Ingeburge
Non.
Un des mots favoris d'Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, connu très tôt, question de caractère mais aussi par la force des choses et des événements et un mot prononcé bien souvent.
Non à sa mère quand elle avait compris qu'elle devait partir, quitter le Danemark.
Non à la mère supérieure qui tentait de lui faire rentrer des principes rigoristes dans le crâne.
Non à son fiancé qui avait voulu cueillir sa fleur avant les épousailles et non toujours à celui qui, devenu époux, se montrait entreprenant de satisfaire le devoir conjugal.
Non au félon provençal qui avait désiré la mettre dans sa couche pour annihiler la fibre contestataire en elle.
Non aux cardinaux qui voulaient la bâillonner.
Non à son foutu vassal qui selon les jours, voulait du bois, des écus, des étoffes, des vivres, des dispenses diverses et variées, des défraiements.
Non à tous les autres et à toutes les situations.
Non à... lui, enfin.
Non.
Et au valet qui présentement lui tendait une lettre. Non car elle n'en avait aucune envie. Trop de mauvaises nouvelles ces derniers jours, beaucoup trop et parmi elle, celle du trépas du Souverain de Bolchen qui se disputait à celle du départ du vicomte du Tournel. Alors, non, le monde pouvait bien s'écrouler, elle ne voulait pas le savoir, le monde resterait à sa porte et il n'était pas dit qu'il parviendrait à venir jusqu'à elle, comme par cette lettre qui lui était présentée, avec insistance. Pourtant, elle était tentée, non pas parce qu'elle aurait voulu que telle ou telle personne lui écrivît, non, elle était tentée car elle était tout de même, parfois, un brin vaniteuse. L'on pouvait avoir ainsi avoir besoin d'elle ou de ses éclairages et il était bien commode de faire montre de prétention quand on occupe des charges qui requiert de vous une attention et une disponibilité de tous les instants.
Hum.
Un petit soupir s'échappa quand sa poitrine gonflée s'affaissa. Autre trait caractéristique de la vAO, s'exprimer par bruits vagues et informes mais pour autant très explicites. Là, donc, elle se résignait, elle était disposée à être altruiste, égoïstement, elle pouvait bien décacheter le pli, sans compter que la situation ne pouvait pas être pire, non? Une main baguée et blanche se tendit, paume vers le ciel, réceptacle offert au parchemin qui, selon les probabilités tirées de la merde des derniers jours, allait à tout le moins la contrarier. La bombe potentielle lui fut remise et ses doigts, craintifs mais impatients se refermèrent dessus, tremblants. La main demeurée libre s'éleva pour que le domestique s'éloignât et l'homme, rompu au comportement de la dame, s'exécuta sans demander son reste.
La missive fut déposée sur la table, devant elle et songeuse, de son regard mort, elle examinait, tentant d'en deviner le contenu, comme si elle eut pu lire à travers la couche qui l'empêchait d'en prendre connaissance. Et si? Toutes les questions qui se bousculaient en son esprit débutaient de la même manière, étaient dotées de la même amorce et toutes les hypothèses les plus diverses en découlaient. Il lui était mortifiant de constater que beaucoup allaient dans la même direction et agacée soudain par ces chimères l'environnant, elle ouvrit la lettre et en commença la lecture :
Un des mots favoris d'Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, connu très tôt, question de caractère mais aussi par la force des choses et des événements et un mot prononcé bien souvent.
Non à sa mère quand elle avait compris qu'elle devait partir, quitter le Danemark.
Non à la mère supérieure qui tentait de lui faire rentrer des principes rigoristes dans le crâne.
Non à son fiancé qui avait voulu cueillir sa fleur avant les épousailles et non toujours à celui qui, devenu époux, se montrait entreprenant de satisfaire le devoir conjugal.
Non au félon provençal qui avait désiré la mettre dans sa couche pour annihiler la fibre contestataire en elle.
Non aux cardinaux qui voulaient la bâillonner.
Non à son foutu vassal qui selon les jours, voulait du bois, des écus, des étoffes, des vivres, des dispenses diverses et variées, des défraiements.
Non à tous les autres et à toutes les situations.
Non à... lui, enfin.
Non.
Et au valet qui présentement lui tendait une lettre. Non car elle n'en avait aucune envie. Trop de mauvaises nouvelles ces derniers jours, beaucoup trop et parmi elle, celle du trépas du Souverain de Bolchen qui se disputait à celle du départ du vicomte du Tournel. Alors, non, le monde pouvait bien s'écrouler, elle ne voulait pas le savoir, le monde resterait à sa porte et il n'était pas dit qu'il parviendrait à venir jusqu'à elle, comme par cette lettre qui lui était présentée, avec insistance. Pourtant, elle était tentée, non pas parce qu'elle aurait voulu que telle ou telle personne lui écrivît, non, elle était tentée car elle était tout de même, parfois, un brin vaniteuse. L'on pouvait avoir ainsi avoir besoin d'elle ou de ses éclairages et il était bien commode de faire montre de prétention quand on occupe des charges qui requiert de vous une attention et une disponibilité de tous les instants.
Hum.
Un petit soupir s'échappa quand sa poitrine gonflée s'affaissa. Autre trait caractéristique de la vAO, s'exprimer par bruits vagues et informes mais pour autant très explicites. Là, donc, elle se résignait, elle était disposée à être altruiste, égoïstement, elle pouvait bien décacheter le pli, sans compter que la situation ne pouvait pas être pire, non? Une main baguée et blanche se tendit, paume vers le ciel, réceptacle offert au parchemin qui, selon les probabilités tirées de la merde des derniers jours, allait à tout le moins la contrarier. La bombe potentielle lui fut remise et ses doigts, craintifs mais impatients se refermèrent dessus, tremblants. La main demeurée libre s'éleva pour que le domestique s'éloignât et l'homme, rompu au comportement de la dame, s'exécuta sans demander son reste.
La missive fut déposée sur la table, devant elle et songeuse, de son regard mort, elle examinait, tentant d'en deviner le contenu, comme si elle eut pu lire à travers la couche qui l'empêchait d'en prendre connaissance. Et si? Toutes les questions qui se bousculaient en son esprit débutaient de la même manière, étaient dotées de la même amorce et toutes les hypothèses les plus diverses en découlaient. Il lui était mortifiant de constater que beaucoup allaient dans la même direction et agacée soudain par ces chimères l'environnant, elle ouvrit la lettre et en commença la lecture :
Citation:
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Ici ou ailleurs le 8 juillet MCDLIX.
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A Sa Grasce Ingeburbe von tout-pleins-de-choses,
Erreur système. La lecture s'arrêta là, parce que là, lire son prénom ainsi déformé, ma foi, ce n'était pas la mettre dans les meilleurs dispositions du monde quand elle était déjà portée à l'irritation la plus franche. Bon, en fait, il y eut plantage généralisé car ça, ce truc-là, ça ne voulait dire qu'une chose sur l'identité de celui qui lui écrivait et sur son âge, aussi; tout venait d'un destinataire dont elle se serait bien passée, tout là-dedans, elle le pressentait, émanait d'un môme. Son saut de lignes jusqu'à la signature le lui conforma mais elle fut en revanche bien attrapée en constatant que l'expéditeur de ce qu'elle tenait entre les mains était en fait deux et intriguée cette fois par ce second nom qu'elle ne se serait jamais attendu à lire, elle prit le temps de revenir à tout ce qu'elle avait volontairement mis de côté et son agacement se mua en une vaste surprise. Bizarre, il n'y avait pas d'autre mot, rien de tout cela n'avait de sens. Sa main se leva à nouveau et le serviteur placé en son encoignure jaillit de l'ombre pour revenir auprès de sa maîtresse. Celle-ci lui demanda d'aller lui faire chercher ses mystérieux correspondants qui là ou ailleurs qu'ils fussent ne pouvaient en fait qu'être dans les parages et, de nouveau seule, elle reprit la missive. L'explication viendrait sous peu mais rien n'en était moins sûr, que pouvait-elle escompter du premier et que savait-elle du second?
Il y eut une nouvelle émission de petits bruits significatifs, dans quelle galère allait-elle se fourrer?
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