--Sadnezz.
«.Je t'en prie, finis-moi !
J'en peux plus de ramper
Je deviens fou, tu sais
Là, comme un échoué.
Oui, je sais, je suis glauque avec mes chansons tristes
Mais j'emmerde le monde et il me le rend bien
C'est un peu comme si nous étions quittes.
Toi, l'autre que j'aimais, je te prie maintenant
De finir le travail que tu as commencé
Et, s'il te plaît, avec le sourire.
Non, n'aie pas de remords de me donner la mort !
Tu sais, moi avant toi j'en ai piétiné des coeurs
Qui avaient vu en moi ce que j'avais cru voir en toi
Du bourreau au sauveur, de l'agneau au vampire
On est tous un jour l'un, un jour l'autre, c'est le jeu
Qui nous tue puis
Qui fait qu'on vibre.
Je t'en prie écris-moi
Donne-moi des nouvelles
Quand je serai en bas
Envoie-les vers le ciel.»
Damien Saez, l'abattoir.
Ses tortionnaires décident enfin de la détacher, de l'arracher à son trône de mort. Elle entend la Corleone, les chuchotis des médicastres du diable, que disent-ils? Ils fomentent, encore une fois le meilleur moyen de la tuer sans la laisser en paix. Que disent-ils ces pleutres? Elle ne sait pas. Corleone entend mais n'écoute pas, ils l'ont trop secouée, l'ont trop asséchée de l'ichor vital qui coulait paisiblement dans ses veines. Elle est morte Corleone, par en dedans. Une plaie humaine, un amas de chair exsangue qui ne se paye même plus le luxe de répondre à la putain des herboristes avec son crédo et ses paroles d'évangile. Les mensonges serpentent de cette bouche de femme autant que l'italienne aimé à les formuler, avant.
Ce qu'il reste, c'est ce qu'il reste d'elle qui bat encore la mesure, au rythme fou d'un palpitant trop vieux pour ses tumultes. C'est l'infime pour l'infâme qui résiste encore en silence, qui attend qu'on l'achève. Il n'y a plus les hommes, il n'y a plus Roland. Il n'y a plus le courage ni le fol entêtement. Il y a la douleur, et le vide de l'esprit. L'abandon de l'esgourde, la fuite de l'essence d'elle. Ce qui faisait Belladone s'est fait diffus, jusqu'à disparaitre.
Le corps se laisse aller à la dureté du sol, et le visage se laisse mouiller d'une eau que les lèvres tentent de boire. Amorphe, elle est loin. Jusqu'à ce que les cachots de l'horreur se vident et se fassent calme, elle resta là, couchée et enchainée, sans même la force de tourner les yeux vers l'objet de ses tourments. Les trous béants de ses plaies lancent leur perfide douleur en cadence, le corps ne réagit plus.
Alors c'est ça mourir? C'est sentir l'inadmissible sans le toucher? Elle est belle l'amante qui a suivi son idéal, elle est belle la folle qui l'a suivi sans rien dire! Vois je me meurs petite ordure , mon mâle. Vois je m'éteint à toi le responsable! Tu feras quand même une petite prière, à mon dieu qui te fais rire et à ma gueule incendiaire? Dis tu la fera l'adjuration des condamnés, juste une petite prière? Ne m'oublie pas mon bel amour suicidaire, j'aurai tant de choses à te raconter. Ma vie s'enfuit et mes jours s'enterrent, moi j'oublie déjà que j'ai pu exister.
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