant contre un moral assombri aux premières lueurs d'un jour nouveau.

Seigneur, entendras-tu la complainte du pécheur?

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--Serge_en_garce


[Châtelet]


Un…Deux…Trois… gniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii… puf-puf-puf… mais poussez, poussez donc bande de salifies trépanés !!

Deuxième essais infructueux d’escalade sur équidé du Serge. Et de réitérer la manœuvre malgré la couleur cramoisie de l’un des hommes d’arme chargés de hisser le pachydermique derche sur la selle. Couleur qui semble annoncer l’apoplexie imminente du pauvre type.

Un… Deux… Trois… gniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii… humpf ! Mais poussez donc ! Z’avez rien dans les ballants ou quoi !

Un des pauvres types de rétorquer, le fou :

Tout c’qu’on a pas d’les bradillons, toi t’l’as d’la barrique…

Et PAF ! Fait la paluche grassouillette du gros Serge, rendant abstinent à la moquerie les autres gardes pour le coup.

T’vas fermer ton clapet à sottise ! J’suis juste ben baraqué… et de passer une de ses pognes sur son ventru exacerbé. Wé baraqué comme un tonneau… et z’êtes jaloux parce que MOI j’ai l’droit d’suivre les grandes pontes dans une mission délicate et oui… les chefs ont r'marqués ma vivacités d’esprit, ça s’marre en douce dans les rangs, mon incroyable sens du courage, ça pouffe grave, et de la loyau…

Les types à la manœuvre de hissage de gros tas sur pauv’ canasson, s’payent une sacrée tranche de marrade, à s’en taper le cuissot d’la main. Les petites prunelles charbonneuses du Serge se tournent vers les collègues, plissant son regard d’un air mauvais, la moue toute chiffonnée par la vexation.

Et PAF ! Encore une fois de plus la paluche revancharde s’abat sur une trogne au hasard. Les rires cessent et enfin, miracle, après de grands efforts suants, la silhouette gironde se trouve hissée.
Califourchon sur la bête, l’Serge fait son fiérot tandis que la rosse semble ployer sous son fardeau.
Il passe une main sur sa moustache sombre, toute huilée pour l’occasion afin de la rendre brillante.
Jaugeant la petite équipée dont il fait partie, son double menton relevé, crânant de la situation.

Tout ce remue-ménage au Guet Royal c’était grâce à lui –et aussi à sa solde qu’il avait claqué au bouge pour soutirer les informations du cocher royal- s’il n’a pas une promotion avec ça, ou même un petit bisou de sa belle Kalimalice…
Les yeux se perdent dans le vague, soupir et rictus niais qui apparaissent à la simple évocation de sa sublime cheffe au corps de déesse et… ahem…

Mouvement de longe pour diriger sa monture au plus près sa nymphe, de sa précieuse et magnifique déité à laquelle il décroche un sourire des plus minaudiers.
Taupe-départ pour l'aventure...

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Maud
[Dans le carrosse royal]

Misère mais qu'elle avait mauvaise mine. Maud en était toute retournée de voir sa Majesté palôte.
Pas faute de lui avoir donné du bon boudin chaque jour depuis son retour en Bourgogne et du Nuit Saint Georges.

La demande royale l'avait étonnée au début puis carrément embarrassée. Elle avait tué son plus beau cochon pour le Tournoi et fallait qu'elle en refasse du nouveau tout frais. Qu'à cela ne tienne, son oeil de paysanne avait repéré de beaux cochons dans un enclos de ferme pas loin de chez elle et négocié le prix du plus gras comme un maquignon. Une nuit pour saigner et préparer et la voilà à offrir chaque midi un boudin différent à la Reyne, histoire que son palais ne s'ennuie pas.

A force de soins de tout le monde, elle se remit peu à peu et décida de rentrer pour Paris. Et Maud faisait partie du voyage avec Dame Della, amie proche de la Reyne à ce qu'elle découvrit et qu'elle aimait bien.

Si fait, armée de son bâton taillé d'un côté, de son bouclier, Maud emporta avec elle des chapelets de boudin bien logés dans des nids de paille et enroulés dans divers paniers. Au cas où l'appétit royal se réveillerait. Ayant confié plusieurs paniers au conducteur du carrosse après recommandations.

Vas-y voir que t'y touches et tu goût'ras d'mon bâton.

Elle s'assit à côté de Dame Della face à la Reyne et un panier à ses pieds.

Savez quoi Majesté? Ca m'rappelle l'voyage vers Gien, sauf que j'marchais à côté d'vous à l'époque et qu'j'étais bien moins costaude.

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Amory
[Le Châtelet]
Il travaillait d’arrache pied sur la dernière affaire de la Cour des Miracles. Des meurtres parmi les nobles. Le nombre ne cessait d’augmenter sans que son équipe n’avance réellement. Il était en train de revoir les plan de Paris en long et en large quand il entendit frapper à sa porte.

"Entreeeeeeeeeeeeeeeeeez " dit-il d’un ton qui n’attendait aucune réponse négative. De toute façon qui viendrait frapper à une porte pour ne pas se la voir ouvrir.

L’un des garde du châtelet venait de passer la tête et l’avertit de la dernière mission.


Votre grâce le prévôt de Paris vous fait demander. Vous devez être en tenue d’apparat pour aller accueillir sa majesté la reine qui se rend à paris.

"Hein? Quoi? Qu’est-ce que tu me chante la? La reine? Notre reine . Sa majesté Béatrice ?"

-Oui Messire Amory c’est bien cela. Le coche de la reine et ses malles sont déjà arrivés. Le serge en Garce l'a vu passé. Toujours à vouloir connaitre tous les potins celui la. La prévôt à donc décidé que vous iriez accueillir la reine.

"Merci tu peux retourner à tes charges. Je vais me changer rapidement et j’arrive. "

Il se hâta dans son antichambre et debout devant son cabinet de toilette, jeta un dernier coup d’œil sur sa nouvelle tenue. Uniforme impeccable comme on lui avait appris à la GE.

Amory de Lucas était grand et fort, avec un visage carré au regard bleu azur, la bonne mine colorée de son âge quand elle est à la fois heureuse dans ses charges, dans son ménage et dans ses digestions.

Il pouvait rejoindre sa cheffe. Il attrapa son épée qu’il glissa au fourreau puis sa canne qu’il glisserait dans son étui une fois sur sa monture.

Les chevaux avaient été parés aux couleurs de la prévôté. Il salua ses comparses quand il vit que gras double était de la partie. Il ne manquait plus que ce gros maladroit aux mains moites qui suait comme un porc...

Le Duc de Jouarre monta sur sa monture et du attendre que le Serge En Garce, aidé de trois gardes, se hisse sur le sien. Une fois fait, le quatuor pris la direction de la rue St Denis.

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Fildais
[Châtelet ou… plus loin… qui sait…]


« Nous venions du soleil
Comme des goélands
Les yeux fardés de ciel
Et la queue dans le vent
Mais nous nous sommes perdus
Sous le joug des terriens
Dans ces rades et ces rues
Réservés aux pingouins »*



Enfin se dissipe les brumes thébaïques brisant les ailes oniriques et délirantes d’une Compostelle qui échoue son esprit dans le creux d’une houle. L’oiseau-étoile s’écrase lourdement, faisant place aux sensations.
Le corps ondule, se pliant inexorablement à un mouvement qui n’est pas le sien, la Citadelle d’Ivoire ébranlée, plisse son minois pâle sous le plaisir languide de cette carcasse qui se déhanche.
Le bruit du sabot emplit son écoutille et les voix intra-muros dissertent, pendant que le regard éthéré observe discrètement les alentours.

Premier constat, elle se trouve sur sa monture, magnifique pouliche camarguaise à la robe écrue. Bonne chose…
Deuxième constat, un comité restreint du Guet Royal est là, elle n’est donc pas seule. En cours de réflexion…
Troisième constat, sa mise, impeccable, pas de celle qu’elle utilise pour les rondes ordinaires, non, non et les autres membres du Guet, pareils. Ça cogite…

Ça cogite même très fort sous les fils d’or… tellement qu’une des voix revenue des limbes d’opium s’en trouve de fort mauvais poil.


-FOUTREQUEUE !!!!!!!!
-Par les Saintes Reliques de Sainte Couette-Couette, surveillez votre langage Fild !
-Toi, ta gueule !

-Humpf…Je m'insurge…
-Est-ce que quelqu’un aurait l’amabilité de m’expliquer ce que nous foutons sur ce bordel de quenouille de cheval à la con !!!
-On chevalise ? Huhuhu…
-Très drôle Cinq ! T’as fait l’école de l’humour où, que j’aille pendre tes professeurs…
-Oh ça va hein !
-Trêve de bavardage inutile et insipide. Est-ce que l’une de vous, aurait une idée de l’ordre de mission ? Qui était aux commandes durant notre... hum... absence... bon sang !
-C’était Cinq !
Disent les autres voix toutes en cœur.
-Moi je sais ce qu’on fait là… mais j’dirai rien ! Na !
-Grmbl…


Laissons-là les querelles multicéphales saturer le crâne hautement démentiel de la blonde, qui regrette les douceurs exquises de l’oubli apportées par l’électuaire métissé de carminé.
Et servir à Kalimalice un sourire fardé de sérénité pour maquiller son désarroi et son manque total de maîtrise d’elle-même tandis que dans les hautes sphères de sa folie, ça bouillonne sévère.
La main sur la garde de son épée, la Compostelle avance bardée d'une lourde inquiétude, malencontreuse ignorante du but de cette équipée.



*Thiéfaine, extrait de "Un Automne à Tanger"
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En deuil ! Ouais ça change pas beaucoup de d'habitude...[En rouge : ses voix pensionnaires dans sa tête...]
--.gontran
Fin rayon de soleil qui filtre à travers le rideau miteux de la chambre d'auberge. Une douce chaleur caresse la fine arabesque qui orne la joue droite du Gontran. Les paupières cillent à peine sous la luminosité qui peu à peu gagne en puissance.
L'astre solaire s'étale dans toute sa splendeur au dehors.

Un léger grognement qui s'accompagne d'un geste agacé de la dextre encore ensommeillée. La carcasse esquisse un mouvement pour sortir de cette chaleur à la fois dérangeante et réconfortante. Le corps s'assoupit pour quelques instants encore ... Mais au même moment, dans la caboche de l'endormi, les neurones, flottant dans un mélange d'alcool et d'opium (ingéré à son insu), se reconnectent les uns après les autres ...

Forte lumière ...
Douce chaleur ...

Les paupières s'ouvrent alors sur des azurs hagards, le blanc de l'oeil injecté de sang, tant par la fatigue que par l'excès festif. Le haut du corps se redresse à la manière d'un diable qui sort de sa boîte, puis enfin l'homme se lève d'une traite en beuglant :


Rondidju de rondidju !!!!! Quelle heure il est ?!

Une voie endormie à ses côtés lui répond :

L'heure de dormir mon mignon ... Viens te recoucher ... T'auras une nouvelle gâterie mon bel étalon ...

Alors une silhouette aux formes plus que généreuses, se retourne sous les draps, laissant apparaitre un visage aux traits grossiers et entouré d'une crinière blonde faite de filasse grasse.
Notre "bel" homme détourne alors le regard, s'éloignant du lit sans prendre garde à la poutre qui lui barre le chemin. *Bam !* En pleine face et sans douceur, il heurte le bois rugueux qui lui marque le front d'une belle égratignure.


Et merde ! P'tain je vais être en retard, je repars ce matin !

Pas le temps de s'attarder sur ce baiser xylographique un peu violent, il enfile ses vêtements à la va-comme-j'te-peux, puis ses bottes, avant de se saisir de ses armes.
Une dernière œillade vers celle qui a partagé sa nuit avec lui, afin de compenser le manque de sa Germaine, celle-ci l'attendant sagement à la maison avec leurs quatre mouflets.
Sans un mot il prend la porte, au sens propre comme au figuré puisque qu'il s'éclate le genou sur l'huisserie, l'obligeant à sortir à cloche pied sous la violence de la douleur.
Il boitille jusqu'à l'escalier qu'il réussit à descendre quatre à quatre, ne manquant pas de louper la dernière marche.

D'un geste qui se veut assuré, il jette une bourse sur le comptoir afin de s'acquitter de sa nuitée.
C'est alors un défroqué qui parcourt les rues de la ville bourguignonne pour se rendre au lieu de rendez-vous pour sa mission secrète ... L'escorte de la Reyne.
Dans son pas de course, il réussit à finir se boutonner ce qui doit l'être, d'enfiler ses armes et d'arriver, tout juste échevelé, aux écuries pour préparer sa monture.

Chose faite, il rejoint le rang de ses camarades, tirés à quatre épingles alors que lui semble tout juste sorti du lit ... Ce qui n'est pas totalement faux. Fidèle à lui même quand ce n'est pas sa Germaine qui le mène à la baguette.
Des regards inquisiteurs glissent sur lui, mais aucun mot ne sera prononcé, laissant le loisir des remontrances au Capitaine. Mais celle-ci trop préoccupée, remarque à peine, le vilain canard de la section.
Il en est sauf pour une remontée de bretelles.

Sa Majestée la Reyne ainsi que ses dames de compagnies montent dans le carrosse, les gardes enfourchent leurs montures.
Nouveau grand moment de solitude pour notre bon ami Gontran, quant au moment de passer la jambe par dessus sa selle, un déchirement se fait entendre ... Et au courant d'air qui lui taquine l'entrejambe, il comprend que la Germaine sera de corvée de couture à son retour.

Encore une journée de merde ...
--Samson.
"Tu seras un garde, mon fils." Voilà ce qu'avait dit le père de Samson, une dizaine de jour avant sa mort, accidentelle, en pleine beuverie des miracles, et le fils avait presque hérité de la charge. Déjà très jeune, l'on avait inculqué au garçon le maniement des armes. Enseignement assez primaire, mais suffisant.
Entré au service de la garde royale dès sa majorité, le jeune et fougueux Samson s'était voué corps et âme à accomplir sa tâche avec brio, sans écarts, sans accident alcoolisé les soirs sans besogne. Le zèle du gamin avait du payer, puisque le jour où la Reyne annonça sa retraite en des lieux gardés secrets, afin de recouvrer une santé affaiblie, l'on demanda au novice d'en être.
Certes, garder le royal corps de si près est un honneur, mais peu sûr de ses capacités, le blond avait hésité à accepter la proposition, qui prit vite des allures d'ordres, qu'on ne refuse pas.

La caserne réduite pour l'occasion, et improvisée en Bourgogne, sur les terres provinciales de Sa Majesté était des plus monotones. Rien de bien folichon, et même un certain confort qui ne fut pas pour déplaire au jeune homme, fort peu friand d'action.
Pourtant, à peine fut-il habitué à la routine instaurée dans ce paisible fief, que le départ fut annoncé. L'on rentrait à Paris.
Stephandra, Capitaine de la Garde, n'avait donné aucune autre indication à ses hommes que de suivre le carrosse royal. Le tout avait bien sur été orné de belles paroles encourageantes, mais rien ne filtrait quant au chemin à parcourir.
Samson ne s'en formalisa point. Suiveur né, destiné à endosser un casque paternel, il n'était guère de nature curieuse, moins encore contestataire, et se contentait de faire ce que l'on attendait de lui, ni plus, ni moins.
Dans l'absolu, l'on attendait qu'il offre sa vie à la Couronne, et Samson était tout disposé à la laisser, faute d'avoir su la rendre attrayante.
Tout morose qu'il puisse paraître, le garde était enthousiaste. La jeunesse sans doute, et s'il ne le paraissait pas, il était intérieurement heureux de servir de si près la Castelmaure.

C'est donc l'esprit éveillé, et les sens en alerte que, monté sur son cheval, Samson avançait, à droit du carrosse royal, mais suffisamment dépourvu d'apparats et autres armoiries pour ne point paraître tel. Et de suivre, scrutant bientôt les sentiers du sombre bois de Fontainebleau, qu'il n'identifia pas en y entrant.
Beatritz
[Le départ]

La résidence de convalescence de la Reine était le berceau de son cœur, c'était la Bourgogne. Ce n'était pas Nevers, trop en vue, trop prévisible, où on l'aurait dérangée. Ni Chablis, où elle avait trop de raisons d’être et résider, et trop peu d’être anonyme. A Laignes il n'y avait plus de château... Chastellux avait vu les premiers pas de son fils Charlemagne. Petit château pour petite suite, confort intime, et la Bourgogne, tout près, la campagne déjà ! Comment aurait-elle pu ne pas guérir dans ce cadre ? N'avait-elle été malade que pour mieux venir se lover dans les bras de sa Bourgogne comme un enfant dans les bras et contre le sein aimants de sa mère ?
Le médicastre avait finalement conclu à sa rémission totale, et envoyant en avance la bonne nouvelle à Paris et la demande d'un banquet pour fêter son retour, elle avait pu ordonner les paquets, sortir et aimer une fois encore les pentes chevelues du domaine de Chastellux, de Railly tout près, et la compagnie de celle qui ne lui avait jamais, pas une seule fois, fait défaut : Della de Volvent, Della d'Amahir, Della d'Euphor, et quoi d'autre encore ? Della, sa Della, Della de Railly, Della de... Castelmaure ? Ni sœur ni mère, ni cousine, ni fille, et un amour réciproque qui mêle tout cela.

Il fallut partir. Maud Saint Anthelme les rejoindrait, avec son excellent boudin qui serait, la Reine insistait, servi au banquet de réjouissances. L'escorte était la plus loyale et la plus discrète qui fût ; Béatrice avait tant de fois voyagé avec la garde commandée par la Capitaine Stephandra Dandolo du Moutier qu'elle était tout à fait sereine quant à sa sécurité.
Seul voile à ses pensées, à son esprit relevant de la maladie : cette mort du Roi, qui hâtait leur retour à Paris. Elle en avait été ébranlée ; ce n'était pas un chagrin d'amour, mais une détresse : que faire, sans lui ? Sans ses conseils, sans son ombre impérieuse ? Cette forme de chagrin avait consumé ce qui restait de la Reine en bonne chair, que la maladie avait déjà amincie... De sorte que, lorsqu'en ses voiles de deuil elle quitta Chastellux, marchant vers la lumière des cheveux de Della, vers la bonhomie de la Saint-Anthelme, et tournant le dos à cette Bourgogne, où elle n'espérait pas revenir avant longtemps, l'on pouvait bien dire d'elle :

    Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
    Une femme passa, d'une main fastueuse
    Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
    Agile et noble, avec sa jambe de statue...


Elle monta en carrosse. Della et Maud suivirent, ainsi qu'une appétissante odeur. La perspective du voyage, dans ces conditions, s'adoucit grandement. Béatrice releva ses voiles et, presque joyeuse, répondit à la Cosnoise :


-"Le Très Haut vous entende ! Ce fut un voyage calme et sans embûches. Mais nous n'avions rien à grignoter..."

Les rideaux du coche étaient tirés de sorte que la lumière du matin baignait l'intérieur du carrosse. La main blanche de la Reine s'agita à l'extérieur : le signal du départ était donné, au cocher, aux gardes ! Et sans fausse pudeur, Béatrice prit la main de la Dame de Railly.
--L_araignee..


Elle flotte comme une brise légère, elle oppresse comme la cime étouffante des chênes autour d’eux, elle en a brisé d’autres en les serrant dans ses bras fluets. C’est une compagne, une amante, une sœur, pour certains, elle devient la Mère. Elle rôde à leur côté, elle rampe dans leurs pas, quand leurs mains s’arrêtent dans un geste qui n’en finit pas, elle retient son souffle, elle sera forte si le doute les assaille, elle sera dure si leur bras ne l’est pas.

Elle est là, comme elle l’a toujours été. Fidèle compagne de leurs jours, alliée de leurs nuits.

La Camarde.

Elle instille le venin de la haine dans leurs veines, elle galvanise la colère qui guide leurs pas au travers de la forêt de Fontainebleau. Elle l’a toujours accompagnée, et certaines fois, il aurait voulu l’embrasser, la coucher et s’en repaître comme on se repaît du corps d’une femme. Mais ce jour, c’est l’Autre qu’il voudrait coucher sous lui, la nuit durant, il l’a vue remuer les branchages, alors qu’ils jonchaient le passage de rondins de bois, il l’a vue étaler sa féminité mûrie au soleil d’Italie en chaque geste esquissés pour mettre à bien le plan. Sait-elle la Faucharde qu’en cet instant, elle représente son idéal féminin ou pas d’ailleurs, tellement elle incarne la mort dans toute sa splendeur, il sait qu’elle l’a, il sait qu’elle l’utilisera. Némésis, l’instrument de sa haine. Corleone, la folie à l’état le plus pur, le plus brut. Ne pas quitter l’objectif de leur journée, la mission d’une vie, la vengeance froide menée à son terme dans quelques dizaines de minutes.

Alors, il se tourne et l’espace d’une seconde, sert à son voisin un sourire en coin, de connivence froide. Faire confiance à l’Irlandais ? Il avait bien fallu, mais pas de mauvaise grâce, contrairement à nombres d’hommes dans leur genre qu’il avait rencontré par le passé, il était de ceux sur qui on pouvait compter parce qu’ils sont fait du même bois.

Fontainebleau que traverse la route de Bourgogne, Fontainebleau qui a vu vivre un Prince, Fontainebleau qui verra mourir une Reine si Dieu le veut.

_____________
Della
La voiture s'ébranla et l'on sentit les premiers tours de roue sur le dallage du château de Chastellux.
La route était ouverte !

Della sourit à Béatrice et serra juste un peu la main qui emprisonnait la sienne.
Si souvent, ces deux-là s'étaient ainsi tenu les mains.
Que ce soit lors des soirées où l'on se racontait mille et unes anecdotes ou le jour du mariage de Béatrice, dans un coche encore, en route vers une vie de femme épousée ou encore le jour de la naissance du second fils de la Reyne, cachées au creux d'un Ordre féminin...maintenant, en route, réconfortant la veuve, soutenant l'amie...chacune des occasions avait été un prétexte à cet attouchement amical, pur et sincère.
Cette main gantée toujours, gant cachant ce que très peu savaient du tourment de Béatrice, mais dont la douceur passait au travers des étoffes et des peaux, par une espèce d'osmose, Della aimait la tenir, la serrer un peu, la sentir palpiter sous ses doigts.
Comment expliquer avec des mots tellement imparfaits l'amour tellement parfait qui unissait les deux femmes ? Ce n'était pas un de ces amours malsains ou contre nature, ni encore moins un amour capricieux et intéressé, non, c'était simplement un amour intense et profond...beau.

La vassale sourit encore à l'évocation du boudin que l'on pourrait déguster en voyage, si jamais l'envie les prenait toutes les trois.

Je suis bien certaine que nous aurons entamé les réserves avant d'être bien loin ! Blagua-t-elle en indiquant le panier du regard. Et j'ai d'ailleurs ce qu'il faut pour le couper ! Continua la Blonde en posant la main sur la dague qui pendait à sa ceinture et qui jamais ne la quittait depuis l'Anjou et les attaques répétées de brigands. Au péril de ma vie, je défendrai le boudin ! Mima-t-elle en brandissant la longue et fine lame si bien affûtée.

Oui, l'ambiance se détendait petit à petit au fond du carrosse qui secouait, roulait et tanguait sur les routes Bourguignonnes et bientôt plus loin encore, entre ces trois femmes que le destin avait décidé de réunir pour une retour à Paris.

De conversation en rire, de confession en soupir, les heures passeraient et le Louvre les séparerait bientôt.

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Baronne de Seignelay - Blason en travaux.
Maud
[Dans le carrosse royal]

Maud était quand même intimidée et pas tout à fait à l'aise. Première fois qu'elle s'asseyait dans un carrosse et en plus en compagnie royale et Ducale.

Son fondement musclé par la marche et les remparts se fit au moëlleux des coussins.
La chance qu'elle avait pensait-elle, si au moins elle pouvait raconter à sa mère.

Avec un sourire chaleureux, elle regarda Della et la Reyne. elle ne savait pas que toutes deux étaient amies si proches.

Pour ne pas les gêner, elle regarda par la fenêtre. Des cavaliers bien armés entouraient le véhicule royal.


Oh ben majesté, avec tout c'beau monde autour, j'crains moins pour vot'vie. C'est moins discret, ça oui mais bien gardé hein?

Elle sourit à la remarque de Della:

M'dame Della, toucher à du boudin qu'j'ai fait rien qu'pour la Reyne, ben m'dame Della, c'est un crime de lèse-majesté ça! Pis r'gardez mon bâton, j'l'ai bien effilé à un bout. C'est pas mon boudin qui s'rait embroché hein?

Dévoilant le linge du panier:

J'en ai fait tous des différents pour vous et m'dame Della, Majesté. Servez-vous, mais vous goinfrez pas hein? Faut r'manger petit bout par petit bout dès fois qu'vous arrivez à Paris avec une indigestion, Majesté

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--Hubert_
La botte joue nonchalamment avec un caillou arrivé par hasard. Plus loin, les chevaux piaffent, impatients de prendre la route. Même si le rythme de la course ne sera pas celui du galop empli de liberté, même si les œillères cachent ce paysage verdoyant qui défile au bord du chemin. Au moins partir. Quitter ce sol désagréable sous les sabots. Courir, un peu, quelquefois, sachant que le cocher leur claquera un coup de fouet sur la croupe d'aller trop vite. S'arrêter et recommencer encore, bravant l'interdit pour se griser de la vitesse quelques instants.

Les gardes royaux quant à eux, se tiennent droits à côté de leurs montures, attendant avec toute la patience qu'on leur a inculqué la Reyne de France et sa petite suite.

Hubert est de ceux-là. Jeune garde royal qui n'en a que le nom. Au plus profond de lui il préférerait être aux champs, rentrer le soir pour besogner sa femme et s'attabler devant une soupe chaude au lard. Défendre la Reyne, il n'en a cure le jeune brun. Il s'était toutefois laissé lâchement embrigader par le paternel. Le vieux et ses envies de gloire…
Une épée à son flanc gauche, le costume bien mis, la mine impassible alors qu'enfin passe la Reyne. Mais les pensées ne courent pas moins sous la tignasse. Le brun s'imagine la renverser dans le carrosse, lui soulever ses jupons, l'entendre crier qu'il est bon amant et qu'elle en fera son préféré. L'espace d'un instant il ferme les yeux, l'odeur de la jeune femme venant titiller ses narines, puis finissant sa course plus loin.

Les paupières s'ouvrent, s'amusant de ce que l'esprit peut cacher aux autres. Pour les autres gardes et la capitaine, il est homme de loyauté, aimant son travail, défendant vaillamment et coûte que coûte la noblesse dorée. Il est si facile de jouer à l'art de la tromperie. Des belles paroles, des gestes qu'il essayait sûrs pour convaincre, une dévotion feinte envers la capitaine. Tout pour paraître. Saurait-il seulement se battre si le moment était venu ? En aurait-il envie ? Rien n'était moins sûr. Sa vie était à ce jour nettement plus précieuse que cette femme montée dans le carrosse, toute noble soit-elle.

D'autres dames montent, la porte se referme. Aucun jupon, aucune bouche vermeille à mordiller, aucune cuisse à flatter pour lui. Seulement la poussière collante soulevée par la course des chevaux et le coche qui file derrière. Foutue vie guidée par son père.
Ce soir il irait voir les filles de joies de Paris. S'abonner un instant dans les bras d'une blonde, oublier ses cours d'armes, ses supérieurs lui criant dessus, sa femme gironde même pas foutue de lui faire un mâle.
Oublier, et s'abandonner…
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