[Angers 06h00 du matin]
Les cloches de l'église sonnent...
Le colosse sortit de sa couche et posent les pieds sur la tresse d'ajonc de ses quartiers...
Nu il se dirige vers ses vêtements et enfile des linges dessous, des chausses, des bottes et un doublet armant...
Il avisa son baudrier d'espée bastarde et alla directement vers la porte qu'il ouvrit à la volée et demanda à l'officier de garde...
-"Du neuf?"
Salut courtois de l'officier et signe négatif de la tête avec un:
-"Non Maréchal..."
-"Bien...Ils ne sont pas bien courageux ces fils de ribaudes..."
De tout façon, si action il y avait eu, en dehors de son quart qu'il prenait comme tout officier, on serait venu le réveiller...
Il vit le sourire carnassier de l'officier qui en disait long...
Le Duc de Rhuys réintégra ses appartement et mangea en consultant des plans de défense...
Rations de guerre ...Comme la plupart des osts en avaient...
Viandes séchée, pain de guerre fromage et légumes du pays, le tout avec du cidre largement coupé à l'eau...
L'alcool était proscrit pour les professionnels....
Ils avaient eu des convois de ravitaillement et l'armée ne manquait de rien alors il avait demandé à ce que soit distribué de la nourriture à la ville...
Les trente étaient habitués au 'frugal' et préféraient cela...
Il mangea peu et finit avec des fruits secs...
Il rangea les plans qu'il devrait ressortir plus tard et sortit de ses quartiers pour aller s'entraîner...
Un discipline en acier forgé était imposée au trente par le Maréchal de Bretagne, discipline à laquelle il était le premier à se plier...
Il avait étudié depuis son enfances avec les meilleurs mestre d'armes et de guerre d'occident et ses frontières et connaissait les méandres de ce qui faisait un ost de combat professionnel...
Partant vers la salle d'entraînement, il vit les patrouilles de relève le saluer auxquelles il répondit d'un court signe de tête à la façon des hommes d'armes.....
Il déboucla son baudrier et se mit à courir dans la salle....
S'échauffer, sactiver, réveiller le corps, le mettre en condition...Une bonne heure pour bien faire les choses...
Souffle régulier, toujours, le souffle était ce qui tenait le combattant, ce qui permettait d'être et de durer...
La chose faite, il tira l'éspée et travailla son 'lichtenauer' à l'espée bâtarde...
Il avait beau être devenu un mestre d'armes et de guerre, quand il s'entraînait; il entendait encore l'accent guttural de son mestre d'armes du saint-Empire germanique qui lui prodiguait des conseils...
La prise en main, le placement, le déplacement....
Les distances d'engagement: l'approche, l'engagement et le corps à corps..
les trois blessures, taille en taille et estoc...
Les gardes..
Les coups classiques, les coups de mestre...
Des automatismes qui étaient imprégnés en lui depuis l'enfance et qu'il enseignait depuis...
Il avait formé son second ainsi, lancéor de kerroch qui maintenant instruisait les recrues des Trente...
Le colosse en plein dans ses gammes d'espée sourit entre deux souffles en pensant aux recrues qui en bavaient sous la férule de son ami....
Il travailla sans cesse pendant une heure et finit par travailler le coup de Mestre qu'il préférait en partant d'un garde qui convenait à son gabarit hors-norme...
Ainsi il prit la garde "Von tag", la garde du toit...Croyant entendre Hans son mestre d'armes d'enfance parlant d'une voix de stentor:
-"La première garde du toit à droite se tient avec la garde de lépée à hauteur du pectoral droit, le plat de la lame parallèle au corps, la pointe penchant légèrement vers larrière.
La seconde garde du toit à droite se tient quand à elle avec la garde au dessus du visage.
Du côté opposé le plat de la lame est exposé à ladversaire et dans la
première variante la garde de lépée est tenue à hauteur du pectoral gauche!"
Le corps du colosse prit position sans difficulté et s'apprêta en mettre en mouvement le coup de mestre tout en se remémorant le conseil du mestre:
-"Cest une garde efficace dans la distance de lapproche car votre adversaire devra savancer pour exploiter louverture.
Lépée au côté permet de frapper vigoureusement sans armer le coup plus quil ne lest déjà.
Les deux gardes du toit sont propices aux coups den haut et la première à tous les coups de maître."
Tout à leffort, Maël dit tout haut :
-"Je sais Hans, je sais..."
Hans était mort depuis dix ans mais celui qui avait connu Lichtenauer en personne était toujours présent en lui....Il avait imprimé son enseignement...Gagnant ainsi son immortalité....
Dans la foulée Maël exécuta son coup de mestre préféré...
Le 'zornhau', le coup furieux....
Toujours au rythme des souvenirs des instructions de Hans:
-"Le coup furieux est un coup den haut généralement donné à partir de la garde du toit.
Il doit allier en un même élan puissance et précision, il ne sagit pas de lancer un coup du paysan dune violence aveugle et surtout dangereuse pour celui qui le donne.
La particularité du coup furieux réside dans son mouvement de jambes :
celui qui frappe avec le coup furieux neffectue pas un déplacement droit sur son adversaire, mais plutôt un peu sur le côté en restant cependant dans sa direction, soit un peu à droite pour un coup donné par la droite et un peu à gauche pour un coup donné par la gauche.
Ainsi, un adversaire qui ne réalise pas un pas de côté pour se défendre du coup furieux voit toujours la pointe de son assaillant le menacer, voire le toucher.
Si ce coup à lair simple, tout son intérêt réside dans ce fameux pas de biais...
Noubliez pas, Maël, de ramener immédiatement votre jambe arrière afin de retrouver une posture stable.
Bien quil ne perde cette appellation, un coup den bas accompagné du pas de biais pourrait être un coup furieux, surtout sil est donné à partir de la garde de la roue.
La position finale peut rappeler la garde de la charrue si vous êtes au fer ou la garde de la longue pointe du côté opposé si ladversaire sest dérobé et dans une sorte de garde du toit de lautre côté si votre force vous a entraîné trop loin.
Lancé en réaction, le coup furieux vous permet de vous défendre efficacement et une fois au fer de reprendre linitiative car si votre adversaire nest pas déjà blessé par votre défense, et quil est faible au fer, il est alors aisé de le blesser par un estoc den bas..."
Il lexécuta encore et encore de plus en plus rapidement et quand il fut satisfait, il souffla pour reprendre l'entraînement avec les autres coups de mestre adaptés aux différentes gardes de l'art...
Lichtenauer était l'escrime idéale de combat et était valable en habit de guerre ou sans et convenait à merveille au physique du colosse...
Il aimait aussi le 'Vadi' mais le travaillait plus rarement bien que l'enseignant aux petits gabarits ....
Il cessa enfin le travail de l'escrime et passa au renforcement du corps...
Soulever de la pierre de différentes façons, renforçait le corps en plusieurs endroits...
Son temps de mercenaire à Constantinople n'avait pas été une partie de plaisir mais l'enseignement grecque avait eu du bon sur le physqiue de Maël et aussi dans le domaine de la lutte...
Il avait appris le pancrace, l'art de lutter au corps à corps et au sol ou à distance , à coups de poing, de pied, de paume, de genou, de tête ...
Bref, de tout ce qui pouvait servir à faire du dégât...
Tout ce qu'il savait sur le renforcement physique venait de là...
On lui avait dit que l'art en question était ancien, très ancien...
Antique même...
Il en tirait tout le bénéfice possible...
Et cela salliait si bien au combat armé...
Il continua à travailler grinçant des dents sous l'effort...
Et cessa enfin quand les cloches sonnèrent neuf heures...
Il prit le temps de s'étirer, lentement, calmement...
Et se dirigea vers les étuves avec sérénité...
L'entraînement avaient des vertus non seulement physique mais aussi mentales..
Et tout en allant vers les étuves, il observa les hommes et femmes des trente qui en dehors de leur office s'entraînaient de même sans relâche.....
Il eut un hochement de tête satisfait...
Aux étuves, il sourit en sentant la bonne odeur du savon d'Alep et salua la tenancière qui lui indiqua un bassin privé...
Là, il se déshabilla devant les étuvières sans sourciller...La pudeur n'avait pas sa place en ces lieux...
Une jeune étuvière qui venait de commencer ouvrit des yeux ronds quand elle vit l'homme colossal couturé de cicatrices qui rentrait dans le bassin....
Les autres étuvières , dont certaines étaient anciennes, sourirent, elles connaissaient bien Maël, il venait chaque jour après l'entraînement et était déjà venu il y avait longtemps, la première fois qu'il avait défendu Angers contre les troupes royalistes françoises avec la Garde Grand Ducale...
Le colosse balafré était connu pour avoir vaincu en combat singulier le pair de France Héraklius en lui tranchant une main...
Celui-ci était mort des suites de sa blessure....
La jeune étuvière s'approcha presque craintive et dit:
-"Un service pour Messire?"
Un étuvière pouvait apporter plusieurs services, un repas près du bassin, vous frotter le dos ou éventuellement faire l'office de ribaude et s'occuper du service "dagues à couillettes"
Le Maréchal s'immergea entièrement, réapparut lentement et dit:
-"Non merci jeunette.."
Il fut un temps où il aurait accepté mais il n'était plus seul et ne consommait pas le plaisir du corps avec n'importe qui...
Il héla les anciennes et dit:
-"Affranchissez-là..."
Les anciennes dirent toutes ensemble et d'une seule voix en riant:
-"Oui Messssssireeeeee!!!"
Elles riaient tant et plus et lui se mit à rire aussi, la chose était rare...
Il prit un pain de savon et se frotta tant et plus en songeant à la situation tactique...
Récuré, de fond mais pas 'profond' et en comble il sortit de l'eau et on lui tendit immédiatement une serviette alors qu'un escuyer lui apportait une tenue propre...
Tout en s'habillant, il demanda:
-"Situation?"
L'escuyer se figea et déballa la complète , il avait été promu récemment:
-"Tout est au mieux Maréchal, les fortification ont été entretenues et renforcées, nous avons pris deux convois de ravitaillement aux tourangeaux, ils ont été distribués aux gens de la ville...
Nous navons aucune perte à déplore et avons reçu des renforts portant le nombre de l'Ost à 4500 personnes...Nous avons du matériel pour équiper encore 1100 soldats avec nous...
Tout les corps de spécialités sont prêts...
Nous avons installés les dernières bandes d'arstillrie selon vos ordres...
Nous sommes prêts à les recevoir..."
Une leur de sauvagerie passa dans les yeux du colosse et il dit:
-"Qu'ils viennent..."_________________
Une guerre à mener?De Morrigan-Montfort à vostre service...