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[RP] Demain...

Devil
Correspondance insolite.

Elle. Se paye le luxe d'une chambre au Banastié. Lui. Dort le plus souvent à la belle étoile ou au fond de l'église. Mais il évite un maximum la seconde possibilité. Uniquement quand il pleut. Et gloire à Dieu, en été, la pluie se fait rare. Elle. Se lance dans divers projets et tente de s'intégrer dans une ville où l'étranger n'est pas forcément le bienvenu. Lui. S'occupe de ses Limousines, de réviser quelques petites choses anodines à la Chancellerie et de prendre part à quelques discussions, quand il le peut. Les journées, cela peut aller. Ils s'occupent. Une assure la circulation devant la taverne la plus célèbre du Comté. Pendant que l'autre étend son arbre généalogique. Mais la nuit ? Quand ils sont "loin"...


Citation:
De nous, Devil, votre dévoué,
A vous, Bryn Mcfadyen, notre air, notre terre, notre lumière,

La distance, même relative, est un véritable supplice à mon cœur. Ne point pouvoir effleurer encore ce corps, me laisse en dedans comme mort. Mais cette absence essence de mon désespoir & de mon émoi, n'est rien d'autre que l'écho de la joie qui émane en moi, au moment fastueux, où je vous retrouve enfin.

Belles & fortes sont les fleurs sauvages qui arrivent toujours à se faire une place. Peu importe l'endroit, le vent & le temps. Ainsi donc, j'espère de tout mon âme que vous saurez prendre vos marques en Tolosa. D'ailleurs, nous pourrions, si cela est votre souhait, nous mettre à l'ouvrage. Vos projets seront notre.

Erg monde de la joliesse désertée,
Sources immondes, de ces femmes déshéritées,
Naquit l'ombre, le glaçant, ébauchant les traits de mon âme,
Quand en ma mémoire, votre sourire devient pâleur et me condamne,
Espoir se fait compagne en mon chagrin,
Afin que s'écoule ces heures sans fin,

Timides lueurs du jour,
Offrant à mon cœur sa rose d'amour,
Envieuse nature, ne pouvant embrasser vos délices,
Contrainte de se contenter du médiocre et du vice,
Prête à faner, lasse de ne pouvoir contempler,
Le désir inné d'une Bryn immaculée,
Vint alors la lumière, la chaleur, réchauffant mon être & mon âme,
Cristallisant cet ectoplasme, délaissant les fruits de mon drame,
Tes prunelles-diamants, joaillier de mon âme,
Confectionne le parfum de tes charmes,
Mo ruin, meu Bryn, ma dame,

Devil


Fa, en Castelnou d'arri, lò dotze del mes de Junh, MCDLIX,
Brygh_ailean
[... matin, tu seras là ]

Impression sordide de se sentir abandonnée. Impression morbide que de tourner et de virer. Alors dormir, pour essayer d'oublier.

Tant que la lumière du jour point sur son oreiller, la grande se réveille au roucoulement d'une colombe. « Foutu volaille ! Plus moyen de pioncer tranquille ! » De tendre la main pour que l'animal s'y dépose, lui caresser le col pendant qu'elle le débague. Sans même se lever. Un exploit assurément pour l'escote même si ce n'en est pas un du tout ici.

Elle s'abreuve ensuite des lignes du chancelier, respire le vélin à la recherche de quelquechose qui réanime les souvenirs de leur passé périgourdin, si proche et si lointain.
Relit encore. Dépose le vélin auprès d'elle, en caresse du bout du doigt, les lignes, s'arrétant sur chaque délié. Soupir, sourire. Rouler sur la couche, regarder le plafond, fermer les yeux et imaginer...

Rougir, sourire et se relever. Un roseau d'argent un encrier et... un parchemin qui aurait dû normalement servir à plaider. Et bien, elle plaidera sa cause... émettant la plainte, l'exposé et la condamnation elle-même.


Citation:

    De nous, Brygh Ailean McFadyen, avocate à court d'appels désespérés,
    A vous, Devil, ma cause, mon effet.

    Ma tendre excellence,

    Votre supplice est complice du mien. Je viens à vous m'en plaindre... La torpeur me guette à chaque fois que mon regard se pose là, où s'expose ma peur de vous perdre. Le silence pesant de ne pas sentir votre souffle dans ma nuque, accompagnant mon verbe pour lui conférer de la légèreté. A chaque action que je m'autorise, me manque votre rythme pour y apporter le sublime que j'aime tant avec vous à partager. Je souffre de ne plus concevoir de pactes que nous puissions transformer de quelques paroles et gestes en de merveilleux traités... J'en viens à imaginer quelques chartes. C'est dire mon tourment et ma détresse.

    Ne m'avez-vous redonné vie là-bas que pour mieux m'abandonner ici ? Je me sens telle la plaquebière qui après avoir subi vents et marées, avait trouvé une main habile pour pouvoir s'épanouir, fleurir et se sentant choyée, laissa mûrir au frêle soleil des mes étés, des baies que personne ne veut plus ensuite combiner au miel.


Mouais, évidemment de la plaquebière en Tolosa... Soupir et mélancolie. Déjà en Périgord, les trois quart ne la comprenaient pas. Chacun ses souvenirs, son enfance et ses confitures en l'occurrence. Ne sachant pas non plus si l'enfance de Devil fût assez aisée pour qu'il ait déjà goûté à ces merveilles sucrées.

Elle s'apprêté à froisser le parchemin pour le jeter dans un coin. Puis elle se ravise. Soupir et larmes de dépit. Machouillage de la plume comme il se doit, et d'une main moins déliée, plus nerveuse et plus vive, quelques mots à la hâte au bas du courrier.


Citation:

    Mon amor, rejoins-moi... je t'en prie.
    Ailéan


_________________
Devil
[Cette nuit]

Les papillons tournent autour des bougies à s'en brûler les ailes. Icar, précurseur de ce drame. De prendre un nouveau vélin afin d'y coucher de nouveau ses pensées, ses envies. Hélas, il se fait tard. Morphée vient l'accueillir avec ses bras soporifiques. S'endormant paisiblement. Ses rêves se font tourments et la paranoïa y tient une place prépondérante. Il la voit là mais avec un autre. Entrain d'aimer un homme bien meilleur avec une condition sociale plus élevée. Jalousie poursuit son œuvre et tisse la toile des cauchemars... Changeant de position, tournant, retournant, les tourments l'attendent encore et toujours au tournant. Que l'on dort mal à la belle étoile...

[Le matin]

Une nuit agitée comme il en vit beaucoup. Un sommeil loin d'être réparateur mais qui lui confère une énergie créatrice, ne soignant point ses cicatrices, mais l'entraine vers les vices. Ainsi, il prend un nouveau vélin. Et s'active afin d'écrire ces mots qu'il espère, seront si beaux... Alors qu'il avait achevé deux de ses "œuvres". Une missive lui parvint. De renifler le précieux parchemin. Rien. Point de senteurs enivrantes. Il devra faire avec ou plutôt sans...


Citation:
De nous, Devil, un crépuscule,
A vous, Bry'n McFadyen, mon aurore, mon or,

L'essence de votre supplice cause à mon âme une véritable torture. Que la douleur physique ne peut exprimer. Cette dernière n'étant point assez forte. Face à ce manque qui nous éprouve. Faîtes preuve de patience en la douce compagnie de ces éphémères stances, qui j'ose espérer, causeront en vous, une envie insoutenable de me retrouver.


Quand le cœur devient noirceur,
Sans ambages et sans clameurs,
Hiver de vous couvrir de sa froideur,
Temps de vous prendre avec vigueur,
De l'esprit, la minute est heurt,
Et sans relâche jusqu'à ce que votre front rougisse,
La vieillesse et les rides se font messagères du vice,
De saisir de la main ce bâton de pèlerin,
Propriétaire aveugle demandant un soutien,
Afin de pénétrer dans ce jardin secret,
Des divinités oubliées, ruines d'un présent-passé,
Pour un va-et-vient infernal, un désir insatiable,
Conduisant ces malheureux êtres au sein du Mal,
De s'abreuver de votre hydromel de l'amour,
Encore près de vous jour après jour et pour toujours,
Jusqu'à plus soif, dévorer ce si bon fruit,
Manger quand les songes portent la nuit,
Viendra alors le moment d'allumer mon cierge,
En hommage à la douce Vierge,
Et enfin tous deux nous jouirons corps et âmes,
D'un monde sans fiel, sans jurons et sans larmes,

Je suis enfant enjoué, le rose aux joues,
Désire est ma destinée, s'en écorcher les genoux,
Plus que de raisons, comme une oraison
Que vienne l'annonciation, de ma belle saison,
Tout est toujours si limpide et facile,
Coucher dans l'herbe qui vacille,
Avec les fleurs, le vent comme artifices,
Vous me rejoindrez pour goûter ces délices,

Mo ruin, à vous éternellement,
Devil,


Fin. Le volatile prend déjà la bonne direction. En attendant, le chancelier a quelques petites choses à régler comme de louer une chambre au Banastié...
Brygh_ailean
[Usus magister est optimus]

De l'ennui nait la cogitation, cette excitation de l'esprit qui ne mène à nulle satisfaction. D'une missive aussi exhaustive que celle du chancelier quant à ses objectifs, ses désirs et ses pensées, l’escote extrait des alternatives, pesant chaque éventualité sans pour autant être conquise par aucune. Tout vouloir, ne rien concéder.

Il lui faut cependant poursuivre et opter pour une résolution. L’indécision n’est pas de mise, il en va de l’avenir, du présent… de l’instant tout près.
Tout près comme cette chambre où son excellence est désormais installée. Depuis sa fenêtre, elle a observé, puis entendu les pas, les voix, couverts par ses propres inspirations. Le savoir si proche est un véritable supplice. Tandis que les heures s’égrènent, que les cloches sonnent sexte, none, vespres et bientôt complies, la plume se fait moins vive sur le palimpseste, l’esprit se rebelle et proteste : marre des supputations ! Que l’hypothèse s’avère ou se taise… Il est l’heure des confirmations.

Alors complies se fait complice d’une toute autre agitation. Vestimentaire d’abord, de sang et d’or, pour rendre hommage à Tolosa. Peut-être également parce que le rouge se marie habilement à sa carnation. Ou que sa houppelande dispose d’un plus grand décolleté, qui lui permet de bien mieux respirer. Puis vient le temps de déposer quelques gouttes d’huile de giroflier là où son cœur bat dans son cou. Le parfum qui s’en exhale l’aidera certainement à mieux aviser, envisager et concevoir. Car, nul doute : elle se prépare à travailler. Elle s’en est persuadée.

Dernier regard dans le miroir. Résultat satisfaisant : elle a des arguments joliment exposés, exhale le bon sens et l’envie de négocier. Dernier soupir pour se donner le courage. Descendre le couloir lui paraît ne jamais se terminer et pourtant en quelques pas déjà, elle y est. Où ? Elle ne sait pas encore. Une porte, pour l’instant. Une nouvelle étape à franchir. Tout pouvoir, ne rien concéder.

Elle frappe doucement, prête à s’excuser. Inspire à nouveau avant d’oser :

Eicelença, êtes-vous là ?
Nouveau soupir.
Pouvons-nous… parler ?

La pratique est le meilleur des maîtres.
_________________
Devil
Pouvons-nous… parler ?

Voix familière se fait ouïr derrière la porte. Le choix du verbe reste litigieux. Quand une femme dit qu'elle veut "parler", en principe, c'est mauvais signe. Celui qui évite soigneusement les verts pâturages et les sentiers en fleur. Pour vous mener tout droit sur les chemins de la grande discussion ayant des allures de dispute.

Il se lève donc d'un mouvement nonchalant et s'apprête à ouvrir ce lourd bout de bois les séparant. Il se passe la main dans les cheveux, remet sa chemise en place et voilà que déjà la lourde grince.

Mo ruin, quel plaisir de vous...voir...ici...pour...euh...parler ?!

Un signe de la main pour l'inviter à entrer. En passant, il hume la senteur de ce doux parfum. Un flirte pour ses narines en forme de préliminaire aux tractations. Après tout, c'est ce qu'elle désire : "Parler". Il y aura sans doute une négociation à la clé, de quoi déposer quelque chose sur la table. Qui sait ?

Alors comme ça, vous désirez...parler ?!

Il prend le temps de l'observer en détail et colle son dos contre la porte avant de la fermer. Elle est si...exquise. Comme un fruit défendu qui vous fait envie. On désire plus que tout le saisir et en gouter la douceur de cette chaude liqueur, croquer la chair jusqu'à plus soif.

Bryn, vous êtes en beauté.


Peut être que ce n'est pas forcément la chose à dire. Elle peut le prendre mal. Alors que ce n'est pas l'idée. Les compliments sont beaux, certes. Mais il faut savoir les amener. Et là, la réussite se dérobe comme le regard de l'être aimé à l'aube et parfois au crépuscule d'une relation. La gêne pour le premier, le deuil pour le second.
Brygh_ailean
Combien de temps a-t-elle mis pour se préparer à cette rencontre au sommet ? Infiniment trop, diront d’aucuns. Elle pensait franchement être prête, maîtriser parfaitement son sujet. C’était sans compter sans l’objet de son trouble. Il l’invite de la main à entrer et cette main tendue est comme une invite vers d’autres passages moins sages. Elle s’engouffre dans la chambre comme une brise, espérant surtout ne pas être atteinte par l’autan de son aura.

Et maintenant, le voilà qui s’adosse à la porte, la convoitant de ce regard si particulier. L’alternative est simple : rester sur place, à sentir sa chaleur, son souffle et ne plus pouvoir penser ; avancer d’un pas et se retrouver au pied de son lit, au pied du mur pour lequel elle ne sait si elle est mûre. Dans un cas comme dans l’autre, elle n’est pas si bien préparée.

Aussi se retourne-t-elle vers lui d’un mouvement rapide et ses cheveux se détachent sur son cou. P’tain de chignon…


Alors comme ça, vous désirez...parler ?!
En effet, Devil, je souhaiterais que nous… Il est un sujet qui me taraude et j’ai besoin que vous m’aidiez. Si nous voulons poursuivre ensemble tels que vous l’envisagiez dans votre lettre, il est impératif que vous m’appreniez à maitriser votre langue..

Ah ! Voilà la Bryn en état « presque normal » de fonctionnement. Elle parle, elle s’anime :

Vous comprenez… Pour l’instant je mélange allègrement ma langue à la vôtre mais tout ceci est foncièrement désordonné... sauvage presque. C'est délicieux de se dire que nous y parvenons aussi facilement, mais il est temps d'aller plus loin. Et que vont dire les autres toulousains, de me voir ainsi pratiquer, hein, à votre avis ? Je dois donc me soumette à votre enseignement…

Bryn, vous êtes en beauté.

Han ! Le traitre ! Il n'a strictement rien écouté. Machinalement elle a relevé les yeux vers lui. Son corps longiligne lui fait penser à un arc abandonné par quelques mauvais archers. Et lui remonte des souvenirs… Qui n’aurait pas l’idée de se saisir de lui d’une main délicate et de le faire ployer. Elle s’imagine corde, et façonne dans son esprit la boucle de ses bras et de ses jambes pour mieux se tendre une fois amarrée à lui.

Vous trouvez ?

Mais ces idées sont tellement saugrenues par rapport au sujet initial qu’elle fait un pas en arrière pour échapper au ravissement de ce regard brun, scrutateur et si froid pour les autres, qui la brûle, elle, en tout point. Elle sent alors sur ses talons, l’obstacle du lit et, sous ses genoux, la souplesse du matelas de paille et de crin. Elle sent sa respiration lui échapper.

Devil ?

Elle était venue parler de quoi déjà ?
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Devil
Trouble. Palpitations cardiaque s'évertuant à atteindre des sommets Pyrénéens. Température. En nette hausse, la chaleur se fait moiteur. Même si la logique météorologique réclame une dépression. Un relâchement, le palpitant se fait messager d'une pression insoutenable. Il l'observe sans ménagement, alors que les jambes de la brune deviennent esclaves de ce geôlier horizontal. Le lit se fait prison mais aussi parfois évasion. Où les évadés prennent part à une merveilleuse bataille.

Ma porte grince... Et la vôtre ?

Sourire taquin, il s'approche à la manière d'un loup solitaire à l'affut de l'offrande se présentant à lui. Pas à pas. Ne pas la brusquer, au risque de la voir fuir. L'animal est superbe, sa robe immaculée. La chambrée se fait alors terrain de chasse. Le sol, tapis de feuilles. Une journée ensoleillée en plein automne. Crépuscule d'une saison avant le deuil glacial, sans lequel rien ne renait, tel le phénix de ses cendres. A travers les branchages, la lumière jadis féconde transperce de tout son éclat cette délicate beauté. Le prédateur savoure intérieurement sa proie avant de fondre pour et sur elle. Phrase, phase de réveil. Retour à une réalité. Il s'approche d'elle sans détourner son regard du sien.

Quand je vous vois, plus de fiel. Je désire qu'une chose, tremper ma plume dans le miel...

Ce qui nous amène inévitablement à la dégustation. Mais avant cela, il serait hérésie de dévorer ces mets au potentiel certain, sans se consacrer à une légère préparation au préalable. Saupoudrer cette peau sucrée d'une foultitude de baisers, afin que la chair se fasse tendre. Avant de faire bonne chair. Chaire d'incertitudes pour une rectrice désireuse d'enseigner à cet élève si studieux, faisant le souhait d'en apprendre toujours plus. Point par point. Telle est la nature du sujet.

Bryn...

Soupir de désir. Quand l'appétit est insatiable. Langues liées, déliées, s'entrelacent alors dans une danse de tous les diables. Mais pour l'heure rien. Juste une anticipation sur la manière de procéder. Encore faut-il qu'il y ait un cours à donner...

Oui, je le trouve. Vous êtes irrésistible. Et pauvre de moi, ma volonté est fragile en votre compagnie... Mais de quel sujet vouliez-vous m'entretenir, déjà ? Je ne veux pas vous...troubler...
Brygh_ailean
Sans le soutien d'une bonne argumentation pour justifier de sa présence, la grande semble faillir en matière de soutenance. L'examen va conduire à l'échec ou à quelque autre échéance, comme d'échouer sur ce... Soutenance en errance donc. Soutenir cependant.

Soutenir son regard tout d'abord. L'impression qu'il lit en elle comme dans un livre ouvert. Sait-il à ce moment que la chose qui l'obsède c'est cette perle de sueur qui se détachant de la racine de ses cheveux s'est insinuée dans son cou, pour désormais se frayer un chemin dans le sillon profond aux confins de sa gorge ? Qu'elle n'a qu'une obsession, c'est que ses yeux se détachent des siens pour suivre la factieuse ? Elle inspire, encourageant involontairement la turbulente a poursuivre son parcours ardent.

Soutenir son regard avant tout, comme depuis le début de leur relation. Cet éclair subtil qui oscille entre connivence et contingence, excitation et hésitation.


Votre plume...

La caresse de son souffle lui fait l'effet d'un duvet courant sur sa peau. Avec cette chaleur, elle s'imagine aisément couverte de ces maudites taches de son. A-t-il le pouvoir de les effacer par ses mots, par ce souffle, par... quelques autres moyens qui lui fassent perdre les siens ?

Justement... votre plume... Devil, je suis pendue à vos charmes... euh chartes... je... suis perdue aussi.

Soutenir le discours, c'est totalement hors de question désormais. Se soutenir relève de la plus grande difficulté. Certes, il lui en faudrait peu pour faire étalage de ses interrogations. Juste un peu de recul. Certes elle s'ouvrirait sans doute, alors, à quelques propositions, fondées, bien amenées, faisant appel aux bons sens.

Je venais donc vous entretenir de mes défaillances...

Ne pas baisser les yeux au risque de défaillir à voir que la faille dans ces circonstances, c'est que lui, ne souffre pas d'une défaillance. A moins qu'il ne faille en passer par là pour retrouver quelque cohérence.

Lorsque soutenir se fait souffrance. Lorsque souffrir se fait urgence. Au point d'en rugir, d'en rougir, d'enrager et de s'imaginer dans de verts pâturages pour s'offrir en pâture à ses derniers outrages. De s'ouvrir à sa plume sans autre raturage, que l'éternel recommencement de son plus bel ouvrage.

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Devil
Les paroles n'ont plus guère d'importances quand l'important est d'assouvir une obsession. Elle se fait vice et vous ordonne de prendre sans rien donner, de donner sans rien reprendre. Ou alors de reprendre jusqu'à satisfaire pleinement cette envie qui obsède l'esprit. L'obsède et le dépossède. Troquer un pur moment de bonheur contre toutes les richesses du monde. Sans envisager demain. Voici ce qu'elle désire, voici ce qu'il faut offrir. A pas feutrés, le prédateur approche de sa proie. Qui n'aura que d'autres choix de se calfeutrer dans un manteau de détresses. Celles de ne plus rien contrôler...

Ne dîtes plus rien...

...Quand une main, fléau du diable, vient sur l'épaule de cette femme courageuse et à la fois, si fragile. Sera-t-elle alors entièrement à lui ? Ouverte à toutes propositions ? Acceptant sans sourciller toutes les concessions ? Une bouche assoiffée tente alors une incursion auprès de ce cou aux allures d'oasis dans le désert. Une envie de boire et de croquer. Mourir et renaître à la suite de cela. Humer et apprécier la senteur qui s'en dégage avant de se désaltérer. L'art désormais de se mettre à table avec pour convives, ses exquises lèvres. Désir de tous les désirs. Notre homme allonge sa pierre précieuse, son joyau aux essences de fragrance divine sur ce lit, pauvre en l'état. Mais qui pour ces instants deviendra Cirrus, nuages en filaments. La magnificence de Rhodes s'érode, et Zeus semble bien petit avec sa statue à Olympie, quand la passion vermeille rend à Bryn toute sa superbe, la huitième merveille.

Nouveau décor. La chaleur d'un Soleil étouffant. Le vent a perdu son souffle. La contrée est déserte, l'art dantesque. Quand il s'empare de sa lance prêt à danser avec la lionne au milieu de cette arène. La foule scanderait-elle son nom à la lumière de ses exploits ou échecs futurs ? Là n'est pas l'important. Ses changements brusques ont de quoi déstabiliser la reine de la savane. Ses muscles se bandent et il assène un coup net et précis. La majestueuse se sent comme prise par les fers, enchaînée par la tentatrice de sa volonté. Ses dernières bontés. Elle rugit quand la lance est à sa portée, à la frôler. La poussière s'élève, le temps est comme suspendu quand l'éphèbe songe à ce fruit défendu.

Bryn...


Un nouveau regard. Une fraction de secondes où le choc se fait onde. Ondine a une perle hyaline coulant le long de sa gorge pour finir au creux de sa poitrine. Ses cheveux libres ont la douceur de la soie. Imaginez un instant. Voguant dans les airs, leurs ramages se font symphonie à la voûte des cieux. La vallée se fait alors témoin d'un grondement. Le galop d'une centaine de chevaux sauvages, noirs comme une nuit sans lune. Leurs crinières aux quatre vents offrent un spectacle magnifique. Toile d'un peintre fou vivant dans un univers onirique. En contre bas, la mer s'agite, elle écume, arpentant ses terres. Venant, repartant dans un mouvement incessant, lasse d'aucuns instants, n'offrant aucun répits à ceux qui en sont épris. La beauté est présente aussi à la saison des pluies. Quand l'orchidée s'ouvre sous l'impact de ces gouttes si délectables. Insatiables, insoutenables.

La passion a ses raisons que la raison ignore...
Brygh_ailean
L’urgence. Ce sentiment que si quelque chose ne se produit pas instamment, alors tout sera perdu. C’est ce qu’ils venaient de vivre. Comme à chaque fois. Encore et encore, leurs corps réclamaient ce partage. Sans pouvoir ni savoir se raisonner. Pour Ailean, c’était une nouveauté. Etre raisonnable, elle l’avait toujours été. L’image même de celle qui raisonne, fidèle à ses convictions jusqu’à ne plus tenir compte d’elle-même, ne trouvant le réconfort que dans cette certitude de ne pas s’égarer. Alors comment expliquer cette soif immense de son corps mûr pour des jeux auxquels elle croyait savoir résister ?

L’égarement. C’est ainsi l’image qu’aux yeux de certains elle devait donner. S’était-elle donc à ce point laisser séduire ? Où était-elle, la grande Bryn, dans cet enchevêtrement de leurs corps languissants, dans ces appels rauques aux plus ataviques des tourments ? Ou était celle que nul ne pouvait asservir lorsqu’elle gisait, gémissante et soumise, quémandant toujours davantage de ce jeune amant ?

Bien entendu aucune de ses pensées ne vint un instant la troubler. Ils communiaient. Corps et âme, comme il l’avait un jour proposé. Mais Bryn savait un jour qu’ils se rassasieraient. Que ce prodige que le Très-Haut leur avait accordé en leur permettant de se rencontrer, au pire moment, au meilleur, à celui que nul n’aurait pu imaginer, devrait céder la place à…

Alors le soleil se leva dans la petite chambre… Rouge et chaud comme son cœur qui battait à l’unisson de celui de Devil. Alors, elle sourit comme si Ari lui avait soufflé à l’oreille. Le chemin avait été long, semé d’embûches, et pourtant elle était arrivée. Là. Dans les bras de cet homme. Il n’y aurait plus de chemin chaotique, de lutte. Elle gouterait à la douceur de se savoir aimée, au miel d’être désirée.

Elle n’avait pas besoin de chercher la lumière, il serait son phare lorsqu’elle serait mer déchainée. Elle n’avait plus besoin de chercher sa bannière, il serait son étendard, sa croisade lorsqu’elle serait vétue de cape et d’épée. Elle n’avait plus besoin de chercher sa tannière, elle était sa maison, il était son foyer.

Demain le soleil, son soleil se léverait... demain il la comblerait de ses bienfaits. Demain, elle l'accueillerait comme cette nuit... à tout jamais.

Demain...

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