ellesya
Donjon de Coudray - Réunion
A distance respectable du Cartel, bras croisés, Sya écoutait sans broncher. Silence de pierre, couleur muraille. Rien de la flamboyance de ses aïeuls mais cela fait un moment qu'elle a arrêté de les prendre pour modèle.
Depuis plus d'un mois, elle était passée maître dans l'art de se fondre dans le décor à tel point que malgré les semaines, il y en avait chaque jour l'un ou l'autre qui découvrait sa présence. A décharge, il fallait tout de même dire qu'elle n'avait pas été constamment présente. Après un tour par la Semper Vivum et son carnage de juillet, le petit cavalier était passé par la case convalescence aux bons soins de sa vassale Boudicca et d'un certain Loupameth. Puis attribuée à la Ad Honores avant d'être réexpédiée dans la troupe de Phyla et Falco.
Joachim lui avait signifié : "Nous avons besoin de toi dans la Semper Vivum. " Ah oui? Pas d'illusions, elle n'avait pas de valeur particulière au combat même si elle n'avait pas deux mains gauches grâce aux dures leçons de ses maîtres d'armes, Kreuz et les Fléaux, puis Hans. Ses jeûns successifs lui avait fait perdre formes et forces. Mais chaque personne compte s'était-elle dit.
Toujours était-il qu'elle n'était guère liante, peu sociable dans une assistance de quasi inconnus et puis... comment être à l'aise lorsque le croque-mitaine de son enfance lui faisait face ? Plus inquiétant et effrayant que l'Ankou. Plus réel surtout. Celui-là, elle ne le connait vraiment, mais les souvenirs de cauchemard, d'angoisse sont depuis sa prime enfance lié à ce nom.
La scène sous ses yeux lui paraissait comique, esquissant une ombre de sourire . D'un côté, le "Crève charogne" qui exhalait déjà en son esprit le sang et les râles. De l'autre, une bourguignonne faisant plus de manière qu'elle-même dans le privé. Son visage lui disait quelque chose, certainement croisée en Bourgogne du temps où elle y vivait, avant l'emménagement en Touraine.
Elle avala le contenu d'un gobelet puis sortit réfléchir à ce qu'elle venait d'apprendre. Il lui tardait maintenant d'agir malgré la crainte d'être fauchée plus durement que la dernière fois.
Castel de Coudray - Campement
Voilà ce qui manquait en ces lieux ! Une grenouille de bénitier ordonnée pour écouter la prière et la confession de la grenouille de bénitier indécise.
A défaut, dans un coin peu fréquenté, elle planta un vieux coutelas émoussé dont la garde fit office de calvaire. Elle tomba sur les genoux et sortit sa croix cardinalice qu'elle enserra entre ses mains gantées de cuir. Durant un long moment, ses lèvres ne remuèrent pas. Elle ne savait qu'énoncer. Puis elle récita la sage affirmation de Gatien de Tours, le Bienheureux, et se détendit.
Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-là.
Seigneur ! Très Haut Roi Céleste ! Pardonne aujourd'hui à ton humble servante son incapacité à te prier selon le Dogme.
J'ai cherché la voie à suivre dans les textes sacrés. Tu connais le tourment et l'indécision qui me rongent depuis la sortie de l'enfance. Trop de possibles et trop de contraintes. Seule la voie de l'Eglise me semble honorable.
Sainte Kyrène nous guide quant à l'usage du fer et du verbe. Je crains d'être en faute en levant mon épée depuis plusieurs semaines car il n'est pas question de défendre la Foy. Malgré tout, la noblesse et les gens de pouvoir ont devoir d'oeuvrer pour le bien commun... mais jusqu'où s'étend le bien commun. Celui de la Touraine, celui de la France, celui de la Communauté des Croyants ?
Une devise m'est un jour apparue. Je ne pourrais être honnête qu'en la suivant, quitte à être condamnée au moment de mon trépas.
Je ne puis renier les serments terrestres et abandonner ceux qui comptent sur moi. Cela aussi serait un péché.
Je sais dompter mes instincts pour ne pas jouir de la mort et du chaos, voilà mon offrande.
Ce que je fais et ferai sera juste à défaut d'être pur et saint.
Seigneur, reçois maintenant mon credo et veille sur mon âme.
Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant, Créateur du Ciel et de la Terre, Des Enfers et du Paradis, Juge de notre âme à l'heure de la mort.
Et en Aristote, son prophète, le fils de Nicomaque et de Phaetis, envoyé pour enseigner la sagesse et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos, Né de Maria et de Giosep. Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis. C'est ainsi qu'aprés avoir souffert sous Ponce, Il est mort dans le martyr pour nous sauver. Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.
Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.
Amen
Elle se releva alors, les membres ankylosés et s'apprêta à ranger sa médaille aristotélicienne lorsqu'elle ajouta :
Et, par pitié, Sauveur Tout-Puissant, préserve les hommes et les femmes ici présents des inutiles souffrances, que l'on se souvienne de tous honorablement. Et, tant que l'on y est, que Drunk ne soit pas fauché et que je n'aille pas à le remplacer. Ainsi soit-il.
Elle embrassa promptement la médaille, héritage de son défunt tuteur, puis la glissa dans sa chemise. La croix de fortune retrouva sa place initiale, près des pièces à refondre.
Plus loin résonnait les clameurs et bruits divers de l'entrainement des couleuvriniers et artilleurs. Prenant Carnage par la bride, elle l'emmena non loin du vacarme. Son bon vieux frison ne craignait plus guère le bruit mais autant le garder familiarisé à cette agitation. Lui aussi a passé trop de temps au couvent, à se la couler douce.
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A distance respectable du Cartel, bras croisés, Sya écoutait sans broncher. Silence de pierre, couleur muraille. Rien de la flamboyance de ses aïeuls mais cela fait un moment qu'elle a arrêté de les prendre pour modèle.
Depuis plus d'un mois, elle était passée maître dans l'art de se fondre dans le décor à tel point que malgré les semaines, il y en avait chaque jour l'un ou l'autre qui découvrait sa présence. A décharge, il fallait tout de même dire qu'elle n'avait pas été constamment présente. Après un tour par la Semper Vivum et son carnage de juillet, le petit cavalier était passé par la case convalescence aux bons soins de sa vassale Boudicca et d'un certain Loupameth. Puis attribuée à la Ad Honores avant d'être réexpédiée dans la troupe de Phyla et Falco.
Joachim lui avait signifié : "Nous avons besoin de toi dans la Semper Vivum. " Ah oui? Pas d'illusions, elle n'avait pas de valeur particulière au combat même si elle n'avait pas deux mains gauches grâce aux dures leçons de ses maîtres d'armes, Kreuz et les Fléaux, puis Hans. Ses jeûns successifs lui avait fait perdre formes et forces. Mais chaque personne compte s'était-elle dit.
Toujours était-il qu'elle n'était guère liante, peu sociable dans une assistance de quasi inconnus et puis... comment être à l'aise lorsque le croque-mitaine de son enfance lui faisait face ? Plus inquiétant et effrayant que l'Ankou. Plus réel surtout. Celui-là, elle ne le connait vraiment, mais les souvenirs de cauchemard, d'angoisse sont depuis sa prime enfance lié à ce nom.
La scène sous ses yeux lui paraissait comique, esquissant une ombre de sourire . D'un côté, le "Crève charogne" qui exhalait déjà en son esprit le sang et les râles. De l'autre, une bourguignonne faisant plus de manière qu'elle-même dans le privé. Son visage lui disait quelque chose, certainement croisée en Bourgogne du temps où elle y vivait, avant l'emménagement en Touraine.
Elle avala le contenu d'un gobelet puis sortit réfléchir à ce qu'elle venait d'apprendre. Il lui tardait maintenant d'agir malgré la crainte d'être fauchée plus durement que la dernière fois.
Castel de Coudray - Campement
Voilà ce qui manquait en ces lieux ! Une grenouille de bénitier ordonnée pour écouter la prière et la confession de la grenouille de bénitier indécise.
A défaut, dans un coin peu fréquenté, elle planta un vieux coutelas émoussé dont la garde fit office de calvaire. Elle tomba sur les genoux et sortit sa croix cardinalice qu'elle enserra entre ses mains gantées de cuir. Durant un long moment, ses lèvres ne remuèrent pas. Elle ne savait qu'énoncer. Puis elle récita la sage affirmation de Gatien de Tours, le Bienheureux, et se détendit.
Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-là.
Seigneur ! Très Haut Roi Céleste ! Pardonne aujourd'hui à ton humble servante son incapacité à te prier selon le Dogme.
J'ai cherché la voie à suivre dans les textes sacrés. Tu connais le tourment et l'indécision qui me rongent depuis la sortie de l'enfance. Trop de possibles et trop de contraintes. Seule la voie de l'Eglise me semble honorable.
Sainte Kyrène nous guide quant à l'usage du fer et du verbe. Je crains d'être en faute en levant mon épée depuis plusieurs semaines car il n'est pas question de défendre la Foy. Malgré tout, la noblesse et les gens de pouvoir ont devoir d'oeuvrer pour le bien commun... mais jusqu'où s'étend le bien commun. Celui de la Touraine, celui de la France, celui de la Communauté des Croyants ?
Une devise m'est un jour apparue. Je ne pourrais être honnête qu'en la suivant, quitte à être condamnée au moment de mon trépas.
Je ne puis renier les serments terrestres et abandonner ceux qui comptent sur moi. Cela aussi serait un péché.
Je sais dompter mes instincts pour ne pas jouir de la mort et du chaos, voilà mon offrande.
Ce que je fais et ferai sera juste à défaut d'être pur et saint.
Seigneur, reçois maintenant mon credo et veille sur mon âme.
Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant, Créateur du Ciel et de la Terre, Des Enfers et du Paradis, Juge de notre âme à l'heure de la mort.
Et en Aristote, son prophète, le fils de Nicomaque et de Phaetis, envoyé pour enseigner la sagesse et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos, Né de Maria et de Giosep. Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis. C'est ainsi qu'aprés avoir souffert sous Ponce, Il est mort dans le martyr pour nous sauver. Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.
Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.
Amen
Elle se releva alors, les membres ankylosés et s'apprêta à ranger sa médaille aristotélicienne lorsqu'elle ajouta :
Et, par pitié, Sauveur Tout-Puissant, préserve les hommes et les femmes ici présents des inutiles souffrances, que l'on se souvienne de tous honorablement. Et, tant que l'on y est, que Drunk ne soit pas fauché et que je n'aille pas à le remplacer. Ainsi soit-il.
Elle embrassa promptement la médaille, héritage de son défunt tuteur, puis la glissa dans sa chemise. La croix de fortune retrouva sa place initiale, près des pièces à refondre.
Plus loin résonnait les clameurs et bruits divers de l'entrainement des couleuvriniers et artilleurs. Prenant Carnage par la bride, elle l'emmena non loin du vacarme. Son bon vieux frison ne craignait plus guère le bruit mais autant le garder familiarisé à cette agitation. Lui aussi a passé trop de temps au couvent, à se la couler douce.
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