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[RP] De la posologie au veuvage, une question de gouttes*

--.beatrice.


La baronne Béatrice de la Chapelle-Taillefer avait déjà atteint un âge respectable pour l'époque, à savoir 36 printemps, et bon nombre d'enfants. Le baron, lui, était mort depuis belle lurette, d'une chute de cheval en lice, le pauvre homme. Lui qui avait guerroyé tout son saoul de par les Royaumes avait eu un accident imbécile à Gueret, lors des fêtes d'été d'on ne savait plus quelle année. En réalité, la daube parfumée au laurier-rose** l'avait tant incommodé qu'il était tombé. Le crime parfait.

Ainsi il ne la violenterait plus, c'était déjà ça de gagné.

Depuis, les enfants avaient grandi (ou étaient morts pour les moins résistants) et Béatrice se retrouvait seule dans son grand domaine vide et sonore. Des tentures seraient du meilleur effet, et des coussins, des coffres, des tables de festin. Au lieu de tout cela, il n'y avait que dalles froides et fuites dans le toit. Seules la cuisine était encore chauffée l'hiver, et la chambre de madame avait encore bonne mine. Le reste était creux et triste.

En passant, elle vida dans la cour un seau qui débordait allègrement sur le sol de la grande salle, puis le replaça sous les plus grosses gouttes. Cela devait passer par le plafond d'une des chambres, il faudrait monter voir. Il faudrait payer un charpentier. Il faudrait ... tant de choses. Mais pour l'instant, il faudrait surtout descendre au village et négocier le blé pour son moulin. Le meunier était parti depuis l'an dernier, faute de paiement. Mais désormais, elle savait faire cela aussi.

Elle accrocha une bourse sous ses jupes, se couvrit d'une épaisse cape de laine bleue, rabattit sa capuche sur ses longues boucles brunes, et affronta la pluie battante, à pieds.

Le temps finirait bien par se lever.





*"N'oublie pas ce qu'a dit le médecin : cinq gouttes. La posologie ça s'appelle. Et de la posologie au veuvage, c'est une question de gouttes." (Audiard)

**toxique
--Scopolie
J'étais bien installé à l'arrière d'une charette, assis sur un tas de paille, entrain de me faire cette importante réflexion : les médicastres, c'est que des charlatans. A les écouter, les maladies viendraient d'autre chose que du Sans-Nom, et les guérisons d'autre chose que le Très-Haut. Bon, c'est peut-être vrai leurs théories fumantes, mais en attendant, c'est eux qui récupèrent l'argent des gens au lieu que ce soit l’Église et donc au lieu de moi qui ne suis pas fait pour le travail. Si ça ne dépendait que de moi, d'ailleurs, je les ferais tous brûler. Ce ne sont que des hérétiques qui croient à la vertu des plantes au lieu de la vertu de l'âme. Heureusement, le Très-Haut est de mon côté et m'aide à guider les brebis sur le droit chemin, celui de la tonte parce qu'il faut récupérer les dons lorsque les bourses sont pleines, comme lors d'un jour de marché...

... ou pas. Le ciel était si bleu et la chaleur si accablante que lorsque je reçus les premières gouttes de pluie, j'ai cru qu'un volatile se plaisait à me pisser dessus en plein vol. Et puis, un coup de tonnerre, et là, c'était l'averse comme un vol de canards migrateurs atteints d'une bonne coulante. Et comme hasard, ça me tombe dessus, le jour du marché. Et pourquoi pas le jour des confessions plutôt ? J'en ai marre de les entendre se plaindre de leur petite vie insignifiante, mais je ne refuse pas de prendre leur argent, c'est pour une bonne cause : payer mon séjour à l'auberge. Sur ma face trempée, dont les cheveux ruisselaient devant mes yeux, et mal rasée, un sourire béat, celui qui apparait lorsque j'entends le claquement des pièces. On dit que l'argent n'a pas d'odeur, pourtant, dans mes rêveries, il sent mauvais, et c'est peu dire ! Je me redresse dans la carriole pour héler le conducteur, un fermier du coin qui a eu la bonté d'âme -ou plutôt assez de péchés sur la conscience- pour me transporter.


Allons donc ! Qu'est c'qui pue comme ça ? Vous cachez quand même pas un cadavre sous votre foin ?!

La chose ne m'aurait pas étonné, j'aurais juste trouvé ça impoli de ne pas m'avoir prévenu que j'étais assis sur un mort. Plus rien ne me fait peur de toute façon, étant le curé de la Cour des Miracles que j'ai dû quitté pendant un temps à cause des troubles qui y règnent, j'en ai vu d'autres.

C'est l'bête m'sieur l'curé, l'a eu peur d'l'orage alors elle s'est lâchée sur l'route là comme ça sur l'chemin...

Si je n'étais pas habitué à la manière de parler des édentés, je crois que j'aurais dû lui demander de répéter tant son accent du coin était horrible. Et pendant ce temps là, le vent s'était mis à me décoiffer. Je ressemblais maintenant à un chien qui vient de se secouer après être sorti d'une baignade dans le lac. Abandonnant là le campagnard et sa roue encrassée de crottin, je décida de tailler ma route moi-même vers la ville. Même que lorsque l'autre affreux fut hors de vue, j'aperçus au loin un mouton bleu. Parfaitement. Même qu'il se tenait sur ses deux pattes. Croyant d'abord que le Malin se jouait de moi, je me suis frotté les yeux avant d'avoir l'illumination. C'est pas une bête égarée, c'est juste une belle dinde qui n'attend que d'être plumée. Ça tombe bien, je n'ai pas encore mangé. Replaçant mes cheveux en arrière pour paraitre plus élégant, je m'approcha à grandes enjambées de cette femme isolée qui représentait mon salut.

Oh là, ma fille ! Je cherche gît et couvert pour cette nuit, vous ne pourriez pas m'aider ?

Le tout demander avec un sourire avenant qui la mettrait sûrement en confiance. Lorsque je fus assez près d'elle pour distinguer son visage, je m'aperçus qu'elle était loin d'être vilaine la donzelle. Peut-être qu'elle me servirait une p'tite gâterie pour le dessert ? En attendant, je me courbe pour me montrer humble devant elle, un peu comme si Christos lui même venait demander la charité.

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--.beatrice.


Et le temps ne s'était pas levé.

Ça avait même viré à l'orage tandis qu'elle négociait les sacs de blé au marché. La pluie était mauvaise pour les affaires : on ne pouvait pas prendre son temps pour parler avec le marchand, lui demander des nouvelles de ses enfants pour lui faire oublier la grêle et les rats.

Béatrice n'y avait cependant pas laissé toute sa bourse, et contre une belle avance, il avait été convenu qu'elle serait livrée dès le lendemain. Elle quitta donc la ville, sans même acheter un ruban pour agrémenter ses robes, ni même un pot de miel, ou un sachet d'épices pour adoucir le quotidien. Il faisait trop mauvais pour s'attarder longtemps.

Sur le chemin du retour, concentrée sur les flaques à éviter, la boue, accablée par le tonnerre et l'ondée incessante, elle ne vit même pas arriver une charrette à contre sens, qui l'éclaboussa.


'ttention ma bonne dame ! C'est l'bête, s'est emballée 'cause de l'orage.


"Sacré imbécile", maugréa-t-elle entre ses dents, en courbant la tête contre l'averse et le vent. Le bas de son manteau était tâché de boue et l'eau commençait à transpercer la laine au niveau des épaules. Elle se hâta, pressée d'arriver. C'est alors qu'elle entendit qu'on lui parlait. Elle leva le nez, offrant ses taches de rousseur à la pluie.

Oui, bien-sûr, la ville est par là, mon père. Vous n'êtes plus très loin.

Mon père .. mais d'où sortait-il celui-là ? Un nouveau diacre sans doute, car elle ne l'avait jamais vu par ici. Elle continua, d'un pas ou deux, et le croisa. Se retourna, hésitante, tandis qu'il s'inclinait. C'est là qu'elle aurait dû se méfier. Mais il était aussi trempé qu'elle et devait voyager depuis plusieurs jours, vue la longueur de sa barbe. Elle fut prise de pitié, et avisant la croix de l'EA qui pendait à son cou, elle se lança, confiante :

Sinon, ma demeure est tout près, derrière ce bois. On en voit les tours. Vous voyez ? J'ai une chapelle où vous pourrez vous recueillir. Je dîne après les vêpres.
--Scopolie
Je suis du regard l'index fin qui me désigne la direction du village, sûrement un coin paumé habité par des cultivateurs et quelques artisans, un endroit comme les autres que j'aurais trouvé sans mal juste en suivant le chemin de terre battue. Le déluge est entrain d'inonder les fossés, l'orage menace de s'abattre sur nos têtes, je demande où est-ce que je pourrais manger et dormir à l'abri et elle, elle ne trouve rien de mieux que de m'indiquer le village le plus proche. Autant indiquer à un oiseau migrateur le nord. Ou alors, elle feint la sottise pour ne pas aider son prochain. Dépité, même pas d'humeur à insister, je commence à m'éloigner dans mes bottes couvertes de boue, me drapant dans ma cape miteuse comme si elle était ma fierté, jusqu'à ce que j'entende l'inconnue changer d'avis. Je me retourne avec léger sourire reconnaissant, parce qu'il en faut peu pour être heureux, il suffit d'une demeure avec des tours.

Ma Dame, ou peut-être dois-je vous appeler autrement eu égard à votre rang, je vous remercie de votre bonté d'âme...

Inclinaison de la tête, le dos est légèrement vouté comme pour s’aplatir devant sa noblesse, avant que je ne me redresse pour m'approcher d'elle et lui confit d'un ton amical.


Cela ne vous gêne pas si je grignote avant le dîner ? J'ai une faim terrible, comme celle d'un loup !

Le loup qu'on introduit dans la bergerie, celui qui prend la patte de la brebis et l'accompagne jusqu'à sa demeure. Une pieuse femme, je suis bien tombé. Avec un peu de chance, elle a un mari amateur de vin qui va me faire partager sa passion. A défaut de m'enivrer de l'odeur des femmes, je le fais avec de l'alcool. C'est moins néfaste pour ma réputation, mais tout aussi mauvais pour mon cœur. J'ai entamé la trentaine d'années, va falloir que je me modère. Peut-être. Je verrai après être devenu évêque.

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--.beatrice.


Un simple "Dame" me suffit, mon père.


Elle incline la tête en même temps que lui, comme pour ne pas le laisser se confondre en remerciements. Il est son invité, on ne tergiverse pas, on obéit. Et puis, Beatrice, habituée à sa solitude, aime être oubliée. Elle ne veut pas embarrasser son invité.

Elle ne se doute pas qu'il pourrait, lui, l'embarrasser. Il a autour du cou le symbole de son église. C'est idiot, mais elle se dit qu'il ne peut être que bon. Enfin ... aussi bien a-t-il tué un curé pour l'obtenir ? La baronne plonge ses yeux noisette dans celui de l'homme, comme si elle pouvait deviner son âme. C'est le moment qu'il choisit pour se rapprocher et lui parler comme un ami, un frère, un homme d'église. Oui il en a toutes les manières, sois sans crainte Béa ...

Elle esquisse quelques pas vers le chemin boueux et cabossé qui mène au château :


Il est vrai qu'avec ce maudit temps, je boirais bien une soupe chaude.

Elle a pris son bras, avec naturel, c'est bien pratique pour affronter le vent et le chemin glissant. Vraiment, elle fait trop confiance aux gens, la gentille baronne.

Vraiment s'il lui fait une entourloupe, elle le liquide à coup de laurier-rose, celui-là aussi.

Ils passent une grille qui n'a pas été baissée depuis des ans, prise dans le lierre et les ronces. La cour est un peu à l'image, envahie d'arbustes roses ou roses pâles en cette saison. La porte est solide, mais jamais fermée à clé. Béatrice la pousse et pénètre dans une pièce tiède et parfumée, avant celui qui doit être un diacre. Il faudra qu'elle le lui demande pendant le dîner. Peut-être dira-t-il une messe, au moins une prière. Ça ne bouchera pas les trous dans le toit, mais ça lui mettra du baume au cœur ...

Elle installe son manteau dégoulinant sur un fauteuil et secoue ses boucles brunes en un geste délicat. Peut-être n'est-il pas utile d'expliquer qu'elle vit seule ici, sans domestiques qu'elle a dû renvoyer, ne pouvant plus les nourrir. On ne va pas tenter le diable non plus ...


Installez-vous ici.


Elle désigne la table de la cuisine, et remet un peu de bois dans le feu. Plus qu'à attendre que la soupe réchauffe. Il y a toujours de la soupe d'avance. Elle sert des verres d'un vin épicé et lui en tend un.

Ainsi, vous avez voué votre vie à Deos ?
--Scopolie
Ah, une noble modeste. Je me redresse, luttant contre le vent qui essaie de m’aplatir d'avantage. La flatterie ne fonctionnera pas avec elle, mais j'ai plus d'une carte dans ma manche. L'esprit est comme un violon, il a plusieurs cordes sur lesquelles on peut jouer pour en tirer quelque chose de mélodieux à notre oreille. Bras dessus-dessous, je la suis jusqu'au château que j'imaginais superbe, dans les couleurs sombres de la pierre grise, des domestiques qui courent partout pour préparer le dîner et un maitre des lieux accueillant voulant me faire visiter sa cave personnelle, sa fierté, plus encore que sa ravissante femme. Ah, ils ne savent pas la chance qu'ils ont de dormir avec autre chose qu'un animal puant dans un coin de ferme.

Lorsqu'on passa les grilles rouillées, devant le lierre qui servait de portier, je compris avec amertume pourquoi elle était si modeste. Une noble ruinée, c'est bien ma veine. A se demander si la soupe ne sera pas faite avec des mauvaises herbes. Je jette un coup d’œil au jardin, les branches ploient sous le poids de l'eau et les fleurs sont arrachées par les coups de vent. Quant à l'intérieur, je préféra ne pas m'y attarder : le toit qui fuit, les tableaux qui ont perdu leur éclat, les marques d'humidité, la fraicheur du lieu. Si je ne lui avais pas tenu le bras, j'aurais pu penser qu'elle est le fantôme qui hante cette demeure. Et en plus, elle me fait manger dans la cuisine, comme si j'étais un serviteur ou un vagabond. Je suis un invité de marque quand même...


Oui, Dame.

Le ton est sec, je suis occupé à ruminer ma rancœur lorsque je tire une chaise tout ce qu'il y a de plus banale. J'aurais peut-être dû tenter ma chance chez un riche artisan du village. Est-ce que c'est encore le Très-Haut qui se joue de moi ? J'ai déjà le bras immobile à cause d'une attaque contre moi à la Cour des Miracles, voilà maintenant qu'il veut que je meurs de faim.

Je suis prêtre itinérant, je voyage de paroisses en paroisses pour aider les âmes en peine qui n'ont pas de curé à leur disposition pour les aider.

Et tel un précepteur d'impôt, je ramasse tous les dons que je peux avant de passer à un autre coin paumé où aucun homme d'église n'aurait été assez fou pour se terrer. Je profite aussi de la gentillesse des bonnes femmes comme elle, parce que si Dieu a créé les imbéciles, c'est pour qu'on abuse d'eux.

C'est une soupe à quoi ? demandais-je, curieux de savoir avec quoi on allait tenter de me remplir la panse.
--.beatrice.


Dehors, le tonnerre gronde à nouveau, hérissant le poil de la baronne. Ou bien est-ce ce ton que l'étranger emploie soudain avec elle. Le miel dans la voix de l'égaré de tout à l'heure était-il feint ?

Son cœur s'accélère, son ventre se serre. La peur trouble sa vue. Elle se tourne vers les fourneaux pour ne rien laisser paraître de son émotion, et se sermonne en silence en faisant une croix sur le pain avant de le trancher. Allons, tu ne pouvais pas laisser un brave prêtre sous le déluge, ne sois pas sotte Béa. Elle se retourne, couteau en main.


Rien d'autre que des légumes ordinaires, mon père, que Deos a la bonté de nous offrir sur nos terres. Les viandes obscurcissent l'âme.
Vous ne buvez pas ?


Les éclairs du dehors scintillent par intermittence dans sa lame. Allons, bois donc petit prêtre, et dis un peu voir que ma soupe est mauvaise et je t'assassine.


Vous veillez donc sur plus d'âmes que la plupart des prêtres. N'êtes-vous jamais curieux de revenir les voir ? Un toit sûr et chaud ne vous manque-t-il pas ?

Ses traits délicats s'ornent d'un sourire distant. L'idée l'effleure qu'elle a fait entrer le loup dans la bergerie et qui va falloir voir à ne pas trop bêler pour ne pas émoustiller son appétit. Mais que pourrait-il bien voler ici ?.. Elle a peu de chose à craindre.

Elle lui laisse le temps de répondre, pendant qu'elle pose devant lui le pain et deux assiettes décorées qui ont appartenu à une lointaine période faste. Puis elle s'éloigne à nouveau et fouille dans ses fioles d'épices. Les doigts de sa main non armée passent par-dessus la poudre de feuilles de laurier-rose, pièce à conviction dont, fétichiste, elle ne peut se séparer. Mmmmh, cardamome ou cou de girofle ?
--Scopolie
La bonne femme se tourne vers moi avec un couteau de cuisine dans la main, et cela ne m'alerte même pas. Tous les gens censés devraient avoir un poignard, une dague ou tout autre arme blanche. C'est utile pour dépecer du gibier, bricoler ou même sauver sa vie. Quoi de plus normal qu'elle aussi, elle en ait un et en use ? Je ne la regarde pas, j'observe la pièce et y cherche quelque chose que j'ignore encore, un objet qui réveillerait mon intérêt, une chose curieuse ou précieuse. Cela me ferait oublier que je suis tombé chez la seule noble du coin qui ne mange pas de viande. Est-ce j'ai l'air d'un brouteur d'herbe, d'un mangeur de salade ? Je porte le bouc mais je ne suis pas encore une chèvre.

C'est un affront à Deos que de refuser toute la viande qu'il a mis à disposition pour nous. J'ose espérer que lorsqu'on vous offre un gâteau, vous n'en mangez pas que les ornements.

Je repose mon regard sur elle, légèrement courroucé. Je veux un saucisson, là, maintenant ; ou une belle pièce de viande saignante. Et lorsque le loup n'a pas son cerf quotidien, il sort de la forêt pour s'attaquer au troupeau. Je me radoucis aussitôt lorsque je me rends compte qu'avec tout ça, je n'ai pas goûté au vin qu'elle m'a servi. J'empoigne le verre avec entrain et je fais mine de mettre le précieux liquide en bouche, de le déguster avant de le consommer. Et non, je ne me suis pas lavé les mains avant de me mettre à table, la terre sur mes mains en témoigne, mais un vagabond reste un vagabond.

C'est bon... Venez boire avec moi lorsque vous aurez assaisonné la soupe.

Non, ce n'est pas bon, c'est pas mauvais, mais sans plus. J'aurais espéré quelque chose de plus fort pour oublier le mauvais temps et le clapotis des gouttes d'eau qui passent à travers la toiture. Je hume discrètement l'air pour sentir l'odeur de la soupe. C'est toujours mieux que la bouillie que le fermier qui m'a transporté dans sa charrette m'aurait servi. Intrigué par les questions de mon hôte, je repose mon verre presque vide sur la table et la regarde intensément. Je serais curieux de savoir à quoi elle pense.

La curiosité est un vilain défaut. Si avec ça, elle ne saisit pas qu'il vaut mieux ne pas trop me poser de questions... Un toit, un repas et une présence chaleureuse, bien sûr que cela me plairait d'avoir tout cela, et je les trouve parfois dans les villages que je traverse, comme maintenant... Et vous, vous ne vous sentez pas seule ici ?

Est-elle simplement curieuse ou se doute-t-elle de quelque chose ? Par précaution, je remonte le col de ma chemise pour dissimuler d'avantage le tatouage autour de mon cou, une corde de pendu, souvenir d'un passé moins calme que devrait l'être celui d'un homme d’Église. Puis j'entame le quignon de pain, mon estomac grogne de trop pour que je l'ignore. Tout en mangeant, je l'observe discrètement. C'est un joli bout de femme, et ce sont justement celles qui sont les plus dangereuses.

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--.beatrice.


Elle ne répond pas tout de suite : elle regarde le pain frais qu'il porte à sa bouche. C'est elle qui fait le pain, avec le peu de farine qu'elle ne revend pas. Ce sont ces mains-là qui pétrissent la pâte, ces fines mains qui ne faisaient jadis qu'orner de fleurs les tables de fête d'un époux qui finissait invariablement saoul, ridicule et violent.

Pour bien faire, il faudrait un peu de beurre sur ses tartines. Mais les reproches cachés du prêtre sur son accueil la poussent à se rendre encore moins généreuse. Finalement, elle n'aurait pas dû l'inviter. Ses mains sont sales, ses cheveux collés par la pluie commencent à sécher, et pire que tout son regard est fuyant. Mais il est trop tard pour lui refuser le couvert, et trop tôt pour le mettre à la porte à la faveur d'un rayon de soleil.

Ohh... je ne suis pas seule. Comment pourrais-je m'occuper d'un tel château toute seule ?

Oui, comment fait-elle ? Elle-même se le demande !
Elle n'est pas seule non, il y a ici des souris, un âne, et le marchand de blé qui passe demain. Alors... ce n'est pas un vrai mensonge.

Elle pose la soupière sur la table et remplit de vin le verre qu'il a déjà vidé. Si l'alcool pouvait l'endormir... pense-t-elle en s'asseyant en face de lui, sur le bout de sa chaise, comme si elle devait partir bientôt. Elle joint ses mains discrètement. Ses larges manches glissent jusqu'aux coudes et dévoilent ses bras blancs. Elle attend la prière qu'il va certainement dire, bien qu'il ait déjà la bouche pleine de pain ... Ah oui, pour ça aussi elle le déteste. D'ailleurs il commence presque à l'agacer, mais ce n'est pas très aristotélicien comme réaction. Elle ferme les yeux et se repend de cet orgueil.
--Scopolie
Le pain s'émiette sur la table tandis que j'en enfourne encore d'avantage dans ma bouche, comme un hamster, et que je l'observe avec le même regard. Elle dit qu'elle n'est pas seule, mais elle n'en dit pas d'avantage. Dois-je comprendre qu'elle demande à ses amants de faire quelques bricoles dans le château ? Ou alors, elle me ment parce qu'elle se méfie, et une femme seule qui se méfie d'un faux curé, c'est mauvais. Manquerait plus qu'elle s'absente pour aller chercher les gens du village pour l'aider à m'enfermer jusqu'à ce qu'un inquisiteur vienne me juger. Je bois une petite gorgée du vin qu'elle vient de me resservir pour faire glisser le pain qui passe avec difficulté avant de joindre les mains et de baisser pieusement la tête.

Seigneur, merci pour ce repas quotidien que tu nous offres, tel un Père qui nourrit ses Enfants qu'il a créé, et nous T'aimons pour cela. Merci aussi d'avoir mis cette ravissante femme sur mon chemin, elle m'a offert un toit et un repas chaud et mérite Ta grâce. Amen.

J'en ai peut-être fait un peu trop, mais j'ai l'impression qu'elle a besoin d'être radoucie ; alors après avoir délier mes mains, je lui souris amicalement et j'attends qu'elle me serve, alors que dans d'autres circonstances je ne l'aurais pas attendu pour commencer à manger.


Demain, si vous voulez, je poserai des collets pour les lapins sur vos terres. Ainsi, je vous ferais goûter aux joies de la chair.

La phrase est volontairement ambigüe, à la fois un trait d'humour et un test. J'observe sa réaction pour mieux la cerner, pour mieux dresser la bête. Elle n'a pas l'air méchante, plutôt gentille et pieuse, mais méfiante. Il ne tient qu'à moi de regagner sa confiance pour abuser de ce qu'elle peut m'offrir, comme cette soupe chaude dont le fumet embaume la pièce.

A moins que vous ne laissiez cette tâche à un autre, puisque vous n'êtes pas seule ?

Dans mon intonation, on entend le doute. Je la regarde dans les yeux, tel un curé qui interroge une fidèle sur ses mensonges pour être sûr qu'elle ne ment pas. Et elle n'a pas intérêt de mentir parce qu'après un bon souper en sa compagnie, cela ne me gênerait pas de passer directement au lit. Bien sûr, il faudrait que je la réduise au silence pour que mon secret ne soit pas ébruité, mais ce ne serait pas la première fois.


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--.beatrice.


Amen.


Deos a écouté sa prière : il semble que le prêtre soit plus aimable. A moins que ce ne soit pour être plus désagréable encore par la suite, une fois cet effort fait. Elle évite cependant de le regarder et sert la soupe qui laisse évader de belles volutes odorantes. Elles se déposent en buée sur la cuillère d'argent et sur le bras de nacre.

Béatrice mange en silence, comme on le lui a appris dans sa jeunesse. Silencieuse, discrète, soumise à son hôte comme elle l'était aux invités autrefois. Attentive, prête à relancer aimablement la conversation. "Demain" ... doux seigneur, va-t-il donc dormir là ? Y a-t-il une chambre qui ne prenne pas l'eau ? Elle est si préoccupée par l'évocation du lendemain qu'elle ne relève pas tout de suite la proposition ambiguë. Sa cuillère tremble tandis qu'elle espère, d'un seul regard, ordonner un rayon de soleil dans le ciel d'orage.
Mais la pluie tombe, inlassablement.
Béatrice est prise au piège de sa propre générosité.

Puis vient le soupçon du prêtre, en demi-teinte. A-t-il compris qu'elle mentait ? Sent-il qu'elle est seule ici, sans défense, et qu'il peut s'installer et se servir comme chez lui. Non, il ne le faut pas ! Béatrice blêmit un peu plus.

Les lapins sont en paix, ici.
N'élude pas la question, Béa, assène lui un dernier coup.
Jusqu'au retour de mon époux de Croisade. D'un jour à l'autre certainement. Alors il voudra faire bonne chair. Mes gens auront du travail pour que tout soit parfait pour ce grand moment.

Elle lui adresse un regard insistant, montrant qu'elle a bien saisi le double sens de sa phrase, et qu'elle n'est pas prête à se laisser faire si telle était l'idée qu'il avait en tête.

Mais au fond, elle sait que personne ne viendra, qu'elle est livrée à cet homme, et qu'il pourrait bien lui faire toutes les horreurs qu'il veut : personne ne volera à son secours. Elle tente de respirer lentement pour ne pas laisser la crainte l'envahir. Si elle reste forte, il ne tentera rien et ira gentiment se coucher. Pour se donner contenance, elle se lève et allume des bougies en cherchant un sujet de conversation autre que celui de son engagement auprès de l'église, puisque cela le rend agressif. Mais que dire ...


On croirait qu'il fait déjà nuit comme en hiver.
--Scopolie
Mon regard tantôt sur la cuillère qui remplie mon assiette, tantôt sur le bras blanc qui me sert. Deux appétits différents, mais qui réclament satisfaction. Si je croquais cette agnelle, cela ferait de moi un loup, mais est-ce que j'ai le choix ? Elle semble si pure, si docile, si intimidée. Lorsqu'on possède un pouvoir sur quelqu'un, on l'exerce pour le soumettre. L'homme est un loup pour l'homme. A croire que le Sans-Nom a créé lui-même la nature humaine. Nous sommes pires que des bêtes, nous soumettons les nôtres par plaisir et égoïsme, même pas par utilité. Conscient de cet état de fait, je ne cherche même plus à lutter, pourquoi un poisson chercherait-il à voler comme un oiseau ?

Bon appétit.

Un sourire amical étire mes lèvres gercées avant que je ne saisisse la cuillère d'argent et que je dévore ma soupe goulument. Cuillerée sur cuillerée, je suis le seul à faire du bruit dans la pièce. Je mange comme un cochon, comme un affamé. C'est si bon, mon appétit était devenu si grand. Quelque chose de chaud dans mon ventre qui n'a pas un arrière goût de moisi, c'est tellement rare que l'instant mérite d'être apprécié ne serait-ce que quelques minutes. Je relève les yeux vers elle. Avec elle, je ne prendrais ni cuillère ni pincettes.

La Croisade est loin d'être finie, ma fille. Fini les "Dame", je la rabaisse à son rang de simple fidèle. Et il n'est pas dit que votre époux ne soit pas déjà mort, mais n'ayez crainte, il le sera en martyr et Deos l’accueillera près de lui.

Je ne crois qu'à moitié ce qu'elle raconte. La peur se lit dans ses yeux, c'est une corde sur laquelle il est aisé de jouer lorsqu'on endosse le rôle de guide spirituel. Jusqu'à maintenant, je n'ai vu ni domestique, ni trophée de chasse, juste un jardin coloré de rose et la maitresse de maison qui fait la cuisine. C'est une veuve, sûrement, ou une vieille fille dont le père est mort avant de l'avoir marier. Nettoyant mon assiette avec un morceau de pain fait maison, je lui demanda, l'air de rien, changeant de sujet comme elle a l'air de le désirer :

Peut-être pourriez-vous profiter de ma présence pour confesser vos fautes ou me confier vos doutes. N'hésitez pas, ce n'est pas tous les jours que vous hébergerez un clerc.

En avalant le pain, je songea que ce serait peut-être même la dernière fois. Je releva les yeux sur elle, aucun refus n'était possible. Elle devait m'ouvrir les portes de son âme pour que je puisse dévorer son cœur de biche.

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--.beatrice.


Le chandelier en main, elle réprime une grimace de dégoût et évite de regarder le prêtre qui a tâché son habit et mouillé son menton mal rasé, tant il s'est empressé de manger. Elle devrait faire preuve de charité, comprendre qu'il a faim, soif, qu'il est éreinté de voyager ainsi. Mais lui, fait-il preuve de charité en lui parlant ainsi de son époux ?

Bon, il est déjà six pieds sous terre, mais elle pourrait être blessée par de tels propos s'il était vraiment en Croisade. En fait non, elle ne serait pas inquiète et prierait même pour qu'il ne rentre pas. Elle continue le tour de la pièce et allume d'autres bougies, qui la rassurent.

Sa main gracile se serre sur le métal du chandelier. Elle pourrait l'occire, celui-là aussi. Personne n'en saurait rien puisque nul ne l'a vu entrer ici, puisqu'aucune bonne ne l'attend, puisqu'il n'a pas de paroisse pour s'inquiéter de sa disparition. Les bougies lèvent une douce lumière qui caresse les taches de rousseur de Béatrice et ses yeux de biche. Oui, elle le mettrait dans la brouette, et zou, par dessus la margelle du vieux puits abandonné, près du moulin. Il ne semble pas bien lourd. Au pire, elle nouera autour de sa taille une corde passée dans les poutres. Mais ... il est là, devant elle, bien vivant.

Ce n'est pas aussi facile que de préméditer un empoisonnement.

Elle tressaille en entendant la proposition de se confesser. Le regard de l'homme est sévère. Et si c'était vraiment un prêtre... alors elle irait dans l'enfer lunaire.


Oui, mon père. Suivez-moi, la chapelle est un lieu de recueillement plus adéquat.

Elle n'attend même pas qu'il se soit levé, et quitte la cuisine, prend une autre pièce en enfilade, contourne un escalier, et pousse une petite porte basse. Elle a presque couru, espérant le semer, espérant que, goulu, il se resservirait de la soupe, qu'il ne suivrait pas, qu'il la laisserait seule avec Deos. Son souffle court résonne dans la petite chapelle ornée de tapisseries et de vitraux et où ne rentrent que quatre chaises devant l'autel, sur lequel elle pose le chandelier d'une main tremblante.

Dehors, le tonnerre roule et s'esquinte sur les collines environnantes. Béatrice lève les yeux vers les vitraux qui s'éclairent par intermittence : elle n'ose pas se retourner vers la porte.
--Scopolie
Retrouvez mon meurtrier.
Qui : j'étais seul avec la baronne, elle est la suspecte principale.
Où : la cuisine où je mangeais ma soupe, ou peut-être la chapelle où j'allais pour me recueillir.
Comment : avec un couteau de cuisine ou un chandelier.

Finissant ma soupe à grand coup de cuillère, je lorgnais du coin de l’œil la ménagère qui allumait des bougies, non pas méfiant mais intéressé par ses courbes comme un loup apprécie la chair d'une agnelle. On aurait été si bien dans le noir, quoi que je n'aurais pas aimé me faire poignarder par inadvertance. Je clôturai comme il se doit le repas en avalant cul sec le restant de vin dans mon verre. Lorsque je le reposai sur la table, j'eus à peine le temps d'apercevoir un bout de robe disparaitre par l'encadrement d'une porte. L'alcool et la fatigue n'aidant pas, je ne compris pas tout de suite qu'elle fuyait.


Humpf !

Je me levai d'un bond, et tant pis pour l'assiette en porcelaine qui se brise au sol. J'entendais ses pas résonner dans le château, alors je la poursuis. En sortant de la cuisine, j'entre dans une pièce sombre où je me cogne contre des meubles dans des râles de douleur. Je sortis de là pour entrer dans un couloir où je me cognai la tête contre un objet décoratif qui tomba dans un bruit sourd. Je sentais un filet de sang couler sur mon front, mais je poursuivis mon chemin jusqu'à la lumière que j'aperçus. C'était sa chandelle, j'en aurais mis ma main à couper. Malgré la faible lueur, je n'aperçus pas que la porte était basse, et je me cogna de nouveau la tête plus violemment cette fois. J'ai bien cru que ma tête allait se retourner sur elle-même.

A moitié assommé, je pénétrai dans la chapelle, le haut du visage marqué par les coups. Si elle me trouvait désagréable jusqu'à maintenant, elle allait me trouver détestable maintenant. Le regard mauvais, je l'observai quelques instants. Une envie soudaine de boucherie me prit : elle ne m'avait pas servi de viande avec la soupe, je vais donc la trouver moi-même cette chair fraiche. Le tonnerre gronde, il illumine par intermittence les traits froids de mon visage, comme celui d'un meurtrier qui était sur le point de passer à l'acte tel que décrit dans les meilleurs romans.


Ne partez pas si vite à l'avenir, j'ai cru que vous vouliez me semer...

L'intonation est suffisamment claire : si tu me refais un coup comme ça, je te casse une jambe. Agacé, essoufflé et blessé, je m’assois sur un banc pour reprendre mes esprits sans la quitter du regard. Je vais doucement m'amuser avec elle avant de lui faire payer son accueil. Impassible, je lui fais signe de s'agenouiller face à moi, sur les dalles froides de la chapelle. Je l'observe d'un air austère, avec une certaine satisfaction derrière mon regard froid.

Je t'écoute, ma fille. Et ne me mens pas, Il t'écoute aussi.

Mais personne ne t'entendra crier lorsque je t'infligerai ta pénitence, sois en certaine. Tu paieras ton orgueil et le sang sur mon front.

_________________
--.beatrice.


Qui ? Elle était seule avec le prêtre. C'est le suspect n°1.
Où ? Dans la chapelle.
Comment ? Avec sa clé anglaise ? Heu ...


Le sang bat à ses tempes. Elle s'agrippe au rebord de l'autel pour ne pas défaillir. De peur. La chapelle n'est pas un cul-de-sac, elle pourrait s'échapper, dehors. Mais là, ça ressemblerait vraiment à une fuite, alors qu'elle ne cherchait à l'instant que la protection de Deos.

L'homme ne pourra pas lui faire de mal, ici, sous les images pieuses des vitraux et des tableaux saints. Reprends-toi Béatrice, c'est un prêtre, il ne veut que ton bien, devant ton dieu. Ça ne te réussit pas de vivre seule. Tu hallucines. La confession, voila qui te ferait grand bien. Surtout que tu as été très très vilaine avec cette histoire de laurier-rose.

La religion prend le dessus sur la raison qui lui dictait de fuir. La religion, doux refuge où chacun est bon au fond de lui-même, où le monde est rose, où il suffit de suivre le bon chemin, comme une bonne petite brebis, pour ne jamais tomber sur le loup.

De toute façon, il n'est plus temps de fuir. Le voila qui arrive, essoufflé et certainement un peu fâché. Elle le sent à sa voix. Elle regrette : elle ne voulait pas le fâcher, juste qu'il l'oublie, la laisse à sa solitude. Qu'il reparte le ventre plein, comme s'il n'était jamais venu. Le ventre plein, c'est peut-être ça le problème... mais non, Béa, ne sois pas sotte. Regarde ce bon prêtre qui te fait signe de t'agenouiller devant lui pour lui confier tout ce qui pèse sur ton coeur.

Elle obtempère, se met à genoux devant lui et baisse à nouveau les yeux.


Vous êtes blessé ? Vou... voulez-vous que je vous soigne, ensuite ?

Deos, quelle est idiote ! Elle se concentre, ferme les yeux, soupire et se lance :

J'ai péché mon père. Oui. J'ai été très vilaine, j'ai servi une soupe empoisonnée.
A mon époux.
S'empresse-t-elle d'ajouter.
Et comme il est mort en lice à la suite de ce repas (il ne devait plus avoir les idées claires, le pauvre) et bien, sa mort est passée pour un accident. Je n'ai pas eu à me repentir devant les hommes. Mais je prie, chaque soir, et remercie Deos de m'avoir donné la force de me séparer de mon bourreau.

Elle a tout balancé, d'un bloc, et son murmure a vibré sous les hautes voûtes, entre deux roulements de tonnerre.
D'où la foudre viendra-t-elle ?...
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