Istanga
Prologue
Les matins d'été sont beaux sur le Dauphiné, même sans Dauphin : le temps est au-dessus des considérations de tout ordre.
Mais, sur une petite place de Lyon, à la terrasse d'une taverne, le temps est aux considérations de tout ordre.
On peut y voir attablées quelques personnes connues, d'autres moins ou pas du tout, qui ont en commun un but : lever la tête bien haut, pouvoir clamer à la terre entière : Je suis Lyonnais-Dauphinois, et j'en suis fier !
Non loin de la place, un marché aux bestiaux.
On peut entendre d'ici les disputes qui ont remplacé les marchandages, on peut voir les bouchers se frotter les mains des bonnes affaires emportées sur le dos des éleveurs, plus encore qu'à l'accoutumée.
Plus loin, un marché aux céréales.
On peut entendre les cris de désespoir lancés par les cultivateurs de blé, de maïs qui voient leurs récoltes achetées à vil prix par les puissants minotiers, qui profitent sans vergogne de la nouvelle politique de prix bas.
Des prix bas, certes, mais appliqués à une seule frange du peuple : les paysans.
Acte 1 Scène 1 -
Darius, du haut de ses quinze ans, observe le spectacle, le cur serré.
Lui n'a pas de soucis d'argent, il est riche, de naissance.
Mais il a appris une chose de son père, qui a gouverné un royaume en donnant à tous, paysans, commerçants, artisans, poètes, mathématiciens et médecins, les mêmes chances d'évoluer et se cultiver : il faut rester à l'écoute de son peuple.
Darius ne comprend pas.
Mère ! Me dit-il. Qu'est-ce que la politique, exactement ?
Ah ! Darius ! Bonne question... plusieurs réponses, plusieurs points de vue..
.
Aristote s'appuie sur l'observation du réel pour en déduire des principes théoriques.
Cette approche aristotélicienne est aussi vraie en politique. Pour Aristote, l'homme est fait pour vivre en communauté politique.
Pour lui, la cité est voulue par la nature et est donc inhérente à tout groupe humain, selon le principe que l'homme est un animal politique.
Cela signifie que nous sommes tous des politiciens ?
Non, pas exactement, mais nous faisons partie d'une communauté où chaque avis doit être intégré, d'une communauté de laquelle personne ne peut être exclu, d'une communauté où chacun se doit d'écouter l'autre, le respecter, l'aider à évoluer.
Et chacun d'entre nous, du plus humble au plus nanti, du gueux au duc, a le pouvoir et le devoir de travailler pour la communauté.
Darius réfléchit quelques minutes et reprend :
Oui... d'accord.... mais ici, cela ne se passe jamais comme cela... Regardez ces pauvres gens, Mère !
Répond-il en désignant une paysanne aux yeux rougis que son époux tente en vain de consoler
'T'en fais pas, Manon, j' trouv'rais bien un vieux bout d' cuir pour t' faire des chausses...mais vraiment, vouloir aller rencontrer l'duc ! C't'idée qu't'as là ! Chais bien qu'si on pouvait s'ach'ter une échoppe, ça irait mieux, les enfants mang'raient à leur faim ! Mais va savoir s'y nous pondraient pas cor' un'loi qui nous empêche d'gagner not'vie ! »
Eux travaillent pour la communauté, comme tous les paysans !
Et pourtant, on les oblige à baisser leurs prix, comme si on pensait qu'ils n'ont pas besoin de manger, s'habiller, s'amuser parfois !
Oui, Darius, c'est ainsi que les hommes, dès qu'ils arrivent au pouvoir, oublient ce qu'ils ont été, oublient à qui ils doivent d'avoir chaque jour leur assiette pleine, à qui ils doivent leurs postes et même, pour certains, à qui ils devront leurs fiefs...
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Ami Bourgeois = Rôliste au service du Tamago
Les matins d'été sont beaux sur le Dauphiné, même sans Dauphin : le temps est au-dessus des considérations de tout ordre.
Mais, sur une petite place de Lyon, à la terrasse d'une taverne, le temps est aux considérations de tout ordre.
On peut y voir attablées quelques personnes connues, d'autres moins ou pas du tout, qui ont en commun un but : lever la tête bien haut, pouvoir clamer à la terre entière : Je suis Lyonnais-Dauphinois, et j'en suis fier !
Non loin de la place, un marché aux bestiaux.
On peut entendre d'ici les disputes qui ont remplacé les marchandages, on peut voir les bouchers se frotter les mains des bonnes affaires emportées sur le dos des éleveurs, plus encore qu'à l'accoutumée.
Plus loin, un marché aux céréales.
On peut entendre les cris de désespoir lancés par les cultivateurs de blé, de maïs qui voient leurs récoltes achetées à vil prix par les puissants minotiers, qui profitent sans vergogne de la nouvelle politique de prix bas.
Des prix bas, certes, mais appliqués à une seule frange du peuple : les paysans.
Acte 1 Scène 1 -
Darius, du haut de ses quinze ans, observe le spectacle, le cur serré.
Lui n'a pas de soucis d'argent, il est riche, de naissance.
Mais il a appris une chose de son père, qui a gouverné un royaume en donnant à tous, paysans, commerçants, artisans, poètes, mathématiciens et médecins, les mêmes chances d'évoluer et se cultiver : il faut rester à l'écoute de son peuple.
Darius ne comprend pas.
Mère ! Me dit-il. Qu'est-ce que la politique, exactement ?
Ah ! Darius ! Bonne question... plusieurs réponses, plusieurs points de vue..
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Aristote s'appuie sur l'observation du réel pour en déduire des principes théoriques.
Cette approche aristotélicienne est aussi vraie en politique. Pour Aristote, l'homme est fait pour vivre en communauté politique.
Pour lui, la cité est voulue par la nature et est donc inhérente à tout groupe humain, selon le principe que l'homme est un animal politique.
Cela signifie que nous sommes tous des politiciens ?
Non, pas exactement, mais nous faisons partie d'une communauté où chaque avis doit être intégré, d'une communauté de laquelle personne ne peut être exclu, d'une communauté où chacun se doit d'écouter l'autre, le respecter, l'aider à évoluer.
Et chacun d'entre nous, du plus humble au plus nanti, du gueux au duc, a le pouvoir et le devoir de travailler pour la communauté.
Darius réfléchit quelques minutes et reprend :
Oui... d'accord.... mais ici, cela ne se passe jamais comme cela... Regardez ces pauvres gens, Mère !
Répond-il en désignant une paysanne aux yeux rougis que son époux tente en vain de consoler
'T'en fais pas, Manon, j' trouv'rais bien un vieux bout d' cuir pour t' faire des chausses...mais vraiment, vouloir aller rencontrer l'duc ! C't'idée qu't'as là ! Chais bien qu'si on pouvait s'ach'ter une échoppe, ça irait mieux, les enfants mang'raient à leur faim ! Mais va savoir s'y nous pondraient pas cor' un'loi qui nous empêche d'gagner not'vie ! »
Eux travaillent pour la communauté, comme tous les paysans !
Et pourtant, on les oblige à baisser leurs prix, comme si on pensait qu'ils n'ont pas besoin de manger, s'habiller, s'amuser parfois !
Oui, Darius, c'est ainsi que les hommes, dès qu'ils arrivent au pouvoir, oublient ce qu'ils ont été, oublient à qui ils doivent d'avoir chaque jour leur assiette pleine, à qui ils doivent leurs postes et même, pour certains, à qui ils devront leurs fiefs...
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Ami Bourgeois = Rôliste au service du Tamago