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[RP] L'annonce faite à Aelith

Ingeburge
[Château des ducs d'Auxerre, quatrième semaine de mars]


Le printemps.

L'air passablement peu satisfait, la duchesse d'Auxerre songeait à cette nouvelle ère qui débutait, alors que son regard opalin se perdait vers l'extérieur que lui révélait la croisée entr'ouverte. Elle n'en voyait à vrai dire pas grand-chose car là où elle se trouvait, elle ne jouissait que du spectacle de la cité auxerroise. Mais, elle pouvait le sentir ce printemps qui commençait de chasser les gelées, elle pouvait en percevoir les signes distinctifs, sans qu'elle eût besoin de sortir et de prendre en pleine figure la verdure entreprenant de parer les arbres, elle le sentait dans l'air plus odorant, dans les clameurs qui lui parvenaient et qui démontraient que la vie reprenait peu à peu ses droits, sur les mines de ses gens qui avaient ce je ne sais quoi indiquant leur satisfaction à l'idée que les frimas avaient cédé la place à la douceur. Le printemps, elle, elle n'aimait pas – pas plus que l'hiver d'ailleurs, synonyme d'interminable froidure – car sa sensibilité était heurtée par la propension qu'avait la gent humaine à se montrer plus bruyante, plus excitée, plus entreprenante, plus visible une fois les beaux jours revenus et parce qu'elle savait que ce n'était là que peu de choses : l'été et sa chaleur, sa moiteur, sa langueur, était porteur des mêmes maux, aggravés; elle l'en redoutait d'autant plus. Non, elle n'appréciait pas le printemps, ne lui accordant comme seuls bénéfices que l'annonce d'un temps plus clément, plus agréable d'une part et la possibilité d'entreprendre les projets arrêtés et mûris durant l'hiver d'autre part; elle n'en aimait que le pragmatisme et le concret qu'elle pouvait en tirer.

C'était d'ailleurs ce sur quoi elle s'était penché tôt en cette matinée. Après s'être levée à l'aube, rendu grâce dans son oratoire privé, laissé ses caméristes s'occuper de sa toilette et avalé quelque nourriture, elle s'était plongée dans les registres de comptes. Plus tard dans la journée aurait lieu une séance extraordinaire rassemblant les gens d'argent d'auxerrois – merci le printemps – consacrée au financement des premiers travaux à lancer et elle tenait à être parfaitement au fait des sommes disponibles quand il s'agirait de faire face à ceux qui solliciteraient des subsides pour la réfection des fours, pressoirs, moulins banaux, aux métayers qui sous un prétexte quelconque tâcheraient de falsifier le montant du fermage et surtout, ne pas être en reste quand receveur général, trésorier, régisseur, intendant et comptable se lanceraient dans des discussions techniques complètement obscures si l'on ne se renseigne pas un tant soit peu et dans lesquelles l'on se noyait vite si l'on ne pensait pas à s'accrocher. Il s'agissait d'être efficace aujourd'hui, elle ne pouvait se laisser aller au moindre mouvement de fainéantise, il y avait fort à faire et elle ne disposait que peu de temps pour ce faire, elle quitterait bientôt Auxerre. C'est d'ailleurs pourquoi elle n'était pas la seule personne faisant montre d'une activité zélée en cette matinée, les domestiques attachés à sa chambre se montraient eux aussi travailleurs et consciencieux. La question les absorbant particulièrement était celle des bagages de leur maîtresse. La duchesse d'Auxerre, en effet, partirait le soir même, direction la Touraine où la duchesse régnante locale donnait un bal auquel était invitée la noblesse des provinces amies. Si la perspective de cette sauterie mondaine n'avait pas vraiment enchanté Ingeburge, celle-ci avait avait pourtant décidé de s'y rendre car Camille n'était pas que duchesse tourangelle, elle était aussi un membre de la Maison Royale, cela faisait donc une raison, et une raison suffisante pour faire le voyage jusqu'à Tours. Et, après la capitale des « Jardins de France », la Prinzessin et son train cingleraient sans tarder vers celle du Royaume de France où la première superviserait, au Louvre plus particulièrement, la cérémonie d'intronisation des nouveaux Grands Officiers de la Couronne. Après cela, un crochet par Vincennes, sûrement – l'expédition vers la forteresse n'était pas encore totalement fixée – avant de prendre la route du retour vers la Bourgogne pour l'étape bourguignonne du Trophée Minerve et il se pouvait d'ailleurs qu'elle rentre plus tôt que prévu, la cérémonie d'allégeances au nouveau duc devant intervenir incessamment sous peu. Bref, il n'y avait pas de temps à perdre et femmes de chambre et femmes de charge étaient tout absorbées dans le remplissage des coffres d'Ingeburge, prenant soin d'y déposer le costume du bal, les vêtements de tous les jours, ceux pour la cérémonie prévue et bien plus encore.

Le registre ayant été parcouru et examiné dans les moindres détails, Ingeburge le referma. C'en était fini des comptes pour un temps, elle s'y replongerait cet après-midi, à la faveur de la réunion avec les financiers auxerrois. Pour autant, il ne s'agissait pas de se reposer, de s'accorder un répit et aussitôt après avoir remis le volumineux livre à un secrétaire, elle quitta le cabinet de travail pour passer dans sa chambre. Il régnait là une activité de ruche, les malles ouvertes sur le sol laissant s'échapper des flots d'étoffes précieuses, les boîtiers non encore refermés exposant des bijoux scintillants, des flacons voisinant avec des fioles et des fards, des chaussures alignées au pied du lit sur lesquels avaient été étalées avec soin les vêtements choisis pour le séjour de la duchesse. Indifférente au spectacle de ses effets et babioles offert à son regard, elle alla s'asseoir dans un confortable fauteuil, en retrait de ses filles affairées à la préparation de ses bagages. L'une d'elles vint à sa rencontre, s'enquérant de ce qu'elle voulait, ce à quoi Ingeburge répondit :

— Demandez à un valet de faire monter la demoiselle de Chambertin et apportez-moi ensuite mon coffret à lettres.

La chambrière s'inclina devant sa maîtresse, sortit quelques instants afin de faire connaître la première requête de celle-ci et s'en revint avec une boîte ouvragée dans les bras qu'elle remit finalement à Ingeburge. Le précieux réceptacle fut ouvert et les doigts blancs de la Froide partirent à la recherche de la lettre d'Aelith.
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Aelith
[Castel urbain d'Auxerre - Les écuries]

Adossée à la porte d'un box, la Chambertin terminait d'indiquer à l'un des palefreniers quelle ration revenait à quel cheval pour aujourd'hui, tandis que l'un des Frisons de la Prinzessin poussait du bout du nez l'épaule de la jeune femme, en quête d'une friandise. A ses pieds, Rhéa somnolait, poussant de temps à autre un faible gémissement, à moitié prise dans un rêve dont elle seule connaissait la teneur. Quittant son appui contre le bois dur de la porte, Aelith attrapa l'un des seaux qu'elle versa adroitement - geste sublimé d'habitude - dans la mangeoire du Frison, qui en oublia sa quête de friandise pour plonger les naseaux dans sa ration. Amusée, Aelith flatta son encolure ébène.

-« Mademoiselle? »

La voix du valet tira la Flamboyante de ses actuelles préoccupations; elle se retourna, fixant deux yeux azurs sur le domestique qui s'empressa de transmettre le message de sa maîtresse. Elle acquiesça, le remercia, épousseta ses vêtements, puis le suivit sans un mot. La tâche qui lui avait été confiée au sein d'Auxerre requérait qu'elle ne soit pas gênée dans ses mouvements par des toilettes trop sophistiquées. En réalité, elle aurait pu porter de simples jupes; mais pour évoluer dans les écuries, elle leur préférait de loin une tenue certes plus masculine, mais qui ne pouvait en aucun cas s'accrocher, se déchirer, s'étioler comme l'aurait fait une jupe prise dans un montant de bois. Pourtant, elle ne s'était jamais présentée à la Duchesse à l'intérieur du castel dans de tels vêtements. Un sourcil s'arquerait sans doute devant le constat étonnant d'une rouquine à la silhouette mince et légèrement androgyne, que ses vêtements ne manquaient pas en cet instant d'accentuer.

Intriguée dans un premier temps par le but de l'entrevue, Aelith se remémora alors la lettre qu'elle avait adressée à la Duchesse quelques jours plus tôt. Sans doute avait-elle réuni le Conseil pour discuter des vues de la Chambertin concernant Augy. Pourtant, le valet la mena vers une aile du castel qu'elle n'avait encore jamais visité. Le logis seigneurial lui restait en effet fermé, ce qu'elle concevait sans difficulté, n'ayant d'ailleurs jamais eu la curiosité de pousser plus loin sa visite du castel.


-« Sa Grâce vous attend dans ses appartements », précisa finalement le valet, achevant d'intriguer la jeune femme qui, si elle avait envisagé une discussion privée, ne s'attendait pas à ce que celle-ci se fasse dans l'antre de la Prinzessin. Qu'aurait-elle pu de toute façon y découvrir? Les légendes racontaient bien que la Froide avait fait apposer à ses murs de sombres tentures. Certaines même, prétendaient qu'elle avait une farouche passion pour les corbeaux, et qu'elle les élevait dans sa propre chambre. Une moue dubitative se peignit cependant sur la visage d'Aelith. Elle doutait fortement d'un éventuel goût de la Duchesse pour évoluer au milieu des déjections des volatiles, qui de plus devaient être extrêmement bruyant.

Et puis, la culture gothique, c'était pas pour tout de suite.

On l'annonça donc, tandis qu'on la faisait pénétrer dans l'une de ces pièces où elle n'avait jamais eu l'occasion de poser un pied.


-« Votre Grâce », salua-t-elle dans un sourire.
-« Vous m'avez faite mander. »

C'était plus une affirmation qu'une question. Et pourtant... Derrière la retombée de son ton se cachait en réalité l'intonation muette d'une interrogation à laquelle, sans aucun doute, elle ne tarderait pas à recevoir une réponse.
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Ingeburge
Les murs étaient bien habillés de tentures sombres, mais seulement au Palazzo di Diana, sis dans le rione du Trastevere, à Rome, depuis que la sœur aînée d'Ingeburge s'y était éteinte, succombant aux blessures infligées par quelques membres de la clique hérétique et brigande du Lion de Juda; à compter de cette date funeste, le somptueux palais romain, tout entier tendu de noir, était devenu pareil à un tombeau, protégé d'un rideau de verdure, entouré qu'il était d'une végétation luxuriante s'échappant des jardins laissés à l'abandon. Les appartements auxerrois réservées à la maîtresse des lieux et situés dans le logis seigneurial étaient tout autre, ils n'avaient de comparable avec ceux de la cité pontificale que la haute qualité des meubles, des étoffes et des bibelots s'y trouvant. C'était partout – des carreaux* ornés d'orbiculus de tapisserie posés çà et là sur le sol aux formes** habillées de cuir et de ferronnerie; des fourrures et des peaux aux deux courtepointes matelassées et rebrodées du vaste lit carré; des courtines de velours azur plain de Gênes enfermant celui-ci aux lourds rideaux tirés devant les croisées la nuit venue; des vichapagorg arméniens chargés de dragons ailés, de fleurs de lotus et de feuilles d'acanthe aux tapis persans d'Ispahan posés sur les guéridons et les coffres; des tapisseries d'Arras représentant quelques scènes de la légende de la déesse Diane suspendues aux murs aux armoires et dressoirs aux vantaux festonnés; des tableaux sculptés en ivoire aux toiles vénitiennes et lombardes ornant les lambris; des pièces d'orfèvrerie tel un remarquable aquamanile aux cassoni dont les couvercles présentant des scènes peintes avaient été laissés ouverts à dessein; des merveilleux vases provenant de l'île de Murano aux petits coffrets de marqueterie; des fioles, flacons, onguents, fards aux peignes, brosses, épingles étalés sur une table; foule d'objets, de meubles acquise à prix d'or et ramenés des quatre coins des Royaumes connus par des commerçants prompts à satisfaire l'exigeante Prinzessin ou héritée en partie de son défunt époux piémontais – c'était partout, donc, couleurs éclatantes, scintillement diffus et goût le plus sûr, et la Froide, au milieu de son royaume intime, paraissait détonner, vêtue comme l'était de sombre, selon l'ordinaire; en revanche, le chat tigré, héritage d'une chasse à Amboise, qui furetait dans les malles, complétait à merveille le tableau. Le seul objet qui au final pouvait être sans doute aucun associé à Ingeburge quand on la connaissait mal, c'était, situé à la tête du lit, sur l'un de ses côtés, le lutrin de bois d'ébène accueillant le livre d'heures personnel de la Danoise, un véritable et rare trésor aux feuillets de parchemins teints en noir et décorés d'enluminures fines et délicates.


Il y avait trop, bien trop de plis dans le coffret qu'Ingeburge était présentement en train de fouiller afin d'en extirper ce qu'elle voulait récupérer, se pût-il qu'elle eût à ce point du retard dans sa correspondance? Elle ne trouva la missive qu'elle cherchait que peu de temps avant l'entrée d'Aelith et c'est donc la tête légèrement inclinée vers une lettre, et la sienne de surcroît, que la Flamboyante Maîtresse Equine découvrit la duchesse d'Auxerre. Cette dernière s'arracha à sa lecture puis releva les yeux à l'annonce de l'arrivée de la rouquine, regardant celle-ci s'avancer sans dire le moindre mot. La porte se referma sur le domestique alors qu'Aelith la saluait. Elle dit :

— Si fait et je vous remercie d'avoir quitté toutes affaires cessantes votre... activité.

Observatrice, la Prinzessin avait pu se rendre compte dans quel accoutrement, ce ne pouvait qu'être un accoutrement à ses yeux, la jeune fille se présentait à elle et pour autant qu'elle dédaignât le genre, elle n'en dit rien, après tout, Aelith avait été recrutée en partie pour ses talents en matière équine et il fallait bien qu'elle pût se mouvoir à l'aise quand elle s'occupait des chevaux. Et puis, n'était-ce pas là la preuve – et la preuve formelle – que la Chambertin remplissait avec zèle et application la charge qui lui avait été confiée? D'ailleurs, la lettre qu'elle tenait en main en constituait une autre, elle était pleine d'Augy, des écuries qui devaient y être montées et des démarches nécessaires à entreprendre pour que ces écuries vissent le jour. Un coup d'œil fut à nouveau jeté au feuillet et tandis qu'elle le repliait avec soin, elle indiqua :
— J'ai bien reçu vos plans, pour Augy, et je dois voir cet après-midi mes gens de finance. C'est pour cela que je ne vous ai point encore fait réponse et puis, il me paraît en outre plus approprié de convoquer le Conseil, je ne suis pas la seule concernée.

Une courte pause fut marquée, le temps de ranger la lettre dans le coffret ouvragé et, d'un signe, de s'en voir débarrassée par l'une des chambrières. Il ne serait pas question d'Augy, tant le rangement du papier que l'allusion à la Curia Ducis Autessioduri le démontraient. Un autre geste fut esquissé, vers un siège de bois recouvert d'une étoffe peinte et quelques mots glissés :
— Je vous en prie, prenez place.

Il y eut une nouvelle interruption pour laisser à Aelith le temps de s'installer et elle fut mise à profit par la duchesse pour rassembler ses idées; il convenait d'aborder les choses convenablement, de bien débuter, car elle avait le sentiment que de ce qu'elle dirait à son interlocutrice dépendrait la tournure de la conversation. Elle demanda enfin :
— Etes-vous baptisée?

Ingeburge, ou l'art de faire des phrases claires et précises qui au final, ne clarifient et ne précisent rien.


[* dans le sens de coussins
** « Banc garni d'étoffe et rembourré », Littré, (à plusieurs places.)]

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Aelith
Dans la décoration des appartements de la Duchesse qui s’offrait au regard d’Aelith, aussi colorée que la Prinzessin était sombre, aussi diverse que les activités de cette dernière, il y avait quelque chose de l’hôtel particulier de son oncle et de sa tante, quelque chose de lointain, de diffus. Les parents de son cousin ne possédaient évidemment pas les richesses de la Danoise, ni même son goût pour cette surenchère de couleurs et de dorures, mais c’était chez eux, à Paris, là où elle avait passé la majeure partie de son adolescence, qu’elle avait pu contempler quelque chose d’approchant. Le souvenir de cette époque heureuse, insouciante, où Aelith, alors ignorante de la maladie de son père, avait reçu une sage éducation auprès de Stephan, lui tira un sourire un instant mélancolique, qui s’effaça bientôt pour laisser place au sérieux que requerrait l’entretien. S’il s’agissait de défendre ses vues pour Augy, s’il s’agissait de convaincre la Prinzessin, elle était prête, ayant longtemps étudié la question avant de lui soumettre une solution qu’elle estimait presque idéale. Elle ne connaissait certes pas grand-chose des finances d’Auxerre, ni des préoccupations de la Duchesse, ni même de la façon dont fonctionnait l’incroyable machine qu’était Auxerre, mais la Froide l’avait faite responsable du projet concernant les écuries d’Augy, et elle s’y était attelée pour pouvoir aujourd’hui lui présenter ses réflexions.

Du moins, c’était ce qu’elle avait cru.

Rapidement, la Prinzessin se chargea de lui annoncer que les discussions sur le sujet étaient reportées à plus tard. Rapidement, Aelith comprit que la conversation prendrait une tournure toute différente, et aborderait un thème auquel elle n’était pas préparée. Elle s’installa dans le siège qu’on lui désignait, intriguée, muette. La Duchesse d’Auxerre avait un don certain pour cultiver le mystère : depuis que la Chambertin était entré à son service, il en avait toujours été ainsi. Les annonces qu’elle faisait durant les séances de la Curia Ducis, lorsqu’elles ne se paraient pas d’urgence, étaient souvent savamment introduites, la Duchesse reculant le moment où l’objet de la réunion serait dévoilé. Aelith était persuadée que, d’une certaine façon, elle s’amusait de ce petit jeu. Et les membres du Conseil n’étaient pas en reste, suspendus aux lèvres de la Prinzessin. Au sens figuré, bien sûr.

Elle usait ici des mêmes circonvolutions pour aborder le sujet qui l’avait poussée à faire monter Aelith dans ses appartements. La Flamboyante Maîtresse Equine sembla cependant dissimuler sa surprise : seuls ses yeux témoignaient de cet étonnement qui s’était emparé d’elle, et qui se mêlait d’une sourde pointe d’inquiétude. Fenêtres sur l’âme, les deux azurs, eux, restaient rarement muets, même quand la rouquine ne parlait point.


-« Absolument, Votre Grâce. Sur le tard, certes: l’an dernier, au moment des moissons. Mais je suis baptisée. »

Ce fut tout. Elle ne posa pas de question, assurée que la Duchesse avait déjà pensé à l’entretien. L’avait préparé, peut-être. Et qu’elle délivrerait les informations retenues à son rythme, dans son ordre, sans qu’Aelith ne puisse y faire grand-chose.
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Ingeburge
La surprise, l'étonnement furent lisibles dans les yeux d'Aelith qui là où Ingeburge restait quasi toujours de marbre, de la racine des cheveux aux orteils, était tout de même plus expressive que sa maîtresse et celle-ci, le visage neutre, n'en attendait pas moins fébrilement la réponse. C'est que, la question n'était pas anodine, elle n'était pas anodine car Ingeburge n'avait pas su par quel bout prendre la conversation. Si pour d'autres, cela avait été sans heurt, si elle avait su comment amener la chose, là, pour le coup, elle était incertaine, non pas dans sa conviction, mais dans l'expression de celle-ci. Pour elle, cette rencontre était cruciale et elle ne savait quelle en serait l'issue, elle qui détestait ne rien maîtriser. D'où cet exorde pur le moins curieux, cette entrée en matière quelque peu étrange. Quoique. Quoique parce qu'Ingeburge n'était-elle pas la première autorité religieuse en Bourgogne? N'était-elle pas un clerc investi de longue date? Ne lui donnait-on d'ailleurs pas plus volontiers du « Votre Eminence » plutôt qu'autre chose? C'est pour cela, que définitivement, la question n'était pas anodine; cela allait au-delà de sa manière habituellement détournée de signifier ce qu'elle avait à dire, cela allait plus loin que son comportement réservé et obscurs, cela touchait en fait à ses principes de vie.

Aussi accueillit-elle avec soulagement la réponse de la Flamboyante Maîtresse Equine. Tout le monde, chez elle, du valet au garçon de cuisine, du palefrenier à la gouvernante, du garde au capitaine du châtelet, du porte-étendard au Præfectus Prætorio, était baptisé et ceux qui ne l'étaient pas n'étaient pas recrutés ou alors devaient prestement suivre quelques leçons de morale religieuse pour espérer l'être. Pour autant, cette exigence s'accompagnait d'un impératif, il fallait que l'employé soit convaincu, jamais elle n'aurait accepté que l'on se forçât pour lui complaire, le libre-arbitre pour elle n'était pas un principe dogmatique secondaire et elle condamnait tout autant les faux dévots que les hétérodoxes. Oui, son soulagement était grand, elle n'aurait pas voulu avoir à demander à Aelith pourquoi elle n'était point encore baptisée si cela n'avait pas été le cas, elle n'aurait pas voulu tenir une conversation qui aurait pu être pénible, elle n'aurait surtout pas voulu entendre que les croyances d'Aelith étaient différentes des siennes. Ce fut parce qu'elle se sentit rassérénée par la réponse qu'elle se montra plus volubile :

— Sur le tard... cela dépend. Le baptême repose notamment sur l'acceptation pleine, entière et éclairée du dogme et du droit canon. Et quel âge, si ce n'est le vôtre, se prête le mieux et le plus volontiers à une telle exigence? Un nourrisson et même un enfançon ne peuvent pas comprendre ce qui leur arrive et le serment n'est d'ailleurs pas récité par eux. Vous, en revanche, c'est pleinement consciente de vos choix et de vos actes que vous êtes entrée dans la communauté aristotélicienne, vous saviez parfaitement à quoi vous vous engagiez. En outre, il n'est jamais trop tard pour recevoir sur soi l'éclairage du Très-Haut et pour s'engager dans la famille de Ses fidèles, jamais.

A son habitude, elle s'était quelque peu animée en abordant la question de la religion et c'était d'autant plus ainsi ces derniers temps qu'elle achevait de couper les derniers liens l'attachant à Rome, son sacerdoce diocésain était, plus que jamais, sa priorité, les lustres romains, elle en avait été assez aveuglée, elle retournait aux fondements de son engagement. Pour autant, elle en avait assez dit sur le sujet et retomba dans un mutisme qui lui était plus coutumier. Il fallait pourtant continuer, et après avoir un instant contemplé ses mains baguées posées en son giron, elle regarda à nouveau la Chambertin qui lui faisait face, hésitant encore à se livrer totalement. Il était étrange pour elle de tergiverser alors que sa résolution était prise et qu'Aelith était l'une des personnes qui savaient l'apaiser, rien qu'en se trouvant à ses côtés. Auxerre aussi avait cet effet-là, Auxerre qu'elle n'avait que rarement quitté ces derniers mois, Auxerre qui était son point d'ancrage, son antre, son abri, son refuge.

La question fut suivante fut donc une évidence :

— Comment vous sentez-vous à Auxerre?
Et rien de plus, la question, pour courte qu'elle fût, n'en offrait pas moins de vastes possibles.
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Aelith
"L'acceptation pleine, entière et éclairée"...

Tels avaient été les mots de la Prinzessin, et ce fut sans rougir qu'Aelith les entendit et les soutint. Elle avait longtemps repoussé l'instant de son baptême, bien que sa tante ait de nombreuses fois voulu la conduire sur cette route. Ce n'était pas une question de foi, mais plutôt de maturité: adolescente, elle refusait de s'engager dans une voie qu'elle estimait irrémédiable, tel un chemin bordé de barrières, entravant sa marche, la guidant trop précisément alors qu'elle se plaisait plus que quiconque à sortir des sentiers battus. Les années passées à Paris auprès de Stephan avaient sans doute été les plus décousues, sous une apparence de sage obéissance.

Mais elle avait grandi.

Sa vision des choses avait subitement changée le jour où elle était rentrée en Bourgogne pour enterrer son père. Quelques temps plus tard, elle ré-emménageait à Tonnerre, dans la demeure de ses parents. C'est à ce moment seulement qu'elle avait entreprit de suivre une pastorale, de jour en jour plus convaincue non pas que c'était ce qu'il fallait faire, mais que c'était ce qu'elle souhaitait faire. Jusqu'à présent, rien ne l'avait détrompée de ce constat, bien qu'elle n'ait jamais été profondément dévote. Les instants de recueillement lui étaient difficiles: l'œil de la Prinzessin l'aurait sûrement noté. Mais la prière de contrition sur un froid banc d'église était-elle vraiment la seule façon d'éprouver sa foi?

Quoiqu'il en soit, pour la Chambertin qui n'avait pas suivi le fil des pensées de la Duchesse, la question suivante la prit au dépourvu. A nouveau. La Flamboyante Maîtresse Équine resta un instant muette, répondant au précédent silence de la Froide d'une façon identique, tentant d'organiser ses pensées.


-« Ma famille... est singulièrement éclatée. Feu mon père n'est plus, et ma mère s'est retirée dans sa chambre et n'a plus dit un mot depuis sa mort. Deux de mes cousins, du côté Wolback de Chambertin, ont disparu, mais sont inscrits comme morts dans la généalogie familiale déposée à l'Hérauderie. Je n'ai aucune nouvelle des autres membres de la famille. Il ne me reste, en somme, que Stephan, dont vous avez brièvement fait la connaissance il y a quelques temps. »

Comment exposer en effet son sentiment envers Auxerre? Débuter ainsi sa réponse pouvait sans doute paraître déroutant - elle renvoyait en quelque sorte l'ascenseur à sa mystérieuse maîtresse. Les choses prenaient cependant petit à petit place dans son esprit, et après un nouveau bref silence, elle déclara, simplement:

-« Auxerre est une autre famille. Très différente, certes. Mais c'est celle où je me retrouve, où j'entreprends ce qui me plaît. Vous y avez sans doute été sensible en lisant ma lettre... Et même au-delà de l'aspect équestre: c'est toujours avec un plaisir renouvelé que je vous accompagne dans vos déplacements lorsque vous me le proposez. »

C'était sans évoquer tant d'autres chapitres, de la confiance qu'on lui accordait à celui, plus trivial, du plaisir discret qu'elle prenait à taquiner Irançy. D'autres chapitres plus ou moins propices à évoquer, sur lesquels elle passa pourtant.

Je n'avais pas respiré ainsi depuis trop longtemps », conclut-elle finalement, à voix plus basse, se parlant presque à elle-même.

Elle aurait pu parler pendant des heures sur le sujet, pourtant.

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Ingeburge
C'est avec une certaine appréhension que la duchesse d'Auxerre attendit la réponse d'Aelith à la question si importante, si capitale malgré sa brièveté et son caractère anodin, qu'elle venait de poser. De ce que dirait la rouquine découlerait la suite de l'entretien, elle en était certaine et n'avait d'ailleurs pas eu besoin de s'en persuader tant elle avait préparé avec soin l'entrevue qui était en train de se dérouler. Elle avait ainsi tenté d'envisager nombre de cas de figures, essayant d'en édifier la liste complète afin de ne pas se laisser prendre au dépourvu et pouvoir réagir comme il conviendrait, mais cette habitude qu'elle avait de vouloir tout prévoir, tout anticiper avait été battue en brèche par la petite voix qui lui avait indiqué qu'elle ne pourrait être déçue par Aelith tant elle se sentait en sécurité et en confiance avec elle, tant il lui était possible d'être elle-même avec la Tonnerroise à ses côtés. Bien évidemment, tout n'était pas allé tout seul et Ingeburge montrait encore certaines réticences à se livrer tout à fait mais peu pouvaient se targuer d'avoir pénétré ainsi son intimité et peu pouvaient en outre affirmer connaître l'étendue de sa personnalité. Elle n'avait donc rien établi, voulant croire que ce murmure ne se trompait pas, ne se tromperait pas et que cette plénitude qu'elle éprouvait quand la Chambertin se trouvait à proximité n'était pas une illusion mais bien un gage de ce qu'elle n'était pas sur le point de commettre une erreur.

Et son appréhension était telle qu'elle ne comprit d'abord pas pourquoi Aelith évoqua son passé et celui de sa famille, elle demeura un instant interdite, ne parvenant pas en premier à faire le lien entre sa question et la réponse qui lui était fournie. Certes, son interrogation n'était pas de celles auxquelles on pouvait répondre par oui ou par non, tant par le fond que par la forme, mais l'entrée en matière la surprit, tant elle espérait entendre Aelith lui répondre simplement qu'elle s'y sentait bien, tant elle attendait un retour immédiat. Puis, le contentement qui montait en elle prit le pas sur son étonnement et son besoin de savoir, d'être éclairée car elle finissait par constater que la jeune fille se confiait à elle, lui faisait connaître un pan de sa vie jusque là ignoré d'elle et elle apprécia à sa juste valeur cette confidence, ravie de remarquer que leurs rapports prenaient un nouveau tour, une nouvelle direction, une nouvelle qualité et d'autant plus ravie que cette ouverture constituait de fait une réponse positive à sa question. Elle sut ainsi avant même que la Flamboyante Maîtresse Equine l'exprimât en ces termes clairs qu'elle avait espéré au début que celle-ci était bien à Auxerre. Et quand les mots vinrent, il n'y eut qu'à déclarer :

— Je suis bien heureuse d'apprendre que ce sont là vos sentiments envers Auxerre, cela me touche plus que je ne saurais l'exprimer.

Sur le murmure, elle ne dit rien, partageant en tous points cette sensation avouée dans un souffle, préférant rester sur le positif même si ce chuchotement l'était en quelque part même s'il évoquait aussi les souffrances passées et Ingeburge n'avait ni l'envie, ni le courage, de révéler qu'Auxerre lui avait été un second souffle de vie, elle voulait faire connaître à Aelith, sans en différer davantage la communication, ce qu'elle avait à lui proposer. Elle dit, en venant enfin à la raison de cette convocation et de l'entretien qui en avait découlé :
— Je me souviens de notre rencontre, et à l'époque, rien ne laissait prévoir que nous en serions là toutes deux, quelque temps plus tard. Pourtant, le fait est que ce temps nous a permis de nous connaître et de mon côté, de vous apprécier et de jouir de ce que vous avez apporté tant à Auxerre qu'à moi-même et après une réflexion qui n'a duré que le temps de la former, j'en suis venue à désirer que notre lien prenne une nouveau sens. Je ne saurais dire quand l'évidence s'est imposée à moi et le fait que cela m'importe peu au final, car aujourd'hui renseignée sur mon état d'esprit et volonté, seul compte ce que je souhaite vous demander.

Que de précautions chez la Prinzessin, que de soin à amener quelque chose qu'elle ne voulait plus retenir et parce qu'elle ne le voulait plus et parce qu'elle avait tant enrobé ce qu'elle avait à présenter qu'elle avait fini par épuiser ses réserves de patience et qu'elle finirait par tarir celles d'Aelith, la requête tomba, abrupte :
— Je veux faire de vous ma vassale.

Hum, elle avait indiqué qu'elle souhaitait demander? Et bien, la duchesse d'Auxerre avait sa façon bien à elle de le faire. Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas.
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Aelith
Sentimentale. Froide. Expansive. Mutique. A fleur de peau. Inébranlable. Apaisante. Colérique.

A ses heures, la Flamboyante Maîtresse Équine était tout cela à la fois. Suivant l'individu qu'elle avait en face d'elle, suivant la façon dont elle s'était éveillée le matin même, suivant la couleur du ciel, le parfum de la terre, la santé de ses chevaux, le regard de sa maîtresse, la proximité de Stephan, l'humeur d'Irançy, la texture de sa robe et l'indiscipline de ses cheveux, l'humeur de la rouquine changeait du tout au tout. La plupart du temps pourtant, elle restait calme, mesurée. Mais le flamboiement de ses cheveux trahissait toujours partiellement son caractère malgré tout si inégal. Caractère qu'elle tentait au mieux de maîtriser, et dont jusqu'à présent la Prinzessin n'avait pas eu à souffrir.

C'était dès lors un soulagement d'entendre les mots proférés par cette dernière; des mots l'assurant de la relation qui était belle et bien née entre les deux femmes, et dont Aelith soupçonnait l'existence sans jamais pouvoir s'en persuader. Pouvait-on décemment évaluer le degré de satisfaction des échanges, journaliers ou non, de deux êtres? N'y avait-il pas là quelque chose de trop systématique pour être appliqué à la pluralité des sujets que pouvaient aborder deux femmes - en l'occurrence -, des situations qu'elles pouvaient connaître? Toute tentative d'évaluation était aux yeux de la rouquine purement subjective, et quand bien même elle se réjouissait des moments passés avec la Froide, elle n'avait jusqu'à présent eu aucun moyen certain de s'assurer que la réciproque était vraie.

Désormais, pourtant, le voile de mystère avait été levé. Et la demande, qui sonnait comme un ordre d'où ne découlait pas la contrainte, mais la volonté, laissait difficilement la place au doute. Durant quelques secondes, Aelith ne prononça pas un mot, et son visage même ne laissa transparaître aucune émotion. En revanche, il lui semblait que son cœur avait loupé un battement, et que sa respiration s'était légèrement accélérée. Un détail que la Duchesse d'Auxerre, dans la capacité d'observation qui la caractérisait, ne pouvait avoir manqué.

Bien sûr, la possibilité de devenir la vassale de la Prinzessin avait déjà été abordée, non pas par cette dernière, mais par Irançy. A vrai dire, Aelith se souvenait encore avec une étrange netteté des propos de Malhuys: "Je pourrai vous aider à ces choses relevant de la féodalité, lorsque vous serez dame banneret." La conditionnel n'avait pas fait partie de sa phrase: seul le futur avait été employé, ce dont Aelith avait un instant douté: "Nous verrons cela lorsque le moment sera venu..., s'il vient un jour." Irançy avait donc vu juste - ce qui l'agaçait d'ailleurs au plus haut point, Aelith préférant très largement avoir raison sur lui -, et si la demande ne semblait finalement pas si incongrue à la Flamboyante Maîtresse Équine, la rapidité avec laquelle elle avait été formulée ne manquait pas de l'étonner.

Les traits de son visage avaient d'ailleurs finalement cédés sous la pression de l'émotion - à fleur de peau, n'est-ce pas? -, et la rouquine se rendit soudainement compte qu'elle était directement exposée à l'attention minutieuse de sa maîtresse. S'éclaircissant légèrement la gorge pour reprendre une contenance toute relative, elle prit - enfin - la parole:


― Volte Altesse, - et c'était la première fois qu'Aelith appelait ainsi la Duchesse, bien qu'elle aurait dû en réalité toujours user de ce titre - vous me voyez honorée de cette décision.. Étonnée, mais honorée. Je ne sais quels actes ou quelles paroles de ma part vous sont apparus comme des marques de ma loyauté indéfectible, mais nul doute qu'ils étaient orientés en effet dans ce sens. Je serai plus qu'heureuse de devenir votre vassale.

Sa prose lui paraissait bien fade face à celle de la Prinzessin, tout comme ses connaissances en matière de féodalité, d'ailleurs. Et c'est à ce moment seulement qu'elle s'en rendit compte: elle allait devoir demander de l'aide à Irançy...
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Ingeburge
... Et bien plus tôt qu'elle ne le croyait.

Sept mots venaient d'être lâchés, sept mots révélateurs d'un état d'esprit, sept mots porteurs de confiance, sept mots pour sceller un avenir. Comme précédemment quand elle avait interrogé la Chambertin sur son attachement pour Auxerre, la duchesse fut prise d'appréhension et de fébrilité, démunie comme elle l'était d'avoir jeté ces sept mots et partiellement mise à nue de s'être ainsi découverte. Elle ne livrait que rarement ses sentiments et seul son discours pouvait trahir – le plus souvent, seulement quand elle le voulait – le fond de ses pensées et de ses émotions et là, elle venait de révéler toute l'étendue de son affection pour Aelith car jamais pu elle n'aurait ainsi proposer à quelqu'un qu'elle n'appréciait pas et en laquelle elle n'avait pas confiance un pareil lien. Anxieuse en dedans, placide en dehors, elle guetta donc une réaction chez son interlocutrice, scrutant le visage de celle-ci à la recherche d'un tressaillement des paupières ou des commissures des lèvres, examinant ses bras, ses mains, pour y déceler le moindre mouvement. Elle crut percevoir un rapprochement des inspirations emplissant d'air les poumons de la rouquine mais elle préféra se dire que ce n'était qu'une vue de son esprit explorateur ou que si elle avait effectivement bien noté le changement, celui-ci ne signifiait tout simplement rien.

Pourtant, oh, pourtant, elle voulait croire que sa demande serait favorablement accueillie, elle voulait vraiment y croire et elle se berça durant quelques secondes de cette illusion qui l'apaisa un temps et elle se persuada tant et si bien qu'Aelith était sur le point de dire oui qu'elle vit le calme visage de la Flamboyante Maîtresse Equine s'émouvoir. Elle se reprit finalement, pour constater que rien ne changeait malgré son retour au présent et à la conscience des choses et quand Aelith lui signifia son accord, elle fut tout bonnement attrapée. Alors, balayant les actes, balayant les paroles, écartant donc les raisons de la demande, elle s'exclama :

— Par ma foi, vous le saurez bien assez tôt!

Souriant comme il lui arrivait rarement de le faire, elle expliqua :
— Il me faudra au plus tôt rédiger la patente d'octroi, votre consentement m'étant désormais acquis; là se trouveront mes motifs.
Prenant soudain conscience que ce qu'elle venait de déclarer était peut-être maladroit, elle précisa :
— Vos mérites sont réels, soyez-en assurée comme vous devez l'être du sérieux de ma volonté mais accordez-moi, je vous prie, le simple privilège de profiter de cet instant.
Elle baissa les yeux vers ses mains croisées et posées en son giron et elle souffla :
— Il ne m'est pas souvent donné de pouvoir profiter de mes joies. Ayez la certitude de ma sincérité et laissez-moi goûter celle de votre réponse.

Quittant son fauteuil, la Prinzessin alla à l'une des croisées et laissa son regard errer sur la ville qui s'étendait à ses pieds jusqu'à aller effleurer le ruban bleuté de l'Yonne. C'était par-delà le fleuve, le long d'une autre rivière, celle de la Cure, que courait le domaine ducal d'Auxerre. Tout le fief ne lui était pas encore connu tant il était vaste et tant elle manquait de temps, elle ignorait l'étendue de ses richesses et de ses seigneuries même si les recherches entreprises et l'étude de vieux cartulaires avaient permis d'écarter certaines ombres. L'anoblissement à venir d'Aelith serait l'occasion de reprendre l'enquête et l'inventaire et c'est cette idée en tête qu'elle revint vers celle-ci. Redevenue pragmatique et ordonnée, elle indiqua :
— Il va falloir vous trouver une jolie terre.

Sa main blanche se leva et aussitôt une chambrière se glissa, docile, à ses côtés et à la servante, elle ordonna :
— Faites donc venir Irancy.

Oui, la Chambertin allait devoir demander de l'aide au Malhuys bien plus tôt qu'elle ne le croyait.
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Aelith
Par ironie.

Longtemps, Aelith s'était demandé pourquoi Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, Princesse Impériale, Duchesse d'Auxerre, Comtesse de Carpentras, Baronne de Saint-Raphaël et Dame de Sainte-Anastasie-sur-Issole et de la Penne-sur-Huveaune avait été surnommée "la Froide". Sans doute la longueur et la pluralité des titres avaient, qu'elle l'ait voulu ou non, engendré une distance avec ceux qui n'en possédaient pas. Sans doute son attitude et son comportement, qui ne laissaient guère de place aux folles manifestations d'amitié ou aux larges embrassades, avaient été jugés trop stricts. Sans doute son visage marmoréen n'était pas de ceux qui suscitent en retour des sourires complices. Et pourtant, dans cette pièce retirée de ses appartements, au creux d'une intimité qu'Aelith n'avait même pas espéré frôler, la Froide semblait quitter cet hiver toujours reconduit dans lequel elle s'était installée. Alors pour Aelith, qui ne pouvait que mieux la connaître que bon nombre de Bourguignons, ce surnom lui avait forcément été donné... par ironie.

Et tandis que la Duchesse d'Auxerre observait ses terres, n'offrant à la Flamboyante Maîtresse Équine que son dos, celle-ci se mordillait négligemment la lèvre inférieure, partagée entre sa joie et... son angoisse. Contre toute attente, La vassalité pour les nuls n'avait pas encore été publié, et si la rouquine n'avait heureusement pas manqué d'éducation durant son enfance, elle n'avait jamais porté un grand intérêt à ces questions héraldiques - au grand dam de sa tante. Bien sûr, elle en connaissait les traits principaux, qu'elle avait répétés avec application: "Allégeance envers une province ou une institution, Hommage envers une personne", "Le scel ogival est destiné aux femmes" et "On ne traite pas les gens de 'sale fils de Duc'"... Elle savait également ce qu'était une patente d'octroi, et ce qu'elle devait contenir, ce qui l'empêchait en cet instant de passer pour irrécupérable devant la Duchesse. Elle se souvenait également que la famille de Chambertin possédait un blason familial... L'idée de devoir replonger dans les parchemins familiaux, sans doute négligemment entassés dans un coffre et laissés à l'abandon depuis la mort d'Eriadan et le départ de Luna, ne lui plaisait guère. Mais ces questions matérielles laissèrent rapidement la place à un souci plus hédoniste: profiter de l'instant présent.

Aussi souriait-elle lorsque la Froide se retourna, faisant immédiatement appeler Irançy. Au moins, elle n'aurait même pas besoin d'aller trouver le Malhuys, si le Malhuys venait à elle...


―Feu mon père m'avait fait promettre d'inscrire un jour à nouveau la famille Chambertin à l'Hérauderie, lâcha-t-elle soudainement, sans même s'en rendre compte.
―Il était dévoré par la folie, j'avais à peine quelques années... J'ai accepté sans comprendre.

Ici aussi, il semblait à Aelith que l'ironie n'était pas étrangère à cette histoire. C'était une promesse qui ne valait pas grand chose pour elle, à cette époque. Aujourd'hui, elle prenait tout son sens, que ce fut dans l'acte futur de s'engager à apporter fidélité, aide et service armé, et conseil à la Duchesse, ou que ce fut dans la réalisation d'une parole donnée à un défunt qui avait fait d'elle la Flamboyante Maîtresse Équine qu'elle était. Elle leva les yeux vers la Froide, sachant par avance qu'ils n'exprimeraient pas l'incompréhension que peut-être elle pourrait ressentir face à cette soudaine révélation sans grand intérêt pour elle.

Mais pour Aelith, c'était une pièce commune au puzzle de sa famille et de ses choix personnels qui venait de prendre place.

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Theudbald
La servante trouva Irancy à la forge, en vive discussion avec le maître du lieu.

- Mais poncez-donc vos plaques d'acier ! Regardez cette brigandine : les plaques ont déchirés en deux mois tout le tissu. Résultat, il faut retirer tous les clous, remettre une couche de lin et une couche de velours et reclouer encore. Et recommencer l'opération dans deux mois sans doute. Vous savez combien la duchesse paie le velours ? Et vous savez combien d'arbalestriers et de couleuvriniers portent une brigandine à Auxerre ?

Si la duchesse apprenait la chose, à coup sûr, le routier serait convoqué. Ce n'était pas sa faute, mais comme pour la soi-disant coupe de forêts qui n'était pas de son fait, il serait tenu responsable. Il fallait régler la question avant qu'un soudard ne se plaigne de la mauvaise qualité de son équipement.
Il se tourna vers la servante et la regarda d'un air interrogateur.


- Messire, la duchesse veut vous voir sur le champ.

Et voilà.
Tant pis. Il dirait que ce n'était pas sa faute et détournerait la conversation en invoquant de graves problèmes à Cravant. Les paysans ne s'accomodaient pas d'un seigneur, mais quand ils n'en avaient plus, ils se plaignaient qu'ils étaient délaissés. Sans parler du curé local qui entamait une lutte d'influence contre la garnison ducale. Ca devrait irriter suffisamment la duchesse pour qu'elle oublie l'histoire des velours déchirés.


- J'arrive, répondit-il à la servante. Le temps d'enfiler ma cotte d'armes. Afin de dissimuler la brigandine.

Et voilà Irancy qui entrait dans les appartements de la duchesse, après s'y être annoncé convenablement, car il n'était pas utile de jouer avec les nerfs ducaux dès le début de l'entretien.
Signe de tête à la flambeuse maistresse équine au passage.

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L'hymne des komrads auxerrois
Ingeburge
Tranquillement, la duchesse d'Auxerre s'en était retournée à son fauteuil après avoir fait mandé le seigneur d'Irancy par l'une de ses servantes. Et elle s'était attendue à attendre tranquillement l'arrivée du foutu vassal, le seul qu'elle avait en territoire bourguignon. Elle était parvenue à faire connaître sa volonté à Aelith et avait eu la joie de voir sa demande agréée, elle se laissait donc porter par ce sentiment agréable que conférait la facilité, sentiment qui lui était bien rare et elle entendait bien en profiter au maximum. Etait-ce pour cette raison qu'Aelith osa se confier un peu? Entrevoyait-elle dans quelles dispositions favorables celle qui était encore sa maîtresse mais qui sous peu deviendrait sa suzeraine se trouvait? Si tel était le cas, c'est que la rouquine comprenait mieux Ingeburge que cette dernière pût le croire et si c'était le cas, elle ne faisait pas erreur. Et, quand bien même la raison fût tout autre, la duchesse d'Auxerre fut heureuse de recueillir la confidence qui venait de lui être faite et mieux, elle se réjouit de pouvoir y faire retour en toute franchise et en pleine confiance.

L'histoire l'intéressait, surtout maintenant qu'Aelith savait qu'elle avait une place toute particulière dans sa vie et curieuse donc, elle demanda d'abord à la Chambertin :

— En êtes-vous réellement sûre? Ne pensez-vous pas plutôt que vous aviez en vous la clé pour comprendre la requête de votre père mais qu'il vous était alors impossible de la manipuler? A ce que vous me déclarez là et à ce que je me souviens d'autres de vos propos, vous semblez avoir été élevée dans le plus grand respect des liens de famille. Je ne pense pas que ce soit se montrer par trop audacieux de conclure que votre père, malgré votre jeune âge, savait que ce qu'il solliciterait de vous trouverait un jour un écho propice eu égard à la manière dont il avait été élevé.
Puis, un peu plus éthérée, elle ajouta :
— Il y a pas de folie à vouloir voir sa famille honorablement établie.
Le Danemark se dessina sous ses yeux, elle revoyait avec ses yeux d'enfant la silhouette de son père présidant un conseil de famille et faisant état des plans qu'il avait dressé pour sa progéniture. Aurait-il été satisfait de ce qu'avait accompli sa plus jeune fille? Celle-ci, bien grandie maintenant, en doutait bien souvent. Ses yeux, rêveurs, revinrent sur Aelith et elle sourit. Oui, elle se réjouissait de ce qu'Aelith lui ait ainsi parlé, cela ne tendait qu'à conforter un choix qui bientôt, serait connu de tous, à commencer par Theudbald.

Celui-ci venait de se présenter et avait décidé de rester dans son coin. Les bonnes dispositions de la duchesse d'Auxerre commencèrent de fondre comme la neige au soleil; cette tête-là, elle ne la connaissait que trop, elle était annonciatrice d'un coup-fourré que l'on tentait à toute force de lui dissimuler. Alors, fatalement, elle devint soupçonneuse, mais pas assez pour voir sa satisfaction être entamée et elle invita le Malhuys à la rejoindre :

— Mais approchez-vous, que craignez-vous donc? Vous savez déjà ce que vos exploits provoquent chez moi comme réaction, tôt ou tard, nous en passerons par là.
Et elle insista, impérieuse :
— Venez donc, votre cas ne m'intéresse nullement pour l'instant. Il s'agit d'Aelith-Anna.
La Flamboyante Maîtresse Equine fut désignée d'un léger signe du menton et la duchesse d'Auxerre lâcha sa petite nouvelle :
— Je compte lui octroyer une bonne terre sur le domaine auxerrois et ainsi assurer sa subsistance. Je tenais à vous en faire part puisque vous êtes, seul le Très-Haut sait pourquoi, mon premier conseiller. Et puis, il se murmure que vous possédez quelques connaissances en héraldique et que la région vous est connue, parlons donc seigneuries afin qu'Aelith-Anna puisse effectuer son choix.

Et à nouveau, elle sourit, la mâtine. Pour autant, que le Malhuys le remarque, son regard demeurait toujours suspicieux quand il s'attachait à la figure de pendard de celui-ci.
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Theudbald
Le blond ébouriffé salua la rouquine flamboyante d'un signe de tête. Il écouta la duchesse, stoïque, l'air sérieux et ignorant toute culpabilité, avant de répondre.

Oh, vous savez, ce qui se murmure... C'est souvent du boniment. Les gens sombrent trop souvent dans l'hyperbole.

C'était vrai, notamment pour les brigandines. Puis il haussa les épaules.

Aelith a déjà une ferme à Augy. Octroyez-lui donc le village et ses environs.

Emballé, c'est pesé. Bonne journée ma bonne dame.
Bon, la duchesse l'avait fait déplacer et elle devait sans doute espérer une intervention un peu plus longue de sa part. Il fronca les sourcils et entreprit de marcher lentement d'un bout à l'autre la pièce, l'air concerné.


Les fiefs bordant l'Yonne sont de loin les plus riches. Le commerce y est fleurissant, la rivière mène à Paris, les pêcheries font le prestige des tables seigneuriales, ainsi que les vins fins et médicinaux. Outre Augy, il y a Champs-sur-Yonne, Vincelotte, Vermenton au bord de la Cure... Cravant est une place forte stratégique. Coulanges-la-Vineuse est un peu plus éloignée des voies d'eau, mais ses vins font sa prospérité, comme son nom l'indique. Villefargeau est mieux boisé, un peu à l'ouest de la cité.

Est-ce que cela suffirait ?
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L'hymne des komrads auxerrois
Aelith
Les longs doigts fins et pâles de la Flamboyante Maîtresse Equine, habituellement protégés au quotidien du frottement des rênes et autres maltraitances - dues à la charge finalement fort manuelle qu'elle exerçait au sein de la Maison d'Auxerre - par de longs gants, étaient actuellement nus, et malmenaient avec une certaine application les braies sales qu'Aelith portait, elle qu'elle avait eu l'audace de traîner jusqu'aux appartements de sa maîtresse. Qu'elle n'ait pas pris le temps de se changer revenait comme un reproche lancinant dans sa tête: elle serait plus masculine et plus négligée que jamais alors même que l'on parlerait de sa future noblesse. Là aussi, une certaine ironie semblait la narguer, insidieuse.

Elle repensait aux propos de son père. Au visage de son père. A la voix de son père, à sa main dans ses cheveux, à son regard immensément bleu, à sa douceur mélancolique qui laissait place à ses violents accès de colère. Elle repensait à cet homme ambigü, qu'elle avait sans doute aimé autant que haï, et auquel elle n'était même pas venu en aide lorsque sa mère l'en avait implorée, auquel elle avait tourné le dos, feignant de ne pas le connaître, ignorant jusqu'à sa douleur même. L'ignorant si bien que la douleur n'existait plus lorsqu'elle l'avait revu, la douleur avait entièrement quitté son pauvre corps: il était mort. "Il faudra me confesser...", pensa-t-elle soudainement, anxieuse à l'idée même de confier ce morceau du puzzle à un religieux, angoissée à la pensée que peut-être, il ne soit pas assez bon à ce jeu d'adresse pour l'aider à trouver à quel endroit la pièce prenait place. Mais l'histoire de sa vie n'était-elle vraiment qu'un jeu?

La voix de la Froide, apaisante, vint faire taire les troubles dans lesquels Aelith s'était elle-même jetée. Certaine que la Duchesse d'Auxerre n'attendait pas de réponse au questionnement qu'elle lui proposait, elle n'en fit aucune, gardant pour elle cette réflexion à laquelle elle n'accorderait d'importance que plus tard. Car pour l'instant, Malhuys était là, et quand bien même il ne se serait pas annoncé, la Flamboyante aurait pu deviner sa présence au changement de ton dans la voix de la Froide. Elle, elle appréciait. Pour son franc-parler, son manque de tact, son économie de mots. Mais elle, elle n'était pas sa suzeraine.

Mutique, elle écouta la liste des fiefs énoncée par Irançy, bien que le nom d'Augy résonnât trop fort à ses oreilles pour qu'elle puisse réellement accorder l'importance qu'ils méritaient aux autres fiefs. Elle ne perdit cependant pas une miette des déambulations du Malhuys, et tourna finalement les yeux vers la Duchesse.

Elle n'avait toujours pas dit un mot.

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Ingeburge
D'aucuns se plaisaient à affirmer que le Malhuys, depuis son anoblissement au titre et rang de seigneur d'Irancy, était totalement à la botte de la duchesse d'Auxerre et c'est avec la même satisfaction qu'ils se plaisaient à propager de tels bruits. Pures foutaises, évidemment, et le plus crédule des hommes aurait avec vigueur contesté cette rumeur en assistant à la scène jouée par Theudbald. En effet, celui-ci, l'air crâne et paradant dans la chambre de sa suzeraine, démontrait à quel point les commères faisaient erreur, le Malhuys était tout sauf aveuglé par l'extraordinaire personnalité de sa duchesse, au contraire, il ne lui passait rien, se comportait en mari tyrannique avec elle et avait le don pour l'exaspérer au plus haut point. Comme maintenant.

Cela avait commencé par cette volonté qu'avait eue l'Irancyçois de se tenir à l'écart en abordant cette tête j'ai-fait-une-connerie-mais-c'était-malgré-moi-car-c'est-forcément-de-la-faute-de, le responsable étant différent selon la situation et ce qui arrangeait le soudard, c'était souvent elle d'ailleurs qui était incriminée, plus ou moins explicitement. Puis, cette irritation naissante avait commencé d'accroître quand il avait parlé d'Augy et de sa ferme, laissant entendre qu'elle, elle consentirait à octroyer une terre où il n'y a pas mieux qu'une ferme pour résider... si elle voulait coller des gens dans une étable, elle n'avait pas besoin d'anoblir pour cela, un pécore pourrait très bien faire l'affaire.Puis, son agacement avait encore augmenté quand il avait commencé à évoquer les autres fiefs en prenant l'air inspiré.

Une fois la représentation close, la duchesse d'Auxerre fit comprendre que ce n'était guère suffisant :

— Hum, je vois. Mais ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, très cher, mais Aelith-Anna. Voyez, elle n'a pas réagi.
Et Ingeburge de prendre à témoin la rouquine.

Ostensiblement, la Prinzessin soupira, histoire d'achever de convaincre son vassal qu'elle attendait mieux. Puis, se tournant vers celle qui partagerait bientôt la condition de celui-ci, elle demanda à la Chambertin :

— Aelith-Anna, vous sentez-vous inspirée? Je ne vous contrains évidemment pas à choisir aujourd'hui mais interrogez Irancy tant que celui-ci est disponible, il répondra à toutes vos questions.

Eh oui, devoir de conseil du gentil et féal petit vassal à sa suz'.
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