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Info:
Péripéties d'une course à la môme à travers le Royaume.

[RP] Il court, il court, le furet...

Else
[Vannes : 3… 2… 1… Partez ! ]

- T’as sale mine, petiote…
- J’vous r’mercie, grince la blonde, moins par coquetterie mal placée que pour couper court aux velléités bavardes de l’aubergiste vannetais.

Car c’est la stricte vérité. Son visage est égratigné, la peau des mains est à vif en plusieurs endroits, des gouffres violacés ont creusé sous les yeux vitreux et sa silhouette fragile tangue dangereusement dans ses jupes usées. Elisabeth a l’air d’avoir passé deux jours dans un ravin. Et pour cause. Deux jours entiers de solitude, à castagner la roche, à ronger son frein, à tirer sur le nerf chatouilleux de sa patience.
Le type émet un grognement bourru.


- Y’a du courrier pour toi, j’te l’ai gardé au chaud, même que t’étais pas là.

Par bonté d’âme, négligence, ou conscience professionnelle, attendu que la chambre était payée d’avance ? On n’en saura pas davantage. Elisabeth attrape les deux missives et va s’échouer sur une table vermoulue. Les rares clients qui trainent encore dans la grand’salle éclairée de mornes bougies lui décrochent à peine un regard. Qu’importe la énième souillon, la énième linotte paumée dans les bois, la énième victime du énième brigand ? Des histoires, tout le monde en a. Les voyageurs encore plus que les autres. A force, on est blasé.
De toute manière, la Lise n'est pas causeuse. Des deux billets elle choisit le plus élégant, un vélin soyeux marqué du sceau des Montfort-Laval, et le décachète d’une main tremblante.


Ce qu’il contient ? Pas une surprise. Mais on a beau connaître la mauvaise nouvelle, ça fait toujours quelque chose quand elle vous tombe sur le crâne. Sous la plume de son grand échalas de domestique, la petite Lys lui annonce son départ imminent. Elle ne peut plus attendre, elle est triste de partir sans voir sa Eli, mais il faut. Elle quitte la Bretagne. Elle sait ce qu'elle fait, elle est sûre d'elle. On l’accompagne jusqu’à la frontière, puis elle marchera seule.
Seule.
Les yeux bleu délavé s’allument d’une lueur furibarde. Foi de narrateur, je ne voudrais pas être à la place de… n’importe quelle personne qui aurait pu la sommer de rester, ou tout du moins lui constituer une escorte.
La lettre dûment datée indique la date du 20 juin. Trois jours. Evidemment. Trois bon sang de bonsoir de jours.

L’autre pli, plus modeste, ne se laisse pas moins vite identifier : le Sem met un point d’honneur à la noyer de courriers, tant est si bien qu’à présent elle les reconnaît à vue. C’est à base de
« je vous aime bien, mais pour arpenter la lande au soir tombé, ‘faut être cinglé une chouille » et de « Lys partie, pas pu la retenir, z’auriez fait ça mieux que moi ».
Ce qui n’est pas totalement faux, et dans une certaine mesure, carrément vrai. La première partie notamment. Else s’en rend bien compte, d’ailleurs, et son humeur s’en ressent.

D’un geste rageur, elle enfouit le papelard incriminé dans sa besace en se jurant de le jeter au feu, et glisse la lettre de la petite fille dans les replis déchirés de sa chemise. « Vous allez lui courir après ? », demande la missive du Sembre. Et comment ! Et séance tenante, encore. Il ne sera pas dit qu’Elisabeth de Kermorial laisse sa protégée se traverser la moitié de la France toute seule. Encore moins pour se jeter dans la gueule d’une coupeuse de pouces.

- Hep, aubergiste ! ‘Sauriez pas où est le Sem ? Le type qu’est arrivé en même temps qu’moi. Faut que je le trouve.
Alwenna
[Sur les routes, on sait pas trop où, 3 jours après le départ.]

Regard en avant. La prochaine ville qu'il fallait atteindre était Angers. La tête vide, le cœur lourd, les pas rapides, le rythme régulier, Alwenna progressait, toujours l'idée d'aller plus loin, sans s'arrêter, interrompant rarement la marche pour boire, avaler deux trois miettes de pain, et toujours en reprenant d'un air vigoureux. De fréquentes rencontres, jamais très bavardes, plutôt silencieuses, Lys n'était pas amicale avec les inconnus. Elle avait opté pour la tenue de voyage, blanche vous vous en doutez, laissant les robes à volants dans les sacs. Jean-Clément l'avait abandonnée à la frontière bretonne, mais lui avait promis de la rejoindre en Bourgogne, pour lui amener toutes ses affaires, car la petite ne pouvait les porter toute seule, à travers le royaume. Le serviteur était inquiet, il harcelait la gamine de lettres, toujours remplies du même discours, Alwenna s'en était lassée rapidement.

L'ambiance pesante, l'esprit enfantin se demandait constamment où étaient ses amis, que faisaient ils, si ils avaient reçus ses lettres, si ils allaient répondre ? Élisabeth n'avait pas donné de nouvelles depuis un bon moment, juste Sembrounet avait vu la gamine, et lui avait envoyé des lettres. Le soleil commençait à se coucher, Lys pressa le pas, espérant atteindre Angers avant la tombée de la nuit. Les nouvelles bottes frottaient contre la terre sèche, la poussière s'échappait, sur le chemin de la gamine, le vent se levait peu à peu. La saison estivale s'imposait de plus en plus, le temps était un peu plus chaud que d'habitude, pourtant il faisait froid en ce début de soirée ...


[Le soir.]

Jouant avec son bandage à la main droite, Lys était assise sur une chaise, dans une taverne-auberge. L'air était humide, la chaleur étouffante, une odeur de transpiration et de bière régnait dans la pièce, les rires gras et les chants maladroits résonnaient, le tavernier balayait d'un air lubrique la salle. Mine blasée affichée, les pieds posés sur la table, Alwenna observait, prenait note, les lèvres pincées, les yeux plissés, prête à bondir. Les minutes passaient, les gens entraient, sortaient, au début sobres, à la fin complètement ivres. Alors qu'elle ne bougeait pas, tranquille, personne n'aurait pu la remarquer, au fond de la salle, presque entièrement dans le noir. Pourtant, depuis quelques instants, un homme l'observait, un moment parlant avec ses amis, puis soudain détournant la tête vers la Blanche, un sourire malin au coin des lèvres. Alors que Lys exécutait une de ses fameuses grimaces dédaigneuses et hautaines, il se leva. Un, deux, trois pas, vers elle.

Alors ma mignonne, on traîne toute seule en taverne ?

Hochement de tête de la brunette.

Papa et Maman sont pas là, c'est ça ?

Nouvel hochement de tête, suivi d'un magistral clignement de noeils, horrifiée, l'haleine nauséabonde arrivait jusqu'à ses narines.

Je peux m'occuper de toi tu sais ...

Elle se recula, d'habitude forte, courageuse, cette fois crispée, seule. Seule.

Viens par là ...

Un large sourire dévoila sa mâchoire incomplète, ce qui dégouta encore plus la gamine. Et là. Sauvée par le gong. La porte s'ouvra en grand, pour découvrir un grand homme, chauve, tenant un paquet dans ses mains.

Bonsoir ! Alwenna Wolback de Montfort-Laval se trouve bien ici ?

La concernée se leva d'un bond, prise d'une soudaine énergie qui l'aida à parcourir en un temps record la pièce, ne préférant même pas se retourner pour voir la réaction de l'homme.

Oui, c'est moi. Noz vat. Qu'y a t'il ?

Un murmure se propagea dans la salle, tout à coup plus silencieuse. Le sauveur lui tendit le paquet, et s'en alla aussitôt. Alwenna courut vers les escaliers qu'elle grimpa rapidement, arriva devant sa chambre, et entra, s'allongea sur le lit grinçant, et ouvrit, intriguée. Deux lettres. Choc. L'une qu'elle reconnaissait bien, de son ami Sembrounet, et l'autre. Le cœur qui tape contre sa poitrine, et vite, les mots, les phrases, la signature, tout est lu, vite, très vite, et relu, encore, relu, et encore. "Je te rejoins, et Sem.", hein ? Moi ? Eux ? Me rejoindre ? "On ne laisse pas une personne de sa famille partir seule.", moi ? De leur famille ?" Prends soin de toi, Eli.", faire attention, comme d'habitude.

Tout s'emmêlait dans sa tête, la lettre de Sem' aussi fut parcourue, et les mêmes choses étaient écrites, avec en plus la précision de l'absence d’Élisabeth, un tour dans le ravin parait il. Trop d'informations d'un coup, mais Lys comprenait en tout cas une chose : Ils voulaient la rejoindre.

Et dans la tête de la Wolback, une réponse : Pas question.

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Le nouvel atelier qui en jette ? DTC !
Else
[Passé Rieux - ohé ! du canasson !]

- Une petite brune ? Haute comme ça ? Pour sûr que j’en ai vue, même qu’elle faisait la tronche ! Et pas plus tard qu’hier !
- Hier ? T’es pas un peu fou ? Ca fait au moins trois jours !
- Comment ça, trois ? Tu débloques, mémère !
- Hier, tu te souviens pas ? Y’avait l’fils au Loeiz qu’il était là. Toute la journée même. Et il était pas là quand la p’tite est passée !
- T’es sûre ?
- Tête de linotte !
- Bon, bon, t’as p’t’êt’ raison. Mais avant-hier, alors, pas plus loin !
- Attends, c’est ben simple : la gosse, le jour qu’on l’a vue, c’est quand on a fait les champs, tu sais, du côté où y’avait les lapins ! Même que ça nous a pris toute la journée à chasser ces sales bêtes. Bah ça, c’était mardi.
- Mardi ? Ca va pas, non ! C’était pas mardi ! Même que l’Yann est passé boire un coup après, il passe pas le mardi !
- Il passe tous les jours, ton saoulard ! Ca commence à bien faire !

Ahem.

- Et sinon, elle est partie par où ? annone une voix agacée.
- Vers Nantes ! répond le couple en chœur, une fois n’est pas coutume, avant de continuer de se chamailler.
- On y va, Sem ?

Le soleil de midi éclaire de ses rayons salés un radieux paysage de bocages bretons. Il y a plusieurs heures que les voyageurs ont quitté Reoz, et chevauchent à bon train, à la poursuite de Lys.
Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire, je vous jure. Les doigts perdus dans la crinière de la rosse, Else desserre à peine les dents, sauf pour s'enquérir de la petite tignasse brune auprès des quidams croisés sur la route. Vous me direz que ce n’est pas l’amabilité qui l’étouffe d’ordinaire ; mais l’inquiétude la rend plus taciturne encore. Même le Sem, à la présence duquel elle s’est habituée, ne réussit qu'à lui arracher des monosyllabes, et encore : quand elle daigne lui prêter attention.


Lys.
Lys seule.
SA Lys.
Et au bout de sa route, le mal.
C’est comme un pressentiment – ou un délire paranoïaque. Une ombre pèse sur la tête enfantine, celle qui l’a jetée jadis dans la folle colère dont Lisa fut le témoin impuissant, celle que l’on a voulu combattre à coup d’herbes assommantes et de prêches ennuyeux, et la pousse à présent dans les bras d’un danger bien plus grand.


- Ca n’arrivera pas, lâche-t-elle à brûle pourpoint, après des heures de ruminations silencieuses et sans même se retourner vers son compagnon de route. De toute manière, ce n'est pas à lui qu'elle parle. Dans sa voix, une pointe de défi.
Sembrounet
[Angers le 26 juin 1459 sur le tard]


Le tour des tavernes d'Angers, à payer à boire aux quelques soiffards abrutis de cidre et de Chouchen. Pas moyen d'en tirer quoi que ce soit. Pourtant Lys se remarque avec son allure de nobliotte et le sang et l'ardeur Monfort-Laval qu'elle a déjà en elle. Et puis une gamine seule, la main bandé et qui a l'art de se mettre dans le premier guêpier venu ... ça se remarque.

On attend Elisabeth pour voir ce qu'elle veut faire. Je vais lui proposer de pousser à Saumur car en marchant la nuit ... pas de trace de Lys ... faut dire qu'elle doit savoir être furtive.
Bon un mot à Else jusqu'au dernier moment. Un caractère impossible et une tête de mule mais entre Eli et Lys c'est fort et Sem pressent un mystère ou des réminiscences chez la plus grande qui veut protéger la gamine mais de quoi ?
Alwenna
[Le Lendemain Matin, on se prépare pour aller vers Saumur]

Allongée sur le ventre, par terre, les deux lettres devant elle, une mine songeuse sur le visage, une mèche de cheveux coincée dans la bouche, les doigts tripatouillant une chaîne simple autours de son cou, Alwenna semblait réfléchir. Depuis la veille, elle n'avait pas répondu à ses amis, elle ne savait pas si elle allait le faire, ne sachant que dire à part "Ne venez pas.". Lys n'oserait pas les repousser de cette manière, déjà, ce serait impoli, mais surtout, et simplement, c'était ses amis, plus même, une famille. Au bout de quelques minutes, l'impatience arriva, et la gamine rangea, lassée, les deux missives, et se leva. Le soleil avait déjà entièrement éclairé la chambre, nous pouvions voir des affaires posées sur le lit, qui n'attendaient qu'à être rangées pour le départ.

C'est ce que la fillette fit. Les quelques habits et autres babioles furent déposées avec soin dans un sac de taille moyenne, qui fut à son tour posé sur le dos maigrelet. La petite sortir de la pièce, ferma la prote derrière elle, longea le couloir, arriva à hauteur de l'escalier qu'elle dévala, courut au comptoir, sortit une petite bourse, la jeta à l'aubergiste, et se précipita dehors.

La jeune Bretonne s'engagea sur un chemin, puis un autre, contourna quelques bâtisses, et se retrouva devant une route. Un, deux, trois pas, le voyage reprenait.

En marchant, une pensée allait à la femme qu'elle rejoignait. La coupeuse de pouces. Elle s'était promis depuis l'aventure à Paris de la retrouver. La rumeur courait qu'elle se trouvait à Dijon, en Bourgogne, c'était la destination de l'enfant. Cette admiration envers la femme, cette peur, ce sentiment étrange que la Wolback ressentait, elle aimait cette sensation, et ne s'en passait plus. Pas plus tard qu'hier, elle avait attrapé un lapin, et l'avait égorgé, avec un couteau, contre quelques écus de la part du cuisinier, qui était ravis en voyant l'animal ramené. A ce souvenir, un frisson parcourut le dos d'Alwenna, la scène revint à son esprit, ce fut un souvenir effroyable. Les yeux dans le vide, un peu perdue, elle continua à marcher, un pas devant l'autre, à rythme régulier, comme à son habitude ...

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Le nouvel atelier qui en jette ? DTC !
Else
[27 juin – Comme un poisson dans la Saumur(e), évidemment]

A chaque fois, c’est la même rengaine.

- Et si un messager vient pour nous, vous oubliez pas, hein ? On sera à *insérez ici le nom de l’étape suivante*. Faut faire suivre.
Soupir du tavernier.
- Oui da, ma p’tite dame, vous m’avez déjà dit ça trois fois.
Variante :
- Ah ça, donzelle, c’est qu’tu commences à me les gonfler !

Quatrième jour, toujours pas de nouvelles.
Elisa ne décroche plus son regard de la route, sauf pour jeter des œillades désespérées aux marathoniens de passage. Lorsqu’ici et là, elle et son compagnon de route prennent de courtes pauses, ce n’est guère que pour se rincer le gosier et mieux repartir. Verve envolée – et avec elle, le désir de ses semblables ; il n’y a plus guère que le brave équidé placide dont elle supporte la fréquentation. Quand on s’occupe d’un bestiau, on n’a pas à penser à autre chose.
Sûr qu’elle ne mène pas la vie facile au pauvre Sem. Je gage même qu’elle en a des remords, parfois, lorsque ses yeux se dessillent et errent fugitivement sur les traits dudit – mais moi, pour ce que j’en sais…

Sa missive s’est-elle perdue ? La réponse peut-être ? Lys sait-elle ? Attend-elle ? Ou bien, le messager est-il quelque part à boire ses gages ? A-t-il eu un accident ? Gît-il quelque part au bord de la route ? Ou pire… Lys ?
Cervelle qui tourne en rond dans le bocal des idées fixes.

Et ils avancent, bien loin de se douter du terrain qu'ils ont regagné sur leur cible.
Sembrounet
Else était distraite. Pas tant par rêverie comme cela pouvait lui arriver en taverne quand entre elle et lui, le silence était complice et laissait chacun imaginer des mots qui ne venaient pas. Elle était préoccupée, inquiète tout entière absorbée par sa quête de Lys.

Sem ne savait que faire. Il pensait partager la même crainte et il constatait que chacun se renfermait en lui-même.


[Saumur, le 27 juin 1459]


Else en avait oublié, hier, de grimper en selle où était silencieusement descendue pendant que le cheval et Sem, somnolants cheminaient sur la route pavée entre Angers et Saumur.


Mais où est elle passée Nnnntudjuuuu ?
pensa-t-il, jusqu'à ce qu'un paysan arrivant en retard au marché lui tendit un pli roulé dans un ruban.

Citation:
*

* Me suis attardée sur la route, mais je vous rejoins.
E.


- Pffff. Else est pénible parfois. Comment trouver trace de Lys, si elle traîne en route. lâcha-t-il à haute voix.. bien que seul.


[Saumur, le 28 juin 1459]

Il l'a entrevue, trouvé un mot à l'auberge et cherché de son coté, en vain, une trace de Lys ... à tantôt ... comme elle dit.[/i]
--Boule_d_if
[29 juin – En passant par la Touraine avec mes sabots…]

Les diptères, c’est pénib’. On n’a pas idée. En plein cagnard comme aujourd’hui, c’est terrib’ : y’en a des dizaines, hirsutes, hystériques, qui tournicotent en continu. Ierk.

Il n’empêche. Boule-d-If, pas de quoi s’apitoyer sur sa situation. Voyez : y’a des jolis sentiers, des prairies verdies, le type s’occupe bien de lui, la fille aussi. C’est la belle vie !
Boule-d-If, c’est un frison. Ils disent que c’est un sobriquet bizarre… Boule-d-If s’en fout, vous imaginez bien. Il pige même pas c’qu’on y dit.

Il sait uniquement ceci : le type, il est bien. On voit tout d’suite qu’y sait y faire. Sûr qu’il a déjà eu des bourriques ci-devant. Et la fille, aussi. Pas chieuse.
La fille monte toujours en premier, lui ensuite, en croupe. Quand elle tambourine sur le cuir luisant, c’est comme des cajoleries – Boule-d-If, en tout cas, il les explique comme ça. Si elle cogite, c’est possib’ d’ailleurs, il en sait rien. Lui, il se figure qu’elle l’aime bien.
A sa manière d’équidé.

Y sont pas comme ces zigs qui s’amusent lui baragouiner leur idiome anthropien dans les oreilles. Ca chatouille, ça, c’est horrib’. Aussi bien qu’les diptères. Sauf qu’eux, y’a moyen de les virer ; mais les zigs, c’est interdit. Le vieux Davoïne, il a risqué… il a eu des soucis. On dit qu’il a fini en boucherie.
Boule-d-If, en boucherie, il ira pas. Paraît que ceux qui y passent finissent en fricassée, biffrés par les humains. Grailler du vivant… On n’a pas idée. C’est bien leur style. Alors que le mil, c’est si gouleyant…

Et une étape de mieux ! Cette nuit, pas d’écurie. Tant pis – les acolytes sont pas si accueillants, de toute manière. Tandis que les itinérants piétinent dans les environs, Boule-d-If boustifaille des pieds de pissenlit.
La belle vie, j’vous dis.
Sembrounet
Plusieurs jours sur les routes en tentant d'éviter les duchés en guerre. Else demeurait sombre ce qui chez une délicieuse blonde tient d'ordinaire de l'exploit mais la donzelle a le caractère bronzé.

Sur la route, les villages ressemblent aux villages et les tavernes aux tavernes. Et leurs démarches du jours à celles de la veille ... toutes vaines.


[2 juillet c'est Saint-Aignan]


Une dame en taverne, c'est Ysabeau, la douanière de l'endroit. Avenante, sympathique même ce qui est rare chez les gabelous ... est-ce qu'on dit gabeloute pour une femme ?

Bref, si Lys est en Berry, grâce à Ysabeau, on pourrait le savoir. Et d'ailleurs, dès la première demande elle a écrit à son ami Choose qui habite Saint Aignan de voir si Lys y réside et si elle s'y montre, le cas échéant.


Vite, écrire ça à Elisabeth qui se morfond et se mure dans le silence comme si elle perdait l'espoir et se sentait coupable ... de quoi donc ? Pensa Sem
Alwenna
[Alors que les amis arrivent, la petit part.]

Dans une taverne, les sacs posés sur une table, à côté d'elle, Alwenna écoute distraitement la conversation entamée par les personnes présentes. L'arrivée se rapproche, encore quelques jours, et elle arrivera à Dijon, elle La rejoindra, son but sera atteint. L'excitation de la fin du voyage occupait tout l'esprit de la petite, qui ne voyait pas le temps passer, les pensées occupées, se demandant ce qu'elle fera lorsqu'elle se trouvera en Bourgogne. Une Dame qu'elle avait rencontré le matin lui tapota avec douceur l'épaule, pour lui rappeler qu'il était temps. Un léger sourire de la gamine, une bise affective posée sur la joue bronzée de le femme, les affaires sur le dos, la marche reprenait. Lys était presque heureuse, le soleil se couchait, la nuit s'offrait à la bretonne, qui avait pris la direction de Bourges. Chaque pas faisait sonner une seconde qui défilait à grande vitesse, un saut pour ponctuer la minute, et un arrêt à chaque heure, l'enfant était une pendule humaine. La Wolback en était à sa première pause, assise au bord de la route, dans l'herbe, grignotant un bout de pain, éclairée par les étoiles.

Prête à se relever, elle entendit des pas. Au début éloignés, puis qui se rapprochaient de plus en plus. Haussant les épaules, elle attrapa le reste de nourriture, le rangea, et commença à trottiner. Le bruit devenait de plus en plus présent, de plus en plus proche, trop. Elle croisa deux armés, une aux couleurs de la Reyne, et une autre, inconnue à ses yeux.

Alors qu'elle s'engageait sur un chemin qui partait vers la droite, un cri résonna derrière elle, et elle aperçut de nombreuses personnes, une autre armé, se jetait sur elle. Effrayée, sous sa cape blanche, elle ne savait que faire, se cacher dans les arbres ? Ils l'avaient déjà vu. Courir pour s'échapper ? Ils étaient trop nombreux et sûrement plus forts qu'elle. Leur dire qu'elle n'avait rien fait ? Qu'elle ne méritait pas ce sort ? Impossible, elle avait déjà pu décerner leurs expressions brutales. Alors qu'il ne restait que peu de temps avant qu'ils arrivent à son niveau, Lys jeta discrètement son sac derrière un tronc d'arbre.

Puis tout alla très vite.

Le premier à l'attaquer fut un homme, rapide, il lui porta un coup d'épée au ventre. Sous le choc, le souffle coupé, elle tomba agenouillée au sol. Deux personnes dont elle ne put distinguer l'identité arrivèrent, celui de gauche frappa sa tête avec son bouclier, l'autre la toucha au bras. La Bretonne remarqua d'autres voyageurs, qui malgré eux, se retrouvèrent sur cette route, et qui furent à leur tour battus. Il y avait désormais foule, d'autres personnes continuaient de s'abattre sur la pauvre petite, qui essayait comme elle pouvait de se défendre. Elle mordit une personne à la jambe, attrapa son couteau caché dans sa botte et l'utilisait comme elle pouvait. Alors qu'elle s'était mise soudainement en boule, au sol, personne ne la remarquait, elle essaya de voir ses blessures, peine perdue, il y en avait plus qu'elle ne pensait. Certaines semblaient graves, une à la jambe droite, partant du haut de la cuisse, jusqu'en dessous du genoux, une autre au ventre, profonde, le premier coup, sur l'avant bras gauche, et pour finir, à la joue gauche. Couverte d'éraflures, les vêtements tachés, déchirés, une scène d'horreur.

Elle soufflait, paniquée, allait-elle mourir ? Elle perdait beaucoup de sang. Elle se sentit bête, d'être partie de Bretagne, de quitter son nid douillet, pour s'engager dans un voyage dangereux. Plongée dans ses pensées, quelqu'un vint à la déranger. Un bouclier cogna contre son dos, rond, et la lame d'un épée transperça ses habits pour tracer une longue ligne. La Wolback se retourna, ahurie, vers la femme, qui la dévisageait, armes en main. Elle n'eut pas le temps de voir sa réaction en découvrant qu'elle avait blessé une enfant, car un homme aux yeux fous courait en sa direction, et n'ayant pas vu la petite allongée, sur le dos, trébucha sur elle, et s'écrasa de tout son long sur elle. Un craquement résonna, une grimace déforma le visage sanguinolent et larmoyant, qui se ferma aussitôt. Alwenna avait perdu connaissance.

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Le nouvel atelier qui en jette ? DTC !
Sembrounet
Sem, ces derniers jours avait essayé d'en savoir plus sur Alwenna mais sans avoir davantage de nouvelles que "Elle est à Saint Aignan" parfois assorties du commentaire "A sa place j'y resterait car, le Poilu a encore défié la Reyne et les armées se bousculent pour essayer d'attraper ycelui."
quand ce n'était pas "Vous mêlez pas de ça. Z'êtes un espion des royaux ?" voire "Elle est bien mignonne votre Dame, mais du genre qu'est pas commode. Vous d'vez pas rigoler tous les jours avec elle".


Et eux, se mêlent de quoi ... s'ils savaient seulement qu'Else n'est pas ma femme ... ils comprendraient encore moins. D'ailleurs, il faudra quand même qu'on arrive à se voir avec Else et qu'on discute sérieusement de ce qu'on va faire pour retrouver Lys.
Else
Et l’on n’aurait aucune peine à imaginer l’aimable échange qui s’ensuivit :

- Elisabeth ! Elisabeth ! On a vu Lys ! Elle est à Saint-Aignan !
- … Alors qu’est-ce qu’on fiche encore là ?


[A l’approche de Saint-Aignan – qu’est-ce que c’est que ce bins ?]

Ce ne furent d’abord que des regards soupçonneux, à la frontière.
Puis ce furent les hommes en armes, bataillons rangés (ou dérangés) écumant le paysage vallonné.
Mais la guerre ne sut avoir raison de la morgue élisabéthaine. On eut juré qu’elle ne prêtait pas la moindre attention au conflit brûlant ; sa désinvolture frisa même l’inconscience, lorsqu’elle faillit alpaguer une troupe à l’allure patibulaire afin de demander si, siouplait, si c’t’un effet d’vot’ bonté et par le plus grand des hasards, vous n’auriez pas croisé une petite brune, haute comme ça. Heureusement, le Sem contrecarra ce projet délirant.
Non, vous ne rêvez pas : Lison perdait la tête. L’inquiétude, la frustration, l’insupportable spectacle de sa propre impuissance creusaient peu à peu leurs ornières, minant toute prudence sous les boucles blondes, égratignant jusqu’au bon sens le plus élémentaire. Plus que jamais, elle se raccrochait à sa foi. Entre causeries quotidiennes avec Aristote, récitations de passages entiers du Livre et méditations infinies, il ne se passait plus une seule seconde qu’elle ne révisât à l’aune des dogmes. Chaque expérience nouvelle passait inévitablement par ce sas protecteur qui la tamisait, l’épurait, et par là-même la rendait supportable.
Et dangereusement utopique. « Mon Dieu je ne risque rien, car tu me protèges » – c’est ça, on lui dira.
Bref, la Terre-à-terre perdait pied.

Pied qu’elle était en passe de mettre à terre, car les voyageurs avalaient les lieues au grand galop. A cet endroit, le chemin serpentait entre des buttes clairsemées de petits arbres, et rien, à part peut-être la poussière malmenée, ne trahissait plus les déboires du Berry. Soudain le placide frison se mit à regimber. Oh, trois fois rien : quelques secousses, deux hennissements misérables… Mais un détour du sentier révéla bientôt ce qui avait chatouillé l’intuition du vieux Boule-d’If.
L’herbe martelée par des dizaines de pieds bagarreurs. Les branches brisées. Les lambeaux de frusques poisseuses. Les taches de sang déjà coagulé. Ici, on reconnaissait qu’un corps déchiré s’était péniblement relevé, et traîné en direction du village. Là, un autre s’était écroulé, puis relevé, peut-être pour fuir, peut-être bien après la bataille.
Et surtout, surtout.
Au beau milieu du paysage dévasté, une silhouette.
Déchirée.
Sanglante.
Petite.
Brune.

Elsa se précipita à bas du cheval, au chevet de l’enfant – car c’était bien Lys, reconnaissable entre mille sous la croûte de sang et de larmes, sous le tissu moite et percé. La blonde fébrile se pencha au dessus du petit corps meurtri, cherchant un souffle sur les lèvres tordues par la douleur.


- Seigneur, s’il te plaît, cette fois encore laisse la moi…

Prière au demeurant moins orthodoxe qu’on pourrait s’y attendre de sa part ; mais vous la comprenez. Lisbeth passa une main prudente sur le front de l’enfant, palpant son visage, cherchant sous les morceaux de son vêtement nettement moins blanc que de coutume les nombreuses contusions.
Sembrounet
Else devant lui, sur le puissant cheval qui allait bon train vers Saint Aignan. Le Sem aurait été apaisé si ce n'eut été une Else de plus en plus renfermée sur elle même et l'inquiétude qu'ils partageaient, ou plutôt qu'ils ne partageaient pas au sujet de Lys, puisque aucun des deux n'en parlaient clairement.

La guerre ravageait le Berry, la Reyne contre le Duc ou l'inverse, les pauvres heures du Duc de Berry à coup sûr. Et Lys, gamine courageuse et déterminée pas toujours bien sensée face aux dangers et aux menaces.


Soudain, Boule d'If, fait un écart déviant de la route et tirant sur les rênes vers un chemin en contrebas ... Une petite silhouette blanche git non loin, dans l'herbe. Un cri ... Else qui saute à terre ... et court vers la gamine.


- Lyyyys.


Sem à son tour se précipite ... et soupire à demi soulagé. La petite poitrine soulève le léger vêtement ... Lys respire.
Alwenna
Des moments de douleurs, parfois les yeux s'ouvrent, très légèrement, pour ensuite se refermer. Des gémissements plus ou moins fréquents, longues plaintes, appels à l'aide, ou paroles incompréhensibles. Souvent la petite reprend ses esprits, bouge imperceptiblement, et retombe dans les pommes, beaucoup de son sang autours d'elle, sur elle, à se demander comment elle survit. La tête qui tambourine, Lys entend des voix, des bruits, la douleur lui arrache une grimace. Elle se sait courageuse, forte, sans peurs ni craintes, pourtant aujourd'hui, elle ne peut lutter contre le mal qui la tient fermement allongée au sol. Sur le dos, elle n'avait pas quitté cette position depuis que la femme l'avait dévisagé, la nuit, c'était à présent le jour. Les voyageurs savaient que les routes étaient dangereuses, il n'y avait donc personne qui se risquait à passer par là, et donc personne qui pourrait sauver la petite, et les autres blessés autours d'elle. Parfois Alwenna percevait des sons, incertains, douloureux. Ses nouveaux vêtements blancs étaient tâchés, déchirés, fichus à vrai dire, ce qui ressemblait aussi à l'état de son corps. La petite Bretonne ressentait de fortes nausées lui remonter la gorge, des larmes abondantes nettoyaient ses joues égratignées, son teint était plus pâle que jamais.

Alors que l'espoir s'en allait petit à petit, la Wolback entendit quelque chose, au loin. Elle frissonna, de peur que ce soit une armée, alors, elle ne bougea pas. Mais il semblait qu'il y avait qu'un, ou deux, chevaux. Embrouillée, confuse, elle ne bougeait plus, crispée, elle tendait simplement l'oreille. Le bruit se rapprochait, et alors que Alwenna pensait que c'était tout proche, tout s'arrêta. Il y eut un instant de silence, puis on se précipita vers elle, un murmure furtif se fut entendre, et des mains l'inspectèrent. Trop bouleversée pour réagir, la brunette ne put qu'entrouvrir un oeil, puis l'autre, pour apercevoir quelques boucles blondes. Une voix masculine reconnaissable entre toutes cria son nom, des larmes de joie coulèrent à nouveau, les petites mains faibles se levèrent doucement pour s'agripper à une mèche de cheveux.


Eli .. Mouton ...

La vie de Lys n'avait tenu qu'à un fil, c'est une vraie corde qu'on lui tendait.
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Le nouvel atelier qui en jette ? DTC !
Sembrounet
Elisabeth, c'est elle là !!!!! Sem en perdait presque son calme.

Il se précipita à la suite d'Else et les deux se trouvèrent penchés sur le petit corps dolent d'Alwenna dont les vêtements, qui furent blanc, se trouvaient maculés de sang et de terre.

Une faible voix se fit entendre ...

Eli ... Mouton ...


Visiblement, rien de cassé les membres d'Alwenna semblaient droit et elle bougeait légèrement.

Un coup d'oeil à Elisabeth. Se pencher à nouveau sur Alwenna, lui parler au creux de l'oreille


Lys, nous sommes là, nous allons t'amener à Bourges, ça ira ? Tu peux bouger tes bras, tes jambes ? Tu as mal ?
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