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[RP] Folle est la brebis qui au loup se confesse.

Sorianne
Quelques temps maintenant que la petite noiraude retrouvait peu à peu goût au monde. Pas encore prête à se retrouver au milieu d'un monde fou, préférant aller s'isoler quand elle se sentait étouffer, mais... A l'aise parmi ces gens qu'elle suivait même si leur réputation n'était plus à faire. Étrangement, beaucoup moins avec d'autres qui pourtant n'avaient rien à se reprocher, lisses de tout. Personnalité incongrue au sein de cette troupe, elle était bien, là, ne se posant pas de questions, vivant au jour le jour et pour elle même. Juste pour elle. Et pour le bébé qui restait souvent auprès de la vieille femme qui suivait les caprices de la brune, quand elle ne pouvait s'en occuper elle même.

Ce qui faisait mal était maintenant laissé de côté, bien caché sous les sourires qu'elle s'appliquait à disperser autour d'elle. C'est qu'elle était de nature optimiste et joyeuse la So. Il suffisait de ne plus vraiment s'investir après tout. Prendre tout à la légère et par dessus la jambe. Ne plus rien espérer de personne afin de ne pas être déçue à tout bout de champ. Oui voilà, et c'était bien ainsi. Faire ce qu'elle voulait, quand elle le voulait, ne rien espérer en retour, et se faire plaisir, pensées égoïstes mais qui pouvaient sauver de la folie qui avait guetté fut un temps. Qui pouvait reprocher à quelqu'un de se faire plaisir, en plus? De penser un peu à soi ne pouvait faire de mal... Quoi que... Peu lui importait en fin de compte. Elle avait assez donné. Chacun pour soi.

Ce soir là, la brune abandonna à l'auberge le chippeur de bourses qui l'accompagnait. L'entendre radoter au sujet de celui qui lui avait démoli le portrait commençait à la faire enrager sérieusement. Nominoée, endormie, fut portée à Gaelante qui préférait sa roulotte à toutes les auberges du Royaume. Habitat de fortune mais qui serait bien pratique sur les routes, sans nuls doutes! Sorianne ne pouvait décemment pas laisser la fillette de quelques mois, seule dans une chambre d'auberge alors qu'elle allait trouver compagnie en taverne... Peut-être y croiserait-elle de nouveau ce mystérieux brun qui semblait aimer parler par énigmes et qui attisait sa curiosité... A moins qu'elle n'y voit une Fourmi! Elle ne désespérait pas d'apprendre son nom un jour. Ou encore...

Taverne investie, agréable soirée. Rires, chamailleries, histoires racontées, anecdotes, soupirs, alcool... Non, elle n'est pas soiffarde!! Elle rattrape le temps perdu. Nuance de taille. Après ces quelques soirées à ne plus savoir se mesurer, il est vrai, elle avait prit le pli, et avait comprit quand s'arrêter, ne voulant plus expérimenter ce mal de cheveux et cette gueule de bois qui l'avait cloué au lit durant une bonne journée. Petite joueuse? Barf. Petite révélation de faite entre deux gorgées... Elle cherchait un confesseur, la brunette... Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas croisé un prélat qui pourrait lui permettre de soulager cette conscience, même s'il n'y avait pas grand chose à dire... Quoi que. Bien des villages traversés, mais peu d'hommes de foi... Bien triste tout cela... Il y avait bien Forth, en Poitou, mais elle n'arrivait pas à se résigner à lui apprendre ces choses. Certes confesseur, mais aussi vieil ami qu'elle ne connaissait que trop. Zeji? Il ne demanderait pas mieux, mais bien trop proche de celui qu'elle s'efforçait d'oublier et bien trop... Proche tout court. Il lui fallait quelqu'un d'inconnu, qu'elle oublierait à la suite. Quelqu'un qu'elle n'aurait pas à regarder en face et qu'elle ne reverrait plus. Si elle trainait des casseroles? Aucun doute.

La soirée suivit son cours, jusqu'à ce qu'elle se lève et se décide à rentrer, pensant sa petite parenthèse oubliée. Après tout, pas de raison que cela intéresse qui que ce soit si ce n'était elle même. La brune boiteuse ferma donc la porte derrière elle, sûre sur ses pattes ce soir, et une fois dans la ruelle, prit le temps de réajuster le col autour de son cou pour se protéger de la fraîcheur ambiante. La pluie guettait, et la frileuse voulait se garder au chaud le temps d'arriver à l'auberge non loin. Les cheveux sombres ramenés rapidement en chignon sur la nuque grâce à un lacet de cuir et elle s’apprêta à partir après avoir guetté les environs préférant être sûre de ne pas croiser quelqu'un.

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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
Miramaz
[Méchante est celle qui sauvée envoie ses congénères dans la gueule du prédateur...]

Une soirée comme une autre parmi leur petit groupe, une page de plus aux livres de leurs souvenirs, c'était sans doute plus ces nuits passées ensemble qui les liaient que les moments passés à combattre, des frères d'armes ni des inconnus ni des amis au sens habituel du terme, juste un groupe soudé par les rires et les joyeuses moqueries autant que par les chopes et les coups. Une nouvelle tête s'insérait dans le groupe depuis quelques temps déjà, brune discrète à l'air joyeux qui renouvelait l'ambiance par sa simple présence. La Rasée s'en était méfiée au début, une intruse, qui semblait plaire à tout le monde, qui évoluait parmi eux comme si elle avait toujours été là, et puis finalement, l'alcool aidant elle changé d'avis, ne restait qu'une pointe de jalousie endormie la plupart du temps.

Ce soir là, des révélations sur son passé avait été faite par le borgne lui même, puis la brune avait lâché deux trois bribes du sien, attisant la curiosité de Mira. La recherche d'un confesseur avait même été évoquée par So sans que personne ne relève, la sans-cheveux avait entendue mais hors de question de parler de ça devant les autres, déjà qu'elle passait pour on ne savait quoi avec sa manie de vouloir cramer les roux, d'hurler aux barbares, et d'insister pour finir sur le Paradis solaire et non la Lune. Elle glisserait deux trois mots à la brune quand elle aurait l'occasion, enfin peut-être, c'est que le seul confesseur qu'elle connaissait était un peu... hors normes dans son absolution des péchés. Devait-elle vraiment le recommander à la mystérieuse Sorianne, méritait-elle cette rencontre dangereuse?

La soirée se terminait, la taverne vide poussait à la fuite, l'écho des rires s'y éteignant petit à petit, n'y laissant qu'un désordre de chopes jetées au sol et de tabouret renversés dans flaques de tisane. La Rasée en bonne dernière quitta l'abri du bouge pour rejoindre la fraîcheur de cette humide nuit d'été, elle voulait trouver l'arbre où dormir quelques heures à l'abri des bestioles qui erraient dans ce coin de campagne. En fait de tronc sylvestre c'est une So esseulée qu'elle trouva plantée sur le chemin, se préparant à affronter les gouttes qui ne tarderaient pas. L'occasion était belle pour lui glisser quelques mots, tant pis pour la réflexion, elle ne ferait que donner un conseil, personne n'était obligé de suivre ce genre de chose? Mira referma lentement la porte de la taverne, faisant juste assez de bruit pour signaler sa sortie sans effrayer la clopineuse, avant d'entamer une discussion anodine.


En vrai soiffarde t'aimes pas l'eau d'pluie non plus? Peur qu'elle t'empoisonne en imprégnant ta peau peut être?

Un sourire alors qu'elle s'avance de quelques pas, laissant son crâne nu refléter la clarté lunaire, comme une offrande symbolique à cet astre tant craint. Parler du mauvais temps en restant dessous n'étant guère le passe temps favori du crâne d'oeuf, elle se décida à aborder en douce le sujet qui roulait dans sa caboche.

Hum.. la pluie c'p'tête ta punition pour les péchés qu'tu caches.. t'disais qu'tu cherchais un confesseur nan? Dans l'coin j'en connais pas.. m'enfin si t'es pas trop r'gardante sur l'aspect d'l'homme d'foi et qu't'es prête à parcourir quelques lieues.. j'pourrais t'donner un nom..

Les dés étaient jetés et même si le jet pouvait toujours être modifié au dernier moment,il n'était plus temps de tergiverser, maintenant la brune voudrait un nom, à Mira de lui offrir à demi-mots non sans quelques avertissements.
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Sorianne
Elle avait bien fait quelques pas, mais elle n'était pas convaincue du chemin à suivre. Un sens de l'orientation à toute épreuve et elle pouvait se retrouver au milieu de la cambrousse environnante, complétement perdue, donc mieux valait ne pas se tromper. Sans compter l'heure et la faible lumière de la Lune, ce n'était pas forcément pour aider... Déjà à Bourges c'était la croix et la bannière pour retrouver le chemin de l'auberge au sortir des tavernes. Décidément... Une petite moue, intense réflexion...

Et le bruit d'une porte se refermant doucement derrière elle la fit se retourner pour voir une rasée la rejoindre. Accueillie avec un sourire la jeune femme. So ne la connaissait que peu au final, mais elle commençait à bien l'apprécier. Elle lui paraissait simple et à comparer leur descente au godet ça pouvait être amusant. Puis elle ne se privait pas de lui donner quelques conseils sur les activités de la troupe, cela ne pouvait avoir que du bon, surtout que la brunette n'y connaissait goutte!

La première phrase lancée eut le don de faire rire la So, il allait vraiment falloir qu'elle se calme un peu histoire de perdre cette petite réputation faite à peine arrivée et au retour dans les tavernes. Elle ne se rappelait même plus de ce qu'il en était avant... Bien trop loin dans le temps pour sa cervelle de moineau et sa mémoire de poisson rouge...


Pas peur de me faire empoisonner non, mais à quoi ça servirait de boire si tout est dilué après à cause de l'eau qui tombe? Puis pas envie d'attraper la mort non plus. On sait jamais si on se noie...

C'est qu'elle nageait comme une pierre alors pourquoi pas périr noyée dans une flaque... Mort bête au possible quand même... Le regard de la noiraude fut attiré par le crâne chauve de Mira lorsqu'elle s'avança un peu vers elle. Elle n'arrivait décidément pas à s'y faire. Elle savait qui avait coupé ces cheveux, du moins de nom maintenant, mais ne savait toujours pas pourquoi, et elle était intriguée... Il fallait vraiment le vouloir pour se débarrasser de sa crinière... Et la jeune femme sortit de ses pensées en rosissant quand soiffarde première (pas de pitié, elle était là avant) s'adressa de nouveau à elle. Alors comme ça ce qu'elle avait dit avait quand même été entendu par quelqu'un...

Au point où on en est, je ne suis franchement plus à quelques lieues près... Son aspect m'importe peu du moment qu'il fait son office... Il serait bien le seul à des lieues à la ronde. C'est que c'est un peu désert dans le coin...

Elle se sentait un peu ridicule de parler confession comme ça... Mais depuis le temps... Pas faute de chercher, et si on lui en proposait un qui n'était pas à l'autre bout du royaume, elle n'allait sûrement pas cracher dessus. Puis un souvenir lui revint, lui arrachant un sourire amusé...

Et je ne pense pas qu'il pourrait être pire qu'un autre, croisé il y a quelques temps... Il ne peut pas être pire qu'un homme blafard aux yeux rouges servant chez les exorcistes... Dooonc...

C'est que l'homme lui avait fait forte impression, au point de le prendre pour un envoyé du Sans Nom planqué chez ces hommes de foi. Malgré l'aspect hors norme de l'homme, elle n'en avait pas pour autant moins de respect pour lui. Juste qu'il était amusant de penser qu'il pouvait y avoir pire. So s'approcha de la rasée, trépignant presque, curieuse d'en savoir plus, de savoir où trouver cette perle rare en ces contrées, ravie de bientôt pouvoir soulager sa conscience.

Dis moi tout!
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Miramaz
Perdue dans le souvenir de sa récente confession, elle écoutait pourtant attentivement la jolie brune, ses réparties lui arrachèrent même un pâle sourire, défi difficile vu la scène se déroulant derrière le front plissé de Mira. Elle revivait sa confession, l'échine parcourue de frissons à ce souvenir si réel, elle sentait encore l'odeur du prêtre, sa voix résonnait sous son crâne la mettant mal à l'aise. Oh si So, il peut y avoir pire que ton curé, si c'était seulement l'aspect de celui-ci qui t'effrayait, que dirais-tu en rencontrant le mien?

Elle hésitait la Rasée, frottant son crâne, haussant les épaules le temps d'assurer sa décision, allait-elle vraiment envoyer la p'tite dernière de la troupe à son tortionnaire? Oh elle en ressortirait sans aucun doute absoute de tout ses péchés mais avec quelle vision de l’Église? Avec quel sentiment envers sa propre personne? Ressentirait-elle la honte qu'elle-même ressentait en passant devant un lieu saint? Tremblerait-elle aux heures des messes, tapie dans un recoin à psalmodier des prières sans fin? Le rôle de la bergère envoyant à l'abattoir une frêle agnelle ne plaisait guère à la mercenaire, mais So ne lui laissait plus le choix, elle s'était approchée, la pressant de parler.


Père Scopolie de Carniole...c'comme ça qu'il s'nomme...

Le nom franchit facilement la barrière de ses lèvres, ancrée dans sa mémoire a-t-elle point qu'elle n'eut aucun besoin de réfléchir pour le retrouver. Ce nom elle l'avait répété et répété depuis ce jour maudit, se promettant qu'un jour il regretterait d'avoir marchander avec elle, idiote elle avait accepté, ne se rendant compte que bien trop tard que le prix était trop cher pour le service rendu. Elle le revoyait devant-elle et n'eut aucun mal à le décrire grossièrement, avec suffisamment de détail pour que So le retrouve sans peine.

L'est brun..les c'hveux plus long qu'les miens... 'fin longs...doit pas aller souvent chez l'barbier...
Pas très grand.. une tête d'plus qu'moi p'tête.. l'air revêche..peu amène..
Replet... mal rasé... et l'a un étrange tatouage dans l'cou.. s'tu l'aperçois tu sauras qu'c'est lui..


Chaque mot ramenait une image à la surface de ses pensées, le curé la dominant alors qu'elle était à genoux, sa barbe râpeuse frottant contre sa peau, le regard autoritaire jugeant ses paroles, et le dessin ornant son cou, distraction salvatrice pendant qu'il la besognait. Elle se mordit les lèvres pour s'arracher à cette vision, haussant les épaules pour dénouer la tension accumulée dans ses muscles, quelques pas en dehors du chemin avant qu'elle ne marmonne, la nuit portant ses mots jusqu'à la prochaine victime du Père.

Tu l'trouv'ras dans un village qui fait frontière entre la Touraine,l'Anjou et l'Maine... à quelques lieux au nord d'ici... l'était par là aux dernières nouvelles... mais méfie-toi d'lui... l'pardon risque d'te coûter très cher.. trop cher même... Assure qu'toi ça en vaille la peine...

Pas un mot de plus, Mira tourna les talons, ruminant ses sombres pensées, un soupçon de culpabilité s'y mêlant, pourquoi avait-il fallu qu'elle sache où ce prêtre évoluait, si elle n'avait pas cherché de renseignement sur lui, jamais elle n'aurait pu envoyer So à lui. A trop vouloir se venger, elle entraînait une innocente dans sa chute, tant pis, la douce brune s'était immiscée dans le groupe, le prix d'entrée se révèlerait donc à elle en suivant les indications de la Rasée.
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Sorianne
So avait regardé Mira s'en aller avec une mine perplexe. Les derniers mots de la rasée tournaient dans son esprit et la brune se demandait en quoi il fallait se méfier à ce point d'un prélat. Lui revinrent en tête les racontars entendus lors de son dernier passage en Périgord. Un évêque qu'elle n'avait jamais rencontré et qui incitait à faire pénitence en dévorant des morts amis. Coutume étrange certes, et Ô combien décriée quand elle avait entendu dire cela. Une grimace de dégout s'afficha sur le museau de la brunette, une chose était certaine, jamais on ne lui ferait manger un mort... Si c'était de ça qu'elle voulait parler, elle trouverait sans doutes à faire amende honorable ailleurs!

Revenant à la réalité et à la route à trouver, la jeune femme se secoua un peu. Elle n'allait tout de même pas rester à faire le piquet devant la taverne, surtout que vu l'heure tardive, il y avait peu de chance de recroiser quelqu'un, autant retrouver la vieille femme qui l'accompagnait à défaut de retrouver le chemin de l'auberge et du lit chaud qui lui tendait pourtant les bras... Maintenant le large col contre elle, Sorianne se frictionna doucement, la chair de poule la prenant subitement et finit par choisir une route au hasard, elle finirait tout de même par trouver son chemin...

***

Quelques jours avaient passés depuis l'échange entre la rasée et la brune au sujet de ce confesseur un peu hors norme. Ce jour, il avait été décidé par la noiraude de laisser derrière elle le petit groupe pour un léger temps, afin d'aller trouver ce qu'elle cherchait. Ce n'était pas bien loin, alors autant profiter de ce moment plus calme que les autres. Puis cela ferait sans doutes des vacances à certain, donc tout était au mieux. Il fallait juste réussir à amadouer le châtain qui la suivait comme son ombre, lui raconter un mensonge quelconque afin qu'il ne la suive pas, ni qu'il s'en fasse le temps de sa course. Chose faite, même si elle avait dû éhontément mentir pour s'en débarrasser. Mais bon... Elle était sûre au moins que Dazibaan ne suivrait pas, bien trop occupé à s'occuper du bébé laissé en charge. Bah oui, elle n'allait tout de même pas prendre Nominoée avec elle... Bien que... Non. Elle n'oublia pas non plus de se munir de la dague prêtée gracieusement en attendant qu'elle s'en trouve une à elle. C'est là qu'elle ruminait le fait d'avoir fait fondre tout ce qui avait rapport à son premier fiancé... Epée comme dague... Même si la dague, elle en avait fait mauvais usage et qu'elle lui devait ainsi les marques à ses poignets... Mais bon.

Départ. A pieds... Pas question d'utiliser une monture quel qu’elle soit, ni même un truc tiré par un canasson. Parce que quand bien même elle prendrait charrette ou autre, il faudrait s'approcher du cheval ou de la mule et c'était au dessus de ses capacités. Dire qu'avant elle s'en donnait à cœur joie sur ces bêtes... A cru ou pas, mais en tous cas, pas en monte comme ces Dames qui se tenaient étrangement dessus... Quelle idée... Rien de plus pratique que d'avoir une jambe de chaque côté tout de même, c'était connu... Mais là, c'est s'égarer, on en était donc au départ, à pieds, vers l'inconnu et avec son sens de l'orientation à faire pâlir n'importe qui. Elle s'était tout de même bien renseigné avant... Il valait mieux... Sa vieille carte étant restée quelque part dans une malle à Bayeux, avec toutes ses affaires servant sans doutes de souvenirs, il lui avait fallu s'en procurer une nouvelle... Et elle l'étudiait tout en claudiquant doucement vers sa destinée.

Un village faisant frontière entre Touraine, Anjou et Maine... Non elle n'en était vraiment pas loin. Il fut même atteint plus vite que prévu. Il ne manquait plus qu'à trouver le Père Scopolie de Carniole... Nom bien retenu, tourné et retourné dans la tête brune dans ce but. Brun, pas très grand, et avec un tatouage au cou. Détail qui avait surpris la brunette quand elle l'avait entendu d'ailleurs... Alors, où trouver un prélat si ce n'était dans une église? Levant le nez, la brune chercha la flèche qui lui indiquerait où se rendre. A moins qu'elle ne se restaure un peu avant? Elle pourrait ainsi en profiter pour demander à quelqu'un? Petit air de réflexion pour la So, et elle se décida, avançant dans les venelles d'un pas tranquille.

Non loin de l'église, la jeune femme se stoppa un instant, boitement intensifié par la trop longue marche effectuée, sans compter son ventre grondant de faim. Du bruit dans un coin la fit se pencher, curieuse... Un homme en pleines ablutions dans un abreuvoir, ce qui la fit sourire. Peut-être pourrait-elle lui demander si le Père était là ou s'il fallait qu'elle s'en aille chercher ailleurs? Une mèche échappée de la lourde natte fut rejetée en arrière avant que Sorianne ne prenne sur elle et s'approche un peu, rougissante à l'idée de l'ennuyer à ce moment...


Pourriez vous m'aider? Je cherche quelqu'un... Je n'en ai pas pour longtemps...
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--Scopolie
La vie est un long fleuve tranquille pour celui qui se laisse bercer par le courant. Pour celui qui aspire, comme moi, à une vie paisible, sans ambition, rythmée par les petits péchés quotidiens, alors il suffit de devenir prêtre dans une petite bourgade perdue dans une clairière, entourée par une forêt dense infestée de brigands et de sorcières -sur ce dernier point, c'est un honteux mensonge pour éviter que les percepteurs d'impôt ne viennent nous taxer. Ça marche tellement bien que je n'ai même jamais reçu la visite d'un autre clerc pour venir inspecter mon travail, et pour que cela perdure, je ne manque jamais d'effrayer les paroissiens lors de mes sermons avec des histoires de démons qui sortent des arbres à la nuit tombée pour venir se pencher sur le lit des pécheurs. Même que j'ai menacé chacune des paroissiennes à qui j'ai palpé le sein de la livrer aux créatures du Sans-Nom si elle allait me dénoncer. Enfin ça, c'est pour les plus revêches parce que les autres n'osent rien dire de peur que je leur ferme les portes du Paradis, ce qui peut amener à ce genre de situation...

Je n'ai jamais été très protocolaire, c'est sûrement pour ça que je n'ai jamais assisté à un séminaire théologique de ma vie. J'aime faire les choses à ma manière, ce qui m'arrange énormément puisque je n'aime pas travailler -oisiveté, quand tu nous tiens !-. Ainsi, le baptême du nouveau né que je tiens dans mes bras se ferait devant l'église, les parents ne souhaitant faire le ménage à l'intérieur et installer les décorations. Comme quoi, je ne suis pas le seul à être un flemmard. Regroupés tous les quatre devant l'abreuvoir que j'ai béni -et qui contient donc de l'eau bénite même si elle est sale- j'y trempa mon pouce avant dessiner une croix sur le front du petit.


Par cette eau sainte, je bénis ton âme, Jeanne. Par le pouvoir qui m'est conféré par notre Créateur, je t'ouvre les portes de la grande famille Aristotélicienne. Tu devras vivre selon les enseignements du Prophète Aristote et du Messie Christos. A l'heure de ta mort, ton âme sera jugé par Lui, alors pense à venir te confesser chez tonton Scopolie. J’absous tes péchés... Enfin c'est pas ta faute, c'est tes parents qu'ont fauté, mais je te pardonne quand même.

Je jette un coup d’œil au couple de jeunes gens blottis l'un contre l'autre, l'air fautif, comme si leur Amour peut excuser le fait de copuler sans être mariés. A croire qu'ils cherchent même pas à se cacher. D'ailleurs, est-ce qu'il est sûr d'être le père de cet enfant ? Nan parce qu'il me ressemble un peu quand même, et comme j'ai eu sa mère en confession juste après qu'elle ait perdu son hymen... Ça ne me ferait qu'un bâtard de plus. Le Très-Haut ne m'en voudra pas, ils finiront tous prélats, ils ont ça dans le sang.

Je vous attends tous deux à la prochaine messe pour confesser vos fautes, parce que j'imagine que vous avez déjà commencé à concevoir une p'tite soeur, hein !

Et tandis que je leur rends la chose braillarde qui commence à s'agiter sous l'intonation de ma voix pleine de reproches, je jette un coup d'oeil à la mère, d'à peine vingt ans, un minois fin avec des tâches de rousseur et une chevelure libre de la couleur des feuilles à l'automne, pour lui signifier que c'est surtout elle que j'attends d'entendre dimanche. Se faire astiquer le manche, ça va bien un temps mais maintenant qu'elle n'est plus grosse, ça va redevenir comme avant. Elle se met à incliner la tête, honteuse, les joues colorées de rouge, intimidée par mon regard sévère. Qu'elle n'aille pas se plaindre, j'aurais pu envoyer son amoureux en pénitence à Nevers pour se recueillir sur la tombe de la Reine, ou sur la tombe du Pape Eugène V à Rome. Je ne suis pas un mauvais bougre, juste un homme qui écoute un peu trop ses faiblesses humaines.

Le couple repartit avec le fruit de leurs fautes. J'en profita pour me mettre à genoux devant l'abreuvoir, plongeant mes mains jointes dans l'eau pour venir m'en asperger le visage avant de marmonner une confession à Deos lui-même, ce qui est très pratique puisqu'il ne me donne jamais de pénitence à faire, même cela me donne l'impression de soulager mon âme. J'ai beau être un faux curé, je n'en reste pas moins un vrai croyant. Et tandis que j'en arrivais au péché de gourmandise qui me pousse à boire plus que de raison, une voix qui m'est inconnue s'éleva derrière moi. Je me retourna, un sourcil haussé, ma croix de prêtre bien en évidence sur ma poitrine, mon col cachant parfaitement le tatouage qui orne mon cou et du crin de cheval qui me pend au nez -quand je vous disais que l'eau est sale.


Je vous écoute.

Le ton sec que j'ai employé pour lui répondre voulait tout dire : parmi tous les pécores du coin, il a fallu que ce soit moi qu'elle vienne voir. Faut quand même être sacrément bigleux pour voir qu'elle me dérange. Manquerait plus que ça, qu'elle en ait pour longtemps. Parce qu'elle est encore jeune et plutôt attirante avec ses beaux yeux verts mis en valeur par le noir qui les entoure, elle croit que tous les hommes sont à son service pour un regard. Fut une époque, je lui aurais fait un sort à celle-là. Mais maintenant que je suis curé, je vais me contenter de lui donner une mauvaise indication. En plus, l'a une vilaine cicatrice au dessus du sourcil et elle est bronzée comme une paysanne. Elle est pas si belle que ça, au final.

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Sorianne
Et les pommettes de la So de rougir de plus belle en entendant le ton avec lequel l'homme avait répondu. Décidément elle avait le chic pour arriver toujours aux moments les moins opportuns. Barf de toutes manières, maintenant que c'était fait, autant continuer sur sa lancée, afin d'au moins pouvoir se dire qu'elle ne l'avait pas déranger pour rien... Oh elle allait bien répondre, mais la touffe de crin qui lui pendait du visage la fit avoir un léger blocage. Sans compter qu'elle venait également de se rendre compte qu'il était prêtre et qu'il devait sans aucuns doutes connaitre celui qu'elle recherchait.

Euh...

La brune pointa un doigt timide en direction du visage du prélat, voulant désigner l'objet de son trouble. D'ordinaire elle aurait rit, mais ne connaissant pas l'homme, mieux valait éviter de faire quelque chose pouvant être mal prit. Le sourire, toutefois, elle ne put s'empêcher de l'afficher, à son grand dam.


Vous avez... Enfin... Hum du poil, là...

Elle se rendit compte que le doigt pointé sur lui pouvait être mal prit également, rhaa boulette qu'elle était. Du coup elle rangea les mains dans son dos, cachées derrières ses jupes, laissant le châle porté tenir tout seul comme un grand sur ses épaules. De toutes manières après la marche effectuée, elle n'avait plus très froid...


Hum, en fait Mon Père, je cherche deux choses, une auberge pour me restaurer un peu, et un prêtre... Peut-être que vous le connaissez? Il m'a été indiqué pour une confession puisqu'apparemment il n'y a que lui dans les environs...

Oui, elle avait un brin faim la petite brune. D'ailleurs son ventre cherchait à se faire entendre, la marche jusque là ne l'ayant pas épargné. Le rouge aux joues mais les yeux levés, elle détaillait l'homme qui lui faisait face, essayant de se remémorer la description que lui avait fait Mira de ce confesseur qu'elle voulait trouver. Il pouvait correspondre, mais impossible de voir si tatouage il portait ou non. Bigre, ce qu'elle était curieuse, un prêtre tatoué, cela lui semblait bien étrange et c'est qu'elle aimait les histoires la demoiselle...

Il s'appelle Père Scopolie de Carniole. Il est brun, et porte un tatouage au cou... Il parait qu'il était là il y a peu...

A défaut de le trouver, elle s’apprêtait à lui demander si lui était prêt à faire son office pour elle, mais elle jugea bon d'attendre la réponse d'abord. Évitons de le noyer sous un flot de paroles inutiles...
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--Scopolie
J'observe la demoiselle qui s'empourpre, sûrement impressionnée par l’accueil froid que je lui ai donné. Une fille gentille, naïve et douce, perdue dans ces contrées étrangères à la recherche d'une bonne âme pour la guider. Son corps est si fin, si fragile, ses yeux si plein d’incertitudes, ses gestes rapides et discrets. C'est mon genre de fille, manipulable et influençable. Tellement bonne que ça en devient presque trop facile. Ce châle qui cache son décolleté par timidité ne trompe pas. Mon agacement fond comme neige au soleil et je commence l'observer discrètement. C'est un joli brin de fille en fait, même si elle m'a l'air un peu idiote -et c'est pour rester poli : je louche sur son doigt et je l'écoute me révéler que j'ai du poil sur le visage, à croire qu'elle n'a jamais vu un barbu. Légèrement courroucé, dire que ça commençait à devenir intéressant, je lui réponds :

Et alors ? Tous les hommes n'ont pas le temps ni les moyens de se raser de près tous les jours.

Le crin de cheval au bout de mon nez danse dans le vent, sous les yeux hilares de la jeune femme qui semble se payer ma tête. Je lui aurais envoyé une remarque bien sentie si elle ne m'avait pas intrigué avec sa recherche d'un prêtre qui lui fut recommandé, puisque je suis le seul dans le coin à ma connaissance. Mon nom qui sortit d'entre ses lèvres me parut étrange, mais la description, elle, sonna comme un couperet. Un tatouage autour du cou, a-t-elle dit ? Je hausse légèrement les sourcils, je dissimule mon étonnement. Ce n'est pas n'importe quel fidèle qui connait ce détail qui a son importance, seulement celles avec qui j'ai été négligeant, celles dont j'ai abusé. Laquelle a bien pu me recommander à une de ses amies, ou même ennemies, et pourquoi ? Pour m'éliminer, à coup sûr. Je dévisage mon interlocutrice avec un regard nouveau. Elle n'a pourtant pas l'air d'être une mercenaire qui tue de sang froid, et c'est pour cela qu'elle est efficace. Feintant l'ignorance, je haussa les épaules en signe d'impuissance.

Pour l'auberge, c'est bien simple, il n'y en a qu'une. Vous ne pouvez pas vous tromper d'établissement, c'est l'attraction principale, en face de la place du village : les hommes y entrent joyeux et en sortent saouls avec les bourses vides. Ils dépensent leur salaire en alcool et en filles pendant que leurs femmes sont au lavoir. La patronne aura sûrement une chambre pour vous, mais précisez lui bien que c'est pour vous reposer seulement, le tarif n'est pas le même si elle croit que vous voulez y travailler...

Elle allait devoir dormir dans un bordel qui servait aussi de taverne. Et c'est bien fait pour elle. Je serais même ravi d'apprendre qu'un client se trompe de chambre et la prenne pour une nouvelle catin de la maison. Ça lui apprendra à faire autant de chemin pour venir me trancher la verge parce qu'une de mes paroissiennes n'a pas le courage pour tenter de le faire elle-même. Ah pour sûr, je lui ferais cracher le nom de sa commanditaire, en même temps que ses dents, et je me vengerai. Ce serait pas la première que je tue. Quant à cette garce qui me prend pour un vicelard abruti par une vie cléricale, je verrais ce que je fais d'elle après avoir obtenu ce que je voulais.

Ah ! Père Scopolie... Il est fort occupé, vous savez ? Je ne sais pas s'il acceptera de vous recevoir en confession... Puis-je vous demander, sans vouloir être indiscret, pourquoi on vous l'a recommandé lui en particulier ?

Et qui ? Mais bon dieu, qui ?! Je lui adresse un sourire aimable, de ceux qu'on réserve aux vieilles radasses qui rechignent à faire un don à l'église. Je me gratte lentement le cou et je remonte discrètement mon col. On a jamais de chandelier sous la main quand on en a besoin.
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Sorianne
Mouarf, il n'avait pas comprit ce qu'elle avait voulu dire au sujet du fait qu'il soit velu... Le balancement du crin avait comme quelque chose d'hypnotique et la So suivait le mouvement des yeux, se retenant fortement d'aller le lui ôter. Bien sûr, elle n'était pas stupide au point de ne pas savoir ce qu'était une barbe puis elle n'était pas précieuse au point de ne côtoyer que des hommes rasés de frais. Mais ça, il ne pouvait le savoir... Rhaa ces mèches qui voletaient, que c'était agaçant! Sa main serra ses jupes pour lui éviter de se tendre... Ce serait sans doutes malvenu et peu poli... Dur de résister toutefois. Il fallait lever les yeux sinon il allait vraiment se poser des questions et elle allait rester obnubilée par ces poils équins... Le regard vint donc se poser dans celui du prélat... Il semblait peu avenant, un brin sévère? C'était l'impression qu'il lui donnait, mais peut-être se trompait-elle.

Un sourcil se haussa à l'évocation de l'auberge. De trainer avec des mercenaires, le langage se faisait plus fleuri et elle commençait à comprendre un peu plus de sous entendus et autres utilisations de mots à double sens. Comprenant ce qu'était l'endroit indiqué, elle s'agita, visiblement mal à l'aise. Jamais elle n'avait mit un pied dans une maison de ce type, préférant à la limite les auberges sales des bas fond, mais où l'on ne trouvait pas de filles de joie. Quoi que pour se reposer, une grange faisait l'affaire également! Mais elle avait... Faim... Puis elle n'arriverait pas à rentrer avant la nuit, fallait qu'elle se fasse une raison, elle arriverait bien à lui demander s'il n'y avait pas un autre endroit...

Et il en arriva à ce qui l'intéressait le plus. Le fait de l'entendre dire qu'il ne la recevrait sans doutes pas la contraria et son visage s'assombrit quelque peu. Longtemps qu'elle ne s'était plus confesser, et certaines choses lui pesant sur la conscience elle en aurait pourtant été soulagée. Le sourire du prêtre changea et la petite brune se détendit un peu de le voir ainsi. Il n'avait pas l'air si sévère en fin de compte. Peut-être un air qu'il voulait se donner... Pourquoi Mira le lui avait-elle recommandé? Légère réflexion... Et petit haussement d'épaule.


A vrai dire, j'ai juste lancé que je cherchais désespérément quelqu'un pour recevoir une confession, et qu'il n'y en avait pas du tout là où nous nous trouvions. Peut-être est-il le seul qu'elle connaisse, ici? Aucun prêtre dans le village d'où je viens, et je n'en ai pas croisé sur le chemin, hormis vous en fait.

La tête brune se pencha légèrement alors qu'elle l'interrogeait du regard, la lourde natte sombre glissant le long de son épaule, et un sourire timide s'affichant sur le visage de la jeune femme. Si pas de Père Scopolie, peut-être que lui voudrait bien faire son office? Hum temps de revenir à l'auberge en entendant son ventre gronder famine.

Pour l'auberge, vous êtes sûr qu'il n'y en a pas d'autre Mon Père? C'est que... Hum... Jamais rentrée dans une maison de passe... Hum, et si vraiment, peut-être que vous pourriez me guider si vous le pouvez, je suis du genre... A me perdre assez facilement...

Marmonnage et rougeur revenue. Certes ce n'était pas forcément un ange, mais de là à entrer dans un bordel... Elle tenait un minimum à sa réputation la petite brune, du moins ce qu'il en restait... Puis elle savait passer du coq à l'âne comme un rien, et quelque chose lui trottait dans la tête depuis que la rasée lui avait parlé du Père Scopolie... Curieuse, elle s'approcha du prélat qui lui faisait face sans trop s'en rendre compte, le regard revenant malgré lui au crin lui pendant au nez... Mince...

Oh, on m'a dit aussi qu'il faisait payer cher le pardon donné... Il ne fait pas manger les morts, au moins?

Traumatisée presque par ce qu'elle avait entendu en Périgord alors que Odoacre y était évêque. Mieux valait vérifier avant, c'est qu'elle n'avait pas envie de virer cannibale la brunette. Un brin d'inquiétude dans le regard en posant sa question, méfiante, elle resterait ou non en fonction de la réponse. En attendant, sans vraiment le vouloir, la main fine de la jeune femme se tendit en direction des poils de toupet qui volaient au vent, s'il ne s'en rendait pas compte, elle en était toute... Rhaa il fallait les lui ôter!
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--Scopolie
Je me suis trompé. Elle n'est pas idiote, juste prude. Mes sourcils maigres toujours froncés, je suis son regard que je devine observer avec attention mon nez. Y a du poil qui en dépasse, c'est sûrement ça qui la perturbe. La pauvre n'est pas habituée à voir des poils dépasser de partout. A-t-elle vu quelque chose de sa vie au moins ? Ce serait pas très discret de détailler ses hanches pour savoir si elle a déjà enfanté. Je me rends compte qu'elle est quand même curieuse cette femme. Intrigante brune. Mon attirance pour le sexe opposé me perdra, mais pas aujourd'hui. Mes yeux sont occupés à observer ses traits mais mes oreilles sont en état d'éveil. Elle a bien dit "nous" et "elle". Elle n'est peut-être pas seule et en plus, elle connait l'une de mes paroissiennes les plus serviables. En tout cas, le motif de sa venue m'a l'air valable, elle n'est peut-être pas une tueuse finalement.

Je peux vous confesser sans problème puisque vous avez l'air pressée.

La natte de cheveux trouve bien son moment pour se dévoiler à ma vue. Hm... Je peux imaginer son parfum d'ici, et rien ne m'excite plus chez une femme que son odeur agréable. Je sors de mes rêveries en entendant son ventre grogner, ce qui me donne une excuse pour baisser mes yeux sur elle, visualisant aussi vite qu'il m'est permis la forme de ses courbures intéressantes. Ses hanches plutôt larges trahissent un enfantement passé, peut-être deux mais pas plus, elle n'a pas la mine des femmes qui ont passé une partie de leurs nuits à allaiter. Je relève les yeux vers elle, amusé et avec une idée derrière la tête.

Vous êtes affamée, ma fille. Malheureusement, il n'y a pas d'autre auberge mais le Seigneur a dû me mettre sur votre route pour que je vous emmène loger chez la femme qui m'héberge depuis un moment déjà.

Un court silence se pose entre nous avant que je ne me rende compte que mes paroles pouvaient laisser imaginer certaines choses. Je repris donc.

Vous verrez, c'est une charmante dame âgée qui sera ravie d'avoir de la compagnie féminine. Elle ne vous demandera rien d'autre que de l'écouter raconter ses souvenirs. Moi, je prononce les grâces avant chaque repas et elle est contente ainsi.

T'écouteras la vieille radoter après le repas pendant que je monterai à l'étage fouiller tes affaires. Ça me changera des culottes de cheval et des bas de laine.

Je l'observe s'approcher, intrigué, attendant de voir ce qu'elle allait faire. Je déchante immédiatement lorsqu'elle parle du prix de la rédemption, ne réagissant même pas à la question sur le cannibalisme. Ça ne fait plus aucun doute, elle est au courant de mes pratiques. j'ai du mal à retenir ma surprise : la bouche entrouverte, rien n'en sort. Si ce n'était pas essentiel dans ma profession de cacher un minimum ses pensées, j'aurais eu des yeux ronds comme des soucoupes -ce qui était presque le cas en fait. Elle élève sa main, je l'imagine déjà entrain de me caresser la joue. Elle est si proche, c'est agréable mais faut pas oublier qu'on est à l'extérieur et que des badauds peuvent passer. Reculant brusquement avant qu'elle n'ait eu le temps de faire ce qu'elle voulait, je marmonne :


Je ne fais les confessions qu'à l'abri des curieux. Allons manger avant, vous avez l'air d'avoir faim, et moi aussi.

Sans attendre sa réponse, je lui fais signe de me suivre tandis que je tourne les talons pour me diriger vers le village. J'ai eu chaud là quand-même. J'ai déjà vu des donzelles entreprenantes mais elle avait au moins un semblant d'hésitation lorsque je caresserais leur cuisse. Elle, bientôt qu'elle se jetterait sur moi. Ça me fait penser aux chiennes en chaleur qui se jettent sur la jambe de leur maitre. C'est pas que ce soit pas intéressant mais j'ai pas l'habitude qu'on se comporte comme ça avec moi. Je tourne à demi la tête vers la jeune femme. Faudrait pas qu'elle me viole non plus. Faut pas inverser les rôles. Et dire qu'elle est choquée par les poils de mon nez...

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Sorianne
Mais quel âne! Tandis qu'il se reculait pour éviter qu'elle ne l'approche de trop, avec cet air presque choqué, la noiraude, surprise, retira vivement sa main avant de serrer le poing, contrariée et piquant un nouveau fard. Comment ne pouvait-il pas sentir cette touffe pendouillante, par Aristote, que c'était casse pieds! Puis allez lui faire la remarque... Un peu maniaque, certes, mais c'était assez perturbant. Il lui tourna le dos, ce qui donna à la So l'occasion d'afficher son mécontentement avant de se pencher avec quelques difficultés pour récupérer la besace qui avait été posée au sol en arrivant. Sac serré contre elle, la jeune femme le rattrapa et tenta de suivre le rythme malgré l'allure imposée et sa hanche problématique. Légèrement contrite à l'idée que son estomac ait réussit à se faire entendre à tout va quand même...

Je suis désolée de vous imposer ma présence en tous cas. Mais merci de m'éviter le bor... Enfin l'auberge... Puis j'aime bien écouter les histoires des anciens, y a toujours plein de choses à apprendre. J'espère juste que je ne vous dérange pas, ni vous, ni elle, sinon je peux tout aussi bien trouver une grange dans un coin, ça fait de bons abris aussi... Puis la paille ça tient chaud même si ça pique...

Babillage, juste histoire de meubler. Oui la paille ça piquait, elle s'en souvenait bien, et cela la fit sourire avant de se rappeler ce qui avait suivit. Pff... Le cœur de village se rapprochait, quelques badauds de ci de là, So les guettait tout en passant auprès d'eux, certains semblant peu avenants, d'autres au contraire, un peu plus chaleureux... Le regard se reporta vers l'avant, se demandant si la masure était encore loin. Et avant de se rendre compte qu'elle ne s'était même pas présenter.

Oh pardon Mon Père, j'ai oublié, je m'appelle Sorianne. Et comment est-ce que je dois vous appeler?

Et qu'elle était curieuse la donzelle... Allait-elle poser la question qui lui brulait les lèvres? Ou allait-elle se contenter de suivre sans plus rien dire? Elle leva le nez afin d'observer le hameau, "l'auberge" était visible juste là, de l'autre côté de la place traversée. Voyant un homme en sortir l'air satisfait, et un autre y entrer en jetant un regard sur la rue, elle grimaça légèrement avant d’accélérer le pas pour se rapprocher un peu du Père, juste histoire de... Pas que, mais toute seule là dedans, c'est que la confiance n'y était pas vraiment, surtout pour elle qui avait le chic de ne s'attirer que des ennuis sans savoir comment il pouvait en pleuvoir autant. Retour à des choses un peu plus futiles, en se rapprochant elle avait revu voltiger ces machins qui pendouillaient...

Rhoo Mon Père, vous avez vraiment du crin de cheval qui vous pend au nez, vous ne voulez vraiment pas que je vous en débarrasse? C'est... Gênant...

A vrai dire, elle aurait bien du mal à le regarder en face tant qu'il y serait... Même si elle comptait bien ne plus le regarder après confesse, trop confuse pour cela... En attendant... Elle dût ralentir quelque peu l'allure, n'arrivant plus vraiment à suivre. Trop de marche dans la journée, demain elle ne se lèverait plus! Il était étonnant que le presbytère soit aussi éloigné de l'église...

Vos supérieurs n'ont donc pas assez de fond pour vous rapprocher de la maison du Trés Haut? Ou c'est juste pour faire des économies qu'ils vous font loger chez une vieille femme? C'est promis, je donnerai les écus de ma bourse... Si ça peut vous rapprocher de l'église...

Oh il n'y aurait pas grand chose, fauchée qu'elle était. Mais elle donnait toujours, que ce soit aux mendiants quand elle passait près d'un édifice ou à la quête suivant la messe. Alors elle donnerait à la suite de sa confession, chose promise. Un bras tenant la besace, une main posée sur le côté douloureux, la boiteuse suivait, mais à son rythme cette fois.

C'est encore loin?
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--Scopolie
Marchant à grands pas, je l'écoute distraitement parler comme une petite fille sage l'aurait fait tandis que j'observe les alentours dans l'espoir de ne pas tomber dans un coin isolé. Je n'oublie pas comment elle a approché sa main, l'air de rien, pour m'embrasser ; et ce n'est pas dans mes habitudes de me laisser me faire violer dans un coin sombre par une inconnue que je soupçonne d'en vouloir à mon intégrité physique, à moins que ce soit un curé jaloux qui l'ait payé pour me confondre en plein péché de chair. Elle est trop innocente pour être honnête : quelle jeune femme aime écouter les vieux et s'inquiète de déranger de nos jours ? Plus aucune. Ou alors, elle est tombée de haut et s'est cognée la tête plus fort que ce que sa cicatrice laisse imaginer.

Appelez moi Mon Père, comme tout le monde.

Le ton de ma voix était redevenu déplaisant, on sent bien que je suis préoccupé par quelque chose. J'évite de la regarder jusqu'à ce que je me rende compte qu'elle n'arrive pas à suivre l'allure, elle qui est pourtant bien plus jeune que moi. C'est alors que je me rends compte qu'elle boite. Est-ce que c'est vrai ou c'est subterfuge pour que j'arrête de la soupçonner d'être ce qu'elle est -dangereuse- ? Suspicieux, je l'observe jusqu'à ce que je comprenne enfin cette histoire de crin de cheval. Et du revers de la manche, je mis un terme à ce quiproquo étrange. Les poils pendaient sur la manche usée de ma chemise. J'agite le bras pour les enlever avant de me retourner vers elle.

Ah, c'était donc de ça que vous parliez... Excusez-moi, je pensais que vous parliez par métaphore.

Et donc, elle essayait vraiment de retirer du crin de mon nez devant l'église. Et donc, elle n'a pas essayé de m'embrasser. Et donc, elle est vraiment aussi naïve qu'elle en a l'air. C'est pas plus mal au fond, je me voyais mal me débarrasser d'elle et de son corps discrètement. Maintenant que tous les soupçons ont été levé, je marche à son allure, étonnamment serein. Dire que j'ai cru qu'elle voulait me couper les bourses ou en abuser. Comme si elle pouvait faire du mal à un moineau. Elle a le cœur trop gros, ça la perdra. Prenant un air docte, je répondis à ses interrogations.

Mes supérieurs m'ont depuis longtemps oublié. Cette paroisse a été oublié de l'évêque depuis des lustres, si bien qu'à mon arrivée, les gens se demandaient pourquoi j'étais venu. Vous l'aurez deviné, je suis un prêtre itinérant, voyageant d'église abandonnée en église abandonnée pour redonner un peu de foi aux fidèles sans berger pour les guider.

Quant à me loger, ce n'est pas concevable pour tout le monde : vous vous imaginez vivre avec un homme de Deos qui vous juge sur vos péchés quotidiens ? Qui s'indignera de voir que vous ne priez pas avant d'aller dormir ? Qui vous observera d'un air désapprobateur lorsque vous vous resserviez en bonne soupe parce que c'est gourmandise ? Heureusement, je suis un homme compréhensif, votre ami a dû vous le dire. D'ailleurs, comment se nomme-t-elle ?


La question resta en suspend puisque nous étions arrivés devant la petite bâtisse. Sa façade délabrée confirmait que la propriétaire n'a plus l'âge de l'entretenir. La seule chose dont la bonne femme soit encore capable, c'est de surveiller la chèvre responsable de tondre l'herbe derrière la maison et de cultiver un petit potager dans le fond du jardin. Sans prendre la peine de frapper, puisqu'elle est sourde de toute façon, je pousse la porte et j'invite d'un geste de la tête la jeune femme à me suivre.

Vous verrez, elle est adorable et très attach...

Haut les mains, peau de lapin ! Et t'fous pas d'moi, p'tit con ! J'vais t'faire bouffer mes bas de laine, ça t'apprendra à vouloir m'voler !

Attachante, oui. Jusqu'à ce qu'elle me menace avec un rouleau un pâtisserie. C'est une petite femme avec des cheveux blancs, des rides qui tombent sur ses yeux au point qu'elle fait penser à une taupe, le dos courbé, une petite laine rose sur le dos et l'air menaçant. Les bras devant mon visage au cas où cette folle serait encore plus aveugle que sourde, j'essaie de la raisonner tandis que l'autre brunette doit bien se marrer dans mon dos.

Violette, c'est moi, Père Scopolie ! Rangez ça avant de blesser quelqu'un !

La vieille femme étant très dure de la feuille, elle amena sa main squelettique à son oreille pour mieux entendre, gardant le rouleau brandit bien haut.

Où ça une paire de macaroni ? On s'connait, non ? Votre silhouette me dit quelque chose...

Prenant le risque d'être sans protection, je mis mes mains en porte-voix pour qu'elle m'entende :

J'vous amène de la compagnie ! Une jeune demoiselle qui s'appelle Sorianne ! Vous pouvez l'hébergez quelque temps ?!

Comme si une illumination divine la traversa, elle rabaissa son arme culinaire, ce qui m'arracha un soupire de soulagement.

Ah ! Mon Père ! Fallait le dire que c'était vous ! Entrez, entrez. Vos amis sont les bienvenus, bien sûr. Installez la en haut, dans la chambre d'amis. Je rajoute un couvert.

Je laissa les deux jeunes femmes se saluer tandis que je commençais à monter les escaliers, impatient d'aller souper. Plus vite elle sera installée, plus vite je mangerais et plus vite je la confesserais. Car oui, je ne pense qu'à mes appétits, surtout en ouvrant la porte de la très modeste chambre. Il y avait un lit et une armoire, ainsi qu'un plancher poussiéreux, un tableau représentant une tempête en pleine mer et un vieux tapis usé. Je tiens aimablement la porte et la laisse entrer pour pouvoir la reluquer de la tête au pied discrètement.

Ma chambre est juste en face, si vous avez besoin...

Ce sera surtout pratique pour venir te visiter discrètement, ma jolie.

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Sorianne
Va pour "Mon Père" puisqu'il ne semblait pas enclin à lui donner de plus amples renseignements. Enfin, le Père Scopolie étant absent, elle n'avait plus à s'inquiéter du prix du pardon, et donc de savoir si elle allait devoir manger du mort ou non. Toujours ça de prit. Ça l'aurait quelque peu ennuyé. Le ton utilisé par le prélat la fit fermer la bouche, et elle essaya de ne plus l'ouvrir afin de ne pas déranger plus que ça. Se faire petite, après tout il lui offrait gîte et couverts, alors il ne fallait pas abuser de sa gentillesse... A le faire supporter sa langue trop bien pendue...

Elle fut soulagée en le voyant retirer la touffe de crin, au moins elle n'aurait plus le regard attiré par cette moustache improbable et elle lui offrit même un sourire alors qu'il ralentissait l'allure pour aller à son rythme. Toutefois, lèvres closes, elle se contenta de cela pour le remercier! Son air avait également changé, mais peut-être s'imaginait-elle des choses... Oreille attentive, la jeune femme écouta sa réponse quant au fait que l'église avait oublié cette paroisse... Et finit par rire en s'imaginant vivre avec un prêtre.


Ça ne me dérangerait pas, au contraire, je crois que ça m'amuserait de le faire enrager en fait...


C'est en se rendant compte qu'elle venait de dire qu'elle apprécierait faire tourner chèvre un prêlat qu'elle se mit à rougir, une chose en plus à se faire pardonner... Oh elle se rappelait du temps de Forth alors qu'elle allait à confesse afin d'avoir des réponses à ses questions les plus saugrenues et les plus dérangeantes... Il fallait bien apprendre! Par contre la phrase qui acheva son discours la fit l'observer, sans trop comprendre, un doute l'envahissant. Comment son ami aurait pu lui dire quoi que ce soit sachant qu'il avait dit que le prêtre recherché était bien occupé et qu'elle avait comprit qu'il était quelqu'un d'autre... Pas le temps de l'interroger afin de satisfaire sa curiosité... Ils étaient arrivés à destination... serrant sa besace contre elle, So suivit donc l'homme à l'intérieur de la demeure tandis qu'il lui parlait de sa logeuse.

Logeuse qui les accueillit à bras ouverts et la brune ne put retenir un rire avant de l'éteindre rapidement une main devant la bouche. Rire de cette situation n'était en rien correct mais la vieille femme semblait avoir de la ressource et bien du courage! Pour sûr, elle semblait adorable, et les paroles qu'elle eut à l'égard du père manquèrent la faire rire de plus belle. Jusqu'à ce que le prélat ne donne son nom à la vieille femme. Avait-elle donc tout compris de travers?! A moins que les paroles n'aient été lancées que comme ça, par méfiance? En tous cas, elle avait donc bien trouvé le Père Scopolie et n'aurait pas à dire à la rasée que son renseignement était un tout petit peu erroné.

Ton haussé, et So se rendit compte que la vieille femme semblait ne pas bien entendre. Aussi quand il la présenta, la petite brune salua d'un geste de la main, accompagné d'un sourire. Elle rajoutait un couvert... Han... Jusqu'à maintenant la jeune femme n'avait pas senti ce délicieux fumet qui embaumait la pièce... Il lui tardait de gouter au souper... Rapidement la boiteuse suivit l'homme dans les escaliers craquant, jusqu'à la petite pièce qui allait être son petit chez elle pour la nuit. Elle entra, remerciant le prêtre pour la porte tenue, et finit par se tourner vers lui, un léger sourire aux lèvres.


Pourquoi ne pas m'avoir dit que c'était vous le Père Scopolie? J'ai vraiment cru que vous étiez quelqu'un d'autre jusqu'à ce que vous ne donniez votre nom à la vieille dame...

So alla jusqu'au lit afin d'y poser la besace, et chercha quelque chose qu'elle ne trouva pas. Pourtant ça ne ferait pas de mal avant le diner, après la marche effectuée. Rhoo quelle hôte enquiquinante... Elle rougit légèrement.

Et... Est-ce que vous savez où je pourrai trouver un peu d'eau pour me rafraichir un peu avant le repas?

Bah oui, So n'arrivait pas à se résoudre à aller souper toute crottée et pleine de poussière... En attendant la réponse, souffler! La hanche commençait à fatiguer, et la jeune femme se mit assise au bord de la paillasse, soulagée, avant de lancer un sourire ravi à celui qui l'avait conduit jusque là.


Et merci Mon Père.
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--Scopolie
La main sur la poignée de la porte, le dos appuyé contre celle-ci, je laisse entrer la donzelle avec un sourire aimable. A l'intérieur de mon esprit pervers, je remercie l'architecte qui a fait la porte assez étroite pour qu'elle me frôle avec innocence, que je sente sa hanche caresser par inadvertance ma bure rigide bosselée et que je n'ai qu'à baisser la tête pour humer le sillon de parfum qu'elle laisse derrière elle, mélange de poussière, de sueur et d'effluve naturelle propre à chaque femme. La senteur remonte dans mon nez large et court ; c'est toute une alchimie qui se déroule dans ma tête, une réaction en chaîne dans un laboratoire complexe où est créé une goutte de désir pur qui descend dans les braies : ploc !

Je me redresse après son passage, je reste dans l'encadrure de la porte, bloquant la seule sortie en dehors de la petite fenêtre qui la conduirait à une chute fatale. Je l'observe en silence, les pupilles dilatées comme un écran où se jouerait les idées malsaines qui me traversent l'esprit lorsque j'observe ses courbes, la chute de ses reins, son sourire. Ah, elle me sourit. Elle ne voit pas le danger. C'est mignon. J'ai envie d'en profiter, c'est si rare les jeunes femmes si peu méfiantes. Je remets mon masque de douceur, un sourire qui aspire à la confiance. Je simule une légère gêne lorsque je découvre qu'elle connait ma véritable identité. Les explications se bousculent, je prends celle qui me fera passer pour un bon curé, un homme bon.


Si je me suis fait passer pour un autre, c'est parce que j'avais peur que vous ne me cherchiez pour de mauvaises raisons. Comprenez, beaucoup de curés ne pratiquent pas la confession car ils pensent que seul le Très-Haut peut juger de la repentance d'un de Ses enfants. Je suis un de ces rares hommes qui pensent que les paroissiens regrettent sincèrement leurs fautes lorsqu'ils viennent nous voir et qu'il est de notre devoir de les aider à prouver à leurs yeux et à Ses yeux qu'ils sont de fervents fidèles qui ont juste eu des moments d'égarement. On n'a pas idée de vivre avec des remords toute notre vie car ils empoisonneraient notre âme. Mais je sais que certaines personnes, par le bouche-à-oreille, se donnent les noms de ces clercs trop bons pour aller leur demander l'absolution de leurs fautes, uniquement pour se donner bonne conscience, sans réelle volonté de vivre dans la Vertu. J'avais peur que vous soyez de ceux-là.

Je l'observe poser ses affaires sur le lit. Elle sera bien ici, juste en face de ma chambre. Et la vieille taupe est au bout du couloir, elle ne nous dérangera pas. La mouche a posé ses pattes sur la toile, l'araignée n'a plus qu'à l'approcher. Et pour se faire, je baisse d'un ton et poursuit mon explication comme s'il s'agissait d'un secret que je lui dévoile.


Mais j'ai ressenti la bonté de votre cœur. Je ne me dis pas doué de quelconques pouvoirs de voyance, mais je perçois ces choses là. Vous êtes une femme pleine de gentillesse, d'innocence et de bienveillance. Vous êtes imparfaite, comme toutes Ses créations, alors vous avez fauté mais je sais au plus profond de moi vous feriez tout pour réparer vos fautes. Et je vous y aiderai.

Je me redresse en souriant légèrement. Là, je suis sûr de l'avoir troublé au point d'en ébranler le reste de méfiance qu'il y avait entre nous. Et petit à petit, elle viendra à moi, cherchera la sûreté au creux de mes bras protecteurs, plongera son regard perdu dans le mien pour recevoir la grâce divine tandis que d'en bas elle ne recevra que la souillure, comme tant d'autres avant elle, comme tant d'autres après elle. Et tandis qu'elle se souviendra de moi dans ses moments d'angoisse, moi, j'oublierai son visage sous les jupons d'une autre. Sans lui laisser le temps de me répondre, je me recula d'un pas pour sortir.

Ne me remerciez pas. C'est naturel pour moi. Je vais aller vous chercher de l'eau dans le puits de la cour. Je reviens.

Et je dévale les escaliers branlants qui couinent sous mes pas. En passant devant la cuisine, j'aperçus notre hôte, toute ratatinée sous son tablier blanc, entrain d'agiter une cuillère en bois dans une marmite. Si elle n'est pas agréable à regarder, au moins, sa cuisine embaume la maison d'une odeur délicieuse qui ne me ralentit que quelques secondes. Une femme, c'est comme un bon plat, ça se mange quand c'est chaud alors il ne faut pas trainer. La petite porte de derrière est ouverte, claque contre le mur. Je me dirige à grandes enjambées vers le cercle de pierres grises qui trône au milieu du jardin. Plus vite elle aura de l'eau, plus vite elle se lavera, et plus vite je pourrais aviser. Je retrousse mes manches jusqu'au coude, crache dans mes mains cornées et agrippe la corde usée qui fait grincer la poulie. De toutes mes forces, je tire le sceau d'eau qui doit être plein tant c'est lourd. Et puisqu'elle me regarde peut-être depuis la chambre, je fais mine que la tâche est ardue.

Je remonte avec un sceau en fer qui a fait son temps, sûrement un cadeau d'anniversaire de la maitresse des lieux pour ses cinquante ans. Je suis tellement pressé de remonter vite, motivé à l'idée qu'elle retire au moins sa chemise pour se débarbouiller, que je laisse des flaques d'eau derrière moi. Tant pis, de toute façon, il fallait laver le sol et le sceau était trop remplie pour une simple toilette. Je manque de glisser dans les escaliers mais à part ça, j'arrive sans encombre dans la chambre où la jeune femme attendait. Posant lourdement le sceau à l'entrée de la pièce, me passant une main dans le bas du dos pour me redresser, quelques perles de sueur sur le front et la respiration saccadée, je lui demande :


Où voulez-vous que je vous le pose ?

Tu préfères que je te prenne sur la commode ou à même le sol ?
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Sorianne
Alors qu'il s'en allait afin de lui rapporter un peu d'eau, la jeune femme se laissa tomber sur le lit qui serait le sien pour la nuit à venir, un soupire accompagnant le mouvement. La brune repensait aux mots de Mira au sujet du prêtre, mais elle avait du mal à imaginer qu'il faille faire attention, lui qui semblait bien prévenant. L'excuse donnée au sujet de son identité lui avait semblé cohérente et même davantage. Combien de curés, prêtre ou évêques qu'elle avait croisé ne pratiquaient pas la confession? Pas mal en fin de compte. Vrai que c'était une de leur responsabilité, mais peut-être que le Père Scopolie avait raison dans son explication, elle n'avait pas songé qu'il pouvait s'agir de cela. Bien dommage pour tous ceux qui voudraient soulager leur conscience pourtant.

Ouvrant les yeux et détaillant un instant le plafond de la masure, la So se prit à chercher ce qu'elle pourrait raconter de beau. Alors il y avait d'abord sa relation libre avec le brun qui avait eu pour résultat un abandon et un bébé, cette fameuse nuit parisienne... Une rougeur vint s'installer sur les pommettes de la jeune femme... Mouarf, rapidement elle se redressa, et arpenta un peu la pièce, allant jusqu'à guetter un instant dans le couloir pour humer cette délicieuse odeur provenant du rez de chaussée. La gourmandise la prit et Sorianne dut se retenir de descendre, préférant retourner se mettre assise et roula sa lourde natte en un chignon haut sur la nuque en prévision de la toilette qui se préparait, ôta également le châle qui la couvrait. Commençait à lui tarder de sentir l'eau, été oblige...

Le bruit de pas et du sceau se posant sur le sol la fit se tourner vers la porte et le geste surpris la fit se sentir un brin coupable. Si elle avait su qu'il avait mal au dos, elle aurait insisté pour se rendre au puits d'elle même! Mais il fallait dire qu'il était aussi parti rapidement et qu'elle n'avait pas bien eu le temps de trouver à redire. So se leva et le rejoignit quand il lui demanda où le poser.


Non non, laissez le là, je vais m'en charger! ... J'aurai pu aller le chercher moi même vous savez, ça vous aurait évité de vous faire mal...

Elle n'allait pas en plus lui faire faire ses quatre volontés, déjà qu'il l'accueillait chez lui... Enfin dans sa presque demeure... Elle ne voulait pas trop en demander non plus, n'étant pas de nature à abuser de la gentillesse des gens. La petite brune leva le nez vers lui, avec un sourire, elle avait une réponse à apporter à ce qu'il lui avait dit plus tôt.

Oh, et ne vous fiez pas forcément à ce que vous pouvez voir Mon Père, je ne suis peut-être pas aussi bienveillante que vous le pensez... Et Je ferai tout pour réparer mes fautes, oui... Enfin... Tant que vous ne faites pas manger de cadavres... Parce que là ce serait trop pour moi...

C'était tout ce qu'elle craignait! De toutes façons, rien ne pourrait être pire. Si? Quoi donc? Elle attrapa l'ance du sceau et le souleva, essayant de dissimuler la surprise de le sentir aussi lourd. Bigre, elle n'avait pas pensé à regarder le contenu et s'était peut-être un peu trop avancée, la maline... Bah du coup elle ne fit qu'un ou deux pas avant de le reposer, l'air de rien, et esquissa un sourire tout en faisant sa curieuse.

Vous croyez qu'elle prépare quoi en bas? L'odeur donne envie en tous cas...

Machinalement, elle jouait avec ce lacet qui fermait la chemise, l'eau à ses côtés, elle se serait presque vu barbotant dans un baquet empli d'eau chaude! Plus qu'à attendre de se retrouver seule avant de descendre. Quoi que, rejetant la mèche qui lui tombait sur le front, la So se demandait ce qu'il serait le mieux...


... Vous pensez que l'on pourrait faire ça quand? Avant le repas? Après? Demain? Je préfère que ce soit quand ça vous arrange... Je n'ai pas forcément grands choses à dire, mais...

Un haussement d'épaules, léger, et la tête sombre se pencha légèrement de côté, affichant un sourire. Les mains croisées dans son dos, elle attendait le bon vouloir du Père, après tout, c'est lui qui dirigerait les opérations, autant se conformer à ses choix!

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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
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