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[RP] L'annonce faite à Aelith

Theudbald
Oh. répondit-il à sa suzeraine.

Il se tourna alors vers la cuivrée, la scrutant d'un air interrogateur. C'était vrai qu'elle n'avait pas réagi. Elle devait sans doute connaître Augy déjà, mais qu'en était-il des autres villes de l'Auxerrois ?


Demandez-donc. Je crois pouvoir vous expliquer et décrire dans le détail la qualité et la quantité des bois, des pêcheries, des cultures, des banalités, des échanges et de toute autre particularité de chacun de ces fiefs.

Et il crût bon d'ajouter :

Profitez de ma disponibilité, car je dois m'en retourner à mes affaires féodales, devoir d'ost, ce genre de choses.
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L'hymne des komrads auxerrois
Aelith
Inspirée ? En était-il de la noblesse comme de l’art ? Elle était piètre dessinatrice, n’avait que peu de talent pour la poésie, préférait ne pas s’essayer à la chanson - au risque de dégrader le temps clément qui leur était accordé en cette fin du mois de mars. Etait-ce à dire qu’elle ferait une mauvaise noble ? Partagé entre l’appréhension issue de ses improbables réflexions et le sourire amusé que venait de provoquer l’interjection échappée par Irançy, le visage de la Flamboyante n’offrit en réponse à la Prinzessin qu’une grimace dont l’interprétation n’était guère aisée. Et comme avant même qu’elle n’ait pu répondre de manière audible, le Malhuys reprenait la parole, elle l’écouta attentivement. Du début, à la fin.

―Ce genre de choses…, reprit-elle en écho lorsque la tirade fut achevée, certaine que l’humeur de sa maîtresse ne s’améliorerait pas après ces paroles d’homme prétendument affairé. De son côté, Aelith préférait ne pas avoir à statuer sur la véritable efficacité du foutu vassal. Elle laissait ce soin à qui de droit, évitant de s’immiscer dans une relation suzeraine/vassal qu’elle devinait bien compliquée. Et dont elle espérait qu’elle ne se reproduirait pas avec elle, une fois qu’elle aurait atteint le statut qui lui était ici promis.

―Dans la mesure du possible, je souhaiterais rester au plus près possible d’Auxerre, et d’Augy, si Augy ne devait pas être mon ultime choix. Et à proximité des voies d’eau, également.

Cela devait sans doute déjà retirer quelques noms de la liste des fiefs. Elle avait une certaine confiance dans l’expertise d’Irançy: sa connaissance des lieux avait été prouvée durant la visite d’Augy pour lequel il avait été un guide efficace.

Une visite. C’était ce qui lui manquait.


―Et puisque vous ne me contraignez pas à choisir tout de suite, Votre Altesse, j’aimerais pouvoir me rendre sur les lieux précédemment cités.

Mais en attendant de pouvoir se rendre sur les fiefs, en attendant d’être face aux territoires concrets, de pouvoir toucher les pierres et respirer l’air de Champs-sur-Yonne, Vincelotte et autres, elle avait l’occasion de profiter de la science d’Irançy. Essayant de ne pas imiter son air inspiré, bien que tentée de le faire, elle demanda alors :

―Mais vous me parliez de particularités, pourriez-vous développer ? Ces fiefs peuvent-il m’intéresser pour des raisons qui sortiraient de l’ordinaire ?
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Theudbald
Ah ouais ? Elle voulait jouer à celle qui serait sérieuse et qui poserait des questions ? Voulait-elle de même paraître concernée devant sa maîtresse, ou bien faisait-elle exprès d'ennuyer Irancy ?

Eh bien, vous voyez Auxerre ? C'était une fausse question, évidemment.
Vous remontez l'Yonne sur une demie lieue, et vous voilà à l'église d'Augy.
A un peu plus d'une lieue d'Auxerre, au-delà d'Augy, se trouve Champs. C'est un village où le blé se plaît comme nul part ailleurs en Auxerrois, même si Augy reste une très bonne place pour la culture de céréales. Il y a un gué que l'on peut emprunter en été, quand le niveau de la rivière est bas. A Augy comme à Champs, il y a un tonlieu très profitable pour les bateliers, et en plus des pêcheries sur la rivière, vous aurez plusieurs viviers à disposition, dont vous pourrez exporter la production très facilement - vous avez déjà goûté le pâté de lamproie ?


Après un coup d'oeil lancé du côté de la duchesse, il se dit qu'il valait mieux ne pas s'écarter du sujet.

Très peu de bois. Surtout des trucs merdiques même pas bons pour le chauffage : peuplier noir, tremble, saule blanc, saule pleureur, aulne glutineux et aulne blanc, ce genre de saloperies qui pousse en vallée alluviale. Les gens du coin achètent leur bois d'oeuvre flottant depuis le Morvan, s'ils ne veulent pas trop sacrifier les quelques arpents de chênaies des alentours.

Toujours vers l'amont, à deux lieues d'Auxerre, se tient Vincelottes. Le sol est plus pauvre et plus sec, quoique point aussi sec qu'à Irancy. La vigne pousse comme les orties et le vin est très fameux. Pinot noir essentiellement. Tonlieu comme à Augy et Champs. Assez peu de forêts aussi, mais des vergers prospères. Le territoire seigneurial n'est pas aussi vaste qu'Augy ou Champs, cela dit.

Cravant est à presque quatre lieues, Vermenton au-delà encore. Je crois que c'est hors de vos critères de proximité.

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L'hymne des komrads auxerrois
Ingeburge
La duchesse d'Auxerre s'était renfoncée dans son fauteuil, enfin, façon de parler. Elle se tenait toujours assise, sur le bord, parfaitement redressée, les mains posées en son giron, mais elle s'était détendue, imperceptiblement et écoutait avec attention et plaisir son vassal et sa future deviser à propos de la terre qui pourrait être octroyée. La conversation avait mis du temps à débuter, Aelith faisant la moue à la question de la Prinzessin et Theudbald continuant à demeurer vague et attendant d'être interrogé. Mais, finalement, les deux dialoguaient et c'était bien tout ce qui comptait. Elle se laissait donc bercer par la voix du blond et de la rouquine, voyant le paysage auxerrois se dérouler sous ses yeux, apercevant l'Yonne et la Cure, tâchant de se souvenir de ce qu'elle connaissait des terres évoquées, ne s'offusquant pas des grossièretés ponctuant le discours de l'Irancyçois, profitant, en somme, de l'instant présent.

L'inventaire s'acheva bien que d'autres terres étaient disponibles mais Aelith souhaitant s'établir non loin de la cité d'Auxerre, il n'était pas besoin de les évoquer. D'ailleurs, cela aussi contentait grandement la duchesse même si elle était portée à croire que c'était la nécessité pour la Chambertin d'être non loin des chevaux et même son envie qui la poussait à faire connaître ce critère. Les raisons au final importaient peu, Aelith serait à proximité et elle préférait de loin avoir ses vassaux à courte distance d'elle quand elle devait se trouver au pays.

L'échange languissait, elle y revint, rebondissant sur une demande de Flamboyante Maîtresse Equine :

— Une visite, c'est une excellente idée. Irancy vous mènera.

Evidemment qu'il n'a pas le choix.
— Une fois la saison des gelées écoulée, il vous conduira.

Non, définitivement pas.
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Aelith
D’une certaine façon, la Flamboyante était impressionnée. La science du Malhuys quant aux terres d’Auxerre, à leurs ressources, à leur localisation, à leur faune et à leur flore, aux routes empruntables, aux conditions climatiques, semblait presque exhaustive. D’un signe de tête négatif, elle infirma sa connaissance du pâté de lamproie, espérant cependant qu’Irancy ne se ferait pas une obligation de le lui faire découvrir. En toute franchise, le nom ne lui disait rien qui vaille…

L’inventaire terminé, Aelith s’accorda quelques secondes de réflexion tandis que la Duchesse rejoignait son désir de visite, désignant Irancy volontaire pour l’accompagner dans ses ultimes pérégrinations. La Chambertin préféra ne pas scruter le visage de l’expert ès fiefs en quête d’une réaction, presque assurée qu’elle ne tarderait pas à entendre un grognement, un soupir, une quelconque manifestation de son ennui à l’idée de lui servir de guide touristique. Mais occupé comme il l’était, il avait sans doute des affaires à régler dans les régions dont il avait exposé les caractéristiques : la Flamboyante l’accompagnerait, et faisant d’une pierre deux coups, tout le monde y trouverait son compte. N’est-ce pas ?

Elle acquiesça donc aux propos de la Prinzessin, lui faisant cette fois-ci voir le sourire qu’elle lui avait caché plus tôt :


―En ce cas, je souhaiterais donc visiter Champs-sur-Yonne et Vincelotte, lorsque la saison le permettra. Et il me serait fort profitable de relire les textes concernant les lois héraldiques, si vous en avez ici une copie. Si je connais les grands principes de la vassalité par mon éducation et par ce que j’ai pu observer au cours des ans, je préférerais ne pas méconnaître l’une des facettes de ce dans quoi je m’engage.

Par mesure de prudence, par application, par besoin d’être prête pour le jour J, et pour ne pas commettre d’impair, pour ne pas être ignorante des lois qu’elle se devrait de respecter, et des droits qu’elle aurait. Levant à nouveau les yeux vers sa future suzeraine, elle articula un simple mot qui reflétait toute sa pensée:

―Merci..

Peut-être ne comprendrait-elle pas que ce remerciement englobait toutes leurs discussions depuis leur rencontre, la possibilité que régulièrement elle lui laissait de l’accompagner dans ses déplacements, son invitation à Auxerre, sa charge de Flamboyante Maîtresse Equine, la confiance qu'elle lui accordait dans cette charge, et jusqu’à cette annonce faite à Aelith - et était même adressé à l'Irancyçois, pour son aide finalement précieuse. Mais elle saurait au moins que la Chambertin était reconnaissante, et sûrement pas ingrate.
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Ingeburge
La visite, elle, elle ne ferait pas. Déjà, parce qu'il ferait froid, fin des gelées ou non et le froid, elle n'aimait pas ça. Et puis, elle n'avait guère envie de voir du monde et encore moins toute une masse de péquenots et de pécores qui pour tout Auxerrois qu'ils fussent et donc, à ce titre, plus classes que la moyenne, n'en étaient pas moins des cambroussards. De surcroît, elle ne disposait guère de temps pour crapahuter en son domaine, elle ne l'avait en fait rarement eu et le motif ne lui semblait pas assez impérieux pour qu'elle fît. Enfin, elle estimait qu'il était préférable qu'Aelith puisse faire son choix en toute quiétude et non sous le regard attentif de sa maîtresse bientôt suzeraine; il y aurait bien de pression après. De sa volonté de ne pas prendre part au périple, elle ne dit rien, il serait bien assez tôt pour en faire part sans compter que les deux acolytes ne comptaient peut-être pas sur sa présence.

En revanche, là où Ingeburge s'abstiendrait d'aller explorer les confins de son domaine, il y avait une matière où elle pourrait être utile et où elle entendait bien s'investir. Après tout, cela correspondait à l'une de ses charges, elle s'y connaissait donc un peu pour offrir quelque chose de convenable. Occultant volontairement les remerciements comme elle avait l'habitude de le faire, elle lança :

— J'aimerais que vous réfléchissiez à une date. Il y aura bien d'autres points à étudier mais fixer un jour est un préalable. Nous ferons cela à Auxerre, bien sûr, cela est réglé. Mais la date, non et je vous laisse libre choix en la matière. Il faudra aussi que vous me fassiez savoir qui vous voulez inviter.

Le Grand Maître des Cérémonies de France commençait de prendre le dessus, efficace, pratique, organisé. Songeuse, la duchesse d'Auxerre imaginait déjà les réjouissances et fort heureusement pour tous, elle n'avait pas la moindre idée de la date car sinon, elle aurait déjà demandé à ce qu'on lui remît son nécessaire à écriture pour rédiger les premières lettres de commande.
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Aelith
Une date. Et des invités.

Bien malgré elle, la jeune Chambertin se mordit la lèvre inférieure, seul signe de sa contrariété. Si la date ne serait pas un problème à décider, bien qu'elle ne puisse le faire dans l'instant - il lui faudrait auparavant consulter les dates des prochaines saillies (durant lesquelles elle ne pourrait guère s'éloigner des écuries), la période durant laquelle elle avait prévu de se rendre à Paris pour visiter sa tante, son oncle et son cousin -, la question des invités restait problématique.

Qu'on la croit sauvage ou qu'elle le soit vraiment, Aelith ne s'tait guère fait d'amis en Bourgogne jusqu'à présent, et sa famille était des plus réduites. Il faudrait que Stephan soit présent, bien entendu - mais au-delà? Croisant ses mains sur ses cuisses, elle acquiesça distraitement, espérant que la Duchesse d'Auxerre n'espérait pas une réponse immédiate.


―Parfait, Votre Altesse. J'y réfléchirai et vous ferai part d'une date et d'invités le plus rapidement possible. Mais sans doute sera-t-il préférable d'organiser cela pour septembre: j'aurai ainsi la possibilité de réfléchir à l'évènement durant ma retraite estivale.

Les préparatifs semblaient être habituels pour la Prinzessin: la Flamboyante pouvait sentir son sens de l'organisation prendre le dessus, et dessiner dans son esprit les courbes de l'évènement. C'était un soulagement pour Aelith. Son anoblissement était entre de bonnes mains...
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Ingeburge
[Château des ducs d'Auxerre, mois d'octobre]


La réflexion avait donc duré le temps de l'été et davantage même, car une date fut arrêtée alors que l'automne avait déjà envahi l'Auxerrois. Le vingt-huit octobre. Cela laissait le temps de mener à bien tous les préparatifs et quand on se trouve être à ses moments perdus Grand Maître des Cérémonies de France, il va de soi que l'on prend un soin tout particulier à organiser un événement qui se révèle en outre être important à titre personnel. Rien ne serait négligé, rien ne serait mis de côté et la duchesse d'Auxerre n'entendait pas que la cérémonie fût, pour toute intime qu'elle serait vraisemblablement, modeste et dénuée d'éclat. Un anoblissement n'était pas chose à prendre à la légère et si l'échange des serments était bien évident le seul point qui importât vraiment, elle n'entendait pas traiter les autres avec moins d'implication et d'élégance.

Il y avait donc une date et il y avait un fief aussi. Aelith avait eu l'embarras du choix et Ingeburge avait demandé à Theudbald de tenir prêts d'autres noms si les terres déjà répertoriées ne devaient pas emporter d'adhésion. Comment la Flamboyante Maîtresse Equine se décida-t-elle? Sa future suzeraine n'en sut rien, constatant simplement que le seigneur d'Irancy n'avait pas eu à effectuer de recherches complémentaires; le pendard avait dû s'en gargariser. Maintenant, la future anoblie n'avait plus qu'à se concentrer sur sa liste d'invités.

Ingeburge, elle, devait se focaliser sur un autre point et pas des moindres. L'été avait apporté son lot de changements du côté hérauderie et il fallait maintenant se dépêcher de trouver une solution. Theudbald ayant démissionné, la marche bourguignonne était désormais vacante. A vrai dire, la situation ne changeait pas tant que cela car elle avait éprouvé des réticences à voir le Malhuys témoigner car après tout, il était aussi son vassal, il y avait donc risque plus qu'évident de conflit d'intérêt, ce qui ne manquerait pas de relever certains esprits chagrins. De toute façon, il avait décliné, éprouvant les mêmes réserves. Cela ne changeait rien à l'affaire, il lui fallait quelqu'un car le Maréchal d'Armes de tutelle, c'était elle. Un soupir gonfla la poitrine de la Prinzessin. Elle ne pouvait plus tarder, il lui fallait dégotter un officier.

Sa main se porta sur le coffret où elle serrait les dernières lettres reçues et partit ensuite à la recherche d'une missive bien particulière. Elle avait une idée, assez audacieuse, mais pourquoi pas? Le pli fut relu, ce qui ne manqua pas de lui arracher un sourire et sa consultation achevée, elle se mit à écrire. Les mots vinrent, diligemment, et le tout fut expédié vers l'Orléanais :

Citation:




    A Lexhor d'Amahir, duc d'Alluyes, baron d'Auneau et de Château-Landon, seigneur de Pléaux, de Saint-Denis-les-Ponts & de Villeneuve l'Abbé, héraut d'Armes royal d'Orléans,
    Salut.



    Votre Grâce,

    Vous excuserez je l'espère cette tardive missive et les remerciements qui l'accompagnent. Même si je n'ai pas idée d'où se trouvent Aelith-Anna de Chambertin, Jackson de Nivellus et Theudnbald de Malhuys, je ne puis que me réjouir de savoir qu'ils ont été placés, durant leur séjour orléanais, sous votre bienveillante protection. Je suis en revanche fort chagrinée d'apprendre que vous avez pris ma lettre pour des menaces, je n'ai fait que vous communiquer ce qu'il pourrait advenir si un seul des cheveux de ces trois-là tombait et vous faire connaître toute l'étendue de mon affliction. Je n'y puis pas grand chose si lorsque je suis affectée, je me laisse aller à l'honnêteté et à tout prendre, ne vaut-il pas mieux que vous ayez su à quoi vous en tenir? Ma requête était justifiée, je n'avais pas besoin d'en dire plus mais ma foncière bonne foi étant ce qu'elle est...

    En tous les cas, j'ai pris bonne note de ce que vous me panseriez si mon cœur devait se mettre à saigner comme vous viendriez me chercher dans un précipice si je devais y choir et je me dois de vous apprendre que vos généreuses propositions pourraient trouver de quoi être très prochainement mises en application si telle est réellement votre volonté. Je m'explique, c'est en rapport avec l'un de mes trois pitres sus-cités. Comme je vous l'avais indiqué dans ma précédente lettre, Aelith-Anna est ma future vassale. Une cérémonie d'octroi se tiendra à Auxerre, très bientôt si cela est possible, et pour ce faire, la marche bourguignonne étant vacante, il me faut un héraut. La tutelle bourguignonne est mienne mais pour des raisons évidentes, je ne puis rien faire pour remédier à la situation. C'est ainsi que j'ai pensé à vous. Occasion vous est offerte de vous porter à mon secours et puis, qui sait, cela vous permettra peut-être, dans le même mouvement, de vous consoler de ma si vilaine prose.


    Que le Très-Haut vous garde.

    SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Duchesse d'Auxerre.




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Ingeburge
[Château des ducs d'Auxerre, mois d'octobre]


La dame du castel urbain auxerrois et des lieues de domaine l'entourant avait dû, à regret, délaisser les préparatifs de l'anoblissement de la Flamboyante Maîtresse Equine. La cause de cet abandon forcé? Paris et les obligations diverses qui l'y réclamaient. A dire vrai, elle avait de plus en plus de mal à se rendre au Louvre sans tirer la langue et la perspective de quitter le cocon auxerrois pour la puanteur parisienne l'avait démoralisée. Mais ce devait être un signe lui indiquant qu'il lui fallait de toute façon remettre son ouvrage, Aelith, principale intéressée à l'affaire, était absente pour cause de ravitaillement de l'Imperator de sa maîtresse. Cette dernière n'aurait donc de toute façon pas pu avancer plus qu'espéré dans l'organisation des festivités. Si à la Maison Royale, la duchesse d'Auxerre avait tendance à n'en faire qu'à sa tête, pour l'octroi d'une seigneurie à la Chambertin, elle ne voulait pas se laisser aller à ses élans naturels et ainsi mettre mal à l'aise sa future vassale en déployant une pompe grandiose et donc fatalement écrasante.

Et, étonnamment, ce séjour parisien avait permis d'avancer sur un détail pratique mais incontournable de la cérémonie, celui relatif au témoin héraldique. Le duc d'Alluyes ne lui avait pas répondu et elle n'avait su qu'en penser, refusant pour autant d'envisager une autre possibilité. Que ce soit lui qui témoigne lui était apparu comme une évidence et elle n'avait pas eu envie de chercher quelqu'un d'autre. Bien sûr, elle aurait aisément trouvé, et une personne de qualité, mais voilà, elle s'était mis le nom du héraut orléanais dans la tête et elle n'en démordrait pas. Et elle avait eu raison. Au cours d'une discussion passionnante en salle des caducées, elle avait pris la parole pour ne plus la lâcher et elle avait parlé d'abondance, au point qu'elle avait même, en guise de conclusion à son discours-fleuve, proposé à ses frères et sœurs d'armes de leur faire porter une petite camomille histoire de les requinquer un peu. A tout ce blabla, elle avait eu des réponses diverses et pas piquées de vers et Lexhor d'Amahir avait notamment fait savoir qu'il lui fallait quelque chose de fort tant ce qu'elle venait de dire était épouvantable et qu'il voyait un de ses rêves s'effondrer avant d'indiquer que du coup, il se satisferait d'un séjour à Auxerre, précisant que oui, il serait le témoin de l'anoblissement d'Aelith (en fait, il avait parlé d'acceptation de sa charmante proposition et elle ne voyait pas ce qu'il y avait de charmant à observer des gens prêter serment mutuel).

Revenue de Paris avec cette nouvelle positive, la duchesse d'Auxerre séjournant en ses terres fit porter un billet à Aelith :

Citation:

    Aelith-Anna,

    Venez dès que vous trouverez ce pli, l'on m'a dit que vous n'étiez pas encore revenue; en désespoir de cause, je le fais porter aux communs. Si je ne suis pas à Auxerre, c'est que je serai à Dijon mais je ne devrais pas quitter le pays avant quelques jours. En tous les cas, Paris ne me reverra pas de sitôt même si, je dois bien l'avouer, j'y ait trouvé un ou deux motifs de satisfaction.


    Que le Très-Haut vous garde.

    SAIvAO.


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Aelith
[Château des Ducs d'Auxerre - Fin du mois d'octobre]

La main gantée de velours bordeaux qui poussa la porte des communs ce matin là était fébrile. Les raisons s'accumulaient, rendant la Flamboyante nerveuse, à tel point que Rhéa elle-même s'aplatissait au sol dès qu'elle élevait la voix, craignant d'être plus violemment réprimandée que d'habitude en cas de désobéissance flagrante. Un miroir, quelques instants plus tôt, avait eu la mauvaise idée de refléter un instant le visage d'Aelith. Elle s'était arrêtée, comme souffletée, en apercevant ses joues creusées et les cernes violettes qui s'étaient impertinemment installées sous ses yeux. Ses doigts s'étaient portés jusqu'à sa peau, avaient suivi le tracé subtil des rides de contrariété et d'angoisse, créées par de multiples froncements de sourcils et, ces derniers jours, de cauchemars usants. Ils s'étaient attardés sur ses pomettes blanches, avaient effleurés ses lèvres abîmées à force d'être mordillées... s'étaient serrés en un poing rageur, et Aelith avait tourné les talons.

Elle allait être anoblie, et elle ressemblait à une défunte sur le point d'être inhumée.

Elle ne savait plus très bien de quelle façon s'étaient imbriqués les derniers moments de sa vie. Elle ne savait plus comment leur donner un sens quelconque, ignorait la façon de les relier. Elle sortait d'une longue maladie qui l'avait laissée affaiblie, et qui restait inexpliquée. Les regards inquiets de Lothaire la fatiguaient, mais elle savait qu'il avait raison: l'immobilisme qui l'avait terrassée n'avait rien, absolument rien de naturel. Puis elle avait entrepris un voyage que rien n'annonçait, accompagnant Irançy sur les routes pour ravitailler l'Imperator de la Duchesse, alors qu'elle tenait à peine sur ses jambes et que ses mains, parfois, tremblaient sans raison sur ses rênes. Elle avait enfin reçu une lettre de Galaad qui l'avait fait pâlir: elle se souvenait indistinctement que le vélin avait glissé de ses mains, s'affaissant légèrement au sol, tandis qu'elle cherchait fébrilement une solution pour aller le chercher et le ramener à Auxerre. En vain... Il était intransportable, pouvait à peine écrire, blessé dans sa chair comme dans son âme, elle en était persuadée.

Elle allait être anoblie, et elle ressentait chaque nouvelle comme un mauvais présage supplémentaire.

Aussi, le regard froid qu'elle posa sur le domestique qui lui tendit un billet, précisant qu'il venait de la Duchesse elle-même, ne pouvait être que naturel. Il contenait pourtant quelques mots qui étirèrent ses lèvres en un bref sourire. Après avoir eu la confirmation que la maîtresse des lieux était bien présente, elle rejoignit l'entrée de ses appartements et demanda qu'on l'y annonce.

A ses pieds, Rhéa, qui guettait les changements d'humeur de sa maîtresse, avait placé sans le savoir tous ses espoirs dans la discussion qui suivrait.


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Edit: faute monstrueuse
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Ingeburge
La Flamboyante Maîtresse Equine fut annoncée à la dame des lieux et invitée dans la foulée à entrer dans la pièce où la duchesse d'Auxerre se tenait. Celle-ci était visiblement fort affairée, c'est à peine si elle leva les yeux du vélin qui retenait toute son attention. Ce qu'elle y lisait ne lui plaisait guère et l'auteur de la lettre qu'elle tenait dans la main venait d'être rangé dans la catégorie des grands feudataires auxquels il convenait de faire savoir qu'un héraut n'est pas un larbin. L'agacement causé par la lecture et le nombre d'affaires à expédier avant son départ imminent expliquèrent en partie la fraîcheur de son accueil :
— Vous voilà. Je vous en prie, prenez place; je n'ai guère de temps à vous consacrer.

Sourcils froncés, elle relisait à nouveau la lettre, balançant sur la teneur de la réponse à y apporter. Tout à son examen, elle demanda tout de même :
— Avez-vous dressé la liste des convives? Un maître-enlumineur a été convoqué en fin d'après-midi, j'ai donc besoin de savoir qui, information qui servira aussi pour les cuisines.

La missive fut mise de côté, une autre fut attrapée, décachetée, insolemment contemplée vu le nom de l'expéditeur mais elle ajouta, bille en tête, bien décidée à tout résoudre au plus, peu importe la manière :
— Vos invités seront appelés le trente-et-un et non le vingt-huit, je dois hélas m'absenter plus longuement que prévu, je dois aller en... quelque part.
L'hésitation avait été plus que marquée mais rien qu'à penser au lieu, il lui venait des palpitations, alors en prononcer le nom... la Chambertin aurait à coup sûr perçu le tremblement de sa voix. Cette certitude d'être découverte ajouta à son agacement, c'était idiot de s'émouvoir ainsi pour un mot, comme il était idiot d'ailleurs de taire le but de son expédition puisqu'il reviendrait à Aelith de préparer le cortège ducal en vue du voyage projeté.

Reposant le parchemin, elle condescendit enfin à lever les yeux et avisant la mine marquée de la Maîtresse Equine dont la flamboyance avait manifestement pris un coup, elle ne put s'empêcher de s'exclamer :

— Dieu du ciel, promettez-moi que vous n'aurez pas cet air-là le jour où je vous anoblirai!

C'est que ça ferait désordre et que la Prinzessin, maniaque comme pas deux, tenait à tout ce que soit raccord : les meubles, les tentures, les plats et la tête de sa future vassale.
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Aelith
Pénétrer les appartements de la Duchesse d'Auxerre, c'était un peu comme laisser derrière soi le monde connu pour débarquer sur l'île de King-Kong - à la différence près que la Froide n'était pas aussi velue, fort heureusement. La première fois où elle était entrée dans ce saint lieu, la Prinzessin lui avait annoncé qu'elle souhaitait faire d'elle sa vassale: elle était alors trop étonnée, et dans le même temps, trop mal à l'aise - rappelez-vous sa tenue peu adéquate à l'époque - pour contempler les trésors qu'abritaient ses appartements. Cette fois-ci, elle allait avoir l'occasion de les observer à loisir, la Duchesse étant trop occupée pour la fixer de ses yeux mornes.

D'un geste accompagné d'un mot, Aelith ordonna à Rhéa de rester à l'extérieur, puis rejoignit sa maîtresse. Après l'avoir salué selon l'usage, elle prit place ainsi qu'on lui avait demandé, ne prenant nullement ombrage de l'accueil qui lui était réservé. Rapidement, le sujet en vint à son anoblissement et aux invités qu'elle souhaitait voir présents. Elle acquiesça à la demande faite, puis consciente que la Prinzessin ne la regardait pas, formula autrement sa réponse:


―Oui, Votre Altesse. J'en ai noté les noms sur un billet.

Billet qui, aussitôt sorti par Aelith, fut apporté à la Froide par l'un de ses gens. Outre les noms* des Auxerrois se trouvaient ceux de personnages qu'elle connaissait de longue date ou non, et avec lesquels, parfois, elle n'avait plus eu de contact depuis trop longtemps: Esyllt Catarina de la Louveterie-Juliani, Stephan, Chrisfish, la Baronne Anne de Culan, Masacio, Emmaline, Della, Edwen, Vaxilart... Elle avait même ajouté le nom de Son Altesse Armoria de Mortain, en raison de toute l'admiration qu'elle avait pour elle, mais doutait que cette dernière vienne tant elle doutait que celle-ci se rappelle réellement d'elle. La liste était loin d'être longue, et elle y pensait encore lorsque l'hésitation de la Prinzessin la tira de ses pensées. Elle fronça les sourcils, un instant à peine, puisque bientôt, les yeux de la Duchesse d'Auxerre se portèrent sur elle tandis qu'une exclamation de surprise s'échappait de sa bouche.

―Je ferai en sorte que cela soit... réparé.

Elle avait parlé d'elle-même comme d'un objet tant elle ne se reconnaissait pas. Lui revint à la mémoire ce passage devant le miroir, la rage sourde de n'être que l'ombre d'elle-même, et désormais la honte que cela fut si visible. Par réflexe, sa main gantée se porta à son visage, qu'elle effleura, prenant pour prétexte de replacer une mèche de ses cheveux. Il lui faudrait sans doute deux journées entières de sommeil, et un festin de roi pour reprendre les kilos qu'elle avait perdu, et effacer la fatigue qui se lisait sur son visage. Mais, par une triste ironie, aussi las qu'elle fut, le sommeil ne venait pas. Aussi affamée qu'elle semblât, aucune nourriture ou presque ne daignait franchir la barrière de ses lèvres.

Elle sourit, malgré tout. C'était son anoblissement. Son jour. Sa promesse, qu'elle allait réaliser. Tout cela, c'était à elle, et personne ne l'en priverait.

Son assurance revenue, elle croisa à nouveau ses mains sur ses jupes, cherchant à se stabiliser pour ne plus vaciller.


―Y a-t-il d'autres choses qu'il me faut savoir? Des détails sur la façon dont s'organiseront les choses, ou des questions auxquelles je pourrais répondre?

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*Noms IG (sauf PNJ):
Theudbald
Galaad_
Aeaeda
Haerindor
Esyllt_catarina
Chrisfish
Anne_Blanche
Masacio
Emmaline
Della
Edwen
Vaxilart
Armoria
(+ Hakon, je ne connais pas son nom IG)

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Ingeburge
Songeuse, la duchesse d'Auxerre, ayant maintenant tout à fait délaissé sa correspondance, observait avec plus d'attention la Chambertin. Son examen plus marqué fut seulement distrait par ce billet rédigé par Aelith et si elle survola, et en diagonale, la liste ainsi dressé, elle ne put s'empêcher de s'étonner à la lecture de certains noms. Les commissures de ses lèvres en frémirent mais elle ne dit rien, à nouveau absorbée par la mine d'une Flamboyante Maîtresse Equine en perte d'éclat. C'est cette tête émacié et ce manque de vitalité qui l'avaient interpelé et qui constituaient le motif de son exclamation. Et si sa réplique qui sonnait comme une objurgation était sincère et laissait entendre qu'il faudrait remédier à la situation, elle était aussi la manifestation d'un intérêt pour un tiers qu'elle n'accordait que rarement.

Le sourire qui étira la bouche de la rouquine n'endormit pas l'inquiétude de la Froide qui s'était replongée dans son mutisme coutumier. Le regard se fit plus lourd, plus incisif et elle remarqua ce qu'elle n'avait pas vu avant pour cause d'absence de sa future vassale d'une part mais aussi, et surtout, d'autre part pour inattention flagrante. Etait-elle à ce point uniquement préoccupée de sa personne pour ne pas prendre garde à ceux qui évoluaient dans son intimité? Etait-elle si égoïste pour se montrer tellement aveugle? In petto, elle se gourmandait d'avoir fait si peu cas d'Aelith là où elle se lamentait sur un sort que bon nombre lui enviaient. Alors, pourquoi? La seule chose qui lui vint à l'esprit fut un constat, celui de l'ironie de la situation. Elle qui s'apprêtait à assurer protection à la Chambertin se montrerait une bien piètre suzeraine si elle s'entêtait sur cette voie. Elle se fit donc un premier serment, pour elle-même, celui de veiller avec plus de soin au bien-être de sa mesnie.

La résolution éclata dans la réponse qu'elle fit aux question de sa future vassale :

— Oui, il vous faut savoir une chose : le repos et les repas sont capitaux et ne doivent en aucun cas être négligés. Nourrissez-vous et dormez. J'entends que que vous vous y conformiez sans tergiverser. Vous pouvez retourner à vos occupations désormais, étant établi que vous devrez passer aux cuisines avant de reprendre ce qui vous occupait jusque lors.
Etrange retour en vérité, puisque bien détourné. Mais c'était tellement elle qu'Aelith saurait deviner ce qui était tu.

Sans un mot de plus, la duchesse d'Auxerre se replongea dans ses papiers; elle avait encore fort à faire avant que de prendre la route pour le Languedoc.

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Montjoie part en guerre contre les blasons faux, ça va saigner!
Duchesse d'Auxerre & dame d'autres trucs totally awesome, yep!
Armes en révision!
Comme les cordonniers sont mal chaussés, les RA ont des blasons tout pétés!
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