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[RP] Folle est la brebis qui au loup se confesse.

Sorianne
Endormie? Du tout... Si elle avait dû subir sans arriver à se défaire du poids du prélat, les émotions l'avaient au moins dégrisé en parti... La leçon était rude. Humiliée comme rarement, elle ne réagit pas immédiatement quand il se laissa rouler sur le côté. Elle avait dû, bien malgré elle, faire la putain pour un Pardon en guise de salaire... Le souffle court, mais essayant de calmer les sanglots qui la secouaient encore, elle remonta les braies qui lui avaient été ôtées, gestes lents, comme pour éviter de se rappeler aux souvenirs de Scopolie. Jupes rabaissées doucement, d'une main tremblante, et la So se mordit les lèvres jusqu'au sang en entendant qu'elle était absoute de ses fautes... Il n'aurait plus manqué qu'elle ne le soit pas...

La nausée la prit, et la brune dût fournir des efforts conséquents pour ne pas s'y laisser aller. Doucement, elle se mit assise, grimaçant sous la brûlure ressentie entre ses cuisses. Le chignon porté n'avait pas résisté aux ébats et les cheveux sombres lui tombaient en désordre sur les épaules. Aucun regard en direction du confesseur. Sans doutes aurait-elle préféré manger de la viande humaine en fin de compte... Le corsage fut reboutonné, bouton après bouton, non sans difficultés, sauf le malheureux qui s'était trouvé arraché. Au moins elle ôtait de sa vue les marques laissées par les mains et les crocs du loup... Du regard, elle chercha la besace qu'elle portait et dans laquelle se trouvait la dague empruntée au borgne lors d'un certain trajet. A défaut de s'en servir par vengeance, évitant de rajouter par là une nouvelle faute à son tableau redevenu immaculé en ôtant ses attributs au curé pécheur, elle pourrait servir à se défendre au cas où il lui prendrait l'envie de s'approcher de trop près d'elle...

La petite brune se leva, en tendant le dos, débrayée, ne préférant pas voir ce que faisait Scopolie et se dirigea vers la sacoche, boiteuse et grimaçante. Punie, elle l'était bien et le serait un moment... Devait-elle rester là pour la nuit, comme il était prévu de le faire? Devait-elle fuir et aller trouver un autre endroit?... Devait-elle dénoncer les pratiques douteuses de celui qui avait abusé de sa trop grande confiance envers un homme du Très haut? Un vertige... Les effets du vin n'avaient pas disparus entièrement.

Besace contre elle, étroitement serrée, Sorianne finit par se tourner vers l'homme responsable de ses tourments. Partagée entre dégout et respect -c'était malgré tout un prêtre...- elle ne savait trop ce qu'elle devait faire. Au moins aller prévenir la vieille femme, leur hôte devant être mise au courant de ce pratiquait son invité. Elle n'était sûrement pas la seule à y avoir eu droit...


Merci...

Elle avait voulu confession et pardon, elle avait eu ce qu'elle voulait... Même si cela avait été cher payé... Heureusement qu'elle n'était pas entrée dans le détail de cette fameuse nuit avec un certain géant... La gorge serrée, elle sentit les larmes remonter mais prit sur elle pour éviter qu'elles ne jaillissent.

Mais qui va pardonner les vôtres?

Pas à pas, elle se dirigeait vers la porte fermée, à reculons, voulant garder les yeux rivés sur l'homme, prête à s'enfuir en cas de danger. Prête à courir et à hurler pour alerter qui pourrait l'entendre. La main tendue, cherchant à atteindre la clenche, la brune en rajouta une couche, qu'il sache au moins à quoi s'attendre.

Vous êtes prêtre, vous avez péché, vous abusez de votre position...

Comment un homme en qui on devrait faire une confiance aveugle pouvait faire payer ses brebis de la sorte?! Partagée entre l'envie de se taire et celui d'en rajouter la demoiselle... Ne serait-elle pas punie d'autant plus à chaque mot de trop? Devait-elle s'écraser sous peine de se retrouver réellement sur la Lune au moment de sa mort? La So trébucha en faisant le dernier pas qui la séparait de la porte mais se rattrapa tant bien que mal.à la poignée du panneau de bois. Un sanglot, journée horrible... Et elle se redressa et lança en direction de son bourreau, finit le respect dû à son rang, et si elle devait aller en Enfer, eh bien elle irait :

Je n'ai rien fait qui ait valu tout ça! ... Vous serez pendu! Et je serai la première à venir vous voir pendre à la potence! C'est vous qui écoutez le Sans Nom! C'est vous! Vous êtes mauvais! Et vous irez pourrir sur la Lune loin de toutes celles que vous aurez pardonné!

Oh oui, elle comptait bien aller le dénoncer... Déjà à la femme qui le logeait, qu'il se retrouve à dormir sous les ponts à défaut d'un presbytère proche de l'église. A moins qu'il ne trouve à dormir sur l'autel même? Là au moins il ne ferait pas de mal, on ne faute pas dans la maison du Très Haut!

J'espère que la vieille Dame va vous mettre dehors... Vous ne méritez pas qu'elle soit gentille avec vous, tout homme de Foi que vous êtes!


Dès qu'elle le pourrait, elle irait la mettre au courant, elle ne pouvait y être pour continuer à le loger ainsi, à le nourrir de cette façon... Prête à descendre... Dévaler les marches...

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~~~~~~~Rien de tel que les originaux. C'est naze de pomper.~~~~~~~
--Mamie_violette



Dans sa prime jeunesse déjà, toujours il y avait du monde à sa tablée.
Dans sa vie de femme mariée, de même, que ce soit sa famille avec nombres enfants, ou des amis, voisins et même voyageurs.
Devenue veuve et enfants mariés, morts ou partis, elle s'était retrouvée seule jusqu'à l'arrivée du Père Scopolie.
Brave homme que çui là, et elle prenait donc soin de ce curé venu d'elle ne savait où, surtout qu'il lui ramenait régulièrement de gentilles filles du coin.
Brave homme, on venait de le dire.
La dernière en date semblait tout aussi bien que les précédentes.
De toutes façons, elle voyait le bien partout la bonne femme Violette.
Elle n'avait peut-être plus toutes ses facultés, que ce soit auditives ou visuelles, mais elle comptait bien faire honneur à la demoiselle en lui préparant un festin digne de ce nom.
Elle profita que la chambre soit présentée pour aller chercher de quoi nourrir ses invités que ce soit dans le petit potager qui jouxtait la mâsure, ou dans le poulailler un peu plus loin.
Et aux fourneaux!
Plats finis, repas achevé, le brave Scopolie qui pourrait être son fils a fait honneur à sa table, la demoiselle moins, appétit de moineau? Elle comprennait bien, elle ne s'en offusqua point.
Partis tous deux, la bonne Violette s'installa auprès du foyer de la vieille cheminée et reprit son filage.
--Scopolie
Allongé sur le lit comme un fauve repu, j'aurais pu m'endormir ainsi, sans me soucier de la carcasse que je laisse derrière moi. La nuit aurait été douce et agréable. Sauf que, dans un dernier élan de fierté mal placée, guidée par une soif de justice vengeresse, elle me provoque, me défie, me menace. C'est qu'elle doit aimer ça, se faire violer, à moins qu'elle croit naïvement que des êtres qu'elle a connu autrefois veillent sur elle depuis leurs tombeaux. J'hésite entre la laisser déverser son fiel sur le plancher et me redresser pour la remettre sur le droit chemin encore une fois. Je referme mes paupières un court instant, jusqu'à ce qu'elle évoque la potence. Immédiatement, je sens le danger. Chaque jour de mon existence, j'ai revu cet instrument de mort, comme quand je l'observais depuis la haute tour où on m'avait enfermé en attendant mon heure. Il n'a pas été un matin sans que je repose les yeux sur ce tatouage qui orne mon cou et qui me rappelle que le gibet m'attend patiemment, que je ne peux que prier pour espérer mourir de vieillesse. Et elle, misérable fidèle repentante insatisfaite de son châtiment, elle imagine pouvoir me jeter dans les bras du destin. Je me redresse en grommelant, appuyé sur mon coude pour l'observer de haut en bas.

Tes fautes passées ont été pardonné, mais gare à toi de ne pas en commettre d'autres ! Chacune de tes paroles transpire l'hérésie, alors prends garde. Je peux comprendre qu'une simple fidèle ne comprenne pas les méthodes d'un prêtre, beaucoup de choses sont hors de ta compréhension, mais si tu as la foi, alors tu devrais avoir confiance et ne pas ainsi accuser de pécher à tort et à travers...

Je la vois se reculer vers la porte, prête à sortir et à aller dire à qui voudra l'entendre que je l'ai violé, elle et sûrement d'autres. Je finis donc par me relever complètement, esquissant un pas vers elle pour la retenir.

Tu me sembles inconsciente, mais pas sotte, alors garde toi bien d'essayer de me faire pendre ! Tu n'es qu'une enfant, tu vois avec les yeux d'une enfant qui vient de se prendre une gifle par son père parce qu'elle courait après un papillon à la lisière de la forêt. Tu pleures, tu souffres, tu penses que je ne t'aime pas, que je suis mauvais, mais c'est parce que tu n'as pas ouvert les volets ce matin, tu n'as pas vu les loups qui fouillaient la neige ; tu n'as pas vu les yeux jaunâtres dans les buissons, tu n'as pas eu connaissance que bien d'autres avant toi ont fait la même erreur, mais n'ont pas eu autant de chance d'avoir quelqu'un pour les remettre sur le droit chemin...

Je tends la main vers elle, cinq doigts secourables pour la sortir de l'ombre dans laquelle elle s'est tapie. Je la regarde avec une douceur toute simulée, attendant sa réaction, avant d'ajouter :

Si tu as perdu toute confiance en moi, ton guide, je ne pourrai pas te forcer à m'obéir... Mais tu comprendras que je préserverai mes autres ouailles de ton influence malsaine, que je nierai tout ce qu'il s'est passé durant ta confession. Si tu engages une lutte contre moi, tu perdras plus que ta fierté : qui crois-tu que les villageois croiront, entre toi qui est une voyageuse arrivée ce matin même et moi, le prêtre qui les a marié, baptisé leurs enfants et donné le dernier sacrement à leurs parents ? Quant à la Sainte Inquisition, ou toute autre personne ayant un minimum de pouvoir, ils ne feront rien soit parce qu'ils comprendront mes méthodes peu orthodoxes, soit parce qu'en ces temps troublés, on préfèrera brûler une voyageuse pour hérésie que pendre un curé pour abus de pouvoir...

Je m'approche d'elle brusquement, franchissant la distance qui nous séparait encore. Elle ouvre la porte au même moment, ayant prévu dès le début de s'enfuir ; mais ma main vient enserrer son cou, et je la tire vers l'intérieur de la pièce sans ménagement, empêchant la porte de s'ouvrir d'avantage avec mon pied. Je la sens se débattre et me rends compte qu'elle est encore vive malgré la boisson et ce que je lui ai fait subir. Que faire ? L'étrangler ou la relâcher ? Je pourrai toujours justifier qu'elle était possédée, une envoyée du Sans-Nom venue me tuer. Mais je ne suis pas un assassin, du moins qu'en de rares exceptions.

Calme toi, ma fille ! Sèche tes larmes, fais taire ta colère et repense à tout ce que je t'ai dit... Je ne te veux que du bien...

Je relâche progressivement sa gorge, la fixant intensément, attendant de savoir si elle a changé d'avis sur moi. Car dans le cas contraire, je serai contraint de la faire disparaitre, elle et cette vision de la corde qui se balance dans le vide en m'attendant.
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Sorianne
Le voir se redresser afin de lui répondre la fit faire un mouvement de recul un peu plus brusque que les précédents, la collant presque au mur bordant le chambranle de la porte. La poigne d'une main fine serrée sur le manche de la dague à l'abri du rabat de la besace qu'elle serrait contre elle. Pourquoi fallait-il qu'il soit homme d'église? Cela aurait été tellement plus aisé d'avoir à faire au pire des soudards. S'il n'était pas prêtre son discours aurait eu peu d'importance aux oreilles de la noiraude. S'il n'était pas prêtre elle aurait même été bien plus loin dans les menaces. S'il n'était pas prêtre à la verve si éloquente, elle serait déjà partie. Mais il était prêtre et elle ne put que prêter attention à ce qu'il lui conseillait, quand bien même il la prenait pour une femme stupide. Mais ne l'était-elle pas pour être venue se fourvoyer de la sorte?

Il se leva, avança, la So se plaqua contre le mur, ne pouvant s'éloigner davantage. Elle avait fait confiance. Trop? Le voir bouger, même lentement lui faisait tourner la tête. Elle ferma les yeux l'espace d'un instant, espérant que cela serait suffisant pour faire cesser ce tangage malvenu. Estompé, mais pas disparu, elle rouvrit les paupières, jetant un regard méfiant à Scopolie alors qu'il continuait à essayer de l'amadouer en justifiant son geste. Était-il seulement justifiable? Par Aristote, qu'elle avait envie de répondre, mais le nœud qui lui serrait la gorge l'en empêchait. D'autres n'ont pas eu cette chance d'être remis dans le droit chemin... Pour sûr il l'y avait remis mais à quel prix?

Le regard se posa sur la main tendue avant de remonter vers le visage redevenu aimable, doux, croyait-il réussir à l'apprivoiser de la sorte, alors qu'elle était déjà tombée dans ses griffes une fois? La petite brune le laissait parler, fixant ces yeux trompeurs alors que sa main libre allait tâter le bois de la porte à la recherche de la clanche à laquelle elle s'était rattrapée tantôt. Plus il s'approchait et plus la nausée revenait, la pièce tanguait devant ses yeux mais elle luttait tant que possible. Il était hors de question qu'elle le soustraie à sa vue ne serait-ce qu'une seconde. Les larmes lui revenait alors qu'il parlait, le discours contrastant avec la douceur affichée sur son visage. Il avait sans doutes raison, pour son plus grand malheur. Qui croirait quelqu'un d'inconnu plutôt qu'un homme donnant les sacrements depuis longtemps? Pensée qui lui valu un instant d'hésitation, celui qu'il ne fallait pas, juste l'instant qu'il lui manqua pour ne pas se faire surprendre alors qu'il se jetait sur elle pour la retenir.

Sorianne eut à peine le temps d'ouvrir la porte qu'elle se sentit happée vers l'intérieur de la pièce, l'air lui faisant soudainement défaut. Un hoquet de surprise et de douleur, la noiraude lâcha besace, et dague en un bruit mat quand elles heurtèrent le sol, pour porter les mains à celle qui lui enserrait la gorge. Tant bien que mal, elle essaya en vain de lutter, mais la fatigue de la route, l'alcool, l'épuisement à essayer de se débarrasser du poids du prélat alors qu'il la forçait, le manque d'air... Il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour manquer tourner de l’œil... Ne pas se débattre, voilà ce qu'il fallait faire, sans quoi la main qui lui serrait le cou ne risquait pas de se détendre. De toutes manières la force lui manquait pour le coup. Elle continuait toutefois de tirer sur le poignet du curé, espérant qu'il la lâcherait sans trop tarder, malgré ce doute qui s'insinuait dans son esprit. Ses menaces, il les avait bien proféré, l'image du bûcher, la crainte de finir dessus depuis qu'elle avait eu maille à partir avec l'inquisition et le vidame alors qu'elle arrivait à Castillon... Le souffle bloqué, elle cherchait l'air qui pourrait lui combler les poumons, l'air qui permettrait à sa tête d'arrêter de tourner, à son sang d'arrêter de battre à ses tempes, et à l'ombre qui commençait à s'abattre de s'en aller.

La pression à sa gorge se fit moindre, et c'est goulument qu'elle inspira une bouffée d'air, douloureuse au passage, mais revigorante au possible. Pleurs stoppés, colère présente, malaise non loin et instinct de survie en éveil, elle ne put détacher son regard de celui qu'il lui portait. Tout ce qu'il lui avait dit tournait et retournait dans sa tête brune. Pourquoi était-il curé?! Les mains de Sorianne lâchèrent le poignet qu'elles tenaient serré pour se porter à sa gorge malmenée. Elle se pensait pieuse. Même si rester dans sur le chemin de la vertu était compliqué et que parfois il y avait certains écarts, elle essayait de respecter le Très Haut un minimum. C'est soudain abattue qu'elle réalisa qu'elle avait eu ce pour quoi elle était venue malgré la finalité inattendue et malheureuse... Et la petite brune se laissa aller doucement contre le Père Scopolie, posant la tête contre l'épaule qui aurait pu être mordue avec violence s'il lui en avait laissé l'occasion, alors qu'une de ses mains alla agripper la chemise du prélat. Soutient et instant de répit nécessaire si elle ne voulait pas s'évanouir sous le trop plein d'émotions, la fatigue et l'alcool. La tête lui tournait, encore et toujours, fermer les yeux un instant lui permettait d'oublier ça et de repenser à ce qu'il lui avait dit. Elle se faisait petite contre lui, toute miséreuse qu'il l'avait rendu. Peut-être que c'était elle qui était mauvaise? Tout s'embrouillait, trop de contradictions. Si seulement il n'était pas prêtre! Tout serait bien plus simple...

La So rouvrit les yeux. Avant d'être curé, il était homme. Et si elle se devait de respecter le prélat, elle ne pouvait décemment pas se laisser embobiner par l'Homme. Elle sentait encore la brûlure de son intrusion, la douleur, et les menaces alors qu'il se défendait de ce qu'il avait fait. Pourquoi la menacer et nier s'il assumait ce qu'il lui avait fait subir? L'abattement laissa place à la colère endormie l'espace d'un instant et la noiraude eu un geste qu'elle n'avait déjà eu qu'en de très rares occasions. Tout en se détachant de lui, c'est un coup de genou (très) mal placé qui vint répondre à tout ce que Scopolie avait pu dire.


Pourceau! Vous me menacez et vous me dites qu'ils vous comprendraient! Vous mentez! Vous ne voulez que mon bien, alors pourquoi ça!?

La voix était rauque et enrouée, la gorge douloureuse. La So chancela quelque peu en désignant le lit d'un doigt tandis qu'elle se reculait, porta une main à sa tête de pocharde d'un soir -si! D'un soir, les autres c'est exceptionnel- et malgré sa hanche abimée et son boitement important suite aux ébats et à la lutte qui en avait découlé, elle se précipita aussi vite que le lui permettait son pas en direction de la sortie. Besace ramassée à la va vite, dague omise au sol, et la demoiselle ouvrit la porte à la volée avant de chercher à dévaler les marches. C'était sans compter le noir qui avait envahi la masure avec la tombée de la nuit, le fait que forcément, elle n'y voyait goutte, ses jupons arrangés à la va-vite et qu'en prime elle ne connaissait pas la maison... Un craquement de tissu, un bruit de bois cogné, c'est séant au sol qu'elle finit de descendre les escaliers, dans un boucan d'enfer. Peine à se relever, fessier douloureux sans compter la hanche... Assise grimaçante, sur la dernière marche, elle n'en menait pas large!
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--Mamie_violette


La bonne Violette s'âbimait les yeux à la lueur de la bougie qui trônait sur la table. Le petit feu qui brûlait dans la cheminée n'était pas très vif aussi n'éclairait-il pas des meilleurs.
Le rouet tournait doucement, le tas de laine lavée et séchée qui se trouvait à ses pieds diminuait petit à petit, à mesure que la pelote se formait. Elle s'imaginait déjà amener ses boules chez le tisserand, qui le lui tisserait, et elle pourrait fabriquer quelques vêtements avec. A moins qu'elle ne tricote quelques lainages, c'était possible aussi. Et même si l'hiver était loin encore, rien ne l'empêcherait de faire pourquoi pas un col bien chaud au brave homme qu'elle avait invité chez elle un jour où elle était allée à la messe qui n'avait plus eu lieu depuie bien trop longtemps?
La vieille femme bailla à s'en décrocher la machoire, les rides s'accentuant alors que le visage s'allongeait. Il était peut-être tamps d'arrêter son activité. Elle pourrait reprendre au matin après être allée chercher les oeufs et nourrir les moutons.
Toute craquante de partout, elle se leva du tabouret où elle était installée et alla se servir un godet de vin. Ca entretenait la forme! Même si ce n'était pas le cas pour les oreilles. Elle entendait bien quelques bruits, mais c'est qu'ils étaient sans doutes à s'amuser avant d'aller se reposer. Un homme de Deos a bien le droit de s'amuser lui aussi après tout.
Se remettant dans un fauteuil, presque courbée en deux par le poids des années, Violette se laissa tomber dedans avec un soupir réjoui.
Et quand du raffut se fit entendre dans les marches, elle ne broncha même pas. Se contentant de ronfler. La surdité avait du bon, elle passait des nuits tranquilles comme ça.
Sorianne
Le souffle coupé par le choc et la descente plutôt rude qui avait précédé, la So essayait de se remettre, n'oubliant pas qu'elle risquait gros à rester là à attendre que la douleur passe. Les mâchoires serrées et une grimace au visage, elle tentait tant bien que mal de se redresser pour gagner la porte. Après le coup porté au prélat, nul doute qu'elle allait le payer cher. Le chemin vers la Lune était tout tracé! Le séant douloureux et sa hanche abîmée ne l'aidaient en rien, et ce n'est qu'en entendant du bruit à l'étage que la panique la prit. Il allait arriver, il allait... Elle sentait encore sa main enserrant sa gorge et ailleurs.

Dans un geste désespéré, la noiraude s’agrippa à la rambarde des escaliers qu'elle avait dévalé et eu quelque mal à se mettre debout. Elle ne prit pas le temps d'essayer de se remettre droite, elle n'y serait pas arrivée, sans compter que le bruit dans les marches lui laissait entrevoir le pire. Il arrivait, elle se remit à sangloter, paniquée. Sortir de là était maintenant sa priorité. Boiteuse en arrivant, ce n'était rien à côté de l'instant à cause de cette maudite chute. Sans compter qu'elle avait omis la dague... Elle venait de s'en rendre compte. Oh non...

A peine quelques pas esquissés en direction de la porte qu'elle se sentit attrapée et conduite brusquement en direction de la sortie. Il voulait l'emmener se faire pendre, elle en était sûre. Scopolie, lui, comptait sur la xénophobie des habitants du bourg à l'égard des voyageurs pour se débarrasser de cette femme qui oserait médire sur ce gentil curé qui, chaque jour durant, sauvait leurs âmes du Sans Nom. La jeune femme ne put que se débattre du mieux qu'elle le pouvait, et se demander si la potence n'était pas un sort plus enviable que de repasser entre ses griffes pendant qu'il ferait ce qu'il voudrait d'elle.

La porte s'ouvrit à la volée, béante sur la nuit au dehors et dans un cri, autant surpris que de douleur à rencontrer ainsi le sol, elle fut jetée à l'extérieur de la masure, sans ménagement. Pendant que la petite brune cherchait à reprendre ses esprits, et à se relever de la poussière, pour s'en aller loin de là, loin de lui, il lui coupa l'envie d'aller le dénoncer. La brunette le regardait avec horreur tandis qu'il la faisait passer pour ce qu'elle n'était pas et mettait ainsi toutes les chances de son côté à faire en sorte qu'on ne la croit jamais si elle venait à dire quoi que ce soit.

Hérétique... Elle n'avait rien à faire dans la maison d'un homme de Déos. Comment convaincre quelqu'un après être traitée de la sorte par un homme reconnu et aux pouvoirs importants?


Vous n'êtes que l'instrument du Sans-Nom, envoyée pour semer le doute, la méfiance et la haine envers notre Sainte Mère l’Église dans les esprits faibles ! Mais jamais vous ne la souillerez de votre bile comme vous avez été souillé par le péché ! Je ne vous laisserai pas revêtir l'habit de la victime alors que vous êtes une brebis galeuse parmi le troupeau !

Elle n'avait plus qu'à fuir avant de se retrouver à être lapider sur la place pour hérésie, encore fallait-il arriver à se lever. Une main à son côté malmené, elle fit fi des autres points douloureux, oubliant brûlure d'une intrusion forcée, et la douleur dûe à la chute. Oublié aussi le malaise dû à l'alcool ingurgité, il fallait qu'elle se lève et s'en aille. Contre toute attente, c'est Scopolie lui même qui la remit sur pieds, en profitant pour lui siffler quelques douceur au creux de l'oreille, la tête maintenue en arrière par sa main agrippant sa tignasse sombre. La So grimaça de nouveau, et chercha à attraper la main qui l'empoignait. Se faire relever en étant tirée par les cheveux ce n'était pas forcément des plus agréables.

Ton ignorance combinée à ton orgueil et à ton manque de confiance en moi vont te mener au plus profond de l'en Enfer à ta mort ; mais de ton vivant, tu serviras de martyr aux hérétiques : ils conteront ta version de cette nuit où je t'ai offert la chance de racheter ton âme, ils invoqueront ton nom lorsqu'ils infligeront les pires sévices aux serviteurs du Très-Haut ! Tu es l'objet du Mal, une marionnette qui se croit statue sur son socle de certitudes ! Dehors, car j'ai la faiblesse d'être miséricordieux encore une fois ! Pars, va-t-en loin, fais preuve de repentance et que plus jamais je n'entende parler de toi ou je te ferai brûler comme l'infâme sorcière que tu es !!


Jetée de nouveau, poussée au loin, la So tenta de retrouver son équilibre, même précaire. La besace serrée tout contre elle, le dos courbé le temps que ce dernier se remette de la descente d'escalier un peu trop brusque, échevelée, Sorianne tourna le dos au prélat. Ne pas regarder, ne pas reprovoquer. Elle avait comprit la leçon. Il était fort en gueule, avait une verve à faire pâlir d'envie le meilleur des marchands. Pas après pas, elle se redressait même si l'irrégularité de son pas était accentué. Pas après pas, le menton se relevait. Pas après pas, elle s’éloignait de son bourreau confesseur, se promettant qu’en un jour prochain, il paierait l’affront fait. Pas après pas, les larmes inondaient ses joues dépourvues de couleurs.

Elle allait marcher, jusqu’à trouver de quoi se laver du péché imposé et qu’elle sentait encore s’écouler le long de ses cuisses bleuies, elle allait marcher jusqu’à ne plus ressentir quoi que ce soit. Marcher, s’éloigner, oublier, et pleurer sur son sort avant de se refuser à ceux qui la désireraient. Jusqu’à plus tard refuser l’entrée de sa couche à son propre fiancé enfin retrouvé. La leçon aura été rude, le pardon chairement payé, et il lui tardait que vienne le jour où le Père Scopolie se balancerait au bout d’une corde. Ce jour, elle sera là, lui faisant face alors qu'il irait lui même rejoindre la Lune.




Fin!
Edit pour rajout de vrais dialogues, merci LJD Scopolie

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