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[RP Fermé] - III . A une Passante.

--Sadnezz.


    «.Je t'en prie, finis-moi !
    J'en peux plus de ramper
    Je deviens fou, tu sais
    Là, comme un échoué.
    Oui, je sais, je suis glauque avec mes chansons tristes
    Mais j'emmerde le monde et il me le rend bien
    C'est un peu comme si nous étions quittes.
    Toi, l'autre que j'aimais, je te prie maintenant
    De finir le travail que tu as commencé
    Et, s'il te plaît, avec le sourire.
    Non, n'aie pas de remords de me donner la mort !
    Tu sais, moi avant toi j'en ai piétiné des coeurs
    Qui avaient vu en moi ce que j'avais cru voir en toi
    Du bourreau au sauveur, de l'agneau au vampire
    On est tous un jour l'un, un jour l'autre, c'est le jeu
    Qui nous tue puis
    Qui fait qu'on vibre.
    Je t'en prie écris-moi
    Donne-moi des nouvelles
    Quand je serai en bas
    Envoie-les vers le ciel.»
    Damien Saez,
    l'abattoir.


Ses tortionnaires décident enfin de la détacher, de l'arracher à son trône de mort. Elle entend la Corleone, les chuchotis des médicastres du diable, que disent-ils? Ils fomentent, encore une fois le meilleur moyen de la tuer sans la laisser en paix. Que disent-ils ces pleutres? Elle ne sait pas. Corleone entend mais n'écoute pas, ils l'ont trop secouée, l'ont trop asséchée de l'ichor vital qui coulait paisiblement dans ses veines. Elle est morte Corleone, par en dedans. Une plaie humaine, un amas de chair exsangue qui ne se paye même plus le luxe de répondre à la putain des herboristes avec son crédo et ses paroles d'évangile. Les mensonges serpentent de cette bouche de femme autant que l'italienne aimé à les formuler, avant.

Ce qu'il reste, c'est ce qu'il reste d'elle qui bat encore la mesure, au rythme fou d'un palpitant trop vieux pour ses tumultes. C'est l'infime pour l'infâme qui résiste encore en silence, qui attend qu'on l'achève. Il n'y a plus les hommes, il n'y a plus Roland. Il n'y a plus le courage ni le fol entêtement. Il y a la douleur, et le vide de l'esprit. L'abandon de l'esgourde, la fuite de l'essence d'elle. Ce qui faisait Belladone s'est fait diffus, jusqu'à disparaitre.

Le corps se laisse aller à la dureté du sol, et le visage se laisse mouiller d'une eau que les lèvres tentent de boire. Amorphe, elle est loin. Jusqu'à ce que les cachots de l'horreur se vident et se fassent calme, elle resta là, couchée et enchainée, sans même la force de tourner les yeux vers l'objet de ses tourments. Les trous béants de ses plaies lancent leur perfide douleur en cadence, le corps ne réagit plus.

Alors c'est ça mourir? C'est sentir l'inadmissible sans le toucher? Elle est belle l'amante qui a suivi son idéal, elle est belle la folle qui l'a suivi sans rien dire! Vois je me meurs petite ordure , mon mâle. Vois je m'éteint à toi le responsable! Tu feras quand même une petite prière, à mon dieu qui te fais rire et à ma gueule incendiaire? Dis tu la fera l'adjuration des condamnés, juste une petite prière? Ne m'oublie pas mon bel amour suicidaire, j'aurai tant de choses à te raconter. Ma vie s'enfuit et mes jours s'enterrent, moi j'oublie déjà que j'ai pu exister.

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--L_araignee..


Parler ? Pourquoi faire ? Il n’écoute pas. Ils n’écoutent jamais. Ils n’ont pas entendu le peuple gronder, ils n’ont pas plus entendu la hargne se lever. Sont-ils plus sourds qu’eux sont fous ? Allez savoir. Il ne sait pas, il ne veut pas. Pourtant, quand tant d’entre eux sont sourds, lui, il entend. Les mots, les ordres, son hurlement. Stoïque pour ne pas devenir tout à fait fou. Stoïque pour ne pas perdre le peu d’amour-propre qu’il leur reste à deux. Mais surtout pour rester encore un peu lucide avant la fin. Elle souffre et ça en devient inadmissible. Il voulait un commanditaire ? Le voilà le commanditaire de la mort de la Belladone : Lui.

C’est toujours comme ça, Elle lui avait dit, dans tous les romans, c’est la femme qui souffre le plus. La preuve en est ce hurlement quand lui réussit enfin à reprendre son souffle. Pour combien de temps ? Il attend le coup de grâce.. Qui ne vient pas. Trop faible ce Duc qui les relâche et ordonne de les soigner. Qu’importent les soins, vrais ou faux, dont ils l’abreuveront. Qu’importe le reste.. Il n’attend que la fin, que le moment où ils seront enfin seuls, tous les deux.

Pardonne-moi, voilà ce que crient les yeux quand enfin, ils ne sont plus qu’eux.
Je t’en prie, hurlent les mains qui se tendent vers tout ce qui lui reste de destin.
Sauve moi, c’est ce qu’il voudrait lire dans ce corps à l’agonie par sa faute.

Atroce. Il pleure quand les bras meurtris par les liens viennent serrer ce corps détruit par la folie des hommes. La culpabilité, l’horreur du geste, il l’avait cru folle, c’est lui le plus fou des deux. Lucidité, encore un peu qui le pousse à s’écarter. L’atout, son dernier atout pour sauver la dame de cœur. Alors dans un recoin de la cellule, il se traîne et dans un dernier effort, il expulse leur délivrance, la porte de sortie, prévue en dernier recours, mais n’est-ce pas le dernier recours que ces petites boulettes enroulées dans un boyau de cochon huilé ? Oui, atroce de pleurer pour une femme, de pleurer pour celle-ci, atroce qu’à son âge, on éprouve encore de la pitié ou même des sentiments. Il n’y a plus d’Araignée, il n’y a plus de Belladone. Il n’y a que Roland, fils d’une fille publique de la Cour des Miracles, et Sadnezz Corleone, héritière déchue d’une belle famille italienne.

Il y a cet amour ignominieux qui le pousse à revenir vers elle et frotter d’un revers de manche, la souillure qui enveloppe leur dernière chance. Il y a cette passion qui n’a jamais laissé place à la tendresse jusqu’alors, jusqu’à ces derniers mots, jusqu’aux gestes qui déshabillent l’inéluctable, baies séchées, humour létal. La Corleone mourra d’intoxication à la Belladone.

A son insu, à son issue, le fruit défendu se glisse entre les lèvres souillées et blessées. Un baiser, le dernier, quelques mots pour combler ceux qui n’ont jamais été dit.


_ Ton Dieu te pardonnera, mon aimée.

Des baies pour sceller un amour qui n’aurait jamais du naître, alors les bras se referment en même temps que ses propres lèvres sur l’instrument de leur mort. C’est con la vie, ils auraient pu se ranger et être heureux. Mais il a fallu qu’ils aiment. C’est encore plus con l’Amour. Et attendre qu’elle parte avant lui, puisque la dose administrée pour elle est plus puissante, dans le doute, pour ne pas qu’elle survive. Cela fera bien assez mal. Et sceller la douleur par une plus intense encore : La tendresse d'un baiser.

    « Un dernier regard, mes yeux ! Bras, une dernière étreinte ! Et vous, lèvres, vous, portes de l'haleine, scellez par un baiser légitime un pacte indéfini avec le sépulcre accapareur ! » - Roméo et Juliette, William Shakespeare.


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--Sadnezz.



    M'extraire du cadre
    Ma vie suspendue
    Je rêvais mieux
    Je voyais l'autre
    Tous ces inconnus
    Toi parmi eux


Lorsque tout s'est fait noir, lorsque tout s'est tût, elle le retrouve. Aura fallacieusement protecteur qui vient la recouvrir d'une chaleur qui n'a rien d'humaine. Stockholm aura plus tard son syndrome, Belladone a pour l'heure sa folie. On passera des femmes au Vitriol, on donnera la Fin du Curare, on oubliera qu'avant cela on aura piétiné la fin d'une Régicide. L'Araignée a tissé son cocon meurtrier autour de sa décharnée personne, les heures passent en années, Sad embrasse l'agonie. Il n'est pas trop tard pour se remémorer les moments forts de sa vie décousue, mais le coeur s'y refuse. Eclaté aux pieds de cet homme taciturne, il ne palpite plus que timidement pour encore signifier qu'il est possédé.

    Toile, fibre qui suinte
    Des meurtrissures
    Tu voyais l'âme
    Mais j'ai vu ta main
    Choisir mon destin

Les mots l'agacent, ces mots Qu'il ne mesure pas, lui l'hérétique. Son dieu ne pardonnera pas. La destinée de l'homme lui appartient, son devenir et sa mort dépend de sa volonté unique. Non, son dieu ne lui pardonnera pas. Le baiser de la mort pourtant la fait sourire, ce contact sec qui se fait sirupeux sous la caresse de la salive... Elle le reconnait immédiatement, il la fait frissonner d'angoisse. Mais la langue ne rejette pas, la lippe se froisse et le palais se voile. Apprécier le gout de la fin est un art qui n'est pas donné à tout le monde... Cadeau empoisonné, Roland aura toujours été amateur des vertus de la nature. Belladone Vénéneuse. Son parfum est léger mais très particulier... Son suc est sucré, le gout qui s'empare de sa bouche est trompeur, il se laisse croire doux et salvateur, subtil. L'index se voit délesté de la bague d'Aléanore qu'elle avale tout rond pour une Provençale avant le grand saut. Un soupir ébranle la poitrine torturée, qu'a-t-il fait là...

    Et je te rends ton amour
    Redeviens les contours
    Je te rends ton amour
    C'est mon dernier recours
    Je te rends ton amour
    Au moins, Pour toujours


C'est bien l'amour qui signe sa fin, qui oserait dire qu'on ne meurt pas d'aimer? Aimer sa cause, ses convictions, aimer son peuple ou son dieu. Aimer son sort. L'amour qu'elle a toujours réprimé, ce sentiment qu'elle a écrasé , moqué, méprisé... Celui dont elle a rit au lit de ses amants, celui qu'elle a poignardé dans le dos avant que de ne le jeter à l'eau. Il aura eu sa peau, et quelques ridicules abnégations aussi. Il y a Roland, il y eut le Montereau, le Diablo, la Rebaile ; ces poignes à femmes qu'elle n'a jamais cessé d'apprécier. Corleone leur a bien refusé les paroles tendres, tué leur maitresses, déserté leur lit après le stupre, mais... Ils ont bâtit ses nuits à la force de leur décadence. Et elle les a aimé, à sa manière.

    Toi
    Tu m'as laissé
    Me compromettre
    Je serai "l'Unique"
    pour des milliers d'yeux
    Et toi le maître


Pourquoi sort-il sa dernière carte? Elle préfère ne pas y réfléchir, d'ailleurs le temps n'est plus à réfléchir, mais à fléchir, et à mourir. Ha la chienne! Elle ne lui laisse pas de répit. C'est ici et maintenant a-t-elle dit, ses symptômes se déclarent rapidement après l'absorption, et c'est sa grande apothéose, le dernier supplice. L'italienne a chaud, entre les mains de l'Epeire c'est la fournaise avant l'heure. Elle qui pensait souffrir de l'enfer plus tard, sent sa bouche s'assécher, dans un réflexe primaire elle l'ouvre en grand, orifice béant comme un poisson hors de l'eau, grimace des gargouilles de Nostre Dame, statues de sel aux regard figé. Sa peau se pare de tâches violines, comme un ciel parsemé de tant d'astres indélébiles. Les mains cherchent frénétiquement leurs jumelles, comme pour y trouver un quelconque et utopique apaisement. Il est là son bourreau, et elle veut le serrer jusqu'à l'étouffer comme elle s'étouffe, dans une rage mêlée d'orgueil, dans les lambeaux de courroux qu'elle garde au coeur.

    Tu n'as plus vraiment le choix
    Nos deux corps étendus, là
    Qu'à l'aube ils se mélangent
    Là tu as les yeux d'un ange, mon amour...
    Lâche!
    C'est plus fort que... Toi
    Toujours en cavale
    Ne t’éloignes pas de mes... Bras


Personne ne la confessera maintenant, aucun prélat ne s'approcherait de sa dernière apparition. La douleur la transcende, et tout son corps s'y broie avec une violence effroyable. Ses prunelles corbeau s'aveuglent, yeux égarés aux pupilles ayant doublé de volume, hagards et exorbités. L'écume perle à la commissures des lèvres, le malheureuse semble vouloir parler mais ne parvient qu'à haleter et éructer... Corleone lance des regards fous, incapable de reconnaître son funeste environnement. Son esprit lui est encore vif, c'est le corps qui déraille, une pensée zèbre sa succinte lucidité: il vaut mieux être privé de la vue plutôt que de regarder l'autre se tuer... Le visage racé de notre latine se contorsionne de douleur, presque méconnaissable puis elle se courbe, se recroqueville encore, étend ses bras comme les chats qui s'étirent et se met à les agiter en remuant des doigts crispés de sorceresse. Sa voix fêlée et rauque semble appartenir à une autre personne, mais c'est bien ça... C'est la voix de la mort.De spasmes en tics, l'être comme possédé ne s'apaise pas, il se foudroie dans une ultime et brutale ruade , les yeux révulsés. Cette fois c'est la bonne. Sadnezz n'est plus.

    Je n' comprends plus pourquoi
    J'ai du sang sur mes doigts
    Je dors en paix je t'assure
    Tu veilleras ma sépulture, mon amour


Les vautours de Montfaucon l'auront bien, mais seulement passée au trépas. Un dernier bras d'honneur à son destin, un pied de nez à une Passante. Est venue la prompte délivrance , viendra peut-être leurs corps écorchés, desséchés au soleil de Paris, aux larmes qui ne couleront pas pour eux. Adieu les Fourches de la grande justice... Que les charognards leur crèvent les yeux pour ne plus jamais les rouvrir sur la laideur de leur monde. Que les vers les rongent pour que ne subsiste une once de leur souvenir. Les miracles viendront! Ils viendront pour eux, leurs oripeaux pour drapeau... Et nul ne saura pénétrer le cénacle qui les protègera, à la Cour des Miracles.

    C'était plus fort que toi
    Même si tu sens là l'effroi
    Envahir tout ton être
    Je te rejoindrai peut-être, mon amour...


Libre interprétation des oeuvres de M. Farmer

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