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Maison Cianfarano, réouverture.

Prunille.
Toujours semblable à elle-même, la boutique n'avait pas bougé d'un pouce lorsque la Dame de Callas en franchit la porte.
Tout ici était imprégné de Gabcha.
L'odeur, les croquis accrochés aux murs, la veste négligemment posée sur le dossier d'un fauteuil. Le cadavre d'une bouteille de Pessac abandonnée sur le comptoir.
Elle s'était promis de ne pas pleurer, mais le mouchoir de batiste trouva tout naturellement le chemin de ses joues humides.

Puis lentement, elle alla dégager la vitrine de ses stores.
La lumière l'éblouit, contrastant avec sa robe d'un noir profond.
Envie de ranger, nettoyer. Faire place nette.
Commencer par les bouteilles vides.
Ranger les rouleaux de tissu par ordre de couleur et de matière, dans les étagères appropriées, ramasser des épingles trainant au sol dans un coin de l'atelier.
Balai à la main, chasser la poussière accumulée.
Et rassembler tous les croquis de Gaby, et minutieusement, tous les accrocher au mur, jusqu'à ce que celui-ci en soit pleinement recouvert.
Reléguant les siens à une boîte en bois, on pourrait toujours les y retrouver quand elle serait morte.
A choisir, quand elle serait très vieille, endormie à jamais auprès de Mateù. Ou sinon, notre blonde aurait aimé mourir en donnant la vie, ou assassinée alors qu'elle sortirait d'un bal, parée de ses plus beaux atours, et fauchée dans la fleur de l'âge.

Mais pas encore tout de suite, elle avait un homme à aimer.

Assise au comptoir, elle laissait à présent vagabonder une mine de charbon sur un vélin, elle devait se remettre à créer, et perpétuer l'esprit de cette maison de couture, héritage de son oncle adoré.

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Delta.
Jehanne avait décidé, comme ça, sur un coup de tête qu'il lui fallait une nouvelle garde robe. Si. Si. Bon, elle n'avait absolument besoin de rien, son mari allait faire une crise pour les quelques écus dépensés... Mais elle sentait que Callas avait besoin d'une occupation, et puis ça la dédouanait un peu.

Elle avait joué au jeu du chat et de la souris avec un chat, Gri, la nuit. Comme tous les chats. Il ne s'était rien passé, et elle s'en fichait un brin, la brune, puisque ses pensées étaient relativement complètement obnubilées par le brun qui avait été capable de faire manger du Pruneau à la Prune, et mieux, de la faire chanter. Bref, elle se sentait un rien mal à son aise face à la douleur de la jeune femme et cherchait par tous les moyens à l'adoucir.

L'occuper. Et l'occuper à la mémoire de Gabcha. Ainsi soient les choses. Commande passée, donc, trousseau complet. Et beau. Et de qualité. Et il fallait les mesures. D'accord. Et elle était là.

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Prunille.
Du blanc cassé, et du cuir, une tenue de voyage, inspirée par Iskander.
Le blanc cassé de l'innocence envolée, avec l'entrée en politique. La confrontation avec les puissants. Les concessions.
Et le cuir, le cuir d'agneau, comme ses moutons. Il lui avait parlé d'un apprentissage aux tanneries. Ce serait donc chez lui qu'elle irait se fournir.
Simple, fluide, mais résistant aux coups, et aux déchirures.

La clochette de la porte sonne, elle relève la tête, et coince une mèche de cheveux derrière son oreille.
C'était Jéhanne d'Orange. Celle pour qui elle inventait cette robe de voyage.
Se levant, elle essuya ses mains sur sa robe. Noir sur noir, il n'y a plus d'espoir... La tache ne se verrait pas.
Doucement, inclinaison du chef.

La voix est douce, mais encore un peu faible, toujours cet arrière goût de tristesse.


Bonjour Baronne.
Comment-vous portez-vous ?

J'ose présumer que vous venez pour les mesures, me trompe-je ?


La toise et le ruban qui lui servait à rapporter les mesures avaient déjà été préparés.
D'un petit geste de la main, elle lui indiqua le paravent, qui trônait en un coin de la pièce.


Je vous laisse aller vous déshabiller.
Ensuite nous pourrons discuter de vos envies.


Et finalement, elle osa un sourire, simple symbole de sa gratitude, à celle qui semblait être une amie en devenir.
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Delta.
Non, elle ne se trompait pas la blondinette aux vêtements trop larges pour elle... Déjà que d'ordinaire elle n'était pas bien épaisse, il allait falloir la rembourrer, que le baron ait de quoi se mettre sous les mains, le soir des noces venues. Pure gamine, ou presque, mais ça, Delta l'ignorait. Pure et fraiche, met de choix pour un presque croulant. Mais il avait encore vigueur, le diacre, pas un souci pour lui.

Là n'était pas la question, Delta répondit au sourire par un autre, moins timide, plus franc, sans arrières pensées. Elle lui était vraiment sympathique, la jeunette. Un rien sauvageonne, un peu... comme elle, avant. En beaucoup moins brune, en un peu coincée, malgré la folie Cianfaranesque qui l'habitait. Et oui, elle, c'était le sang, l'extravagance, ça n'était pas juste une nouvelle façon d'être après une adoption...

Bref, elle n'était pas venue là pour ça non plus. Après un vague
"Ne vous trompez pas, non...", un désapage en règle, voilà la brune qui revint, léger jupon, petite chemise, bras et mollets nus, pas gênée pour un sou. "Ça suffit ou nous enlevons le reste ?"

Coup d'œil, à peine, vers la porte, si quelqu'un entrait ? Ben... Il aurait belle vue. Pas dit que ça plaise au brun, cependant. Bon, elle ferme, la môme ?
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Prunille.
Échappée de la Baronne, derrière le Mont Paravent.
Bruits de vêtements qu'on froisse, défroisse et plie, l'oreille ne s'y trompe guère.
Et pendant ce temps, elle se dit que peut-être elle aura trouvé une ligne directrice pour la future garde-robe de la Jéhanne...
Se gardera bien de lui dire laquelle.
C'était comme un instinct, l'instinct d'artiste qui la guidait au delà des apparences...
Peut-être le fait qu'elle sache reconnaitre une femme amoureuse d'une autre.
Une femme enceinte, aimant son mari ou non, une jalouse, une maîtresse, l'amertume.


"Ça suffit ou nous enlevons le reste ?"

Elle se retourne, avise, d'un regard expert.

C'est parfait, je vous remercie.

Main ouverte, l'invite à retourner derrière l'écran protecteur des regards.
Se saisit de son ruban, pose la toise au sol, s'agenouille.


Tenez-vous bien droite, les pieds légèrement écartés.
Je vais commencer par le bas, et remonter.


Et c'est parti.
Les mollets, les cuisses, la jambe entière. Les hanches, les fesses, la taille, le buste, la poitrine, les épaules. Le bras, l'avant-bras, le poignet. Le cou, la tête aussi. La taille, générale. En longueur, en largeur, et en tour.

S'efforçant de faire la conversation pendant ce temps...


Adoncques, des envies particulières ? Une orientation ?
Garde-robe d'été, garde-robe d'hiver, linge de dessus, linge de dessous, le tout, combien, formes, couleurs, matières... Budget ?


Connaissant la pingrerie du Canard, il y avait fort à parier que sa charmante épouse se trouvait icelieu sans son consentement...
L'idée la fit sourire, tandis que de ses doigts blancs elle soulevait la chevelure d'ébène de Delta, afin de prendre une ultime mesure, de la racine des cheveux, sur la nuque, jusqu'au creux des reins.
Effleurant, involontairement.
Rosit.


Mais voilà que j'en oublie mes bonnes manières...
Puis-je vous offrir de quoi vous désaltérer ?

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Delta.
Sourire aux mots, rire, un peu, à la mention du budget. La laisser prendre ses mesures en silence, retenir les questions, préparer ses réponses, et frémir, un rien, lors de l'ultime mesure.

C'est que Jehanne a l'épiderme sensible. Regretter qu'un brun soit absent pour profiter de la vue, virer la couturière et découvrir la banquette, entre autres. Hum.

Et rester en tenue, ainsi, puis aller tripoter les tissus, une fois les mesures prises. Observer, caresser, sourire, encore, toujours silencieuse. Puis se retourner vers Callas, la blonde, jolie et pure... Ou pas. Mais ça...


Oui, vous pouvez nous offrir de quoi nous désaltérer, si vous trinquez avec nous.
Pour ce qui est des tissus, nous avons un faible pour la soie... et le lin. Fin.
Et une garde robe complète. Au moins. Quelques pièces en plusieurs exemplaires, bien sûr, surtout le linge de dessous.
Si possible des habits que nous puissions mettre sans avoir besoin de suivantes, ça nous fatigue, leur caquetage incessant. Et aisé à ôter.
- nulle pensée déplacée, ici, ou si peu.-
Forme... les nôtres, et le reste qui va avec. Belles, donc.
Couleurs, c'est vous l'artiste, à vous de voir ce qui nous ira. Pas de rouge, ça fait catin.

Sourire, grand, avant de poursuivre, l'air malicieux.
Budget... Votre prix sera le nôtre.
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Prunille.
Elle avait sa ligne, son fil d'Ariane.
L'idée lui était venue pendant que la Baronne lui parlait de son refus de porter du rouge.
Sourire vient aux lèvres de la Cianfarano.

D'un geste de la main, invite la Baronne à prendre place d'un côté d'une table, dans un fauteuil garni de moelleux coussins.
Ressassant son idée dans sa tête, elle se dirigea vers le coffre à douceurs d'oncle Gabcha.
L'ouvre, avec une pointe d'émotion, en sort deux verres qu'elle emplit de Pessac, en tend un à Jéhanne tandis qu'elle dépose sur la table une boîte de calissons.

Prend son carnet, prépare sa mine, expose sa première idée :


J'ai eu tout à l'heure l'idée d'une robe en drap blanc cassé, et en cuir, cuir d'agneau, pour le corsage. Simple, pratique, résistant aux déchirures, mais élégance brute, un peu sauvage.

Elle parlait, et continuait à détailler son idée, tandis que la robe suivante venait déjà.
Après la robe Iskander, ce serait la robe Savié, une des pièces maîtresses, la robe mondaine, celle de Baronne, dans toute sa splendeur.


La seconde sera de deux pièces. Une chainse de soie blanche, richement rebrodée d'argent, et une robe de dessus, toute ouverte sur l'avant, soie toujours, mais dorée cette fois. La liaison des deux se fera par une ceinture d'or venant se poser sur vos hanches. Bien sûr nous ne pourrons la réaliser à la boutique, il faudra consulter Maître Otille, Pâques de son prénom, notre orfèvre, mais cela devrait largement être dans ses cordes.

Sa ligne serait donc les hommes de la vie de Delta.
Iskander... Elle n'était pas sûre, mais vu l'acharnement de la Baronne lors des enchères comtales, tout n'avait pas du être que pure amitié entre eux...
Puis Savié, le mari, le canard pigeonné... Puisque le vin était tiré, autant le boire jusqu'à la lie.

Et puis il faudrait une robe Gobseck, qui serait d'intérieur, une robe Kika, qui se devrait de pousser les hommes au vice. Une robe Eralypse aussi, sans doute, quelque chose de léger mais de profond, le violet s'imprimait en filigrane dans son esprit. Une robe Mateù, le petit, blanche, innocente, pour les instants de tendresse qu'elle s'imaginait que la sévère Baronne pouvait avoir avec son fils de temps à autre... En faudrait-il une pour le grand Mateù ? Elle aurait encore le temps d'y réfléchir.

_________________
Delta.
Si Jehanne avait été sorcière, elle aurait vu en l'esprit de la Callas l'image des tenues prévues... Et l'association d'idées. Mais elle n'en avait que les cheveux, noirs, corbeaux. Aussi sombres que ses yeux, bleus, profonds. La nuit où l'on se paume, lui a-t-on dit. Quand on s'y perd, elle s'y perd en retour... Enfin, pas toujours. En ce moment, elle est éperdue, et perdue.

Quelques minutes sans son amant, et il lui manque déjà. "Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé" disait la mère Martine.* C'était le cas. Et dès qu'il quittait la chaleur de sa peau, il lui manquait. C'était encore tolérable lorsqu'il était présent, qu'elle le pouvait voir... Quoique, sa pensée lui mentait, elle aimait ces moments de silence, face à face, sans se toucher, à songer l'un à l'autre. Ou à discuter de miel et de livres, de bains et de la gênante proximité des autres. "L'enfer, c'est les autres."**

Mais Prunille lui parle. Delta lui adresse un sourire quasi façon "Mateù, vous m'offrirez bien un fief ?", se saisit du verre tendu, effleure la jeune peau - pas que la sienne soit vieille, mais bon... encore plus jeune ! - puis porte la boisson à ses lèvres, délicatement.

Elle hoche la tête, plongée dans la contemplation de la demoiselle trop mince, se souvenant qu'elle doit la rembourrer... Et espère la voir sourire encore. Et pas grâce à son amant... à elle ! Non mais ! Delta jalouse ? pensez vous !


Je vous fais toute confiance, Damoiselle de Callas. Toute confiance.

Est-ce qu'elle a dit "je" ? Sciemment, sans doute. Lui laisser croire que oui, oui, elle est si à l'aise avec elle qu'elle en oublie son paraitre. Il faut dire que la tenue appelle la proximité... Et puis elle a juré qu'elle s'en ferait une amie.

Son oiseau de nuit lui manque... Elle veut le retrouver, vite. Frissonne.



*Lamartine
**Sartre
_________________
Prunille.
Comme si Prunille avait lu dans le sourire de Delta... Sa pensée rebondit, et attrape la balle au bond.

Baronne... J'aurais à vous parler affaires.
Affaires sérieuses, j'entends. Non pas que la mode n'en soit pas une, mais c'est autre chose.


D'autant plus qu'elle lui faisait toute confiance... C'était donc maintenant ou jamais.
Une pause, elle prend une gorgée de nectar.
Quitte ou double, elle se lance.


J'ambitionne le poste de Comtesse. De Provence.
Cela fait longtemps que j'y songe, et à vrai dire, avec mon expérience de bailli, porte-parole et procureur, plus celle de bâtonnier, d'ambassadrice, et membre du conseil marquisal, j'estime être relativement prête. L'ennui étant que je dois impérativement me déplacer en Italie entre le 30 juillet et le 15 août... Et si j'ai bien compté, les élections devraient se terminer le 18 août, ce qui deviendrait un poil problématique.
J'aurais donc besoin d'une personne suffisamment charismatique pour pouvoir me seconder sur la liste, et mener la campagne électorale. Malgré votre noviciat en matière de politique... Je dois avouer que vous me semblez être la personne la plus à même de remplir ce rôle. En échange de quoi, si effectivement Comtesse je deviens, vos... Services seraient rétribués à la hauteur de votre mérite.


Un léger sourire nait sur les lèvres de la Cianfarano, qui pourtant guette avec un peu de nervosité la réaction de la baronne, tandis que sa mine court négligemment sur le parchemin.
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Delta.
C'est qu'elle avait pris la notion de confiance au sérieux, la blonde. Jehanne eut l'envie de l'envoyer paitre de lui coller une tarte pour cause d'ambition débordante, de lui dire qu'elle risquait fort devoir son (futur) époux se détourner d'une femme trop occupée... Mais elle se contenta de sourire. La dernière phrase la laissait rêveuse.
Ses propres pensées également. Un époux qui se détourne et se rapprocher de l'épouse, tout était déjà prévu...


Vous aurez terminé toute ma garde robe d'ici là ? Si oui, j'accepte.

Et de tapoter la main de Prunille, délicatement, amicalement...


L'amitié, la confiance, c'est tellement précieux.

Se surprendre à se croire sincère, presque, en cet instant. Sourire.
_________________
Elriol
Enfin l'endroit qu'on lui avait indiqué. Elriol sauta de son alezan, Jelly Gomper, et monta lentement les marches du palace.

Décidément l'endroit était plaisant. Un beau cadre, un bâtiment bien conçu, chic propre et salubre. Le genre d'endroit qui vous donne l'impression d'être en vacance même quand les affaires vous pressent de toute part.

Vraiment un endroit charmant en effet.

Elriol lit une fois encore le message qu'il avait reçu:


Citation:
Excellence,

J'aspire à vous mieux connaitre. Si votre tache de maire de Brignoles vous en laisse l'occasion, venez me retrouver à Marseille... Demandez la Casa Cianfarano, on vous mènera à moi.

Curieusement,

Prunille de Cianfarano,
Dame de Callas.


L'invitation était trop attirante pour ne pas y répondre promptement, et Sa Blondeur lui avait semblé une charmante personne. Un peu trop peut-être d'ailleurs...

arrivé en haut des marches du perron, il empoigna le butoir de la porte et frappa deux grands coups secs et sonores.

_________________
François de Brotel
Chancelier de Provence
Maire de Brignoles
Vice-recteur de l'ordre lescurien

Prunille.
Il y avait la Maison Cianfarano, en Aix, qui était une boutique et la Casa Cianfarano, à Marseille, qui était leur demeure familiale, et que pour l'instant la Blonde occupait seule. Visiblement, Elriol avait été orienté dans la mauvaise direction, mais cela ne faisait rien puisque justement elle était en Aix.

Toujours assise à sa table de travail, elle répondit à la Baronne d'Orange :


Bien évidemment, votre garde-robe sera prête.

Et puis, simplement, un sourire amical et sincère lorsqu'elle lui dit que la confiance et l'amitié sont des biens précieux.
Mais voilà que l'on frappe à la porte... Mais pas celle de la boutique, celle d'à côté, qui mène droit sur un escalier permettant de monter aux appartements qui étaient situés au dessus de la boutique, et habités par la Prune lorsqu'elle venait en Aix...


Si vous voulez bien m'excuser, Baronne...

Et vite, la Blonde se dirigea vers la porte de la boutique, et passa sa tête par l'entrebâillement... Sourire qui éclaire son visage quand elle aperçoit Elriol, François de Brotel.

Oh, c'est vous ! Bonjour !
Je ne vous attendais pas si tôt... Et pas en Aix !


Et lui ouvrant la porte, elle ajouta :

Entrez donc, il fait plus frais à l'intérieur !
_________________
Elriol
Elriol ne put réprimer un sourire de contentement en voyant le visage enjoué de la belle. Comment faisait-il pour être aussi charmante? C'était vraiment une chose mystérieuse.

Elriol entra dans la maison et s'inclina devant elle.

Votre Blond... Dame!

Légèrement troublé il hésita puis repris.

Je suis venu aussi promptement que je l'ai pu, légèrement intrigué je dois dire par votre message. Je dois dire aussi que j'ai eu un peu de mal à vous trouver. Je suis passé par une étrange boutique avant de trouver la votre.

Et intérieurement: En fait je ne suis pas sur que ce ne soit pas celle présente qui soit la plus étrange, en fait de boutique..

Mais me voilà enfin, et je dois dire que je suis honoré d'être en votre présence. Surtout qu'il est difficile de faire deux pas dans les salons de Provence sans entendre parler de vous. On murmure même que vous serez la prochaine comtesse de Provence, le saviez vous?
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François de Brotel
Chancelier de Provence
Maire de Brignoles
Vice-recteur de l'ordre lescurien

Delta.
Oh ! Quelqu'un entre alors qu'elle est en tenue de dessous ! Jupon léger et chemisette ! Ohlalala ! On va la voir ainsi ! Et Jehanne de se lever, naturel au galop, pas pressée le moins du monde (le jour où l'on trouvera Delta gênée - réellement - n'est pas encore venu), et d'aller derrière un paravent, prenant son temps, tout son temps.

À haute voix, histoire d'être sûre de se faire remarquer avant d'être planquée (mais quelle sal*** !), elle répond aux "on dit".


Les gens feraient mieux de le dire haut et fort, les murmures, ce n'est pas bon pour les murs.

Et de disparaitre derrière le paravent, oreille aux aguets. Ragots ? Rumeurs ? Sa plume la démange...
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Prunille.
Effectivement, elle avait oublié en quelle tenue se trouvait la Baronne... Qui, fort heureusement, fila (vitesse Max1664, soit...) derrière le paravent, d'ailleurs Prunille n'avait jamais compris pourquoi on appelait cela un paravent et non pas un paravue... Enfin, ce genre de débat intérieur aurait tout lieu d'être plus tard, pour l'instant il fallait réagir au fait que la Doyenne se retrouve presque à poil devant le fils de la Marquise...

Oh marde marde marde marde marde !

Premier réflexe, à la con, plaquer ses mains sur les yeux d'Elriol. Mortecouilles, c'était la réputation de son établissement qui était en jeu, à la fin !

Je... Euh, je vous emmène à l'atelier.

Et Sa Blondeur de le guider... Éviter un tas de linge, un carton à chapeau, attention à la marche... Ils y étaient.
Avant de refermer la porte, elle lance à l'Orange :


Envoyez vos gens, disons, mardi prochain, pour récupérer vos robes, j'enverrai la facture au baron entre temps !

Puis, les joues écarlates, se tournant vers Elriol à qui elle avait rendu la vue, elle répond, avec aplomb :

J'ignorais que l'on parlait de moi, mais effectivement, j'ai bien l'intention de devenir Comtesse !

Un sourire, et elle va servir deux verres de Pessac.
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