--Scopolie
Me tenant le bas du dos comme si je me l'était bloqué, je faisais semblant de grimacer de douleur pour éliminer le peu de méfiance qu'elle nourrissait à mon égard : qui aurait peur d'un gentil curé qui a mal au dos ? Pas une jeune femme naïve qui veut se confesser. Mon dos est tendu vers l'avant, comme pour soulager mes vertèbres les plus basses du poids de tout le haut de mon corps. Le bras tendu devant moi, je pousse un léger gémissement, souffrant, avant de poser ma main sur le lit et de m'y asseoir avec une grande précaution. Je parus soulagé de ne plus devoir tenir sur mes jambes, mais aussi gêné de paraitre si faible. J'aurais pu monter sur une estrade en plein air pour jouer un vieillard sympathique croulant sous le poids des années, j'aurais fait un malheur. Et pour donner plus de véracité à mon rôle, je commenta d'une voix douce :
Souffrir pour les autres, c'est le don de soi, l'une des vertus que nous a enseigné Christos. Il l'a d'ailleurs lui-même appliqué en donnant sa vie...
Le ton sur lequel j'ai prononcé ma seconde phrase était emprunt d'un profond respect et d'une grande mélancolie. En vérité, je pensais que le messie s'est sacrifié pour ses convictions, mais que cela n'en valait pas la peine : quelques générations ont suffit pour voir qu'il ne reste plus grand chose de lui. Il aurait mieux fait d'être un peu égoïste et profiter de sa vie, comme je le fais en ce moment, plutôt que de la donner à l'humanité, si ingrate.
Elle prépare peut-être une soupe avec des morceaux de cadavre... Je l'observais en souriant, taquin, avant d'ajouter : Je serais curieux de savoir d'où vous vient cette phobie de la nécrophagie... Mais d'après ce que j'ai pu voir, et telle que je la connais, elle va nous faire un repas copieux avec de la charcuterie suspendue dans le sellier, des légumes du jardin, du pain et du fromage fait maison, une bouteille de vin de la cave de son défunt époux. Et encore, c'est parce qu'elle n'a pas pu aller au marché ! Si vous vouliez du pain sec et de l'eau, vous êtes mal tombée, ici les invités sont comme des rois.
Je suis le roi, tu seras ma reine... Pour cette nuit. Je l'observe jouer nerveusement avec le lacet de sa chemise, juste à côté du sceau d'eau froide. Soit elle n'a pas de patience, soit elle est pressée de se sentir propre. Ma main vient tâter le bas de mon dos, comme pour s'assurer que j'ai encore une certaine sensibilité dans cette zone de mon corps, tandis que je poursuis sur un sujet plus sérieux et surtout plus intéressant.
Le temps que vous vous laviez, le repas sera prêt ; je vous confesserai donc après, sauf si je juge que vous êtes trop épuisée par la soirée. Il faut être en forme pour une confession, c'est un moment de profonde réflexion sur vos erreurs, et je doute que vous ayez fait tout ce chemin pour quelques petites erreurs qui pourraient être pardonnées en faisant amende honorable...
Après le repas, elle aura bu, j'y veillerai, et elle aura bien mangé ; ce sera le bon moment pour me retrouver seul avec elle dans la chambre ; elle sera vulnérable, plus facile à manipuler ou à forcer. A moins qu'elle ne soit vraiment à bout de force et alors là, pas besoin de confession, j'irai droit au but comme un joueur de soule qui ne rencontre aucune défense adverse. Mais en attendant, je vais jouer un peu avec elle, repousser sans cesse les limites de notre intimité pour voir jusqu'où je peux aller sans trop insister. C'est si rare les jeunes femmes comme elle, ni farouche ni prude, juste naturellement gentille. Je me demande combien d'hommes ont abusé de sa trop bonne nature, combien ont vu sa naïveté et lui ont conté qu'ils étaient amoureux.
J'ai besoin d'un peu de repos, mon dos n'est plus ce qu'il était. Ne vous gênez pas pour moi, je ne regarderai pas, j'ai passé l'âge de jouer les voyeurs, je n'en ai même pas la nature sinon je ne serai pas devenu prêtre...
Je lui adresse un léger sourire pour la rassurer avant de lui tourner le dos, sans lui laisser le temps d'accepter ou pas. Tout était calculé, y compris l'angle sous lequel je m'étais assis : pas trop face au miroir de la commode pour qu'elle ne se doute de rien, mais pas trop éloigné non plus pour pouvoir l'observer en détail. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle soit trop timide pour me demander de sortir.
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Souffrir pour les autres, c'est le don de soi, l'une des vertus que nous a enseigné Christos. Il l'a d'ailleurs lui-même appliqué en donnant sa vie...
Le ton sur lequel j'ai prononcé ma seconde phrase était emprunt d'un profond respect et d'une grande mélancolie. En vérité, je pensais que le messie s'est sacrifié pour ses convictions, mais que cela n'en valait pas la peine : quelques générations ont suffit pour voir qu'il ne reste plus grand chose de lui. Il aurait mieux fait d'être un peu égoïste et profiter de sa vie, comme je le fais en ce moment, plutôt que de la donner à l'humanité, si ingrate.
Elle prépare peut-être une soupe avec des morceaux de cadavre... Je l'observais en souriant, taquin, avant d'ajouter : Je serais curieux de savoir d'où vous vient cette phobie de la nécrophagie... Mais d'après ce que j'ai pu voir, et telle que je la connais, elle va nous faire un repas copieux avec de la charcuterie suspendue dans le sellier, des légumes du jardin, du pain et du fromage fait maison, une bouteille de vin de la cave de son défunt époux. Et encore, c'est parce qu'elle n'a pas pu aller au marché ! Si vous vouliez du pain sec et de l'eau, vous êtes mal tombée, ici les invités sont comme des rois.
Je suis le roi, tu seras ma reine... Pour cette nuit. Je l'observe jouer nerveusement avec le lacet de sa chemise, juste à côté du sceau d'eau froide. Soit elle n'a pas de patience, soit elle est pressée de se sentir propre. Ma main vient tâter le bas de mon dos, comme pour s'assurer que j'ai encore une certaine sensibilité dans cette zone de mon corps, tandis que je poursuis sur un sujet plus sérieux et surtout plus intéressant.
Le temps que vous vous laviez, le repas sera prêt ; je vous confesserai donc après, sauf si je juge que vous êtes trop épuisée par la soirée. Il faut être en forme pour une confession, c'est un moment de profonde réflexion sur vos erreurs, et je doute que vous ayez fait tout ce chemin pour quelques petites erreurs qui pourraient être pardonnées en faisant amende honorable...
Après le repas, elle aura bu, j'y veillerai, et elle aura bien mangé ; ce sera le bon moment pour me retrouver seul avec elle dans la chambre ; elle sera vulnérable, plus facile à manipuler ou à forcer. A moins qu'elle ne soit vraiment à bout de force et alors là, pas besoin de confession, j'irai droit au but comme un joueur de soule qui ne rencontre aucune défense adverse. Mais en attendant, je vais jouer un peu avec elle, repousser sans cesse les limites de notre intimité pour voir jusqu'où je peux aller sans trop insister. C'est si rare les jeunes femmes comme elle, ni farouche ni prude, juste naturellement gentille. Je me demande combien d'hommes ont abusé de sa trop bonne nature, combien ont vu sa naïveté et lui ont conté qu'ils étaient amoureux.
J'ai besoin d'un peu de repos, mon dos n'est plus ce qu'il était. Ne vous gênez pas pour moi, je ne regarderai pas, j'ai passé l'âge de jouer les voyeurs, je n'en ai même pas la nature sinon je ne serai pas devenu prêtre...
Je lui adresse un léger sourire pour la rassurer avant de lui tourner le dos, sans lui laisser le temps d'accepter ou pas. Tout était calculé, y compris l'angle sous lequel je m'étais assis : pas trop face au miroir de la commode pour qu'elle ne se doute de rien, mais pas trop éloigné non plus pour pouvoir l'observer en détail. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle soit trop timide pour me demander de sortir.
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