Charlemagne_vf
RP ouvert aux membres de la maison royale (ou plus généralement à tous ceux dont les personnages peuvent avoir accès à la Chambre de Charlemagne) afin qu'il apprenne le décès de sa mère, la reine.
[La gloire de mon père.]
- Charlemagne Henri Lévan Von Frayner-Castelmaure, assis sur son lit, droit dans sa blanche chainse, attendait.
Observant le mur d'en face, gêné par les rideaux du baldaquin, il grattait ses draps de son index, dans un geste nerveux. Dans ses yeux se mêlaient peur, fureur, panique et parfois même, il pleurait.
Guise Von Frayner, l'Implacable, Le Duc des Ducs, le Souverain, le Vieux, Roy de France était mort sous les yeux de son fils, sous les yeux de ses fils.
L'aiglon avait vu l'aigle de sa famille percer le cur du paternel Dictateur, comme si Von Frayner n'avait plus voulu de lui, pied de nez du Très Haut, sans doute.
L'Infant craindrait les aigles toutes sa vie durant, l'Infant abhorrerait ces armes à l'aigle bicéphale, et non, il ne ferait jamais un bon chef de famille.
Les femmes de chambre avaient été douces avec le Prince ce soir là, mais il n'avait dit mot, préférant le pesant silence, le deuil, le mutisme. A chacune de leurs tentatives d'apaisement, il les avait menacées d'un noir regard, qu'elles se taisent, qu'elles aussi pleurent le Roy.
Père absent, père lointain, père puissant, il avait fallu que la vie lui soit ôtée l'un des rares jours accordés à sa progéniture, et tout partait en lambeau.
La folie guettait le garçon. Ces rideaux, foutus rideaux qui lui barraient la vue, il les aurait arraché, il les aurait déchiré, mais sa main restait inlassablement saisie du drap blanc. Les doigts boudinés de l'Altesse transpiraient, et une tache apparut là où le tissu était tenu.
Charlemagne attendait sa mère, Béatrice de Castelmaure. L'on parlait de son retour. Le trépas du vieillard l'avait sans doute précipité, et orphelin de père, le Fils de France souhaitait voir SA Majesté, la sienne, et comme le font les autres, se jeter dans ses lourds jupons afin d'y trouver un maternel réconfort.
L'oeil ébène de l'Aiglon quitta le mur, et scruta la porte. Elle entrera, elle viendra aujourd'hui, elle sera là, et elle pleurera, elle aussi.
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