Ingeburge
[Château des ducs d'Auxerre, quatrième semaine de mars]
Le printemps.
L'air passablement peu satisfait, la duchesse d'Auxerre songeait à cette nouvelle ère qui débutait, alors que son regard opalin se perdait vers l'extérieur que lui révélait la croisée entr'ouverte. Elle n'en voyait à vrai dire pas grand-chose car là où elle se trouvait, elle ne jouissait que du spectacle de la cité auxerroise. Mais, elle pouvait le sentir ce printemps qui commençait de chasser les gelées, elle pouvait en percevoir les signes distinctifs, sans qu'elle eût besoin de sortir et de prendre en pleine figure la verdure entreprenant de parer les arbres, elle le sentait dans l'air plus odorant, dans les clameurs qui lui parvenaient et qui démontraient que la vie reprenait peu à peu ses droits, sur les mines de ses gens qui avaient ce je ne sais quoi indiquant leur satisfaction à l'idée que les frimas avaient cédé la place à la douceur. Le printemps, elle, elle n'aimait pas pas plus que l'hiver d'ailleurs, synonyme d'interminable froidure car sa sensibilité était heurtée par la propension qu'avait la gent humaine à se montrer plus bruyante, plus excitée, plus entreprenante, plus visible une fois les beaux jours revenus et parce qu'elle savait que ce n'était là que peu de choses : l'été et sa chaleur, sa moiteur, sa langueur, était porteur des mêmes maux, aggravés; elle l'en redoutait d'autant plus. Non, elle n'appréciait pas le printemps, ne lui accordant comme seuls bénéfices que l'annonce d'un temps plus clément, plus agréable d'une part et la possibilité d'entreprendre les projets arrêtés et mûris durant l'hiver d'autre part; elle n'en aimait que le pragmatisme et le concret qu'elle pouvait en tirer.
C'était d'ailleurs ce sur quoi elle s'était penché tôt en cette matinée. Après s'être levée à l'aube, rendu grâce dans son oratoire privé, laissé ses caméristes s'occuper de sa toilette et avalé quelque nourriture, elle s'était plongée dans les registres de comptes. Plus tard dans la journée aurait lieu une séance extraordinaire rassemblant les gens d'argent d'auxerrois merci le printemps consacrée au financement des premiers travaux à lancer et elle tenait à être parfaitement au fait des sommes disponibles quand il s'agirait de faire face à ceux qui solliciteraient des subsides pour la réfection des fours, pressoirs, moulins banaux, aux métayers qui sous un prétexte quelconque tâcheraient de falsifier le montant du fermage et surtout, ne pas être en reste quand receveur général, trésorier, régisseur, intendant et comptable se lanceraient dans des discussions techniques complètement obscures si l'on ne se renseigne pas un tant soit peu et dans lesquelles l'on se noyait vite si l'on ne pensait pas à s'accrocher. Il s'agissait d'être efficace aujourd'hui, elle ne pouvait se laisser aller au moindre mouvement de fainéantise, il y avait fort à faire et elle ne disposait que peu de temps pour ce faire, elle quitterait bientôt Auxerre. C'est d'ailleurs pourquoi elle n'était pas la seule personne faisant montre d'une activité zélée en cette matinée, les domestiques attachés à sa chambre se montraient eux aussi travailleurs et consciencieux. La question les absorbant particulièrement était celle des bagages de leur maîtresse. La duchesse d'Auxerre, en effet, partirait le soir même, direction la Touraine où la duchesse régnante locale donnait un bal auquel était invitée la noblesse des provinces amies. Si la perspective de cette sauterie mondaine n'avait pas vraiment enchanté Ingeburge, celle-ci avait avait pourtant décidé de s'y rendre car Camille n'était pas que duchesse tourangelle, elle était aussi un membre de la Maison Royale, cela faisait donc une raison, et une raison suffisante pour faire le voyage jusqu'à Tours. Et, après la capitale des « Jardins de France », la Prinzessin et son train cingleraient sans tarder vers celle du Royaume de France où la première superviserait, au Louvre plus particulièrement, la cérémonie d'intronisation des nouveaux Grands Officiers de la Couronne. Après cela, un crochet par Vincennes, sûrement l'expédition vers la forteresse n'était pas encore totalement fixée avant de prendre la route du retour vers la Bourgogne pour l'étape bourguignonne du Trophée Minerve et il se pouvait d'ailleurs qu'elle rentre plus tôt que prévu, la cérémonie d'allégeances au nouveau duc devant intervenir incessamment sous peu. Bref, il n'y avait pas de temps à perdre et femmes de chambre et femmes de charge étaient tout absorbées dans le remplissage des coffres d'Ingeburge, prenant soin d'y déposer le costume du bal, les vêtements de tous les jours, ceux pour la cérémonie prévue et bien plus encore.
Le registre ayant été parcouru et examiné dans les moindres détails, Ingeburge le referma. C'en était fini des comptes pour un temps, elle s'y replongerait cet après-midi, à la faveur de la réunion avec les financiers auxerrois. Pour autant, il ne s'agissait pas de se reposer, de s'accorder un répit et aussitôt après avoir remis le volumineux livre à un secrétaire, elle quitta le cabinet de travail pour passer dans sa chambre. Il régnait là une activité de ruche, les malles ouvertes sur le sol laissant s'échapper des flots d'étoffes précieuses, les boîtiers non encore refermés exposant des bijoux scintillants, des flacons voisinant avec des fioles et des fards, des chaussures alignées au pied du lit sur lesquels avaient été étalées avec soin les vêtements choisis pour le séjour de la duchesse. Indifférente au spectacle de ses effets et babioles offert à son regard, elle alla s'asseoir dans un confortable fauteuil, en retrait de ses filles affairées à la préparation de ses bagages. L'une d'elles vint à sa rencontre, s'enquérant de ce qu'elle voulait, ce à quoi Ingeburge répondit :
Demandez à un valet de faire monter la demoiselle de Chambertin et apportez-moi ensuite mon coffret à lettres.
La chambrière s'inclina devant sa maîtresse, sortit quelques instants afin de faire connaître la première requête de celle-ci et s'en revint avec une boîte ouvragée dans les bras qu'elle remit finalement à Ingeburge. Le précieux réceptacle fut ouvert et les doigts blancs de la Froide partirent à la recherche de la lettre d'Aelith.
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Montjoie part en guerre contre les blasons faux, ça va saigner!
Duchesse d'Auxerre & dame d'autres trucs totally awesome, yep!
Armes en révision!
Comme les cordonniers sont mal chaussés, les RA ont des blasons tout pétés!
Le printemps.
L'air passablement peu satisfait, la duchesse d'Auxerre songeait à cette nouvelle ère qui débutait, alors que son regard opalin se perdait vers l'extérieur que lui révélait la croisée entr'ouverte. Elle n'en voyait à vrai dire pas grand-chose car là où elle se trouvait, elle ne jouissait que du spectacle de la cité auxerroise. Mais, elle pouvait le sentir ce printemps qui commençait de chasser les gelées, elle pouvait en percevoir les signes distinctifs, sans qu'elle eût besoin de sortir et de prendre en pleine figure la verdure entreprenant de parer les arbres, elle le sentait dans l'air plus odorant, dans les clameurs qui lui parvenaient et qui démontraient que la vie reprenait peu à peu ses droits, sur les mines de ses gens qui avaient ce je ne sais quoi indiquant leur satisfaction à l'idée que les frimas avaient cédé la place à la douceur. Le printemps, elle, elle n'aimait pas pas plus que l'hiver d'ailleurs, synonyme d'interminable froidure car sa sensibilité était heurtée par la propension qu'avait la gent humaine à se montrer plus bruyante, plus excitée, plus entreprenante, plus visible une fois les beaux jours revenus et parce qu'elle savait que ce n'était là que peu de choses : l'été et sa chaleur, sa moiteur, sa langueur, était porteur des mêmes maux, aggravés; elle l'en redoutait d'autant plus. Non, elle n'appréciait pas le printemps, ne lui accordant comme seuls bénéfices que l'annonce d'un temps plus clément, plus agréable d'une part et la possibilité d'entreprendre les projets arrêtés et mûris durant l'hiver d'autre part; elle n'en aimait que le pragmatisme et le concret qu'elle pouvait en tirer.
C'était d'ailleurs ce sur quoi elle s'était penché tôt en cette matinée. Après s'être levée à l'aube, rendu grâce dans son oratoire privé, laissé ses caméristes s'occuper de sa toilette et avalé quelque nourriture, elle s'était plongée dans les registres de comptes. Plus tard dans la journée aurait lieu une séance extraordinaire rassemblant les gens d'argent d'auxerrois merci le printemps consacrée au financement des premiers travaux à lancer et elle tenait à être parfaitement au fait des sommes disponibles quand il s'agirait de faire face à ceux qui solliciteraient des subsides pour la réfection des fours, pressoirs, moulins banaux, aux métayers qui sous un prétexte quelconque tâcheraient de falsifier le montant du fermage et surtout, ne pas être en reste quand receveur général, trésorier, régisseur, intendant et comptable se lanceraient dans des discussions techniques complètement obscures si l'on ne se renseigne pas un tant soit peu et dans lesquelles l'on se noyait vite si l'on ne pensait pas à s'accrocher. Il s'agissait d'être efficace aujourd'hui, elle ne pouvait se laisser aller au moindre mouvement de fainéantise, il y avait fort à faire et elle ne disposait que peu de temps pour ce faire, elle quitterait bientôt Auxerre. C'est d'ailleurs pourquoi elle n'était pas la seule personne faisant montre d'une activité zélée en cette matinée, les domestiques attachés à sa chambre se montraient eux aussi travailleurs et consciencieux. La question les absorbant particulièrement était celle des bagages de leur maîtresse. La duchesse d'Auxerre, en effet, partirait le soir même, direction la Touraine où la duchesse régnante locale donnait un bal auquel était invitée la noblesse des provinces amies. Si la perspective de cette sauterie mondaine n'avait pas vraiment enchanté Ingeburge, celle-ci avait avait pourtant décidé de s'y rendre car Camille n'était pas que duchesse tourangelle, elle était aussi un membre de la Maison Royale, cela faisait donc une raison, et une raison suffisante pour faire le voyage jusqu'à Tours. Et, après la capitale des « Jardins de France », la Prinzessin et son train cingleraient sans tarder vers celle du Royaume de France où la première superviserait, au Louvre plus particulièrement, la cérémonie d'intronisation des nouveaux Grands Officiers de la Couronne. Après cela, un crochet par Vincennes, sûrement l'expédition vers la forteresse n'était pas encore totalement fixée avant de prendre la route du retour vers la Bourgogne pour l'étape bourguignonne du Trophée Minerve et il se pouvait d'ailleurs qu'elle rentre plus tôt que prévu, la cérémonie d'allégeances au nouveau duc devant intervenir incessamment sous peu. Bref, il n'y avait pas de temps à perdre et femmes de chambre et femmes de charge étaient tout absorbées dans le remplissage des coffres d'Ingeburge, prenant soin d'y déposer le costume du bal, les vêtements de tous les jours, ceux pour la cérémonie prévue et bien plus encore.
Le registre ayant été parcouru et examiné dans les moindres détails, Ingeburge le referma. C'en était fini des comptes pour un temps, elle s'y replongerait cet après-midi, à la faveur de la réunion avec les financiers auxerrois. Pour autant, il ne s'agissait pas de se reposer, de s'accorder un répit et aussitôt après avoir remis le volumineux livre à un secrétaire, elle quitta le cabinet de travail pour passer dans sa chambre. Il régnait là une activité de ruche, les malles ouvertes sur le sol laissant s'échapper des flots d'étoffes précieuses, les boîtiers non encore refermés exposant des bijoux scintillants, des flacons voisinant avec des fioles et des fards, des chaussures alignées au pied du lit sur lesquels avaient été étalées avec soin les vêtements choisis pour le séjour de la duchesse. Indifférente au spectacle de ses effets et babioles offert à son regard, elle alla s'asseoir dans un confortable fauteuil, en retrait de ses filles affairées à la préparation de ses bagages. L'une d'elles vint à sa rencontre, s'enquérant de ce qu'elle voulait, ce à quoi Ingeburge répondit :
Demandez à un valet de faire monter la demoiselle de Chambertin et apportez-moi ensuite mon coffret à lettres.
La chambrière s'inclina devant sa maîtresse, sortit quelques instants afin de faire connaître la première requête de celle-ci et s'en revint avec une boîte ouvragée dans les bras qu'elle remit finalement à Ingeburge. Le précieux réceptacle fut ouvert et les doigts blancs de la Froide partirent à la recherche de la lettre d'Aelith.
_________________
Montjoie part en guerre contre les blasons faux, ça va saigner!
Duchesse d'Auxerre & dame d'autres trucs totally awesome, yep!
Armes en révision!
Comme les cordonniers sont mal chaussés, les RA ont des blasons tout pétés!