Malbrouk
Entendez ce hurlement de joie, un fou ? Non, juste ce vieux bouc de Malbrouk qui avait réussi à passer la frontière Tourangelle sans se faire trucider par les furieux faisant office de voisins aux Angevins.
C'était plus fort que lui mais il le fallait, il baissa ses braies pour montrer son royal postérieur du haut d'une colline à la Touraine puis insista en se retournant et en tapant d'une main sur son avant-bras gauche tout en tirant la langue.
De toute évidence, ces gestes inexpliqués flirtant avec la démence semblaient vider le barbu d'une pression retenue depuis bien trop longtemps.
Il aurait pu se contenter d'aller fêter cette libération auprès d'une ribaude pas trop grasse si possible avec les quelques écus qui lui restaient en poche mais non, le lubrique en voulait plus encore, il lui fallait une musique dans la tête, il lui fallait un orchestre, des danseuses, des milliers de danseuses, il lui fallait la pluie et l'orage en plein été, il lui fallait une éruption volcanique projetant ses cendres sur le Royaume en son entier, il lui fallait...tout sur ce rien qu'était sa si modeste victoire.
Alors forcément, une femme, aussi belle soit-elle, dans une couche, ça ne pouvait pas suffire tandis que courir et se pavaner en tenue d'Adam et longer la frontière tout en déployant ses bras et oublier les gros mollets poilus de l'infirmière chargée de lui soigner ses blessures minutieusement infligées par une armée tourangelle deux mois auparavant, ça défoulait plus que tout...
Il avait dû se coltiner les discours insipides et arrogants de leurs Comtes actuel et précédent ainsi que de leurs accolytes, l'arrangue du tourangeau moyen qui estimait que l'heure de fonder ce qu'ils appelaient la Grande Touraine composée de l'Anjou, du Poitou et du Berry annexés était venue, les tracasseries administratives de cette Province pour tenter non pas de rentrer mais bien de sortir avec son nom que nul parmi ces troublions pouvait rédiger correctement :
- Non m'dame, Malbrouk avec un k, pas de q dans mon k, pas de c non plus, juste un k, k comme euh... pffffffff... j'sais pas moi... juste un k
- Très bien messire Malbrouque !
- Aaaarggghhh !!!
Ses pupilles s'effaçaient sous le bleu de ses yeux qui brûlaient tant il fixait le soleil pour remercier Aristote forcément caché derrière selon lui...
Auprès de et avec ses amis blessés, il avait lancé un appel de détresse et un réveil du sens de l'honneur à ses comparses Artésiens qui, toujours à se chamailler en temps normal, s'unissaient lorsqu'on s'en prenait à des compatriotes et l'Artois avait suivi mais il fallait attendre.
Attendre, attendre avec l'infirmière aux mollets poilus, attendre, attendre avec le Comte cireur de chausses, attendre, attendre avec leurs chefs d'armée ne connaissant que le mot "taaaapppeeerr" et jouant à "qui qui attrape la savonnette le premier", attendre, attendre et voir défiler chaque jour toujours plus de Bourguignons et d'Auvergnats, de Nobles et de "valeureux" guerriers qui souhaitaient écraser le Berry sans trop se tâcher tout de même, c'est vrai qu'à 10 contre un, on se sent toujours mieux...
Après quelques kilomètres de course effrénée, Malbrouk semblait s'être calmé, il se dirigea alors dans une taverne où il croisa nombre de personnes sans trop vraiment les comprendre mais à quoi bon comprendre quand on est heureux.
C'était donc eux les alliés, les Angevins, les Poitevins et autres en ins, pour sûr qu'ils n'étaient pas formatés comme ceux d'à côté, ils ne semblaient pas craindre la fourmilière de Tourette qui augmentait à vue d'oeil, c'était bien là toute la différence de culture, d'un côté les coincés du bulbe, de l'autre, les libérés du culte...
Quelques mots anodins auprès d'une dénommée fourmi et la révélation alors. Cette fourmi refusait de suivre le mouvement. Pas pour elle le rythme épuisant des esclaves au service d'une Reine ou... d'un Comte, pas pour elle l'esprit belliqueux d'invasion pour, soit disant, protéger une Reine ou... un Comte, pas pour elle, la nurserie d'épouvantables têtes blondes à la mode pour son Comte ou... sa reine, sait-on jamais...
Elle était la fourmi, la seule, ne souffrant d'aucun devoir et ne vivant que pour son compte.
Malbrouk, l'artésien, Malbrouk le vieux bouc sortit alors de la taverne et se dirigea vers le lac proche de Saumur.
Un petit fil de pêche et un grand bout de bois en guise d'arme pour savourer son choix à lui : attendre ses amis, attendre les Artésiens et puis qui sait, donner quelques coups de bâton sur la fourmilière voisine si par hasard on l'y invitait.
Les orteils en éventail, un chapeau posé sur son front et un sourire niais en prime, il attendrait encore et encore mais en liberté, il attendrait peut être le passage de quelques curieux ou parlerait seul et répéterait tout ce qu'une narration pouvait relater à haute voix...
Entendez ce hurlement de joie, un fou ? Non, juste ce vieux bouc de Malbrouk.................
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C'était plus fort que lui mais il le fallait, il baissa ses braies pour montrer son royal postérieur du haut d'une colline à la Touraine puis insista en se retournant et en tapant d'une main sur son avant-bras gauche tout en tirant la langue.
De toute évidence, ces gestes inexpliqués flirtant avec la démence semblaient vider le barbu d'une pression retenue depuis bien trop longtemps.
Il aurait pu se contenter d'aller fêter cette libération auprès d'une ribaude pas trop grasse si possible avec les quelques écus qui lui restaient en poche mais non, le lubrique en voulait plus encore, il lui fallait une musique dans la tête, il lui fallait un orchestre, des danseuses, des milliers de danseuses, il lui fallait la pluie et l'orage en plein été, il lui fallait une éruption volcanique projetant ses cendres sur le Royaume en son entier, il lui fallait...tout sur ce rien qu'était sa si modeste victoire.
Alors forcément, une femme, aussi belle soit-elle, dans une couche, ça ne pouvait pas suffire tandis que courir et se pavaner en tenue d'Adam et longer la frontière tout en déployant ses bras et oublier les gros mollets poilus de l'infirmière chargée de lui soigner ses blessures minutieusement infligées par une armée tourangelle deux mois auparavant, ça défoulait plus que tout...
Il avait dû se coltiner les discours insipides et arrogants de leurs Comtes actuel et précédent ainsi que de leurs accolytes, l'arrangue du tourangeau moyen qui estimait que l'heure de fonder ce qu'ils appelaient la Grande Touraine composée de l'Anjou, du Poitou et du Berry annexés était venue, les tracasseries administratives de cette Province pour tenter non pas de rentrer mais bien de sortir avec son nom que nul parmi ces troublions pouvait rédiger correctement :
- Non m'dame, Malbrouk avec un k, pas de q dans mon k, pas de c non plus, juste un k, k comme euh... pffffffff... j'sais pas moi... juste un k
- Très bien messire Malbrouque !
- Aaaarggghhh !!!
Ses pupilles s'effaçaient sous le bleu de ses yeux qui brûlaient tant il fixait le soleil pour remercier Aristote forcément caché derrière selon lui...
Auprès de et avec ses amis blessés, il avait lancé un appel de détresse et un réveil du sens de l'honneur à ses comparses Artésiens qui, toujours à se chamailler en temps normal, s'unissaient lorsqu'on s'en prenait à des compatriotes et l'Artois avait suivi mais il fallait attendre.
Attendre, attendre avec l'infirmière aux mollets poilus, attendre, attendre avec le Comte cireur de chausses, attendre, attendre avec leurs chefs d'armée ne connaissant que le mot "taaaapppeeerr" et jouant à "qui qui attrape la savonnette le premier", attendre, attendre et voir défiler chaque jour toujours plus de Bourguignons et d'Auvergnats, de Nobles et de "valeureux" guerriers qui souhaitaient écraser le Berry sans trop se tâcher tout de même, c'est vrai qu'à 10 contre un, on se sent toujours mieux...
Après quelques kilomètres de course effrénée, Malbrouk semblait s'être calmé, il se dirigea alors dans une taverne où il croisa nombre de personnes sans trop vraiment les comprendre mais à quoi bon comprendre quand on est heureux.
C'était donc eux les alliés, les Angevins, les Poitevins et autres en ins, pour sûr qu'ils n'étaient pas formatés comme ceux d'à côté, ils ne semblaient pas craindre la fourmilière de Tourette qui augmentait à vue d'oeil, c'était bien là toute la différence de culture, d'un côté les coincés du bulbe, de l'autre, les libérés du culte...
Quelques mots anodins auprès d'une dénommée fourmi et la révélation alors. Cette fourmi refusait de suivre le mouvement. Pas pour elle le rythme épuisant des esclaves au service d'une Reine ou... d'un Comte, pas pour elle l'esprit belliqueux d'invasion pour, soit disant, protéger une Reine ou... un Comte, pas pour elle, la nurserie d'épouvantables têtes blondes à la mode pour son Comte ou... sa reine, sait-on jamais...
Elle était la fourmi, la seule, ne souffrant d'aucun devoir et ne vivant que pour son compte.
Malbrouk, l'artésien, Malbrouk le vieux bouc sortit alors de la taverne et se dirigea vers le lac proche de Saumur.
Un petit fil de pêche et un grand bout de bois en guise d'arme pour savourer son choix à lui : attendre ses amis, attendre les Artésiens et puis qui sait, donner quelques coups de bâton sur la fourmilière voisine si par hasard on l'y invitait.
Les orteils en éventail, un chapeau posé sur son front et un sourire niais en prime, il attendrait encore et encore mais en liberté, il attendrait peut être le passage de quelques curieux ou parlerait seul et répéterait tout ce qu'une narration pouvait relater à haute voix...
Entendez ce hurlement de joie, un fou ? Non, juste ce vieux bouc de Malbrouk.................
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