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[RP] Dispensaire

Aude


Elles arrivèrent toutes les deux, Aude la devançant. Aucune odeur de préparation de plantes ou autre dans cette maison de soins, mais une odeur de propre, tout simplement.


Nous y voilà Poppie, c'est là haut que ça se passe. Bertaaaaa ! pouvez vous apporter de l'eau pour un bain dans la pièce blanche, s'il vous plait ?

Aude passa devant Poppie. Sans rien dire, l'une et l'autre savait que les mains de Poppie devaient rester le long de ses hardes, sans toucher à rien. Une fois à l'étage, elle s'engagea dans un couloir, et ouvrit la porte sur une large pièce, plusieurs lits, des étagères le long d'un mur et au fond, un espace qu'on pouvait isoler par des draps tendus sur des cordes, pour que les lépreux puissent prendre des bains.

voilà, vous pouvez ici passer un moment sans craindre quoique ce soit. Je vais vous chercher des vêtements.

Aude se dirigea vers l'étagère, et sortit une chainse, une robe en toile, une cape, qu'elle posa sur le lit. Puis se retournant vers Poppie, désignant les vêtements, et lui sourit doucement

C'est à vous maintenant ça. Je vous laisse là, Berta va venir remplir le baquet, le linge de toilette et posé sur une étagère basse, à côté des baquets. A tout à l'heure.

Laissant là la malade, Aude sortit et croisa Berta dans l'escalier, portant deux grands seaux d'eau fumantes.

Merci Berta.

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Poppie
Poppie boitillait prudemment derrière sa guide.
Ses vêtements mouillés par leur passage au lavoir lui collaient à la peau et dégouttaient leur jus boueux sur le sol.
Désagréable.

Toute occupée à se plaindre intérieurement de son linge humide, la gueuse prit tout de même le temps d'observer les lieux.
Le dispensaire paraissait plutôt vide, bien ordonné, comme s'il n'accueillait pas grand-monde.
Il y avait beaucoup de fenêtres.

Poppie se détendit légèrement.
Ce n'était pas aussi sordide que la léproserie.
Elle suivit donc Aude jusqu'à l'étage, créant à sa suite une longue traînée d'eau sale.


Le linge est propre à défaut d'être neuf, marmonna-t-elle en examinant sa nouvelle tenue une fois qu'Aude fut partie.

Elle hésita un instant et se posa sur le lit pour attendre la fameuse Berta.
"Floc !" firent ses haillons dégoulinants.

Me demande bien ce qu'elle me veut, cette Aude, à m'aider comme ça.
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--La_berta


Bertaaaaa ! pouvez vous apporter de l'eau pour un bain dans la pièce blanche, s'il vous plait ?

La pièce blanche… depuis que la Berta était au service de Aude, jamais elle ne l’avait vue utiliser cette pièce. Un léger frisson parcourut la chair flasque de la femme, elle ne connaissait pas bien les lépreux, elle en avait croisés de nombreux dans certaines villes, mais de loin… de très loin… à peine à portée de leurs lugubres crécelles… jamais elle n’avait eu à s’en occuper par contre. Mais la confiance sans borne qu’elle avait en Aude, faisait qu’elle s’exécutait quelle que soit la demande qu’elle pouvait lui faire. Aussi, dandinant d’un pied sur l’autre elle alla chercher l’eau chaude dans le chaudron suspendu au-dessus des flammes, l’eau bouillante servant tout au long de la journée, tant pour les bains que pour les divers soins nécessaires en ce lieu.

Le pas encore plus lourd que la normal, seaux au bout de ses bras, elle s’avance vers la salle où elle est attendue, suivant le couloir immaculé… ou presque. Yeux qui s’écarquillent au fur et à mesure de son avancée, visage rubicond qui rougit encore plus, alors que son regard suit la trainée boueuse laissée au sol.


Mordieu !!! C’qui donc le maraud qui s’peut foutre pareille pagaille ?! j’t’en va l’apprendre les bon’ manières moi !


Continuant sa périlleuse avancée en évitant autant que possible de glisser sur l’eau boueuse qui sinuait sur le sol, elle approche enfin, essoufflée et furibonde, et croise la maîtresse des lieux, qui elle ne se départit jamais de son calme et de son sourire. Chose que la Berta ne peut bien sûr concevoir. Mais devant elle, elle se tait, ou tout au plus marmonne, parce que non, on ne se refait pas.

J’vous en prie Mam’zelle Aude… j’viendra nettoyer c’te cochonnerie après…

Elle s’arrête là, sachant que la suite de mots peu amènes qu’elle aurait sorti n’aurait que déclencher la réprobation de Aude. Elle s’introduit dans la pièce, et là, une malsaine curiosité lui fit oublier ses griefs vis-à-vis de l’occupante de la pièce.


B’jour ! j’va vous préparer vot’baquet… si v’voulez ben m’suivre… pas d’trop près quand même…


Regard désapprobateur vers le lit maculé par la boue, et peut-être même contaminé, l’ignorance de la Berta étant un fléau commun à bien trop de gens, elle avance vers le baquet où elle verse le contenu des seau. Elle ose enfin lever les yeux vers la personne qui lui fait face, devinant vaguement sa silhouette au travers de la buée qui s’échappe de l’eau qui recouvre le drap installé au fond du baquet. Elle recule d’un pas, non pas par dégoût puisqu’elle n’aperçoit rien qui ne dépasse du tissu enveloppant ce corps meurtri, mais pas crainte de l’inconnu, crainte de l’image de la maladie, de cette maladie.

Bon v’là j’vous laisse, j’crois que Mam’zelle Aude a tout préparé, vous manque rien.

Maladroitement, la bonne femme prend congé et s’éloigne, retournant prestement à ses occupations, loin des tourments de la pestiférée.
Poppie
Poppie, toujours assise sur le lit, leva la tête vers la bonne femme.
Retroussa avec mépris une lèvre boursouflée de nodules.
Qu'elle était mal dégrossie, cette bonniche !

Mais la vue d'une servante à ses ordres (oui, bon, momentanément à son service...) replongea la Pustule à cette époque bénie où elle avait elle-même à son service une bonne dizaine de gens.
Elle était noble, autrefois... C'était une grande dame... Avant son mal...
Comme c'était agréable de se faire servir à nouveau !

Aussi, Poppie reprit-elle ses bonnes vieilles habitudes et suivit la bonne femme d'un pas impérieux, le port de tête haut et les épaules carrées.


Merci, la grosse, fit-elle en congédiant la femme d'un geste de sa main tordue. Disposez !

Une fois qu'elle fut sûre d'être seule, la lépreuse ôta un à un ses vêtements alourdis de crasse et de boue.
Il y en avait un bon paquet. la vagabonde s'était enveloppée de tout ce qu'elle pouvait pour masquer ses difformités.
Ses pieds étaient les pires : Poppie n'y avait pas jeté de coup d’œil depuis qu'elle s'était aperçue que le gauche avait tant pourri qu'elle ne pouvait plus marcher sans canne.
Tordus, ratatinés, grisâtres, et un des orteils s'était fait la malle...
Poppie frissonna, dégoûtée d'elle-même.

Elle plongea dans le bain sans en sentir la chaleur.

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Poppie
L'opération décrassage prit un certain temps.
La lépreuse n'avait pas pris de bain depuis des mois.
A peine avait-elle put se débarbouiller le visage dans les cours d'eau longeant la route.
Et puis cette peau gravelée, bosselée, pleine de crevasses et d'aspérités... C'était bien plus difficile à laver qu'une peau lisse !
La crasse s'agglutinait à la moindre excroissance et s'y incrustait.

Une fois l'eau noircie et épaisse comme du gruau, Poppie sortit de la baignoire.
Ne trouvant rien d'autre, elle se sécha avec le drap grossier qui recouvrait le lit sur lequel elle s'était assise quelques temps auparavant.
Personne ne le lui reprocherait : il était déjà souillé depuis qu'elle s'était assise dessus.
La Pustule se vêtit de propre, coiffa soigneusement ce qu'il restait de ses cheveux noirs en macarons.


Me sens presque redevenue humaine, tiens !

Attrapant son bâton et ses affaires éparpillées, Poppie redescendit dans le hall du dispensaire.
La traînée de boue qu'elle y avait faite avait disparu.


Est-ce comme un hôtel où on laisse une pièce sur le comptoir ?
Se demanda-t-elle à mi-voix. Bah, j'ai pas un rond.

Elle sortit en clopinant.
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--La_berta



La porte à peine franchie elle entend l’informe malade lui dire d’un ton condescendant de disposer. Vu qu’elle n’en attendait pas autant pour fuir cette pièce malsaine, pour une fois elle ne relève pas et sans un mot s’éloigne le plus possible. Elle a tôt fait de nettoyer la souillure laissée dans les couloirs, et part à la recherche de sa patronne, lui demander comment éviter de propager l’horrible infection dont la chose tordue est porteuse.

Mam’zelle Aude ! Comptez-pas la garder là celle-là ! J’m’en va pas être aux p’tits soins pour elle ! Ah ça non pour sûr !!! Et d’jà comment que j’fais moi pour nettoyer sa cochonnerie ! j’veux pas en approcher !!

Pour ceux qui se demandait comment tenir éloignée Berta, ils peuvent voir ici la solution. En effet la pauvre bonne femme tient en horreur cette maladie… et même pour Aude a beaucoup de mal à se contrôler.

Et pis vous Mam’zelle !!! Perdez pas esprit à prendre des risques ! Surtout p’tiote comme z’êtes !

Non Aude n’était pas petite, mais menue ce qui à côté de la grosse Berta.. pouvait faire penser à une brindille… c’est qu’elle s’y était attachée à Aude la Berta, bien qu’elle ait encore du mal à comprendre comment elle faisait à supporter la rousse et la blonde qui étaient toujours avec elle… deux agitées ces deux là… Berta n,’arrivaient jamais à suivre ce qu’elles racontaient, encore moins quand elles étaient réunies… et Berta n’aimait pas se sentir bête… pour ça qu’elle les supportait difficilement… bien qu’à cet instant elle aurait donné cher pour échanger la lépreuse contre les deux fofolles.

Elle écouta donc tranquillement les conseils de Aude avant d’aller s’assurer du départ effectif de la malade, et de tout remettre propre et en place.


Vindiou ! pourvu qu’elle m’en r’mène po t’les jours des comme ça ! J’va finir par y laisser ma peau s’non …
Aude


Le nez penché au dessus du poêle, regardant le saindoux fondre pour faire un crème à l'arnica, Aude entendit Berta un peu... énervée. Elle releva la tête et lui sourit. Il fallait s'y faire au caractère de Berta, mais dévouée comme elle était, Aude ne regrettait pas de l'avoir prise comme infirmière. Elle écouta les craintes de Berta, souriante.

Berta, la lèpre ne s'attrape pas en regardant les malades. Il faut vivre en promiscuité, se partager les vêtements, les gobelets... Mais nous n'allons prendre aucun risque, n'ayez pas peur.

Autant la rassurer avec conseils méthodiques, elle commençait déjà à l'entraîner dans le couloir... quand la porte se referma... Poppie venait certainement de sortir... elle espérait au moins qu'elle se sente un peu mieux...

Nous allons brûler ses vêtements laissés, et faire bouillir le linge pendant quelques heures avec de la saponaire... et on ne va rien ramasser avec les mains nues, il faudra prendre un drap ou un linge.

Elle lui sourit de nouveau, espérant l'avoir rassurée

Allonzzz... elle ne finit pas phrase, une odeur particulière lui vint aux narines... Ses yeux s’agrandirent, réalisant ce qu'elle avait oublié sur le poêle


Oh non ! ma préparation ! ça brûle ! Je vous rejoins Berta ! je vais sauver ce que je peux... et elle se précipita vers la "cuisine" où une fumée noire commençait s'élevait déjà...

Ce que je peux... ce que je peux... ben... non, je ne peux plus rien sauver là...

Elle attrapa le manche du récipient et alla le poser dehors... avant d'aller rejoindre Berta, finir de nettoyer la salle blanche.

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Alixane
D'ordinaire, les premiers rayons du soleil étaient déclencheurs, chez la blune, d'un réveil plus ou moins réussi, selon ce qu'ils venaient chatouiller en premier.

Ce matin là pourtant, c'est avec l'impression qu'une charrette essayait de rentrer dans son oreille droite en même temps qi'on lui plantait un pieu dans la mâchoire, qu'Alix s'extirpa des bras de Morphée pour une fois incarnés, avec un cri de douleur qu'elle ne pu camoufler.

Hagarde, cheveux en bataille et mirettes malgré tout encore à moitié éteintes, elle coupa enfin le son qui ajoutait à sa douleur avant de secouer son compagnon sans ménagement.


Siuol!! J'vais mourir!! J'ai atrocement mal, là!!


Ce disant elle appliqua la paume de la main sur le côté douloureux de son visage sur lequel un masque d'effarement était plaqué.

La malheureuse victime de son affolement émergeait tant bien que mal de son sommeil, assortissant de grognements une cohorte de mouvements désordonnés.



Hein quoi? Qu'est-ce qui se passe? Qui est mort?


Il la regardait sans tout comprendre lorsque sa mine vint faire écho à celle d'Alix.


Hannn!! Mais... mais.. ta tête?!
T'as avalé une miche entière pour avoir une joue pareille?


Loin de rassurer la brunette, la stupéfaction du jeune homme acheva de la terrifier.
Elle se leva d'un bond, courant dans tous les sens en faisant voleter les fétus de paille accrochés de ci de là, partagée entre l'envie de lever les bras au ciel et celle de maintenir sur sa joue qu'elle avait peur de voir exploser, un main censément protectrice, tout en s'époumonant à nouveau.



Oscours!!! Je me meurs! A l'aiiiide!

Aude!! Faut que j'trouve Aude!! Elle seule peut m'sauver! J'ai trop maaaal



Désorientée et paniquée, elle se tournait et se retournait en tous sens pour essayer de déterminer la direction du village où elle savait pouvoir trouver le dispensaire de son amie, pour finir par regarder Siuol d'un air désespéré.


J'peux pas réfléchir avec cette douleur qui me vrille le ciboulot.. C'est par où la civilisation?


Moult palabres et gémissements plus loin, ils avaient pris le chemin du retour, et c'est sans égard pour la porte qu'elle entra en trombe à l'intérieur du dispensaire, priant de toutes ses forces que sa sauveuse y serait en hurlant un :[AUDEEEEEEEEEEEUUUUUHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!!! Aide moi!!! à s'en décrocher la mâchoire, ce qui provoqua l'arrêt immédiat de ses vocalises sous l'effet d'un regain insupportable de l'élancement qui la taraudait.
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Aude


AUDEEEEEEEEEEEUUUUUHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!!! Aide moi!!!

Aaahahahaaaah ! Cling !

Le coeur dans les gencives, la main en l'air tentant de retenir le bocal qui s'était fait la malle sur les dalles du dispensaire, Aude mit quelques secondes à réaliser qu'on l'avait appelée... alors que, pourtant, le cri venait du coeur !
Une fois l'intérieur remit en ordre, ou presque, parce que c'était jamais en ordre avec elle, elle sortit de la réserve où était entreposés flacons, pots, fleurs et autres substances et ustensiles médicaux, traversa le petit couloir, la salle de soins, et avant de pouvoir rejoindre l'entrée, tomba nez à ne... joue ! avec Alix...

Mordillement nerveux de la lèvre, la brune posa la main sur la bouche... partagée entre envie de rire et hallucination... mais l'envie de rire s'estompa très rapidement, la mine d'Alix l'inquiétant plus que tout autre chose.


Ahem.. la vache ! Alix ! tu t'es mordu la langue et ça a gonflé ?!


Ah ben non.. vu le cri qu'elle avait poussé quelques secondes auparavant... c'était sûrement pas ça.


Bon allez, viens par ici et explique moi... Soit tu t'es fâchée et battue... soit... tu as une belle rage de dents...


Et connaissant le caractère volcanique de la brune pictave, ça pouvait être soit l'un, soit l'autre. Et elle invita Alix à la suivre dans la salle de soins.

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Alixane
Qu'Aristote soit loué, sa prière avait été entendue!

La réaction d'Aude étant à l'image de ce qu'elle avait vécu peu de temps auparavant, la Blune ne s'arrêta pas au visage mi-figue mi-raisin que lui offrait son amie.
Quelque chose dans ses paroles la tracassait bien davantage, et traînant de la botte à sa suite, elle réflexionna tout haut.



Rage de dents?? Tu veux dire.. comme euh.. Enragée?? J'ai pourtant pas mordu Aléa ou Thalie à mon souv'nir...
Pis Siuol nanpu.. enfin.. aheum.. pas méchamment quoi si j'l'ai fait sans m'rend' compte..



Petit sourire confus fort heureusement indécelable par la jeune femme qui la précédait.



Dis? C'est grave? En tous cas ça fait vach'ment mal hein!
Ça s'soigne comment cette euh... enragite, là?? T'as vu ça? On croirait que j'suis en train de ruminer un truc... D'habitude j'me contente du ciboulot pour ça.. Tu crois qu'ça a pu déteindre?
M'suis pas battue hein en tous cas, et promis juré craché j'ai mutilé personne récemment avec ces satanées dents!


Grimace à l'appui, elle marmonna à nouveau sa douleur, curieuse de savoir comment on pouvait atténuer ça... Elle se voyait mal ingurgiter un onguent quelconque, et encore moins se gargariser avec... Alors quoi?

Pour la première fois depuis sa folle course jusqu'au dispensaire, Alix se demanda sérieusement si elle pourrait repartir soulagée et la joue dégonflée, et surtout par quel miracle.

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Aude


Aude souriait malgré elle. En effet, la douleur de son amie ne l'empêchait pas d'être volubile... Elle l'invita à s'asseoir sur l'une des tables de soins, recouverte d'un drap, certes un peu râpeux, mais propre.

La médecin se tourna face à Alix, les joues mordues, et attendit patiemment qu'elle finisse de parler.

Boooooon... Alors, pour commencer je vais regarder ce qui se passe là dedans... je te cache pas que tu vas avoir mal... Détends-toi, je vais me laver les mains... je te laisse le temps de ...ruminer.

Avec un grand sourire, la brune se retourna vers le bassin d'eau fraîche, préparé chaque matin par les soins de Berta, se frotta les mains avec un savon à la lavande, non pas qu'elle affectionnait cette odeur, mais cette plante avait, entre autre, la particularité d'être désinfectante. une fois les mains sèches, elle revint vers sa patiente, qui ne semblait pas trop à l'aise.

Elle sourit cette fois ci, pour la rassurer, et alluma une bougie, qu'elle approcha du visage d'Alix

Allez... Ouvre aussi grand que tu peux.

Avec peine, la "patiente" réussit toutefois à montrer ses dents... Munie d'un abaisse-langue, Aude écarta doucement la joue de la gencive et sourcilla... un bel abcès s'était formé...

Elle retira l'objet avec précaution de la bouche, puis le mit dans le bassin contenant une solution désinfectante, et posa la bougie.

Bon... Alix, c'est pas beau ce que tu as là dedans. Cependant, je vais te laisser le choix... Le premier, faire disparaître cet abcès à la base de ta dent... le second, qui de toutes façons, passera aussi par le soin de l'abcès... c'est d'enlever cette dent.

Elle regarda son amie... et poursuivit

Si tu décides de ne pas faire enlever ta dent, tu risques des abcès à répétitions, et du coup, d'abîmer les autres.

Elle lui sourit

Rien de grave hein ! mais si tu veux encore mordre Si... ahem... croquer la pomme, te faudra peut-être passer par là.

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Alixane
'Détends-toi" qu'elle disait...

Plus facile à dire qu'à faire, ça, quand on se retrouve dans un lieu plus apparenté à une salle de torture qu'à un salon de massage.

Pour tout dire, Alix en menait si peu large qu'elle n'était pas loin de regretter cette impulsion qui l'avait menée jusqu'ici, toute confiance en Aude puisse-t-elle avoir, et malgré les efforts manifestes de celle-ci pour ne pas virer hilare.

Lorsqu'elle s'approcha avec sa bougie, son instrument et son sourire rassurant, c'est tout juste si la blune ne crut pas sa dernière heure arrivée.
L'épreuve consistant à ouvrir grand la bouche, si elle ne lui posait aucun problème dans le cadre d'un séance de lever de coude, s'avéra plus que compliquée, lui arrachant moult grimaces qui ajoutaient à sa douleur.

Malgré tout, une fois n'est pas coutume, elle se prêta d'aussi bonne grâce que possible à l'examen minutieux dont elle faisait l'objet, le tout sans dire un mot, ce qui lui aurait été de toute façon impossible, et ô miracle sans resserrer l'étau sur ce qui exacerbait la douleur.
Lorsqu'enfin le verdict tomba, alors qu'elle refermait la mâchoire dans un rictus, le soulagement aux mots de "faire disparaître" se transforma en panique à l'évocation d'une ablation.

Elle se dressa tout debout dans un état d'agitation que ne démentait pas l'éclat de ses prunelles.



J'ai bien entendu?
J'ai le choix entre l'amputation ou souffrir de mille morts à répétition?
C'est obligatoire, cette récidive? Ou bien juste une hypothèse?
Hann.. On dit pas mal de dents, mal d'amour?
J'suis condamnée parc'que j'suis amoureuse, tu crois pas?
Si j'm'arrange pour pu l'être, p'têt que ça r'viendra jamais, hein?



Alix se tordait nerveusement les mains tout en se perdant en conjonctures, bien décidée à éviter le pire, à savoir de perdre le moindre petit morceau de sa personne.


Tu sais quoi? Je vais opter pour le soin... Je crois que je vais suffisamment déguster comme ça si je t'ai bien suivie... Je verrai bien.. Plus tard... Si ça s'avère insuffisant.
Je ferai des bains de bouche à la vodka.. Ou à la mirabelle, s'il le faut, pour anticiper ultérieure infection!


Très fière de sa dernière trouvaille, elle fixa Aude avec une lueur pleine d'espoir dans le regard.
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Aude


Et voilà qui se remet en route tel l'équipe de Soule qui court après... la soule. C'est à dire n'importe comment.

Elle regarda Alix, qui s'affolait,et marchait en tout sens dans la salle de soins. Aude regardait un peu anxieusement les mains d'Alix frôler l'étagère qui contenait des instruments et quelques pots d'onguents... elle va tout me faire tomber... s'inquiétait-elle

Alors euh... ben non... Dans la théorie et même dans la pratique, c'est pas ça du tout hein... C'est pas tout à fait une hypothèse, sans être tout à fait une obligation... enfin si, mais pas tout le temps.

Et euh... non, ça n'a rien à voir avec le dicton... par contre, si tu restes avec une joue comme ça... Il n y a peut-être pas que le mal qui reviendra pas...

Alix se calma... presque... et arrêta de gesticuler pour joindre ses mains l'une à l'autre...

Bon écoute ma belle, des bains de bouche à l'alcool, ça va pas t'aider sur le long terme... Puis elle fixa son amie dans les yeux

En fait... tu n'auras pas trop le choix... là, je vais de donner un mélange d"huiles essentielles à appliquer sur ta gencive... Sache que c'est l'infection qui sera enrayée... pas la cause. La cause, c'est ta dent. Et il faudra te l'extraire, à un moment ou à un autre.... J'arrive... te sauve pas hein !

Aude se hâta dans l'herboristerie, modeste en taille, certes, mais certainement pas en quantités de plantes séchées, huiles en tous genres, onguents et autres pommades. Elle attrapa trois petits flacons d"huiles essentielles : clou de Girofle, Camomille et millepertuis, elle sortit un pot dans le lequel elle versa quelques gouttes de chacune des huiles puis mélangea le tout.

Elle espérait qu'Alix ne soit pas partie... sinon, elle enverrait Berta et Huber à ses trousses !

Me revoilà !

Avec soulagement, elle constata qu'elle n'était pas partie. Lui tendant le flacon

Tiens, deux gouttes de ce mélange plusieurs par jours pour désinfecter l'abcès. Ensuite ben... tu reviens me voir.

Elle lui sourit, cherchant à savoir si elle était convaincue...

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Alixane
La succession de plans qu'elles avaient échafaudés s'écroulait au fur et à mesure des explications d'Aude.

Alix s'était retenue de prendre ses jambes à son cou pendant l'absence du médecin, persuadée de la voir revenir avec un instrument si abominable qu'elle en serait tombée raide.
Après réflexion, elle avait jugé que si au moins elle se retrouvait dans le cirage, peu importait ce qu'on pourrait traficoter avec sa dent.

C'est donc à peu près stoïque qu'elle écoutait les bruits en provenance de la pièce où Aude avait disparu, et c'est complètement soulagée qu'elle la vit revenir avec juste un petit flacon semblant le moins dangereux du monde.

Sourire aussi étiré que possible compte tenu des circonstances, elle tendit la main vers le précieux.



Alors, je récapitule :
Deux gouttes plusieurs fois par jour le temps que ça guérisse, puis je reviens te voir pour... euh... la suite, c'est ça?
J'espère que tes prédictions quant à la récidive n'impliquent pas que ce soit dans un laps de temps trop court... Parce que tu vois, là, va falloir que j'rentre sur Poitiers, à cause de tout l'tintouin... Siuol est réclamé.. J'rentre avec lui. J'verrai ensuite c'que j'fais selon les différentes urgences.

En tous cas j'te r'mercie pour le temps et la patience que tu m'as consacrés, Aude.
Et j'espère te revoir très bientôt... Enfin, j'veux dire sans compter cet.. heum... aspect médical!



En fin de compte elle n'était pas mécontente du tout de disposer d'un sursis supplémentaire avant cet inévitable qu'on lui avait prédit, ce même si le motif n'en était guère réjouissant.
Il se préparait des jours sombres qui n'auraient sans l'ombre d'un doute aucun rapport avec une rage de dent...

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Cleia
Elle allait mieux… enfin plus précisément son épaule allait mieux, la plaie ne semblait avoir été que superficielle, pourtant la douleur était encore présente et elle hésitait à reprendre le combat ou même la route ainsi. Son épée était plutôt lourde, et les forces lui manquaient encore. Elle n’avait qu’un vague souvenir de la personne qui l’avait touchée.. une femme.. mais rien de plus. Un tel chao régnait cette nuit là, et elle se savait seule, ne pouvant que compter sur elle-même. Les angevins autour d’elle n’étaient que de parfaits inconnus, et à part lui remettre sa portion de nourriture journalière n’avaient fait aucun cas d’elle. Oh, ce n’est pas qu’elle recherchait tant de compagnie que ça, mais au moins quelques mots à échanger, neutres sans intérêt particulier, juste savoir qu’on existe… c’était peine perdue, et malgré son désir de contrer les armées royalistes elle avait à peine pris le temps de panser son épaule dans un linge propre avant de reprendre la route.

Elle avait traversé le Poitou sans s’arrêter, sans réfléchir, sans nourriture… c’était tout elle ça.. suivre ses coups de tête ! Elle était arrivée à La Trémouille, affamée, épuisée, prête à s’écrouler, mais y avait rencontré des gens merveilleux, qui la renforcèrent encore dans l’idée qu’elle avait de ce conflit. Et c’est en parcourant les étroites ruelles pavées de ce village inconnu qu’elle avait trouvé au détour de son chemin, le dispensaire dans lequel elle s’apprêtait à pénétrer.

Tout était calme alentours, elle poussa doucement la porte, hésitante. Une odeur de savons et d’onguent mélangés lui chatouilla les narines, et le silence l’enveloppait alors que ses pas la menait dans le vestibule désert. Elle toussota avant de se manifester vraiment.


Héhooo ! Il y a quelqu’un ? J’ai besoin d’aide pour mon épaule…


Elle n’osait crier, ne savait si le médicastre qui tenait ce lieu ne se trouvait lui aussi sur les chemins en train de défendre ses droits et sa liberté. Elle écouta, espérant recevoir une réponse.
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