Akire
[Quelque part dans l'archipel...]
C'était l'aube. Fraîche, pure, belle à qui daignait encore la savourer. Tout le contraire du spectacle qui se déroulait devant le sanctuaire, là, à quelques pas des portes entrouvertes du repère des Lézards. Une silhouette avançait péniblement sur l'unique sentier praticable des alentours, légèrement voûtée, d'une démarche lente. Elle traînait un fardeau de ses deux mains, qu'elle ne tarda pas à balancer sans ménagement dans une flaque d'eau croupie. Une fois déchargé, l'homme se redressa pour s'étirer, tout en poussant un rugissement bestial qui se mua bien vite en rire sardonique. L'air d'un con. Mais un con triomphant.
A ses pieds gisait une loque humaine, encore vivante et frémissante, parfois secouée par les spasmes de souffrances qui mettraient encore un temps à se calmer. Les gars n'y avaient pas été de main morte. D'un coup de pied, le colosse tenta de réveiller le traître, sans succès. Il resta un long moment là, immobile, à contempler celui qui avait osé bafouer leur confiance et fini par en payer le prix. Sa longue chevelure noire encadrait un visage aux traits durs, qu'un rictus ne manquait pas d'enlaidir davantage. Il ne quittait pas l'autre des yeux. Slado n'avait plus la belle allure qu'il arborait autrefois. Le torse dans la flotte, les jambes dans la boue, on pouvait apercevoir - si l'on avait pas la flemme de se pencher - un léger filament de sang qui s'échappait d'entre ses fesses découvertes... Après la castagne et la lapidation, on l'avait laissé aux petits soins des troupiers les plus assoiffés de plaisirs charnels. Ainsi va la vie, lorsqu'on tente de flouer une bande de salauds. D'une voix rauque, le Rustre adressa quelques derniers mots à son ancien frère d'armes :
" T'entendre couiner fut le plus agréable des adieux. Va, maintenant, et boitille vers d'autres horizons. "
Derrière lui, les reptiles rejoignaient l'épave pour lui accorder un ultime au-revoir... Tout en se détournant, il croisa le regard de celle qui s'était crue la compagne d'un écaillé à part entière. Que de déception. Elle s'en remettrait, car elle était forte. Et puis, la vengeance avait été si douce et distrayante qu'elle aurait sa place dans les annales du clan...
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C'était l'aube. Fraîche, pure, belle à qui daignait encore la savourer. Tout le contraire du spectacle qui se déroulait devant le sanctuaire, là, à quelques pas des portes entrouvertes du repère des Lézards. Une silhouette avançait péniblement sur l'unique sentier praticable des alentours, légèrement voûtée, d'une démarche lente. Elle traînait un fardeau de ses deux mains, qu'elle ne tarda pas à balancer sans ménagement dans une flaque d'eau croupie. Une fois déchargé, l'homme se redressa pour s'étirer, tout en poussant un rugissement bestial qui se mua bien vite en rire sardonique. L'air d'un con. Mais un con triomphant.
A ses pieds gisait une loque humaine, encore vivante et frémissante, parfois secouée par les spasmes de souffrances qui mettraient encore un temps à se calmer. Les gars n'y avaient pas été de main morte. D'un coup de pied, le colosse tenta de réveiller le traître, sans succès. Il resta un long moment là, immobile, à contempler celui qui avait osé bafouer leur confiance et fini par en payer le prix. Sa longue chevelure noire encadrait un visage aux traits durs, qu'un rictus ne manquait pas d'enlaidir davantage. Il ne quittait pas l'autre des yeux. Slado n'avait plus la belle allure qu'il arborait autrefois. Le torse dans la flotte, les jambes dans la boue, on pouvait apercevoir - si l'on avait pas la flemme de se pencher - un léger filament de sang qui s'échappait d'entre ses fesses découvertes... Après la castagne et la lapidation, on l'avait laissé aux petits soins des troupiers les plus assoiffés de plaisirs charnels. Ainsi va la vie, lorsqu'on tente de flouer une bande de salauds. D'une voix rauque, le Rustre adressa quelques derniers mots à son ancien frère d'armes :
" T'entendre couiner fut le plus agréable des adieux. Va, maintenant, et boitille vers d'autres horizons. "
Derrière lui, les reptiles rejoignaient l'épave pour lui accorder un ultime au-revoir... Tout en se détournant, il croisa le regard de celle qui s'était crue la compagne d'un écaillé à part entière. Que de déception. Elle s'en remettrait, car elle était forte. Et puis, la vengeance avait été si douce et distrayante qu'elle aurait sa place dans les annales du clan...
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