Ingeburge
[Château des ducs d'Auxerre, mois d'octobre]
La réflexion avait donc duré le temps de l'été et davantage même, car une date fut arrêtée alors que l'automne avait déjà envahi l'Auxerrois. Le vingt-huit octobre. Cela laissait le temps de mener à bien tous les préparatifs et quand on se trouve être à ses moments perdus Grand Maître des Cérémonies de France, il va de soi que l'on prend un soin tout particulier à organiser un événement qui se révèle en outre être important à titre personnel. Rien ne serait négligé, rien ne serait mis de côté et la duchesse d'Auxerre n'entendait pas que la cérémonie fût, pour toute intime qu'elle serait vraisemblablement, modeste et dénuée d'éclat. Un anoblissement n'était pas chose à prendre à la légère et si l'échange des serments était bien évident le seul point qui importât vraiment, elle n'entendait pas traiter les autres avec moins d'implication et d'élégance.
Il y avait donc une date et il y avait un fief aussi. Aelith avait eu l'embarras du choix et Ingeburge avait demandé à Theudbald de tenir prêts d'autres noms si les terres déjà répertoriées ne devaient pas emporter d'adhésion. Comment la Flamboyante Maîtresse Equine se décida-t-elle? Sa future suzeraine n'en sut rien, constatant simplement que le seigneur d'Irancy n'avait pas eu à effectuer de recherches complémentaires; le pendard avait dû s'en gargariser. Maintenant, la future anoblie n'avait plus qu'à se concentrer sur sa liste d'invités.
Ingeburge, elle, devait se focaliser sur un autre point et pas des moindres. L'été avait apporté son lot de changements du côté hérauderie et il fallait maintenant se dépêcher de trouver une solution. Theudbald ayant démissionné, la marche bourguignonne était désormais vacante. A vrai dire, la situation ne changeait pas tant que cela car elle avait éprouvé des réticences à voir le Malhuys témoigner car après tout, il était aussi son vassal, il y avait donc risque plus qu'évident de conflit d'intérêt, ce qui ne manquerait pas de relever certains esprits chagrins. De toute façon, il avait décliné, éprouvant les mêmes réserves. Cela ne changeait rien à l'affaire, il lui fallait quelqu'un car le Maréchal d'Armes de tutelle, c'était elle. Un soupir gonfla la poitrine de la Prinzessin. Elle ne pouvait plus tarder, il lui fallait dégotter un officier.
Sa main se porta sur le coffret où elle serrait les dernières lettres reçues et partit ensuite à la recherche d'une missive bien particulière. Elle avait une idée, assez audacieuse, mais pourquoi pas? Le pli fut relu, ce qui ne manqua pas de lui arracher un sourire et sa consultation achevée, elle se mit à écrire. Les mots vinrent, diligemment, et le tout fut expédié vers l'Orléanais :
Citation:
A Lexhor d'Amahir, duc d'Alluyes, baron d'Auneau et de Château-Landon, seigneur de Pléaux, de Saint-Denis-les-Ponts & de Villeneuve l'Abbé, héraut d'Armes royal d'Orléans,
Salut.
Votre Grâce,
Vous excuserez je l'espère cette tardive missive et les remerciements qui l'accompagnent. Même si je n'ai pas idée d'où se trouvent Aelith-Anna de Chambertin, Jackson de Nivellus et Theudnbald de Malhuys, je ne puis que me réjouir de savoir qu'ils ont été placés, durant leur séjour orléanais, sous votre bienveillante protection. Je suis en revanche fort chagrinée d'apprendre que vous avez pris ma lettre pour des menaces, je n'ai fait que vous communiquer ce qu'il pourrait advenir si un seul des cheveux de ces trois-là tombait et vous faire connaître toute l'étendue de mon affliction. Je n'y puis pas grand chose si lorsque je suis affectée, je me laisse aller à l'honnêteté et à tout prendre, ne vaut-il pas mieux que vous ayez su à quoi vous en tenir? Ma requête était justifiée, je n'avais pas besoin d'en dire plus mais ma foncière bonne foi étant ce qu'elle est...
En tous les cas, j'ai pris bonne note de ce que vous me panseriez si mon cur devait se mettre à saigner comme vous viendriez me chercher dans un précipice si je devais y choir et je me dois de vous apprendre que vos généreuses propositions pourraient trouver de quoi être très prochainement mises en application si telle est réellement votre volonté. Je m'explique, c'est en rapport avec l'un de mes trois pitres sus-cités. Comme je vous l'avais indiqué dans ma précédente lettre, Aelith-Anna est ma future vassale. Une cérémonie d'octroi se tiendra à Auxerre, très bientôt si cela est possible, et pour ce faire, la marche bourguignonne étant vacante, il me faut un héraut. La tutelle bourguignonne est mienne mais pour des raisons évidentes, je ne puis rien faire pour remédier à la situation. C'est ainsi que j'ai pensé à vous. Occasion vous est offerte de vous porter à mon secours et puis, qui sait, cela vous permettra peut-être, dans le même mouvement, de vous consoler de ma si vilaine prose.
Que le Très-Haut vous garde.
SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Duchesse d'Auxerre.
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Duchesse d'Auxerre & dame d'autres trucs totally awesome, yep!
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Comme les cordonniers sont mal chaussés, les RA ont des blasons tout pétés!
Ingeburge
[Château des ducs d'Auxerre, mois d'octobre]
La dame du castel urbain auxerrois et des lieues de domaine l'entourant avait dû, à regret, délaisser les préparatifs de l'anoblissement de la Flamboyante Maîtresse Equine. La cause de cet abandon forcé? Paris et les obligations diverses qui l'y réclamaient. A dire vrai, elle avait de plus en plus de mal à se rendre au Louvre sans tirer la langue et la perspective de quitter le cocon auxerrois pour la puanteur parisienne l'avait démoralisée. Mais ce devait être un signe lui indiquant qu'il lui fallait de toute façon remettre son ouvrage, Aelith, principale intéressée à l'affaire, était absente pour cause de ravitaillement de l'Imperator de sa maîtresse. Cette dernière n'aurait donc de toute façon pas pu avancer plus qu'espéré dans l'organisation des festivités. Si à la Maison Royale, la duchesse d'Auxerre avait tendance à n'en faire qu'à sa tête, pour l'octroi d'une seigneurie à la Chambertin, elle ne voulait pas se laisser aller à ses élans naturels et ainsi mettre mal à l'aise sa future vassale en déployant une pompe grandiose et donc fatalement écrasante.
Et, étonnamment, ce séjour parisien avait permis d'avancer sur un détail pratique mais incontournable de la cérémonie, celui relatif au témoin héraldique. Le duc d'Alluyes ne lui avait pas répondu et elle n'avait su qu'en penser, refusant pour autant d'envisager une autre possibilité. Que ce soit lui qui témoigne lui était apparu comme une évidence et elle n'avait pas eu envie de chercher quelqu'un d'autre. Bien sûr, elle aurait aisément trouvé, et une personne de qualité, mais voilà, elle s'était mis le nom du héraut orléanais dans la tête et elle n'en démordrait pas. Et elle avait eu raison. Au cours d'une discussion passionnante en salle des caducées, elle avait pris la parole pour ne plus la lâcher et elle avait parlé d'abondance, au point qu'elle avait même, en guise de conclusion à son discours-fleuve, proposé à ses frères et surs d'armes de leur faire porter une petite camomille histoire de les requinquer un peu. A tout ce blabla, elle avait eu des réponses diverses et pas piquées de vers et Lexhor d'Amahir avait notamment fait savoir qu'il lui fallait quelque chose de fort tant ce qu'elle venait de dire était épouvantable et qu'il voyait un de ses rêves s'effondrer avant d'indiquer que du coup, il se satisferait d'un séjour à Auxerre, précisant que oui, il serait le témoin de l'anoblissement d'Aelith (en fait, il avait parlé d'acceptation de sa charmante proposition et elle ne voyait pas ce qu'il y avait de charmant à observer des gens prêter serment mutuel).
Revenue de Paris avec cette nouvelle positive, la duchesse d'Auxerre séjournant en ses terres fit porter un billet à Aelith :
Citation:
Aelith-Anna,
Venez dès que vous trouverez ce pli, l'on m'a dit que vous n'étiez pas encore revenue; en désespoir de cause, je le fais porter aux communs. Si je ne suis pas à Auxerre, c'est que je serai à Dijon mais je ne devrais pas quitter le pays avant quelques jours. En tous les cas, Paris ne me reverra pas de sitôt même si, je dois bien l'avouer, j'y ait trouvé un ou deux motifs de satisfaction.
Que le Très-Haut vous garde.
SAIvAO.
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