Nerval
Une vie tranquille à Chignin sétait installée. Pas de guerre à lhorizon, pas de mécréants hérétiques non plus, juste une vie simple pour le Sieur Poète entre les joies de lété et la passion sans borne pour sa petite famille.
Mais comme tout un chacun peut le savoir après le beau temps, les orages cachant les étoiles arrivent. Etrange missive déposée directement au garde par un bien étrange messager en tenue militaire. Etrange missive aux courbes droites, étrange écriture sobre sans fioriture et surtout sans signature.
Mais comme tout un chacun peut le savoir après le beau temps, les orages cachant les étoiles arrivent. Etrange missive déposée directement au garde par un bien étrange messager en tenue militaire. Etrange missive aux courbes droites, étrange écriture sobre sans fioriture et surtout sans signature.
Citation:
Au soit disant Baron de Chignin,
En le premier jour du mois daout, le passé devra se rattraper pour préparer un futur bien moins morne que ce qui est né il y a plus de deux décennies.
Quil soit prêt à être mis sur le droit chemin.
En le premier jour du mois daout, le passé devra se rattraper pour préparer un futur bien moins morne que ce qui est né il y a plus de deux décennies.
Quil soit prêt à être mis sur le droit chemin.
Une missive qui rejoignit rapidement un feu de bois mort que les jardiniers avaient préparés. « Encore un de ces fou qui trainent dans le coin ». Quelques mots glissés à loreille de son épouse. La missive appartient au passé.
Mais lorsque la nuit prend possession des astres, lorsque les étoiles sont voilées en ce dernier jour du mois de juillet, les pensées remontent. Ce que lon croyait enfoui au plus profond de sa mémoire apparait comme sans détour. Mille et une hypothèses, mille et une interprétations quant au détour dune supposition, la présomption ne fait aucun doute. Cette écriture carrée, ce ton arrogant, cette manière de se croire tout permis, une seule personne au monde est capable de faire cela. Une seule
Un réveil teinté de sueurs froides, un réveil dans la plus sombre des atmosphères, un besoin vital de marcher, de faire quoique ce soit mais surtout ne pas alerter son épouse.
Impossible pas lui non surtout pas que pourrait-il vouloir ici
Ressasser sans cesse impossible, elle me laurait dit, à moins quelle ne sache pas ses intentions le voile de la nuit ne se déchire pas, le rideau maudit ne cesse de saccentuer continuant à cacher astre lunaire et étoiles. Posé auprès de son arbre rien ne parvient à percer les lourds nuages qui se rassemblent au-dessus de la demeure.
Une nuit interminable mais toujours les mêmes nuages porteurs de rages dans le ciel que le soleil ne parvient pas à déchirer. Reprendre peu à peu conscience lorsque lentement la rosée du matin le tire de ses cauchemars. Le premier jour du mois est là. Ni une ni deux il se présente à lentrée de la demeure. Restant la sans un mot malgré les questions du garde, ses yeux observent, ses oreilles écoutent le moindre bruit et son cur semballe quand une petite voix retentit dans la maisonnée.
Le jeune Emeris est la sur le parvis à lappeler. Dernier coup dil, non rien. Non sans se soucier il récupère dans ses bras son fils pour le faire rentrer dans la maison. Lheure pour Emeris est au jeu alors que pour Nerval lheure est à linquiétude. Bataille entre lamusement de son fils devant ses yeux et lanxiété qui le tiraille depuis sa fameuse déduction. Bataille perdue davance, tout senvole lorsque le sourire et les rires de lenfant retentissent dans la pièce. Il sétait trompé, non ça ne pouvait être ce à quoi il avait pensé. Un fou, simplement un fou
Rien de plus
Le cheval en bois sur lequel était monté Emeris occupait toutes les pensées de Nerval, plus question de cette maudite missive, plus question de parler de ce dont il redoutait tant. Vitoria nétait surement pour linstant pas levé il pouvait donc soccuper de son fils et surtout soccuper lesprit.
Toc Toc Toc
Sans se retourner il invita le page à rentrer.
Le Sieur Roderick de Vandimion 1er du nom est la et il a insisté pour monter avec moi.
Les mains qui se crispent sur les bras de son fils avant de lenlever avec maladresse du cheval en bois. Les mots qui résonnent dans sa caboche. Il avait raison, il était la, cétait bien lui, son pire cauchemar était dans sa demeure. Celui qui lavait traité de bon à rien, de résidu de fausse couche, celui qui le considérait comme la pire engeance sur terre, celui qui ne sétait même pas déplacé pour son mariage il était la, sur le parvis de la chambre de jeu des enfants.
Quelques secondes qui parut une éternité. Comment réagir, quoi dire, que faire, hurler et le foutre dehors, linsulter pour tous le mal quil lui avait fait, la colère montait en son for intérieur. Il finit par bouger et se releva lentement. Lui parler avec courtoisie mais avec fermeté voilà ce quil avait prévu de faire. Il croisa le regard de son géniteur avant de parler
Bonjour Père, je suis heureux de vous revoir.
Un simple regard et il était retourné quinze ans auparavant. Comment avait-il pu penser pouvoir tenir tête à lhomme qui était devant lui ?
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